[8,1] αʹ. (p. 927) Παρῆλθεν ἡ νηστεία τῶν Ἰουδαίων, μᾶλλον
δὲ ἡ μέθη τῶν Ἰουδαίων. Ἔστι γὰρ καὶ χωρὶς οἴνου μεθύειν,
ἔστι καὶ νήφοντα παροινεῖν καὶ ἐν ἀσωτίᾳ κωμάζειν.
Εἰ μὴ ἦν χωρὶς οἴνου μεθύειν, οὐκ ἂν εἶπεν ὁ
προφήτης, Οὐαὶ οἱ μεθύοντες οὐκ ἀπὸ οἴνου· εἰ
μὴ ἦν χωρὶς οἴνου μεθύειν, οὐκ ἂν εἶπεν ὁ Παῦλος,
Μὴ μεθύσκεσθε οἴνῳ. Ὡς γὰρ ἐνὸν καὶ ἄλλως μεθύειν, εἶπε·
Μὴ μεθύσκεσθε οἴνῳ. Ἔστι γὰρ, ἔστι
καὶ ὀργῇ μεθύειν, καὶ ἐπιθυμίᾳ ἀτόπῳ, καὶ φιλαργυρίᾳ,
καὶ κενοδοξίᾳ, καὶ μυρίοις ἑτέροις πάθεσι.
Μέθη γὰρ οὐδὲν ἕτερόν ἐστιν, ἀλλ´ ἢ ἔκστασις τῶν
ὀρθῶν λογισμῶν, καὶ παραφροσύνη, καὶ τῆς κατὰ
ψυχὴν ὑγιείας ἀναίρεσις.
Οὐ τοίνυν μόνον ὁ ἄκρατον ἐκχεόμενος πολὺν,
ἀλλὰ καὶ ὁ πάθος ἕτερον ἐν τῇ ψυχῇ τρέφων, μεθύειν
λέγοιτο ἂν ἰσχυρῶς. Καὶ γὰρ ὁ γυναικὸς ἐρῶν τῆς
οὐκ ἰδίας, καὶ πόρναις ἐσχολακὼς, μεθύει. Καὶ καθάπερ
ἐκεῖνος, ὁ πολὺν ἄκρατον πιὼν καὶ παρενεχθεὶς ἀνελεύθερα
φθέγγεται ῥήματα, καὶ ἕτερα ἀνθ´
ἑτέρων ὁρᾷ· οὕτω καὶ οὗτος, καθάπερ τινὸς ἀκράτου,
τῆς ἀκολάστου ταύτης ἐπιθυμίας πληρούμενος,
οὐδὲν ὑγιὲς ἐκφέρει ῥῆμα, ἀλλ´ αἰσχρὰ πάντα καὶ
διεφθαρμένα καὶ ἀνελεύθερα καὶ γέλωτος γέμοντα, καὶ
ἕτερα ἀνθ´ ἑτέρων βλέπει, πρὸς μὲν τὰ ὁρώμενα
τυφλώττων· ἣν δὲ ἐπιθυμεῖ καθυβρίσαι, ταύτην πανταχοῦ
φανταζόμενος, καὶ καθάπερ ἐξεστηκώς τις καὶ
παραπαίων, καὶ ἐν συλλόγοις, καὶ ἐν συμποσίοις, καὶ
ἐν παντὶ καιρῷ, καὶ ἐν παντὶ τόπῳ, μυρίων μυρία
πρὸς αὐτὸν διαλεγομένων, οὔτε ἀκούειν δοκεῖ, ἀλλὰ
πρὸς ἐκείνην τέταται, καὶ τὴν ἁμαρτίαν ὀνειροπολεῖ·
καὶ πάντα ὑφορᾶται καὶ δέδοικε, λινοπλῆγός τινος
ζώου οὐδὲν ἄμεινον διακείμενος. Καὶ ὁ ὀργῇ κατεχόμενος
μεθύει πάλιν· οὕτω γοῦν αὐτοῦ καὶ ἡ ὄψις
οἰδεῖ, καὶ ἡ φωνὴ τραχύνεται, καὶ οἱ ὀφθαλμοὶ γίνονται
ὕφαιμοι, καὶ ὁ νοῦς σκοτοῦται, καὶ ἡ διάνοια
καταποντίζεται, καὶ ἡ γλῶσσα τρέμει, καὶ οἱ ὀφθαλμοὶ
παραφέρονται, καὶ αἱ ἀκοαὶ ἕτερα ἀνθ´ ἑτέρων
