[3,75] Ἐπεὶ δὲ καὶ μετὰ ταῦτα παραπλήσιόν φησι ποιεῖν
τὸν τὰ χριστιανισμοῦ διδάσκοντα τῷ ὑπισχνουμένῳ μὲν
ὑγιῆ ποιεῖν τὰ σώματα, ἀποτρέποντι δὲ τοῦ προσέχειν τοῖς
ἐπιστήμοσιν ἰατροῖς τῷ ἐλέγχεσθαι ἂν ὑπ´ αὐτῶν τὴν
ἰδιωτείαν αὐτοῦ, καὶ πρὸς ταῦτα ἐροῦμεν· τίνας φῂς ἰατρούς,
ἀφ´ ὧν ἀποτρέπομεν τοὺς ἰδιώτας; Οὐ γὰρ δὴ ὑπολαμβάνεις
τοῖς φιλοσοφοῦσι προσάγειν ἡμᾶς τὴν εἰς τὸν λόγον προτροπήν,
ἵν´ ἐκείνους νομίσῃς εἶναι ἰατρούς, ἀφ´ ὧν ἀποτρέπομεν,
οὓς ἐπὶ τὸν θεῖον καλοῦμεν λόγον. Ἤτοι οὖν οὐκ ἀποκρίνεται
μὴ ἔχων λέγειν τοὺς ἰατρούς, ἢ ἀνάγκη αὐτὸν καταφεύγειν
ἐπὶ τοὺς ἰδιώτας, οἳ καὶ αὐτοὶ περιηχοῦσιν ἀνδραποδωδῶς
τὰ περὶ πολλῶν θεῶν καὶ ὅσα ἄλλα λέγοιεν ἂν ἰδιῶται.
Ἑκατέρως οὖν ἐλεγχθήσεται μάτην παραλαβὼν ἐν τῷ λόγῳ
τὸν ἀποτρέποντα τῶν ἐπιστημόνων ἰατρῶν.
Ἵνα δὲ καὶ ἀπὸ τῆς Ἐπικούρου φιλοσοφίας καὶ τῶν κατ´
Ἐπίκουρον νομιζομένων ἐπικουρείων ἰατρῶν ἀποτρέπωμεν
τοὺς ἐν ἐκείνοις ἀπατωμένους, πῶς οὐχὶ εὐλογώτατα ποιήσομεν
ἀφιστάντες νόσου χαλεπῆς, ἣν ἐνεποίησαν οἱ Κέλσου
ἰατροί, τῆς κατὰ τὴν ἀναίρεσιν τῆς προνοίας καὶ εἰσαγωγὴν
τῆς ἡδονῆς ὡς ἀγαθοῦ; Ἀλλ´ ἔστω ἰατρῶν ἡμᾶς ἄλλων
φιλοσόφων ἀφιστάνειν τούτους, οὓς προτρέπομεν ἐπὶ τὸν
ἡμέτερον λόγον, τῶν ἀπὸ τοῦ Περιπάτου, ἀναιρούντων τὴν
πρὸς ἡμᾶς πρόνοιαν καὶ τὴν σχέσιν πρὸς ἀνθρώπους τοῦ
θείου· πῶς οὐχὶ εὐσεβεῖς μὲν ἡμεῖς κατασκευάσομεν καὶ
θεραπεύσομεν τοὺς προτετραμμένους, πείθοντες αὐτοὺς
ἀνακεῖσθαι τῷ ἐπὶ πᾶσι θεῷ, μεγάλων δὲ τραυμάτων, τῶν
ἀπὸ λόγων νομιζομένων φιλοσόφων, ἀπαλλάσομεν τοὺς
πειθομένους ἡμῖν; Ἀλλὰ καὶ ἄλλους δεδόσθω ἡμᾶς ἀποτρέπειν
ἀπὸ ἰατρῶν στωϊκῶν θεὸν φθαρτὸν εἰσαγόντων καὶ τὴν
οὐσίαν αὐτοῦ λεγόντων σῶμα τρεπτὸν δι´ ὅλων καὶ ἀλλοιωτὸν
