| [15,8] Ἀλλὰ τῷ προσαπτομένῳ πραγμάτων κίνδυνος ἕπεται,
 καὶ ζημία, καὶ ἐπιβουλαί, καὶ φθόνοι, καὶ φυγαί, καὶ θάνατοι, 
 καὶ ἀτιμίαι. Φέρε οὖν, εἰ καὶ τῷ κυβερνήτῃ ὁ λογισμὸς 
 οὗτος ἦν, ὅτι τὸ πλεῖν ἐπισφαλές, κινδύνων μεστὸν
 καὶ πόνων, καὶ πολλοῦ τοῦ ἀδήλου, καὶ χειμώνων, καὶ
 πνευμάτων· φέρε, εἰ καὶ τῷ στρατηγῷ τοιοῦτος λογισμὸς 
 ἦν, ὅτι ἄδηλοι μὲν αἱ τοῦ πολέμου τύχαι, τὸ δὲ σφαλερὸν 
 ἐπ´ ἀμφοῖν ἴσον, ἐν ποσὶν δὲ ὁ κίνδυνος, καὶ
 ὁ θάνατος πλησίον· τί τοίνυν ἐκώλυεν ἐκ τούτων τῶν
 λογισμῶν ἄπλουν μὲν εἶναι τὴν θάλατταν, ἐλευθερίας
 δὲ μηδὲ ὄναρ μετέχειν τοὺς πολλοὺς ἀπορίᾳ στρατηγῶν, 
 τὸν δὲ ξύμπαντα βίον εἶναι μηδὲν σκωλήκων
 διαφέροντα, δειλὸν καὶ ἀργὸν καὶ ἐπτηχότα; Σαρδαναπάλλου 
 μοι βίον λέγεις, Ἐπικούρου μοι βίον λέγεις.
 Ἀντιθῶμεν αὐτοῖς, Κῦρον μὲν Σαρδαναπάλλῳ, τὸν
 Πέρσην τῷ Ἀσσυρίῳ, ὅς, ἐξὸν αὐτῷ σχολὴν ἄγειν καὶ
 καθ´ ἡσυχίαν βιοῦν, εἵλετο ἐλευθεροῦν τὸ Περσῶν
 γένος, πονῶν καὶ στρατευόμενος καὶ διψῶν καὶ λιμώττων, 
 καὶ μὴ ἀνεὶς τὸν κάματον, μήτε νύκτωρ,
 μήτε μεθ´ ἡμέραν. Ἀντίθες καὶ Ἐπικούρῳ πολλούς,
 Ἕλληνι Ἕλληνας· ἐκ μὲν Ἀκαδημίας Πλάτωνα, ἐκ δὲ
 στρατοπέδου Ξενοφῶντα, ἐκ δὲ τοῦ Πόντου Διογένην.
 | [15,8] VIII. Mais, dira-t-on, se jeter dans les affaires, c’est s’environner de 
dangers , c’est s’exposer a des inimitiés, à des pièges, à des délations, 
à des rivalités, à l’opprobre, à l’exil, à la mort. Quoi donc! mais 
si le pilote, avant de s’embarquer, raisonnant de la même manière, 
songeait que la navigation a ses périls, qu’on doit s’attendre à mille 
fatigues, à mille accidents, à beaucoup d’incertitudes de la part des 
vents et des saisons; d’un autre côté, si un Général d’armée, avant 
d’entrer en campagne, réfléchissait que les événements de la guerre sont 
très incertains, que les chances sont égales de part et d’autre, que sa 
défaite ou sa mort dépendront d’une marche, d’un mouvement; il est 
probable qu’avec de semblables raisonnements, la mer serait sans 
navigateurs; que, faute de Généraux, la liberté des peuples ne serait 
qu’un songe, et que l’homme serait réduit à la triste, à l’inerte, et à la 
misérable condition du ver de terre. Nous vantera-t-on la vie de 
Sardanapale, la vie d’Epicure? Eh bien! opposons à Sardanapale, Cyrus, à 
un Assyrien, un Perse, qui, pouvant rester tranquille et vivre en repos, 
aima mieux entreprendre de rompre les fers de sa patrie, et lui rendre la 
liberté; aima mieux supporter les fatigues des expéditions militaires, 
endurer la faim, la soif, et ne se donner, ni le jour, ni la nuit, le 
moindre relâche. Opposons au Grec Epicure, plusieurs autres Grecs; 
parmi les Académiciens, Platon; parmi ceux qui ont porté les armes, 
Xénophon; parmi les navigateurs, Diogène. 
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