|
[61] συνελόντι δὲ εἰπεῖν, οὐδὲν τῶν ὑπὸ τοῦ Ὁμήρου καὶ Ἡσιόδου καὶ τῶν ἀρίστων ποιητῶν καὶ μάλιστα
τῆς τραγῳδίας λεγομένων ἀγνοήσει.
Ταῦτα πάνυ ὀλίγα ἐκ πολλῶν, μᾶλλον δὲ ἀπείρων
τὸ πλῆθος, ἐξελὼν τὰ κεφαλαιωδέστερα κατέλεξα,
τὰ ἄλλα τοῖς τε ποιηταῖς ᾄδειν ἀφεὶς καὶ
τοῖς ὀρχησταῖς αὐτοῖς δεικνύναι καὶ σοὶ προσεξευρίσκειν
καθ´ ὁμοιότητα τῶν προειρημένων, ἅπερ
ἅπαντα πρόχειρα καὶ πρὸς τὸν καιρὸν ἕκαστον τῷ
ὀρχηστῇ προπεπορισμένα καὶ προτεταμιευμένα
κεῖσθαι ἀναγκαῖον.
| [61] En un mot, il ne doit rien ignorer de tout ce qu'ont écrit Homère, Hésiode et les bons
poètes, notamment les tragiques. D'une multitude infinie de traits de ce genre, je n'ai choisi
qu'un petit nombre et je n'ai rapporté que les plus remarquables, laissant le reste à chanter aux
poètes et à représenter aux danseurs : pour toi, tu trouveras facilement, guidé par la
ressemblance, tous ceux que le danseur doit avoir présents à la mémoire et réservés, pour
ainsi dire, en magasin, afin d'en faire usage à l'occasion.
| [62] Ἐπεὶ δὲ μιμητικός ἐστι καὶ κινήμασι τὰ ᾀδόμενα
δείξειν ὑπισχνεῖται, ἀναγκαῖον αὐτῷ, ὅπερ
καὶ τοῖς ῥήτορσι, σαφήνειαν ἀσκεῖν, ὡς ἕκαστον
τῶν δεικνυμένων ὑπ´ αὐτοῦ δηλοῦσθαι μηδενὸς
ἐξηγητοῦ δεόμενον, ἀλλ´ ὅπερ ἔφη ὁ Πυθικὸς
χρησμός, δεῖ τὸν θεώμενον ὄρχησιν καὶ κωφοῦ
συνιέναι καὶ μὴ λαλέοντος τοῦ ὀρχηστοῦ ἀκούειν.
| [62] D'autre part, comme son talent est d'imiter et d'exprimer par des gestes ce que disent les
chanteurs, il faut qu'à l'exemple des orateurs, il s'exerce à se rendre clair et intelligible, afin
qu'on puisse saisir chacune de ses intentions sans le secours d'un interprète. Il faut que celui
qui voit danser puisse, comme le dit l'oracle d'Apollon Pythien, comprendre le muet et entendre
le danseur qui garde le silence.
| [63] Ὃ δὴ καὶ Δημήτριον τὸν Κυνικὸν παθεῖν λέγουσιν.
