[18] (170d) Οὐκ ἄρα σωφρονεῖν τοῦτ' ἂν εἴη οὐδὲ σωφροσύνη, εἰδέναι ἅ τε οἶδεν καὶ ἃ μὴ οἶδεν, ἀλλ', ὡς ἔοικεν, ὅτι οἶδεν καὶ ὅτι οὐκ οἶδεν μόνον.
- Κινδυνεύει.
- Οὐδὲ ἄλλον ἄρα οἷός τε ἔσται οὗτος ἐξετάσαι φάσκοντά τι ἐπίστασθαι, πότερον ἐπίσταται ὅ φησιν ἐπίστασθαι ἢ οὐκ ἐπίσταται· ἀλλὰ τοσοῦτον μόνον, ὡς ἔοικεν, γνώσεται, ὅτι ἔχει τινὰ ἐπιστήμην, ὅτου δέ γε, ἡ σωφροσύνη οὐ ποιήσει αὐτὸν γιγνώσκειν.
- Οὐ φαίνεται.
(170e) - Οὔτε ἄρα τὸν προσποιούμενον ἰατρὸν εἶναι, ὄντα δὲ μή, καὶ τὸν ὡς ἀληθῶς ὄντα οἷός τε ἔσται διακρίνειν, οὔτε ἄλλον οὐδένα τῶν ἐπιστημόνων καὶ μή. Σκεψώμεθα δὲ ἐκ τῶνδε· εἰ μέλλει ὁ σώφρων ἢ ὁστισοῦν ἄλλος τὸν ὡς ἀληθῶς ἰατρὸν διαγνώσεσθαι καὶ τὸν μή, ἆρ' οὐχ ὧδε ποιήσει· περὶ μὲν ἰατρικῆς δήπου αὐτῷ οὐ διαλέξεται - οὐδὲν γὰρ ἐπαί̈ει, ὡς ἔφαμεν, ὁ ἰατρὸς ἀλλ' ἢ τὸ ὑγιεινὸν καὶ τὸ νοσῶδες - ἢ οὔ;
- Ναί, οὕτως.
- Περὶ δέ γε ἐπιστήμης οὐδὲν οἶδεν, ἀλλὰ τοῦτο δὴ τῇ σωφροσύνῃ μόνῃ ἀπέδομεν.
- Ναί.
- Οὐδὲ περὶ ἰατρικῆς ἄρα οἶδεν ὁ ἰατρικός, ἐπειδήπερ ἡ (171a) ἰατρικὴ ἐπιστήμη οὖσα τυγχάνει.
- Ἀληθῆ.
- Ὅτι μὲν δὴ ἐπιστήμην τινὰ ἔχει, γνώσεται ὁ σώφρων τὸν ἰατρόν· δέον δὲ πεῖραν λαβεῖν ἥτις ἐστίν, ἄλλο τι σκέψεται ὧντινων; Ἤ οὐ τούτῳ ὥρισται ἑκάστη ἐπιστήμη μὴ μόνον ἐπιστήμη εἶναι ἀλλὰ καὶ τίς, τῷ τινῶν εἶναι;
- Τούτῳ μὲν οὖν.
- Καὶ ἡ ἰατρικὴ δὴ ἑτέρα εἶναι τῶν ἄλλων ἐπιστημῶν ὡρίσθη τῷ τοῦ ὑγιεινοῦ εἶναι καὶ νοσώδους ἐπιστήμη.
- Ναί.
- Οὐκοῦν ἐν τούτοις ἀναγκαῖον σκοπεῖν τὸν βουλόμενον (171b) ἰατρικὴν σκοπεῖν, ἐν οἷς ποτ' ἔστιν· οὐ γὰρ δήπου ἔν γε τοῖς ἔξω, ἐν οἷς οὐκ ἔστιν;
- Οὐ δῆτα.
- Ἐν τοῖς ὑγιεινοῖς ἄρα καὶ νοσώδεσιν ἐπισκέψεται τὸν ἰατρόν, ᾗ ἰατρικός ἐστιν, ὁ ὀρθῶς σκοπούμενος.
- Ἔοικεν.
- Οὐκοῦν ἐν τοῖς οὕτως ἢ λεγομένοις ἢ πραττομένοις τὰ μὲν λεγόμενα, εἰ ἀληθῆ λέγεται, σκοπούμενος, τὰ δὲ πραττόμενα, εἰ ὀρθῶς πράττεται;
- Ἀνάγκη.
