HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Jean Chrysostome, Apologie de la vie monastique, livre I

Chapitre 7

  Chapitre 7

[1,7] ζʹ. Τί οὖν, οἱ οἴκοι μένοντες, φησὶν, οὐ δυνήσονται ταῦτα κατορθοῦν, μὴ κατορθούμενα τοσαύτην φέρει τὴν κόλασιν; Ἐβουλόμην καὶ αὐτὸς οὐχ ἧττον ὑμῶν, ἀλλὰ καὶ πολὺ πλέον, καὶ πολλάκις ηὐξάμην τῶν μοναστηρίων ἀναιρεθῆναι τὴν χρείαν, καὶ τοσαύτην ἐν ταῖς πόλεσι γενέσθαι τὴν εὐνομίαν, ὡς μηδένα δεηθῆναί ποτε τῆς εἰς τὴν ἕρημον καταφυγῆς· ἐπειδὴ δὲ τὰ ἄνω κάτω γέγονε, καὶ αἱ μὲν πόλεις, ἕνθα δικαστήρια καὶ νόμοι, πολλῆς γέμουσι παρανομίας καὶ ἀδικίας, δὲ ἐρημία πολλῷ βρύει τῷ τῆς φιλοσοφίας καρπῷ, οὐχ οἱ τῆς ζάλης ταύτης καὶ τῆς ταραχῆς τοὺς σωθῆναι βουλομένους ἐξάγοντες, καὶ πρὸς τὸν τῆς ἡσυχίας ὁδηγοῦντες λιμένα, δικαίως ἂν ἐγκαλοῖντο παρ´ ὑμῶν, ἀλλ´ οἱ πόλιν ἑκάστην οὕτως ἄβατον ἐργαζόμενοι καὶ πρὸς φιλοσοφίαν ἀνεπιτήδειον, ὡς ἀναγκάζεσθαι τοὺς σωθῆναι βουλομένους τὰς ἐρημίας μεταδιώκειν. Εἰπὲ γάρ μοι, εἴ τις μεσονύκτιον λαμπάδα λαβὼν οἰκίαν ἐνέπρησε μεγάλην καὶ πολυάνθρωπον, τοῖς ἔνδον καθεύδουσιν ἐπιβουλεύων, τίνα ἂν ἔφαμεν εἶναι κακὸν, τὸν διεγείροντα τοὺς καθεύδοντας, καὶ τῆς οἰκίας ἐξάγοντα ἐκείνης, τὸν ἀνάψαντα τὸ πῦρ ἐξ ἀρχῆς, καὶ τοσαύτην ἀνάγκην αὐτοῖς τε ἐκείνοις καὶ τῷ τούτους ἐξαγαγόντι περιστήσαντα; Τί δαὶ, εἴ τις τυραννουμένην πόλιν ἰδὼν καὶ νοσοῦσαν καὶ στασιάζουσαν, ἔπεισεν οὓς ἠδύνατο τῶν τὴν πόλιν ταύτην οἰκούντων ἀναδραμεῖν πρὸς τὰς τῶν ὀρῶν κορυφὰς, καὶ πείσας ὁμοῦ, καὶ συνέπραξε πρὸς ταύτην αὐτοῖς τὴν ἀναχώρησιν, τίνος ἂν κατηγόρησας; τοῦ μεταθέντος ἀπὸ ταύτης τῆς ταραχῆς πρὸς τὴν γαλήνην ἐκείνην τοὺς ἐν μέσῳ χειμαζομένους ἀνθρώπους, τὸν ταῦτα ἐργασάμενον τὰ ναυάγια; Μὴ γάρ τοι νομίσῃς ἄμεινον τυραννουμένης πόλεως τὰ τῶν ἀνθρώπων πράγματα διακεῖσθαι νῦν, ἀλλὰ καὶ πολλῷ χαλεπώτερον. Οὐ γὰρ ἄνθρωπος, ἀλλά τις πονηρὸς δαίμων καθάπερ τύραννος ἄγριος τὴν οἰκουμένην ἅπασαν καταλαβὼν, μετὰ πάσης αὐτοῦ τῆς φάλαγγος εἰς τὰς τῶν ἀνθρώπων εἰσεκώμασε ψυχάς· εἶτα ἐκεῖθεν, ὥσπερ ἔκ τινος ἀκροπόλεως, τὰ μιαρὰ καὶ ἐναγῆ καθ´ ἑκάστην ἡμέραν ἐπιτάγματα καταπέμπει πᾶσιν, οὐ γάμους διασπῶν, οὐδὲ χρήματα πέμπων καὶ φέρων μόνον, οὐδὲ σφαγὰς ἐργαζόμενος ἀδίκους, ἀλλὰ τὰ πολλῷ τούτων χαλεπώτερα, τὴν (p. 329) ἅπαξ ἁρμοσθεῖσαν. τῷ Θεῷ ψυχὴν τῆς μὲν πρὸς ἐκεῖνον ὁμιλίας ἀπάγων, ἐκδιδοὺς δὲ τοῖς ἀκαθάρτοις αὐτοῦ δορυφόροις, καὶ συγκατακλίνεσθαι καταναγκάζων αὐτοῖς· οἵπερ ἐπειδὰν ἅπαξ αὐτὴν παραλάβωσιν, οὕτως αὐτῇ συγγίνονται αἰσχρῶς καὶ ὑβριστικῶς, ὡς εἰκὸς δαίμονας πονηροὺς σφοδρῶς καὶ μανικῶς τῆς τε ἀπωλείας καὶ τῆς ἀσχημοσύνης ἐρῶντας τῆς ἡμετέρας. Ἀποδύσαντες γὰρ αὐτὴν πάντων τῶν τῆς ἀρετῆς ἱματίων, καὶ τὰ τῆς κακίας ῥάκια πάθη περιθέντες τὰ ῥυπῶντα καὶ διεῤῥηγμένα καὶ δυσώδη, καὶ τῆς γυμνότητος αἰσχροτέραν αὐτὴν ἀποφαίνοντα, καὶ πάσης τῆς οἰκείας προσαναπλήσαντες ἀκαθαρσίας, οὐ παύονται ταῖς εἰς αὐτὴν ἐμπομπεύοντες ὕβρεσιν. Οὐδὲ γὰρ ἴσασί τινα κόρον τῆς μιαρᾶς ταύτης καὶ παρανόμου μίξεως· ἀλλ´ ὥσπερ οἱ μεθύοντες, ὅταν ἐμφορηθῶσι πολλοῦ τοῦ πόματος, τότε μᾶλλον ἐκκαίονται· οὕτω καὶ οὗτοι τότε μάλιστα μαίνονται, σφοδρότερόν τε αὐτῇ καὶ ἀγριώτερον ἐναλλόμενοι, ὅταν μάλιστα αὐτῇ παραχρήσωνται κατακεντοῦντες πάντοθεν