[108] (108a) (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἆρα καὶ τοσαῦτα ὅσα ἄμεινον;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Τοσαῦτα.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐκοῦν καὶ τότε ὅτε ἄμεινον;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Πάνυ γε.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἀλλὰ μὴν καὶ ᾄδοντα δεῖ κιθαρίζειν ποτὲ πρὸς τὴν
ᾠδὴν καὶ βαίνειν;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Δεῖ γάρ.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐκοῦν τότε ὁπότε βέλτιον;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ναί.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Καὶ τοσαῦθ´ ὅσα βέλτιον;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Φημί.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Τί οὖν; ἐπειδὴ βέλτιον μὲν ὠνόμαζες ἐπ´ ἀμφοτέροις,
(108b) τῷ τε κιθαρίζειν πρὸς τὴν ᾠδὴν καὶ τῷ προσπαλαίειν,
τί καλεῖς τὸ ἐν τῷ κιθαρίζειν βέλτιον, ὥσπερ ἐγὼ τὸ ἐν τῷ
παλαίειν καλῶ γυμναστικόν· σὺ δ´ ἐκεῖνο τί καλεῖς;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὐκ ἐννοῶ.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἀλλὰ πειρῶ ἐμὲ μιμεῖσθαι. ἐγὼ γάρ που ἀπεκρινάμην
τὸ διὰ παντὸς ὀρθῶς ἔχον, ὀρθῶς δὲ δήπου ἔχει τὸ κατὰ τὴν τέχνην
γιγνόμενον· ἢ οὔ;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ναί.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἡ δὲ τέχνη οὐ γυμναστικὴ ἦν;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Πῶς δ´ οὔ;
(108c) (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἐγὼ δ´ εἶπον τὸ ἐν τῷ παλαίειν βέλτιον γυμναστικόν.
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Εἶπες γάρ.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Οὐκοῦν καλῶς;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἔμοιγε δοκεῖ.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἴθι δὴ καὶ σύ - πρέποι γὰρ ἄν που καὶ σοὶ τὸ καλῶς
διαλέγεσθαι - εἰπὲ πρῶτον τίς ἡ τέχνη ἧς τὸ κιθαρίζειν καὶ
τὸ ᾄδειν καὶ τὸ ἐμβαίνειν ὀρθῶς; συνάπασα τίς καλεῖται;
οὔπω δύνασαι εἰπεῖν;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Οὐ δῆτα.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἀλλ´ ὧδε πειρῶ· τίνες αἱ θεαὶ ὧν ἡ τέχνη;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Τὰς Μούσας, ὦ Σώκρατες, λέγεις;
(108d) (ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἔγωγε. ὅρα δή· τίνα ἀπ´ αὐτῶν ἐπωνυμίαν ἡ
τέχνη ἔχει;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Μουσικήν μοι δοκεῖς λέγειν.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Λέγω γάρ. τί οὖν τὸ κατὰ ταύτην ὀρθῶς γιγνόμενόν
ἐστιν; ὥσπερ ἐκεῖ ἐγώ σοι τὸ κατὰ τὴν τέχνην ἔλεγον ὀρθῶς,
τὴν γυμναστικήν, καὶ σὺ δὴ οὖν οὕτως ἐνταῦθα τί φῄς; πῶς
γίγνεσθαι;
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Μουσικῶς μοι δοκεῖ.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Εὖ λέγεις. ἴθι δή, καὶ τὸ ἐν τῷ πολεμεῖν βέλτιον
καὶ τὸ ἐν τῷ εἰρήνην ἄγειν, τοῦτο τὸ βέλτιον τί
(108e) ὀνομάζεις; ὥσπερ ἐκεῖ ἐφ´ ἑκάστῳ ἔλεγες τὸ ἄμεινον, ὅτι
μουσικώτερον καὶ ἐπὶ τῷ ἑτέρῳ, ὅτι γυμναστικώτερον·
πειρῶ δὴ καὶ ἐνταῦθα λέγειν τὸ βέλτιον.
(ΑΛΚΙΒΙΑΔΗΣ) Ἀλλ´ οὐ πάνυ τι ἔχω.