ἀκούουσιν, ἀκράτου παντὸς χαλεπώτερον τῆς ὀργῆς
αὐτοῦ πληττούσης τὴν μήνιγγα, καὶ χειμῶνα ἐργαζομένης,
καὶ ζάλην ποιούσης ἀπαραμύθητον. Εἰ δὲ
ἐπιθυμίᾳ τις καὶ ὀργῇ κατεχόμενος μεθύει, πολλῷ
μᾶλλον ἀσεβῶν ἄνθρωπος, καὶ εἰς Θεὸν βλασφημῶν,
(p. 928) καὶ ἐναντιούμενος αὐτοῦ τοῖς νόμοις, καὶ τῆς
ἀκαίρου φιλονεικίας μηδέποτε ταύτης καθυφεῖναι
βουλόμενος, μεθύει καὶ μέμηνε, καὶ κωμαζόντων καὶ
ἐξεστηκότων ἀθλιώτερον διάκειται, κἂν αὐτὸς αἰσθάνεσθαι
μὴ δοκῇ. Τοῦτο γὰρ μάλιστα μέθης ἐστὶν ἄξιον,
τὸ μηδὲ ἐν οἷς τις ἀσχημονεῖ αἴσθησίν τινα ἔχειν·
ὥσπερ οὖν καὶ παραπληξίας τοῦτο μάλιστά ἐστι τὸ
δεινὸν, ὅτι νοσοῦντες οὐδὲ αὐτὸ τοῦτο ἴσασιν, ὅτι νοσοῦσιν·
ὡσπεροῦν καὶ οἱ Ἰουδαῖοι νῦν μεθύοντες οὐκ
αἰσθάνονται. Ἡ μὲν οὖν νηστεία αὐτῶν παρῆλθεν, ἡ
μέθης ἁπάσης αἰσχροτέρα· ἡμεῖς δὲ τὴν περὶ τοὺς
ἀδελφοὺς τοὺς ἡμετέρους μὴ καταλύσωμεν πρόνοιαν,
μηδὲ ἄκαιρόν τινα νομίσωμεν αὐτῶν εἶναι λοιπὸν τὴν
ἐπιμέλειαν· ἀλλ´ ὅπερ οἱ στρατιῶται ποιοῦσιν, ἐπειδὰν
συμβολῆς γενομένης τρέψωνται τοὺς ἐναντίους,
ἀπὸ τῆς διώξεως ἐπανιόντες, οὐκ εὐθέως ἐπὶ τὰς
σκηνὰς τρέχουσιν, ἀλλὰ πρότερον ἐπὶ τὸν τόπον τῆς
συμβολῆς ἐλθόντες, τοὺς ἐξ αὐτῶν καταπεσόντας ἐξαιροῦνται,
καὶ τοὺς μὲν ἀποθανόντας τῇ γῇ κρύπτουσιν, εἰ δέ τινας ἴδοιεν
μεταξὺ τῶν νεκρῶν πνέοντας
ἔτι, καὶ μὴ καιρίαν ἔχοντας πληγὴν, εἰς τὰς σκηνὰς
ἀνελόμενοι μετὰ πολλῆς ἀπάγουσι τῆς θεραπείας,
καὶ τὸ βέλος ἐξελκύσαντες, καὶ ἰατροὺς καλέσαντες,
καὶ τὸ αἷμα περιπλύναντες, καὶ φάρμακα ἐπιθέντες,
καὶ τὰ ἄλλα πάντα ἐπιμελησάμενοι, πρὸς ὑγίειαν
ἐπανάγουσιν· οὕτω καὶ ἡμεῖς τοίνυν, ἐπειδὴ τῇ τοῦ
Θεοῦ χάριτι τοὺς Ἰουδαίους ἐδιώξαμεν, τοὺς προφήτας
αὐτοῖς ἐφοπλίσαντες, πανταχόθεν ἐπανιόντες νῦν
ἴδωμεν, μή τινες τῶν ἀδελφῶν τῶν ἡμετέρων ἔπεσον,
μή τινες ἀπὸ τῆς νηστείας παρεσύρησαν, μή τινες αὐτοῖς
κατὰ τὴν ἑορτὴν ἐκοινώνησαν· καὶ ταφῇ μὲν μηδένα
παραδῶμεν, πάντας δὲ ἀνελόμενοι θεραπεύσωμεν.