καὶ δάκνοντες, καὶ τὸν οἰκεῖον εἰς αὐτὴν ἐκχέοντες ἰὸν, καὶ οὐ πρότερον διαλιμπάνοντες, ἕως ἂν εἰς τὴν οἰκείαν μεταστήσωσιν ἕξιν, τοῦ σώματος ἴδωσιν ἀποδυθεῖσαν αὐτήν. Ποίας οὖν τυραννίδος, ποίας αἰχμαλωσίας, ποίας ἀναστατώσεως, τίνος ἀνδραποδισμοῦ, ποίου πολέμου, τίνος ναυαγίου, ποίου λιμοῦ ταῦτα οὐ χαλεπώτερα; Τίς οὕτως ὠμὸς καὶ ἀνήμερος, τίς οὕτως ἠλίθιος καὶ ἀπάνθρωπος καὶ ἀσυμπαθὴς καὶ ἀνάλγητος, ὡς τὴν τὰ τοιαῦτα ὑβριζομένην καὶ ἐπηρεαζομένην ψυχὴν μὴ θελῆσαι, τό γε εἰς αὐτὸν ἧκον, τῆς ἐναγοῦς ἐκείνης ἀπαλλάξαι μανίας καὶ ὕβρεως, ἀλλὰ τοιαῦτα πάσχουσαν περιορᾷν; Εἰ δὲ τοῦτο ἀπηνοῦς καὶ λιθίνης ψυχῆς, ποῦ θήσομεν, εἰπέ μοι, τούτους, οἳ πρὸς τῷ περιορᾷν καὶ ἕτερον πολλῷ μεῖζον τούτου ἐργάζονται κακὸν, τοὺς προθυμουμένους εἰς μέσους πηδῆσαι τοὺς κινδύνους, καὶ μὴ παραιτουμένους εἰς αὐτὸν τοῦ θηρίου τὸν λαιμὸν καθεῖναι τὰς χεῖρας, ἀλλὰ καὶ δυσωδίας καὶ κινδύνων ἀνεχομένους, ἵνα τὰς ἤδη καταποθείσας ψυχὰς ἐξ αὐτῆς τοῦ δαίμονος τῆς φάρυγγος ἀνασπάσωσιν, οὐ μόνον οὐκ ἐπαινοῦντες, οὐδὲ ἀποδεχόμενοι, ἀλλὰ καὶ ἐλαύνοντες πάντοθεν καὶ πολεμοῦντες; [1,7] Quoi donc, me direz-vous, ces vertus si nécessaires au salut, ne peut-on pas les pratiquer en restant dans sa maison? — Je le voudrais comme vous, plus que vous. J’ai toujours souhaité que les monastères devinssent inutiles; si la vie était assez bien réglée, assez bonne dans les villes pour que nul n’eût besoin de se réfugier au désert, mes voeux seraient comblés. Mais puisque tout est renversé dans le monde, puisque les villes, où il y a tant de lois et de tribunaux, voient partout l’infraction de ces lois et le règne de l’injustice, pendant que la solitude produit en abondance les fruits sacrés de la plus haute vertu, dès lors ne vous en prenez plus à nous. N’accusez pas ceux qui retirent les autres du milieu des orages où ils sont exposés à périr, n’accusez pas ceux qui conduisent au port les navigateurs battus par les vagues furieuses; accusez ceux qui font du monde une mer où l’on ne voit que tempêtes et naufrages, en un mot ceux qui rendent la ville inhabitable pour la vertu: ce sont eux qui nous obligent à fuir dans les déserts. Dites-moi, je vous prie, si quelqu’un s’armant d’une torche au milieu de la nuit venait mettre le feu à une maison spacieuse et habitée par une nombreuse famille, pour faire périr toutes ces personnes pendant leur sommeil, quel serait le criminel, de celui qui réveillerait promptement ces gens endormis et les ferait sortir au plus tôt de cette maison embrasée, ou de celui qui aurait allumé l’incendie, et mis tout le monde dans cette extrême nécessité? Je suppose une ville en proie à la tyrannie, ravagée par la peste et la discorde, que diriez-vous de l’homme qui persuaderait à autant d’habitants qu’il pourrait quitter cette ville désolée et de s’enfuir sur les montagnes pour y chercher du repos, et qui faciliterait même leur retraite par toutes sortes de secours et de moyens? Lui feriez-vous son procès parce qu’il aurait arraché à la tempête les malheureux qui étaient les jouets et qui allaient être les victimes de ses violences et de ses fureurs? ou n’attaqueriez-vous