[2,8] Φιλητᾶς μὲν τοσαῦτα παιδεύσας αὐτοὺς ἀπαλλάττεται,
τυρούς τινας παρ´ αὐτῶν καὶ ἔριφον ἤδη κεράστην
λαβών· οἱ δὲ μόνοι καταλειφθέντες, καὶ τότε πρῶτον
ἀκούσαντες τὸ Ἔρωτος ὄνομα τάς τε ψυχὰς συνεστάλησαν
ὑπὸ λύπης, καὶ ἐπανελθόντες νύκτωρ εἰς τὰς ἐπαύλεις
παρέβαλλον οἷς ἤκουσαν τὰ αὑτῶν. «Ἀλγοῦσιν
οἱ ἐρῶντες, καὶ ἡμεῖς· τροφῆς ἀμελοῦσιν· {ἵν´} ἠμελήκαμεν·
καθεύδειν οὐ δύνανται, τοῦτο μὲν {καὶ} νῦν πάσχομεν
καὶ ἡμεῖς· κάεσθαι δοκοῦσι, καὶ παρ´ ἡμῖν τὸ πῦρ·
ἐπιθυμοῦσιν ἀλλήλους ὁρᾶν· διὰ τοῦτο θᾶττον εὐχόμεθα
γενέσθαι τὴν ἡμέραν. Σχεδὸν τοῦτό ἐστιν ὁ ἔρως, καὶ
ἐρῶμεν ἀλλήλων οὐκ εἰδότες. Εἰ γὰρ τοῦτο μή ἐστιν
{ὁ} ἔρως ἐγὼ δὲ ἐρώμενος, τί οὖν ταῦτα ἀλγοῦμεν, τί
δὲ ἀλλήλους ζητοῦμεν; ἀληθῆ πάντα εἶπεν ὁ Φιλητᾶς.
Τὸ ἐκ τοῦ κήπου παιδίον ὤφθη καὶ τοῖς πατράσιν
ἡμῶν ὄναρ ἐκεῖνο καὶ νέμειν ἡμᾶς τὰς ἀγέλας ἐκέλευσε.
Πῶς ἄν τις αὐτὸ λάβοι; σμικρόν ἐστι καὶ φεύξεται. Καὶ
πῶς ἄν τις αὐτὸ φύγοι; πτερὰ ἔχει καὶ καταλήψεται.
Ἐπὶ τὰς Νύμφας δεῖ βοηθοὺς καταφεύγειν. Ἀλλ´
οὐδὲ Φιλητᾶν ὁ Πὰν ὠφέλησεν Ἀμαρυλλίδος ἐρῶντα.
Ὅσα εἶπεν ἄρα φάρμακα, ταῦτα ζητητέα, φίλημα καὶ
περιβολὴν καὶ κεῖσθαι γυμνοὺς χαμαί. Κρύος μέν, ἀλλὰ
καρτερήσομεν δεύτεροι μετὰ Φιλητᾶν.»
| [2,8] Philétas, après les avoir ainsi enseignés,
se départit d'avec eux, emportant pour son
loyer quelques fromages et un chevreau
daguet, qu'ils lui donnèrent. Mais quand
il s'en fut allé, eux, demeurés tout seuls et
ayant alors pour la première fois entendu
le nom d'amour, se trouvèrent en plus
grande détresse qu'auparavant, et, retournés
en leurs maisons, passèrent la nuit à
comparer ce qu'ils sentaient en eux-mêmes
avec les paroles du vieillard: «Les amants
souffrent: nous souffrons; ils ne font
compte de boire ni de manger : aussi peu
en faisons-nous; ils ne peuvent dormir,
ni nous clore la paupière ; il leur est avis
qu'ils brûlent: nous avons le feu au-dedans
de nous ; ils désirent s'entrevoir :
las! pour autre chose ne prions que le
jour revienne bientôt. C'est cela sans
point de doute qu'on appelle amour;
tous deux sommes enamourés, et si ne
le savions pas mais si c'est amour ce
que nous sentons, je suis aimé; que me
manque-t-il donc ? Et pourquoi sommes-nous
ainsi mal à notre aise ? A quoi faire
nous entre-cherchons-nous ? Philétas
nous dit vrai ; ce jeune garçonnet qu'il a
vu en son jardin, c'est lui-même qui jadis
apparut à nos pères et leur dit en songe
qu'ils nous envoyassent garder les bêtes
aux champs. Comment le pourra-t-on
prendre ? Il est petit et s'enfuira; de
lui échapper n'est possible, car il a des
ailes et nous atteindra. Faut-il avoir
recours aux Nymphes ? Pan n'aida de
rien Philétas quand il aimait Amaryllide.
Essayons les remèdes qu'il a dit, baiser,
accoler, coucher nue à nu. Vrai est qu'il
fait froid; mais nous l'endurerons. »
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