καὶ μεταβλητόν, καί ποτε πάντα φθειρόντων καὶ μόνον τὸν
θεὸν καταλειπόντων· πῶς οὐχὶ καὶ οὕτως κακῶν μὲν
ἀπαλλάξομεν τοὺς πειθομένους, προσάξομεν δ´ εὐσεβεῖ
λόγῳ τῷ περὶ τοῦ ἀνακεῖσθαι τῷ δημιουργῷ καὶ θαυμάζειν
τὸν πατέρα τῆς Χριστιανῶν διδασκαλίας, φιλανθρωπότατα
ἐπιστρεπτικὸν καὶ ψυχῶν μαθήματα οἰκονομήσαντα ἐπισπαρῆναι
ὅλῳ τῷ τῶν ἀνθρώπων γένει; Ἀλλὰ κἂν τοὺς πεπονθότας
τὴν περὶ μετενσωματώσεως ἄνοιαν ἀπὸ ἰατρῶν, τῶν
καταβιβαζόντων τὴν λογικὴν φύσιν ὁτὲ μὲν ἐπὶ τὴν ἄλογον
πᾶσαν ὁτὲ δὲ καὶ ἐπὶ τὴν ἀφάνταστον, θεραπεύωμεν· πῶς
οὐ βελτίονας ταῖς ψυχαῖς κατασκευάσομεν τοὺς πειθομένους
λόγῳ, οὐ διδάσκοντι μὲν ἐν κολάσεως μοίρᾳ τῷ φαύλῳ
ἀποδίδοσθαι ἀναισθησίαν ἢ ἀλογίαν, παριστάντι δὲ εἶναί
τινα φάρμακα ἐπιστρεπτικὰ τοὺς ἀπὸ θεοῦ τοῖς φαύλοις
προσαγομένους πόνους καὶ τὰς κολάσεις; Τοῦτο γὰρ οἱ
φρονίμως χριστιανίζοντες φρονοῦντες οἰκονομοῦσι τοὺς
ἁπλουστέρους, ὡς καὶ οἱ πατέρες τοὺς κομιδῇ νηπίους.
Οὐ γὰρ καταφεύγομεν οὖν ἐπὶ νηπίους καὶ ἠλιθίους
ἀγροίκους λέγοντες αὐτοῖς· φεύγετε τοὺς ἰατρούς, οὐδὲ
λέγομεν· ὁρᾶτε μή ποτε τὶς ὑμῶν ἐπιστήμης ἐπιλάβηται,
οὐδὲ φάσκομεν ὅτι κακόν ἐστιν ἐπιστήμη, οὐδὲ μεμήναμεν,
ἵν´ εἴπωμεν ὅτι γνῶσις σφάλλει τοὺς ἀνθρώπους ἀπὸ τῆς
κατὰ ψυχὴν ὑγείας. Ἀλλ´ οὐδ´ ἀπόλλυσθαι ἀπὸ σοφίας
εἴποιμεν ἄν τινα πώποτε, οἵτινες οὐδὲ τὸ ἐμοὶ προσέχετε,
κἂν διδάσκωμεν, φαμέν, ἀλλά· τῷ θεῷ τῶν ὅλων προσέχετε
καὶ διδασκάλῳ τῶν περὶ αὐτοῦ μαθημάτων τῷ Ἰησοῦ.
Οὐδεὶς δ´ ἡμῶν οὕτως ἐστὶν ἀλαζών, ἵν´ ὅπερ Κέλσος
περιέθηκε τῷ τοῦ διδάσκοντος προσώπῳ εἴποι πρὸς τοὺς
γνωρίμους, τὸ ἐγὼ ὑμᾶς σώσω μόνος. Ὅρα οὖν, πόσα ἡμῶν
καταψεύδεται. Ἀλλ´ οὐδέ φαμεν ὅτι οἱ ἀληθῶς ἰατροὶ
φθείρουσιν οὓς ἐπαγγέλλονται θεραπεύειν.