pas plutôt celui qui aurait causé ces dangers et ces naufrages? Ne croyez pas que l’état du monde soit meilleur que celui d’une cité dominée par un tyran cruel; il est encore pire. Ce n’est pas un homme, c’est le démon qui tyrannise toute la terre, déchaînant partout contre les âmes ses phalanges meurtrières. Je le vois campé comme dans une citadelle qui domine le monde. Il donne à tous ses ordres impies, rompt les mariages, arme les meurtriers, et meut partout la corruption et le désordre. Chose plus triste encore, il sépare l’âme d’avec son Dieu; il rompt l’alliance qu’elle a contractée avec lui, et l’arrache de ses saints et chastes entretiens; il la livre ensuite de force et la prostitue à ses impurs satellites. Ceux-ci s’emparent de l’infortunée, assouvissent sur elle leur brutale passion et l’abreuvent des outrages qu’on peut attendre de ces méchants démons, dont l’infernale fureur convoite si ardemment notre perte et notre déshonneur. Après l’avoir dépouillée de tous les atours de la vertu, ils jettent sur elle les baillons sales, déchirés et infects du vice, et la mettent dans un état plus honteux que la nudité même. Même quand ils lui ont communiqué tout ce qu’il y a en eux de souillures, ils ne laissent pas pour cela de l’outrager encore, parce qu’ils trouvent leur gloire dans son infamie. Ils ne connaissent ni lassitude ni dégoût à cet impur et abominable commerce. Comme des ivrognes prennent feu en buvant, et s’échauffent d’autant plus qu’ils avalent plus de vin, de même les esprits immondes, animés contre l’âme chrétienne d’une fureur toujours croissante, fondent sur elle avec plus de violence et de rage à mesure qu’ils ont plus abusé d’elle : ils la harcellent, la mordent de tous côtés, lui insinuent leur propre venin, et ne lui laissent pas de relâche qu’ils ne l’aient amenée à leur propre état, ou qu’ils ne la voient, dépouillée de son enveloppe corporelle, devenir pour toujours la proie de l’enfer. Quelle tyrannie, quelle captivité, quel bouleversement, quel esclavage, quelle guerre, quel naufrage, quelle famine ne serait préférable aux maux que je viens de décrire? Quel est l’homme si cruel, si barbare, si stupide et si inhumain, si impitoyable et si insensible qui ne désire dans la mesure de ses forces, arracher à cette fureur impie, à cet ignominieux état, une âme à ce point souillée et déshonorée, et qui consente à la laisser au milieu de telles misères? Et si c’est là le fait d’un coeur impitoyable et dur comme la pierre, comment qualifier, dites- moi, les hommes qui, non contents d’abandonner leurs frères, font encore un mal bien autrement grave, lorsque, voyant de courageux chrétiens se jeter au milieu du péril, plonger pour ainsi dire leurs mains dans la gueule du monstre, braver la peste du vice et ses exhalaisons meurtrières, pour arracher de la gorge du démon les âmes qu’il a presque déjà dévorées, non-seulement ne louent ni n’encouragent pas de si beaux dévouements, mais les proscrivent et les persécutent de tout leur pouvoir?


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Dernière mise à jour : 11/06/2009