(ΣΩΚΡΑΤΗΣ) Ἀλλὰ μέντοι αἰσχρόν γε εἰ μέν τις σε λέγοντα
καὶ συμβουλεύοντα περὶ σιτίων ὅτι βέλτιον τόδε τοῦδε καὶ
νῦν καὶ τοσοῦτον, ἔπειτα ἐρωτήσειεν "Τί τὸ ἄμεινον λέγεις,
ὦ Ἀλκιβιάδη;" περὶ μὲν τούτων ἔχειν εἰπεῖν ὅτι τὸ ὑγιεινότερον,
καίτοι οὐ προσποιῇ γε ἰατρὸς εἶναι· περὶ δὲ οὗ
| [108] (SOCRATE)
Et aussi dans la mesure où c’est le mieux ?
(ALCIBIADE)
Oui, dans cette mesure.
(SOCRATE)
Et au moment où c’est le mieux ?
(ALCIBIADE)
Certainement.
(SOCRATE)
De même un chanteur doit parfois jouer de la cithare et danser en accord avec
son chant.
(ALCIBIADE)
Effectivement.
(SOCRATE)
Et au moment où c’est le mieux ?
(ALCIBIADE)
Oui.
(SOCRATE)
Et dans la mesure où c’est le mieux ?
(ALCIBIADE)
J’en conviens.
(SOCRATE)
CHAPITRE V. — Eh bien maintenant, puisque tu as appliqué le terme de « mieux »
à ces deux cas, au jeu de la cithare accompagnant le chant et à la lutte, qu’appelles-tu
mieux, toi, dans le jeu de la cithare, comme moi j’appelle « gymnastique » le
mieux dans le cas de la lutte. Comment désignes-tu l’autre cas ?
(ALCIBIADE)
Je ne saisis pas.
(SOCRATE)
Eh bien, essaye de m’imiter. Moi, j’ai répondu à peu près : c’est ce qui est
absolument correct, et ce qui est correct, c’est, je crois, ce qui est fait
selon les règles de l’art. Ne l’admets-tu pas ?
(ALCIBIADE)
Si.
(SOCRATE)
Et l’art ici, n’était-ce pas la gymnastique ?
(ALCIBIADE)
Sans doute.
(SOCRATE)
Et moi, j’ai dit que dans le cas de la lutte, le mieux était « gymnastique ».
(ALCIBIADE)
Tu l’as dit en effet.
(SOCRATE)
N’ai-je pas bien dit ?
(ALCIBIADE)
Si, à mon avis.
(SOCRATE)
Allons, à ton tour ; car il te convient, à toi aussi, de bien raisonner. Dis-moi
d’abord quel est l’art dont relèvent le jeu de la cithare, le chant et la
justesse des pas ? Quel est son nom générique ? Ne peux-tu pas encore le dire ?
(ALCIBIADE)
Non, ma foi.
(SOCRATE)
Eh bien, essaye de cette manière-ci. Quelles sont les déesses qui président à cet art ?
(ALCIBIADE)
Ce sont les Muses, Socrate, dont tu veux parler ?
(SOCRATE)
Oui. Vois maintenant. Quel nom cet art a-t-il tiré des Muses ?
(ALCIBIADE)
C’est la musique que tu veux dire, ce me semble.
(SOCRATE)
Effectivement. Eh bien, ce qui se fait correctement suivant cet art, qu’est-ce ?
Dans l’autre cas, je t’ai bien désigné ce qui se fait suivant l’art par le mot gymnastique.
Pareillement, que dis-tu, toi, dans ce cas ? Comment cela se fait-il ?
(ALCIBIADE)
Musicalement, j’imagine.
(SOCRATE)
C’est juste. Continue maintenant. Le mieux dans l’art de faire la guerre et le
mieux dans l’art de faire la paix, ce mieux-là, comment l’appelles-tu ? Tout à
l’heure, à propos de chacun des deux cas, tu disais que le mieux, dans l’un, est
ce qui est plus musical, dans l’autre, ce qui est plus gymnastique ; essaye
maintenant de dire ce qu’est le mieux en ce cas.
(ALCIBIADE)
J’en suis complètement incapable.
(SOCRATE)
Voilà qui est vraiment honteux. Si en effet quelqu’un t’entendait raisonner et
donner des conseils sur les aliments et dire : « Celui-ci est meilleur que
celui-là, meilleur à présent et en telle quantité, » et qu’il te demandât
ensuite « Qu’appelles-tu meilleur, Alcibiade ? », en une telle matière tu
saurais bien répondre que c’est le plus sain, bien que tu ne te donnes pas pour
médecin,
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