[6,783] τρίτη (783a) δὲ ἡμῖν καὶ μεγίστη χρεία καὶ ἔρως ὀξύτατος ὕστατος
μὲν ὁρμᾶται, διαπυρωτάτους δὲ τοὺς ἀνθρώπους μανίαις ἀπεργάζεται
πάντως, ὁ περὶ τὴν τοῦ γένους σπορὰν ὕβρει πλείστῃ καόμενος.
ἃ δὴ δεῖ τρία νοσήματα, τρέποντα εἰς τὸ βέλτιστον παρὰ τὸ
λεγόμενον ἥδιστον, τρισὶ μὲν τοῖς μεγίστοις πειρᾶσθαι
κατέχειν, φόβῳ καὶ νόμῳ καὶ τῷ ἀληθεῖ λόγῳ, προσχρωμένους
μέντοι Μούσαις τε καὶ ἀγωνίοισι θεοῖς, (783b) σβεννύντων τὴν
αὔξην τε καὶ ἐπιρροήν.
παίδων δὲ δὴ γένεσιν μετὰ τοὺς γάμους θῶμεν, καὶ μετὰ
γένεσιν τροφὴν καὶ παιδείαν· καὶ τάχ' ἂν οὕτω προϊόντων τῶν
λόγων ὅ τε νόμος ἡμῖν ἕκαστος περαίνοιτο εἰς τοὔμπροσθεν ἐπὶ
συσσίτια ἡνίκα ἀφικόμεθα - τὰς τοιαύτας κοινωνίας εἴτε ἄρα
γυναικῶν εἴτε ἀνδρῶν δεῖ μόνων γίγνεσθαι, προσμείξαντες
αὐτοῖς ἐγγύθεν ἴσως μᾶλλον κατοψόμεθα - τά τε ἐπίπροσθεν
αὐτῶν, ἔτι νῦν ὄντα ἀνομοθέτητα, (783c) τάξαντες αὐτὰ
ἐπίπροσθεν ποιησόμεθα, καὶ ὅπερ ἐρρήθη νυνδή, κατοψόμεθά
τε αὐτὰ ἀκριβέστερον, μᾶλλόν τε τοὺς προσήκοντας αὐτοῖς καὶ
πρέποντας νόμους ἂν θείημεν.
(Κλεινίας) ὀρθότατα λέγεις.
(Ἀθηναῖος)
φυλάξωμεν τοίνυν τῇ μνήμῃ τὰ νυνδὴ λεχθέντα· ἴσως γὰρ
χρείαν ποτ' αὐτῶν πάντων ἕξομεν.
(Κλεινίας) τὰ ποῖα δὴ διακελεύῃ;
(Ἀθηναῖος)
ἃ τοῖς τρισὶ διωριζόμεθα ῥήμασι· βρῶσιν μὲν ἐλέγομέν που, καὶ
δεύτερον πόσιν, καὶ ἀφροδισίων δέ τινα (783d) διαπτόησιν τρίτον.
(Κλεινίας) πάντως, ὦ ξένε, μεμνησόμεθά που τὰ νῦν διακελεύῃ.
(Ἀθηναῖος)
καλῶς. ἔλθωμεν δ' ἐπὶ τὰ νυμφικά, διδάξοντές τε αὐτοὺς πῶς
χρὴ καὶ τίνα τρόπον τοὺς παῖδας ποιεῖσθαι, καὶ ἐὰν ἄρα μὴ
πείθωμεν, ἀπειλήσοντές τισιν νόμοις.
(Κλεινίας) πῶς;
CHAPITRE XXIII. (Ἀθηναῖος)
νύμφην χρὴ διανοεῖσθαι καὶ νυμφίον ὡς ὅτι καλλίστους καὶ
ἀρίστους εἰς δύναμιν ἀποδειξομένους παῖδας τῇ (783e) πόλει.
πάντες δ' ἄνθρωποι κοινωνοὶ πάσης πράξεως, ἡνίκα μὲν ἂν
προσέχωσιν αὑτοῖς τε καὶ τῇ πράξει τὸν νοῦν, πάντα καλὰ καὶ
ἀγαθὰ ἀπεργάζονται, μὴ προσέχοντες δὲ ἢ μὴ ἔχοντες νοῦν,
τἀναντία. προσεχέτω δὴ καὶ ὁ νυμφίος τῇ τε νύμφῃ καὶ τῇ
παιδοποιίᾳ τὸν νοῦν, κατὰ ταὐτὰ δὲ καὶ ἡ νύμφη, τοῦτον τὸν
χρόνον διαφερόντως
| [6,783] Le troisième et le plus grand de nos besoins et le
plus vif de nos désirs s'éveille le dernier et allume chez les
hommes une sorte de folie furieuse : c'est le désir
de propager leur race, qui les brûle avec une
extrême violence. Il faut essayer de maîtriser ces
trois maladies, en vue de la vertu et contrairement
à ce qu'on appelle le plaisir, par les trois plus
puissants remèdes, la crainte, la loi et la droite
raison, en se servant du secours des Muses et
des dieux de la place publique pour arrêter leur
croissance et leur cours. Après le mariage,
plaçons la procréation des enfants, et après celle-ci
la manière de les nourrir et de les élever, et, en
continuant ainsi, lorsque chacune des lois que
nous aurons faites nous amènera aux repas en
commun et que nous arriverons à ces réunions,
soit qu'il faille y admettre les femmes ou les
hommes seuls, au fur et à mesure que nous en
approcherons de plus près, peut-être verrons-nous
mieux ce qui les précède et qui n'est pas encore à
présent réglé par la loi, et nous le réglerons
d'abord ; puis, comme je viens de le dire, nous
nous en rendrons plus exactement compte et nous
serons mieux à même de poser les lois qui s'y
rapportent et que nous jugerons les plus convenables.
CLINIAS : C'est parfaitement juste.
L'ATHÉNIEN : En conséquence, gardons dans
notre mémoire ce qui vient d'être dit ; car peut-être
aurons-nous besoin de tout cela dans la suite.
CLINIAS : Qu'est-ce que tu nous recommandes par-là ?
L'ATHÉNIEN : Ce que nous avons défini par ces
trois termes, je veux dire le manger, en deuxième
lieu le boire, et en troisième, les transports de l'amour.
CLINIAS : Tu peux compter, étranger, que nous
nous souviendrons de tes recommandations.
L'ATHÉNIEN : Fort bien. Revenons aux nouveaux
mariés pour leur apprendre comment et suivant
quelles règles ils doivent faire des enfants, et s'ils
n'obéissent pas, menaçons-les de la loi.
CLINIAS : Comment ?
CHAPITRE XXIII.
L'ATHÉNIEN : Il faut que la jeune femme et son
mari se mettent dans l'esprit qu'ils doivent, autant
qu'il dépend d'eux, donner à l'État les enfants les
plus beaux et les meilleurs possible. Or dans toute
action où les hommes prennent part en commun,
s'ils sont, attentifs à eux-mêmes et à ce qu'ils font,
les résultats ne manquent pas d'être beaux et
bons ; c'est le contraire, s'ils n'y prêtent pas
attention ou s'ils sont incapables d'attention. Que
le mari fasse donc attention à sa femme et à la
procréation des enfants, et que de son côté la
femme en fasse autant,
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