[7] Λοιπὸν δὴ καὶ ἀληθέστατον μέν, ἥκιστα δὲ
πρὸς αὐτῶν λεγόμενον, ἡδονῆς ἕνεκα καὶ τῶν
πολλῶν καὶ ἀθρόων ἐλπίδων εἰσπηδᾶν αὐτοὺς εἰς
τὰς οἰκίας, καταπλαγέντας μὲν τὸ πλῆθος τοῦ
χρυσοῦ καὶ τοῦ ἀργύρου, εὐδαιμονήσαντας δὲ ἐπὶ
τοῖς δείπνοις καὶ τῇ ἄλλῃ τρυφῇ, ἐλπίσαντας δὲ
ὅσον αὐτίκα χανδὸν οὐδενὸς ἐπιστομίζοντος πίεσθαι
τοῦ χρυσίου. ταῦτα ὑπάγει αὐτοὺς καὶ
δούλους ἀντὶ ἐλευθέρων τίθησιν—οὐχ ἡ τῶν ἀναγκαίων
χρεία, ἣν ἔφασκον, ἀλλ´ ἡ τῶν οὐκ ἀναγκαίων
ἐπιθυμία καὶ ὁ τῶν πολλῶν καὶ πολυτελῶν
ἐκείνων ζῆλος. τοιγαροῦν ὥσπερ δυσέρωτας αὐτοὺς
καὶ κακοδαίμονας ἐραστὰς ἔντεχνοί τινες καὶ
τρίβωνες ἐρώμενοι παραλαβόντες ὑπεροπτικῶς
περιέπουσιν, ὅπως ἀεὶ ἐρασθήσονται αὐτῶν θεραπεύοντες,
ἀπολαῦσαι δὲ τῶν παιδικῶν ἀλλ´ οὐδὲ
μέχρι φιλήματος ἄκρου μεταδιδόντες· ἴσασι γὰρ
ἐν τῷ τυχεῖν τὴν διάλυσιν τοῦ ἔρωτος γενησομένην.
ταύτην οὖν ἀποκλείουσιν καὶ ζηλοτύπως
φυλάττουσιν· τὰ δὲ ἄλλα ἐπ´ ἐλπίδος ἀεὶ τὸν
ἐραστὴν ἔχουσιν. δεδίασι γὰρ μὴ αὐτὸν ἡ ἀπόγνωσις
ἀπαγάγῃ τῆς ἄγαν ἐπιθυμίας καὶ ἀνέραστος
αὐτοῖς γένηται· προσμειδιῶσιν οὖν καὶ
ὑπισχνοῦνται καὶ ἀεὶ εὖ ποιήσουσι καὶ χαριοῦνται
καὶ ἐπιμελήσονται πολυτελῶς. εἶτ´ ἔλαθον
ἄμφω γηράσαντες, ἔξωροι γενόμενοι καὶ οὗτος τοῦ
ἐρᾶν κἀκεῖνος τοῦ μεταδιδόναι. πέπρακται δ´ οὖν
αὐτοῖς οὐδὲν ἐν ἅπαντι τῷ βίῳ πέρα τῆς ἐλπίδος.
| [7] Il reste dès lors une motivation aussi sincère qu'occultée par
les intéressés : s'ils se ruent ainsi sur les grandes maisons, c'est
parce qu'ils sont attirés par les plaisirs et des espoirs variés et
démesurés, c'est qu'ils sont fascinés par le déploiement de l'or et
de l'argent, se frottent les mains à l'idée des banquets et autres
parties fines et s'imaginent que le métal précieux leur
dégoulinera incontinent dans le gosier, qu'ils tiennent béant, et
que personne ne viendra jamais le leur fermer. Tels sont les
mobiles qui les animent et transforment ces hommes libres en
esclaves : la vérité n'est pas qu'ils manqueraient du nécessaire,
comme ils voudraient le faire accroire, mais qu'ils convoitent le
superflu et courent après l'opulence et le luxe. De ce fait, ils se
mettent à ressembler à ces pédérastes mal aimés et
malchanceux qui tombent sous l'emprise de mignons retors et
madrés, lesquels les prennent de haut pour qu'ils restent
durablement épris et soient aux petits soins pour eux, sans leur
concéder la moindre privauté, fût-ce un bécot, car ils savent que
si leurs soupirants parvenaient à leurs fins, leur désir
s'éteindrait. Par conséquent, ils évitent d'en arriver là et se
gardent bien de conclure, mais pour le reste, ils s'emploient à
toujours entretenir l'espoir chez leurs amants, car ils craignent
que le désespoir ne les sèvre de leur ardente convoitise et qu'ils
ne se fassent indifférents à leur égard. Ils leur font donc des
risettes et seront constamment « sur le point » de leur faire du
bien, de se montrer complaisants, de les traiter très, très
généreusement. C'est ainsi que, sans s'en rendre compte, les
deux se retrouveront un jour avoir passé l'âge, l'un d'aimer,
l'autre de céder. Et de toute leur vie, ils n'auront rien fait d'autre
qu'espérer.
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