| [3,75] Il continue ses outrages, en disant que les prédicateurs du christianisme
font comme un homme qui promettrait aux malades de les guérir, mais qui ne
voudrait pas souffrir que l'on appelât d'habiles médecins, de peur qu ils
ne découvrissent son ignorance. Qu'il nous dise donc un peu encore qui
sont ces habiles médecins, dont nous ne voulons pas souffrir que les
simples se servent : car puisqu'il soutient que nous ne nous adressons
point à ceux qui suivent la philosophie, les philosophas ne peuvent pas
être les médecins de qui nous détournons ceux à qui nous proposons nos
remèdes comme des remèdes d'une vertu divine. Il faut, ou qu'il se taise,
ne sachant où prendre ses médecins, ou qu'il les cherche dans la lie du
peuple; mais il n'y trouvera que des sentiments dignes des personnes les
plus grossières, et que des maximes pernicieuses, telles que celle qui
établit le culte de plusieurs dieux. Ainsi, de quelque côté qu'il se
tourne, il ne peut se défendre de témérité, lorsqu'il dit que nous ne
voulons pas souffrir qu'on appelle d'habiles médecins. Et quand nous
détournerions de la philosophie d'Epicure ceux qu'elle a séduits,
n'aurions-nous pas raison de le faire, puisque ceux qui passent pour de
bons médecins, selon les principes de cette secte et dans l'opinion de
Celse, ne sont, en effet, que des empoisonneurs qui, niant la Providence,
et faisant consister le souverain bien dans la volonté, jettent l'âme dans
une maladie très fâcheuse? Je veux même que nous empêchions ceux de qui
nous voulons faire des chrétiens, de prendre pour médecins les philosophes
des autres sectes, comme les péripatéticiens, qui disent que la Providence
ne s'étend pas jusqu'à nous, et qu'il n'y a nulle liaison entre Dieu et
les hommes ; sommes-nous blâmables d'arracher un sentiment si impie du
cœur de ceux qui nous veulent croire; de leur en inspirer un tout opposé,
qui les soumette à la conduite du Dieu souverain, et de consolider ainsi
les profondes plaies que ces faux philosophes leur avaient faites. A
l'égard des stoïciens qui se figurent un Dieu corruptible, qui disent que
son essence est un corps sujet à une infinité d'altérations et de
changements, une matière susceptible de toutes les formes, et qui
soutiennent que toutes choses, hormis Dieu, doivent un jour périr et être
détruites, avons-nous tort de vouloir que l'on rejette de tels médecins,
et d'opposer à de si dangereuses erreurs les salutaires enseignements de
la piété, qui apprend aux hommes à dépendre uniquement du Créateur, à le
reconnaître pour l'auteur de la religion chrétienne et à admirer avec
quelle bonté il a pris le soin de la répandre par tout le monde pour la
conversion des âmes? Enfin si nous ne pouvons souffrir qu'on se fie, comme
à de bons médecins, à ceux qui enseignent que l'âme passe d'un corps dans
une autre, et qui rabaissent la nature raisonnable jusqu'à la condition
des brutes et quelquefois au-dessous, se peut-il qu'un esprit qu'ils ont
gâté, en le prévenant de cette extravagante opinion, ne soit pas mieux
quand, pour l'en guérir, nous le disposons à croire, non que les méchants
soient punis par la privation de la raison ou même de l'imagination et du
sentiment, mais plutôt que les maux par lesquels Dieu les châtie, sont
autant de remèdes qu'il leur applique pour leur correction? Car les
chrétiens bien instruits en jugent ainsi : et ils donnent cette leçon aux
moins avancés, pour qui ils ne prennent pas moins de soin, qu'un père pour
ses enfants. C'est donc injustement qu'on nous accuse de nous adresser aux
personnes simples, rustiques et grossières pour leur conseiller de fuir
les médecins, et pour leur dire : Donnez-vous de garde qu'aucun de vous
n'acquière de la science. Nous ne pensons pas que la science soit une
mauvaise chose, et nous ne sommes pas assez fous pour croire que les
connaissances qu'un homme peut avoir, nuisent à la santé de son âme, ou
pour soutenir que la sagesse ait jamais cause la perte de personne.
Lorsque nous enseignons, ce n'est pas à nous que nous voulons qu'on
s'attache ; nous voulons qu'on s'attache au grand Dieu et à Jésus, qui
enseigne la doctrine du grand Dieu; et il n'y a aucun de nous qui, parlant
à ses disciples, ait la présomption de leur dire comme Celse le fait dire
à l'un de nos docteurs : Je vous sauverai moi seul. Voyez donc combien de
faussetés il avance contre nous. Il est encore faux que nous disions que
les véritables médecins tuent les malades qu'ils entreprennent de guérir.
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