[5] Δοκῶ δέ μοι καλῶς ἂν ποιῆσαι, εἰ τὰς αἰτίας
ἀφ´ ὧν ἐπὶ τὸν τοιοῦτον βίον ἀφικνοῦνταί τινες
προεξετάσας δείξαιμι οὐ πάνυ βιαίους οὐδ´ ἀναγκαίας·
οὕτω γὰρ ἂν αὐτοῖς ἡ ἀπολογία προαναιροῖτο
καὶ ἡ πρώτη ὑπόθεσις τῆς ἐθελοδουλείας.
οἱ μὲν δὴ πολλοὶ τὴν πενίαν καὶ τὴν τῶν ἀναγκαίων
χρείαν προθέμενοι ἱκανὸν τοῦτο προκάλυμμα
οἴονται προβεβλῆσθαι τῆς πρὸς τὸν βίον τοῦτον
αὐτομολίας, καὶ ἀποχρῆν αὐτοῖς νομίζουσιν εἰ
λέγοιεν ὡς συγγνώμης ἄξιον ποιοῦσιν τὸ χαλεπώτατον
τῶν ἐν τῷ βίῳ, τὴν πενίαν, διαφυγεῖν
ζητοῦντες· εἶτα ὁ Θέογνις πρόχειρος καὶ πολὺ τό,
πᾶς γὰρ ἀνὴρ πενίῃ δεδμημένος
καὶ ὅσα ἄλλα δείματα ὑπὲρ τῆς πενίας οἱ ἀγεννέστατοι
τῶν ποιητῶν ἐξενηνόχασιν.
Ἐγὼ δ´ εἰ μὲν ἑώρων αὐτοὺς φυγήν τινα ὡς
ἀληθῶς τῆς πενίας εὑρισκομένους ἐκ τῶν τοιούτων
συνουσιῶν, οὐκ ἂν ὑπὲρ τῆς ἄγαν ἐλευθερίας
ἐμικρολογούμην πρὸς αὐτούς· ἐπεὶ δὲ—ὡς ὁ καλός
που ῥήτωρ ἔφη—τοῖς τῶν νοσούντων σιτίοις ἐοικότα
λαμβάνουσι, τίς ἔτι μηχανὴ μὴ οὐχὶ καὶ
πρὸς τοῦτο κακῶς βεβουλεῦσθαι δοκεῖν αὐτούς,
ἀεὶ μενούσης αὐτοῖς ὁμοίας τῆς ὑποθέσεως τοῦ
βίου; πενία γὰρ εἰσαεὶ καὶ τὸ λαμβάνειν ἀναγκαῖον
καὶ ἀπόθετον οὐδὲν οὐδὲ περιττὸν εἰς φυλακήν,
ἀλλὰ τὸ δοθέν, κἂν δοθῇ, κἂν ἀθρόως ληφθῇ,
πᾶν ἀκριβῶς καὶ τῆς χρείας ἐνδεῶς καταναλίσκεται.
καλῶς δὲ εἶχε μὴ τοιαύτας τινὰς ἀφορμὰς
ἐπινοεῖν αἳ τὴν πενίαν τηροῦσι παραβοηθοῦσαι
μόνον αὐτῇ, ἀλλ´ αἳ τέλεον ἐξαιρήσουσιν, καὶ
ὑπέρ γε τοῦ τοιούτου καὶ εἰς βαθυκήτεα πόντον
ἴσως ῥιπτεῖν, εἰ δεῖ, ὦ Θέογνι, καὶ πετρέων, ὡς
φής, κατ´ ἠλιβάτων. εἰ δέ τις ἀεὶ πένης καὶ
ἐνδεὴς καὶ ὑπόμισθος ὢν οἴεται πενίαν αὐτῷ τούτῳ
διαπεφευγέναι, οὐκ οἶδα πῶς ὁ τοιοῦτος οὐκ ἂν
δόξειεν ἑαυτὸν ἐξαπατᾶν.
| [5] Je ferai oeuvre utile, me semble-t-il, si je passe en revue les
argumentations avancées par certains pour embrasser ce mode
de vie et que je montre qu'elles n'ont ni la solidité, ni la
prégnance qu'on leur prête. Ce faisant, nous pourrons court-circuiter leur défense et la justification première de leur
servitude volontaire. Beaucoup de ces candidats, pour en
commencer par là, mettent en avant leur pauvreté et leur
manque de moyens de subsistance et, ainsi, s'imaginent tenir le
prétexte susceptible de les disculper d'avoir rallié ce type
d'existence et pensent s'être tirés d'affaire du simple fait d'avoir
souligné qu'ils ont posé un acte qui appelle l'indulgence en
cherchant à échapper à la tare la plus lourde de toute existence :
j'ai parlé de la pauvreté. Il ne reste plus alors qu'à bondir sur
Théognis, en particulier sur son antienne :
« Car l'homme est terrassé de par la pauvreté »
et tous les épouvantails que les poètes les plus mal embouchés
brandissent sur ce thème de la misère. Si je voyais que dans ces
emplois, les intéressés avaient réellement trouvé une
échappatoire à l'indigence, je ne leur chercherais pas noise sur
une liberté qui leur est superfétatoire, mais si l'on veut bien voir
qu'ils sont véritablement réduits à une diète digne de malades,
pour reprendre une expression de notre excellent orateur,
comment ne pas penser que même à cet égard, ils
n'apparaissent guère avisés, puisque leurs conditions de vie
restent inchangées ? La pauvreté, en effet, leur reste collée à la
peau : ils doivent vivre de ce qu'ils reçoivent et ne disposent
d'aucune réserve ni de quelque surplus qu'ils pussent
épargner ; au contraire, ils dépensent la totalité de leurs
émoluments jusqu'au dernier liard — à supposer qu'on les leur
verse effectivement et qu'ils les perçoivent d'un coup — sans
pour cela réussir à satisfaire tous leurs besoins. Plutôt que
d'imaginer de tels expédients, qui ne procurent qu'une
atténuation marginale de la pauvreté et concourent ainsi à en
assurer la pérennité, il eût été préférable de se donner les
moyens de l'éliminer définitivement, dût-on, à cet effet, se
précipiter
« de la haute falaise », ô Théognis, « aux abîmes marins».
Le salarié qui, tout pauvre et indigent qu'il reste, se figure avoir
échappé à la gêne par la seule vertu de son embauche, comment
ne pas voir qu'il se berce d'illusions ?
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