[6,780] (780a) (Ἀθηναῖος)
ὅστις δὴ διανοεῖται πόλεσιν ἀποφαίνεσθαι νόμους, πῇ τὰ
δημόσια καὶ κοινὰ αὐτοὺς χρὴ ζῆν πράττοντας, τῶν δὲ ἰδίων
ὅσον ἀνάγκη μηδὲ οἴεται δεῖν, ἐξουσίαν δὲ ἑκάστοις εἶναι τὴν
ἡμέραν ζῆν ὅπως ἂν ἐθέλῃ, καὶ μὴ πάντα διὰ τάξεως δεῖν
γίγνεσθαι, προέμενος δὲ τὰ ἴδια ἀνομοθέτητα, ἡγεῖται τά γε
κοινὰ καὶ δημόσια ἐθελήσειν αὐτοὺς ζῆν διὰ νόμων, οὐκ ὀρθῶς
διανοεῖται. τίνος δὴ χάριν ταῦτα εἴρηται; τοῦδε, ὅτι φήσομεν
δεῖν ἡμῖν τοὺς νυμφίους μηδὲν διαφερόντως (780b) μηδὲ ἧττον
ἐν συσσιτίοις τὴν δίαιταν ποιεῖσθαι τοῦ πρὸ τῶν γάμων χρόνου
γενομένου. καὶ τοῦτο μὲν δὴ θαυμαστὸν ὄν, ὅτε κατ' ἀρχὰς
πρῶτον ἐγένετο ἐν τοῖς παρ' ὑμῖν τόποις, πολέμου τινὸς αὐτό,
ὥς γ' εἰκός, νομοθετήσαντος ἤ τινος ἑτέρου τὴν αὐτὴν δύναμιν
ἔχοντος πράγματος ἐν ὀλιγανθρωπίαις ὑπὸ πολλῆς ἀπορίας
ἐχομένοις, γευσαμένοις δὲ καὶ ἀναγκασθεῖσι χρήσασθαι τοῖς
συσσιτίοις ἔδοξεν (780c) μέγα διαφέρειν εἰς σωτηρίαν τὸ
νόμιμον, καὶ κατέστη δὴ τρόπῳ τινὶ τοιούτῳ τὸ ἐπιτήδευμα ὑμῖν
τὸ τῶν συσσιτίων.
(Κλεινίας) ἔοικε γοῦν.
(Ἀθηναῖος)
ὃ δὴ ἔλεγον, ὅτι θαυμαστὸν ὂν τοῦτό ποτε καὶ φοβερὸν
ἐπιτάξαι τισίν, νῦν οὐχ ὁμοίως τῷ προστάττοντι δυσχερὲς ἂν
εἴη νομοθετεῖν αὐτό· τὸ δ' ἑξῆς τούτῳ, πεφυκός τε ὀρθῶς ἂν
γίγνεσθαι γιγνόμενον, νῦν τε οὐδαμῇ γιγνόμενον, ὀλίγου τε
ποιοῦν τὸν νομοθέτην, τὸ τῶν παιζόντων, εἰς πῦρ ξαίνειν καὶ
μυρία ἕτερα τοιαῦτα ἀνήνυτα ποιοῦντα δρᾶν, οὐ (780d) ῥᾴδιον
οὔτ' εἰπεῖν οὔτ' εἰπόντα ἀποτελεῖν.
(Κλεινίας) τί δὴ τοῦτο, ὦ ξένε, ἐπιχειρῶν λέγειν ἔοικας σφόδρα
ἀποκνεῖν;
(Ἀθηναῖος)
ἀκούοιτ' ἄν, ἵνα μὴ πολλὴ διατριβὴ γίγνηται περὶ τοῦτ' αὐτὸ
μάτην. πᾶν μὲν γάρ, ὅτιπερ ἂν τάξεως καὶ νόμου μετέχον ἐν
πόλει γίγνηται, πάντα ἀγαθὰ ἀπεργάζεται, τῶν δὲ ἀτάκτων ἢ
τῶν κακῶς ταχθέντων λύει τὰ πολλὰ τῶν εὖ τεταγμένων ἄλλα
ἕτερα. οὗ δὴ καὶ νῦν ἐφέστηκεν πέρι τὸ λεγόμενον. ὑμῖν γάρ, ὦ
Κλεινία καὶ Μέγιλλε, τὰ μὲν περὶ (780e) τοὺς ἄνδρας συσσίτια
καλῶς ἅμα καί, ὅπερ εἶπον, θαυμαστῶς καθέστηκεν ἐκ θείας
τινὸς ἀνάγκης,
| [6,780] L'ATHÉNIEN : Quiconque songe à donner à un État
des lois qui règlent la conduite des citoyens en ce
qui regarde les affaires publiques et sociales, et ne
croit pas qu'il faille régler celles des particuliers
dans la mesure où c'est nécessaire, mais qu'il faut
laisser chacun libre de passer ses journées
comme il l'entend, et qu'il n'est pas besoin que tout
soit soumis à un règlement, et qui, laissant le privé
en dehors de la loi, s'imagine qu'on voudra bien
observer les règlements relatifs à l'ordre social et
public, celui-là est dans l'erreur. A quoi tend ce
préambule ? Le voici : nous voulons que les
nouveaux mariés se mettent au régime des repas
en commun tout aussi complètement qu'avant le
temps de leur mariage. Cette institution parut sans
doute étrange au commencement, lorsqu'elle fut
introduite dans vos contrées, et que la guerre,
comme on peut le supposer, en fit une loi, ou
quelque autre fléau non moins puissant qui avait
jeté votre pays dans de grandes difficultés en
diminuant fortement la population. Mais quand on
eut essayé et qu'on fut forcé de pratiquer les repas
en commun, l'usage en parut très propre à sauver
l'État, et c'est à peu près ainsi que s'établit chez
vous la pratique des repas en commun.
CLINIAS : C'est en tout cas vraisemblable.
L'ATHÉNIEN : Ce que je viens de dire, que ce
règlement parut jadis étrange et ne fut pas
accepté sans appréhension par quelques-uns,
serait aujourd'hui plus facile à mettre dans la loi.
Mais celui qui lui fait suite et qui serait
naturellement, s'il existait, tout à fait à sa place,
n'existe à présent dans aucun pays, et l'on pourrait
dire en plaisantant que le législateur donnerait des
coups dans le feu, et n'aboutirait à rien en le
faisant, et en proposant mille autres choses
semblables qui restent lettres mortes ; aussi est-il
difficile à dire et, quand il serait promulgué, à faire exécuter.
CLINIAS : Quel est donc, étranger, ce règlement
dont tu veux parler et que tu hésites si fort à énoncer ?
L'ATHÉNIEN : Écoutez, afin que nous ne perdions
pas beaucoup de temps à ce propos. Tout ce qui
se fait dans un État conformément à l'ordre et à la
loi y produit des biens de toutes sortes ; au
contraire, les choses qui ne sont pas réglées ou
qui le sont mal gâtent généralement autant
d'autres choses qui le sont bien. C'est là-dessus
que s'est arrêté notre discours.
Chez vous, Mégillos et Clinias, les repas en
commun pour les hommes ont été établis
sagement, et, comme je, l'ai dit, d'une manière
extraordinaire à la suite de quelque nécessité
imposée par les dieux ;
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