- Ἦ οὖν ἄνευ ἰατρικῆς δύναιτ' ἄν τις τούτων ποτέροις ἐπακολουθῆσαι;
- Οὐ δῆτα.
(171c) - Οὐδέ γε ἄλλος οὐδείς, ὡς ἔοικεν, πλὴν ἰατρός, οὔτε δὴ ὁ σώφρων· ἰατρὸς γὰρ ἂν εἴη πρὸς τῇ σωφροσύνῃ.
- Ἔστι ταῦτα.
- Παντὸς ἄρα μᾶλλον, εἰ ἡ σωφροσύνη ἐπιστήμης ἐπιστήμη μόνον ἐστὶν καὶ ἀνεπιστημοσύνης, οὔτε ἰατρὸν διακρῖναι οἵα τε ἔσται ἐπιστάμενον τὰ τῆς τέχνης ἢ μὴ ἐπιστάμενον, προσποιούμενον δὲ ἢ οἰόμενον, οὔτε ἄλλον οὐδένα τῶν ἐπισταμένων καὶ ὁτιοῦν, πλήν γε τὸν αὑτοῦ ὁμότεχνον, ὥσπερ οἱ ἄλλοι δημιουργοί.
- Φαίνεται, ἔφη.
| [18] XVIII. - Par conséquent la sagesse et être sage ne serait pas de savoir ce qu’on
sait et ce qu’on ne sait pas, mais seulement, à ce qu’il paraît, qu’on sait et
qu’on ne sait pas.
- C’est vraisemblable.
- Et si un autre prétend savoir quelque chose, le sage sera tout aussi
impuissant à reconnaître si cet homme sait ce qu’il prétend savoir ou s’il ne le
sait pas. Tout ce qu’il saura, semble-t-il, c’est que cet homme possède une
science, mais de quoi, la sagesse ne saurait le lui apprendre.
- Il ne semble pas.
- Ainsi donc, si un homme se donne pour médecin, sans l’être, le sage ne sera
pas capable de le distinguer de celui qui l’est effectivement, ni en général les
savants des ignorants. Examinons ce point de la manière que voici. Si le sage ou
tout autre homme veut distinguer le vrai médecin du faux, ne s’y prendra-t-il
pas ainsi ? A coup sûr, il ne lui parlera pas sur la science médicale ; car le
médecin, nous l’avons dit, ne connaît rien en dehors de ce qui est sain ou
malade, n’est-il pas vrai ?
- Si, c’est vrai.
- Mais il n’entend rien à la science, car nous l’avons attribuée uniquement à la
sagesse ?
- Oui.
- Donc la médecine non plus n’est pas connue du médecin, puisque la médecine est
une science.
- C’est vrai.
- Que le médecin ait une science, le sage le reconnaîtra bien ; mais, s’il faut
essayer de connaître quelle est cette science, ne devra-t-il pas chercher de
quoi elle est la science ? N’est-il pas vrai que l’on définit chaque science, en
disant non seulement qu’elle est une science, mais une science particulière avec
un objet particulier ?
- C’est exact.
- Ainsi la définition que nous avons donnée de la médecine, distinguée des
autres sciences, c’est qu’elle est la science du sain et du malade.
- Oui.
- Donc, si l’on veut examiner la valeur de la médecine, il faut le faire sur les
objets qui lui sont propres, et non pas, n’est-ce pas, sur ceux qui lui sont
étrangers et ne la concernent pas ?
- Certainement.
- C’est donc sur le sain et le malade qu’on interrogera le médecin, en tant que
médecin, si l’on veut l’examiner comme il convient.
- Il me le semble.
- C’est donc ce qu’il dit ou fait à ce titre qu’il faut examiner, pour voir si
ses paroles sont vraies et ses actes convenables ?
- Nécessairement.
- Mais peut-on, si l’on ne connaît pas la médecine, observer les unes ou les
autres ?
- Non, certes.
- Ni personne autre qu’un médecin, semble-t-il, ni le sage lui-même, à moins
qu’il ne soit médecin, en même temps que sage.
- C’est exact.
- Il est donc absolument certain que si la sagesse est uniquement la science de
la science et de l’ignorance, le sage sera également incapable de distinguer le
médecin qui connaît son art de celui qui l’ignore et qui en impose aux autres ou
à lui-même, comme il sera incapable de reconnaître tout autre homme qui sait
quelque chose, à moins qu’il ne soit lui-même du métier, comme les autres
artisans.
- C’est évident, dit-il.
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