ἐπεὶ γὰρ καὶ αὐτὸς ὅμοιά σοι κατηγόρει τῆς
ὀρχηστικῆς, λέγων τοῦ αὐλοῦ καὶ τῶν συρίγγων
καὶ τῶν κτύπων πάρεργόν τι τὸν ὀρχηστὴν εἶναι,
μηδὲν αὐτὸν πρὸς τὸ δρᾶμα συντελοῦντα, κινούμενον
δὲ ἄλογον ἄλλως κίνησιν καὶ μάταιον,
οὐδενὸς αὐτῇ νοῦ προσόντος, τῶν δὲ ἀνθρώπων
τοῖς περὶ τὸ πρᾶγμα γοητευομένων, ἐσθῆτι
σηρικῇ καὶ προσωπείῳ εὐπρεπεῖ, αὐλῷ τε καὶ
τερετίσμασι καὶ τῇ τῶν ᾀδόντων εὐφωνίᾳ, οἷς
κοσμεῖσθαι μηδὲν ὂν τὸ τοῦ ὀρχηστοῦ πρᾶγμα, ὁ
τότε κατὰ τὸν Νέρωνα εὐδοκιμῶν ὀρχηστής, οὐκ
ἀσύνετος, ὥς φασιν, ἀλλ´ εἰ καί τις ἄλλος ἔν τε
ἱστορίας μνήμῃ καὶ κινήσεως κάλλει διενεγκών,
ἐδεήθη τοῦ Δημητρίου εὐγνωμονεστάτην, οἶμαι,
τὴν δέησιν, ἰδεῖν ὀρχούμενον, ἔπειτα κατηγορεῖν
αὐτοῦ· καὶ ὑπέσχετό γε ἄνευ αὐλοῦ καὶ ᾀσμάτων
ἐπιδείξεσθαι αὐτῷ. καὶ οὕτως ἐποίησεν· ἡσυχίαν
γὰρ τοῖς τε κτυποῦσι καὶ τοῖς αὐλοῦσι καὶ αὐτῷ
παραγγείλας τῷ χορῷ, αὐτὸς ἐφ´ ἑαυτοῦ ὠρχήσατο
τὴν Ἀφροδίτης καὶ Ἄρεος μοιχείαν, Ἥλιον
μηνύοντα καὶ Ἥφαιστον ἐπιβουλεύοντα καὶ τοῖς
δεσμοῖς ἀμφοτέρους, τήν τε Ἀφροδίτην καὶ τὸν
Ἄρη, σαγηνεύοντα, καὶ τοὺς ἐφεστῶτας θεοὺς
ἕκαστον αὐτῶν, καὶ αἰδουμένην μὲν τὴν Ἀφροδίτην,
ὑποδεδοικότα δὲ καὶ ἱκετεύοντα τὸν Ἄρη, καὶ
ὅσα τῇ ἱστορίᾳ ταύτῃ πρόσεστιν, ὥστε τὸν
Δημήτριον ὑπερησθέντα τοῖς γιγνομένοις τοῦτον
ἔπαινον ἀποδοῦναι τὸν μέγιστον τῷ ὀρχηστῇ·
ἀνέκραγε γὰρ καὶ μεγάλῃ τῇ φωνῇ ἀνεφθέγξατο,
"Ἀκούω, ἄνθρωπε, ἃ ποιεῖς· οὐχ ὁρῶ μόνον,
ἀλλά μοι δοκεῖς ταῖς χερσὶν αὐταῖς λαλεῖν."
| [63] C'est ce qui arriva, dit-on, à Démétrius le Cynique. Comme toi, il blâmait la danse, disant
qu'avec la flûte, les syrinx, et le bruit des pieds, ce n'était qu'un hors-d'œuvre superflu, qui
n'ajoutait rien au drame ; que les mouvements désordonnés du danseur étaient inutiles et
dépourvus de sens ; que les spectateurs étaient fascinés par les accessoires de la danse, les
habits de soie, la beauté du masque, les modulations de la flûte, l'harmonie des voix, parures
qui embellissent l'art du danseur, tout à fait nul par lui-même. Il y avait alors, sous Néron, un
célèbre danseur homme d'esprit, dit-on, versé plus que personne dans la connaissance
historique de son art, et excellant dans la beauté de ses mouvements. Il fit à Démétrius une
demande que je crois très raisonnable : il le pria de venir le voir danser, avant de le condamner,
lui promettant de se montrer à lui sans accompagnement de flûtes ni de voix. Il tint sa
promesse. Il fit taire les instruments, les flûtes, le chœur même, et dansa tout seul les amours
de Mars et de Vénus, le Soleil révélant l'intrigue, le piège de Vulcain, qui prend les deux
amants dans ses filets. Vénus toute honteuse, Mars ne pouvant se défendre de craindre et de
supplier, enfin les moindres détails de cette histoire. Démétrius, à ce spectacle, fut tellement
ravi, qu'il ne put s'empêcher de donner au danseur le plus grand des éloges, en s'écriant à
haute voix : "J'entends ce que tu fais, danseur ; je ne le vois pas seulement, mais il me semble
que tu parles avec tes mains."
| [64] Ἐπεὶ δὲ κατὰ τὸν Νέρωνά ἐσμεν τῷ λόγῳ,
βούλομαι καὶ βαρβάρου ἀνδρὸς τὸ ἐπὶ τοῦ αὐτοῦ
ὀρχηστοῦ γενόμενον εἰπεῖν, ὅπερ μέγιστος ἔπαινος
ὀρχηστικῆς γένοιτ´ ἄν. τῶν γὰρ ἐκ τοῦ Πόντου
βαρβάρων βασιλικός τις ἄνθρωπος κατά τι χρέος
ἥκων ὡς τὸν Νέρωνα ἐθεᾶτο μετὰ τῶν ἄλλων
τὸν ὀρχηστὴν ἐκεῖνον οὕτω σαφῶς ὀρχούμενον
ὡς καίτοι μὴ ἐπακούοντα τῶν ᾀδομένων—ἡμιέλλην
γάρ τις ὢν ἐτύγχανεν—συνεῖναι ἁπάντων. καὶ
δὴ ἀπιὼν ἤδη ἐς τὴν οἰκείαν, τοῦ Νέρωνος
δεξιουμένου καὶ ὅ τι βούλοιτο αἰτεῖν κελεύοντος
καὶ δώσειν ὑπισχνουμένου, "Τὸν ὀρχηστήν,"
ἔφη, "δοὺς τὰ μέγιστα εὐφρανεῖς." τοῦ δὲ Νέρωνος
ἐρομένου, "Τί ἄν σοι χρήσιμος γένοιτο ἐκεῖ;"
"Προσοίκους," ἔφη, "βαρβάρους ἔχω, οὐχ ὁμογλώττους,
καὶ ἑρμηνέων οὐ ῥᾴδιον εὐπορεῖν πρὸς
αὐτούς. ἢν οὖν τινος δέωμαι, διανεύων οὗτος
ἕκαστά μοι ἑρμηνεύσει." τοσοῦτον ἄρα καθίκετο
αὐτοῦ ἡ μίμησις τῆς ὀρχήσεως ἐπίσημός τε καὶ
σαφὴς φανεῖσα.
| [64] Puisque nous en sommes à l'époque de Néron, je veux aussi te raconter ce qui arriva à un
barbare au sujet de ce même danseur : c'est un fait tout à la gloire de la danse. Un des princes
barbares qui règnent sur le Pont, étant venu à la cour de Néron pour quelques affaires, vit cet
acteur danser au milieu de quelques autres avec une expression si nette de ce que l'on
chantait, que, sans pouvoir l'entendre, n'étant qu'à demi grec, il n'en perdit pas un mot. Comme
il était sur le joint de retourner dans sa patrie, Néron, en lui serrant la main le pria de demander
ce qui lui plairait davantage, lui promettant de le lui accorder aussitôt : "Vous me rendrez bien
heureux, dit-il, si vous voulez me donner ce danseur. - A quoi vous servira-t-il dans votre pays ?
reprit Néron. - J'ai pour voisins, dit l'étranger; des barbares qui ne parlent pas la même langue
que moi, et je ne saurais trouver d'interprète pour traiter avec eux : lorsque j'aurai besoin de
leur dire quelque chose, voici un homme dont les gestes me serviront de truchement." Telle
était l'impression que l'imitation par la danse avait faite sur ce barbare, qu'elle lui paraissait on
ne peut plus claire et significative.
| | |