Ἐπὶ μὲν γὰρ τῶν ἔξωθεν πολέμων, τὸν
πεσόντα ἅπαξ καὶ τὴν ψυχὴν ἀφέντα ἀδύνατον στρατιώτῃ
πάλιν ἀνακτήσασθαι καὶ πρὸς ζωὴν ἐπαναγαγεῖν· ἐπὶ δὲ τοῦ
πολέμου τούτου καὶ τῆς μάχης, κἂν
καιρίαν τις ᾖ εἰληφὼς πληγὴν, δυνατὸν, ἂν θέλωμεν,
τῆς τοῦ Θεοῦ χάριτος συνεφαπτομένης ἡμῖν, πρὸς
ζωὴν αὐτὸν χειραγωγῆσαι πάλιν. Οὐ γὰρ φύσεως
οὗτος ὁ θάνατος, καθάπερ ἐκεῖνος, ἀλλὰ προαιρέσεως
καὶ γνώμης· προαίρεσιν δὲ ἀποθανοῦσαν δυνατὸν
ἀναστῆσαι πάλιν, καὶ ψυχὴν νεκρωθεῖσαν πεῖσαι
(p. 929) πρὸς τὴν οἰκείαν ζωὴν ἐπανελθεῖν, καὶ τὸν
αὐτῆς ἐπιγνῶναι Δεσπότην.
| [8,1] Le jeûne des Juifs est passé, ou plutôt leur ivresse. On peut, en effet, s'enivrer même
sans vin, on peut même à jeun, se livrer à toutes les extravagances de l'ivresse et de l'orgie. Si
l'on ne pouvait s'enivrer qu'avec du vin, le Prophète n'aurait pas dit : Malheur à ceux qui sont
ivres, non de vin. (Is. XXIX, 9.) Si l'on ne pouvait s'enivrer qu'avec du vin, saint Paul n'aurait
pas dit : Ne vous enivrez pas de vin. (Thess. V, 18.) L'on peut, oui, l'on peut aussi être ivre de
colère, ivre d'une concupiscence déraisonnable, ivre d'avarice, ivre d'amour pour la vaine
gloire, ivre d'une infinité d'autres passions. Car l'ivresse n'est rien autre chose que le trouble
de la raison, le délire et la privation de la santé de l'âme.
On peut donc l'affirmer sans crainte, ce n'est pas seulement le vin pur pris en grande
quantité qui enivre, c'est encore toute mauvaise passion que l'âme nourrit intérieurement.
Ainsi il est ivre celui qui convoite une femme qui n'est pas la sienne et se livre aux
prostituées; comme celui qui, ayant bu trop de vin pur, s'en va chancelant de droite et de
gauche, proférant des paroles grossières et prenant une chose pour l'autre : ainsi l'impudique,
rempli de cette concupiscence déréglée comme d'une sorte de vin pur, ne tient aucun propos
sensé, ne prononce que des paroles honteuses, perverses, ignobles et ridicules; il prend aussi
une chose pour une autre, et il est aveugle en face même de ce qu'il voit; il se représente
partout à l'imagination celle qu'il convoite de déshonorer et, semblable à un homme qui délire
et qui divague, il ne sort jamais de sa torpeur; dans les réunions, dans les festins, en tout temps
et en tout lieu, nonobstant toutes les conversations possibles, il est comme dans un désert, il
ne voit et n'entend rien. Tout entier à cette femme, il ne rêve que du péché; il se défie de tout,
il craint tout, semblable à une brute stupide et endurcie aux coups de fouet. Celui que la colère
domine est ivre aussi; son visage se gonfle, sa voix est rude, ses yeux s'enflamment, son esprit
s'obscurcit et sa raison fait naufrage; sa langue tremble, ses yeux regardent de travers et ses
oreilles entendent une chose pour l'autre, parce que, plus fortement qu'aucune espèce de vin
pur, la colère frappe le cerveau, soulève une tempête et produit une agitation qui ne se
peut calmer.
Que si celui qui est dominé par la concupiscence et la colère est ivre, à bien plus
forte raison l'est-il aussi, l'homme qui se livre à l'impiété, blasphème contre Dieu, se révolte
contre ses lois, et ne veut jamais se désister de son obstination coupable; il est ivre, il est fou
et dans une position plus misérable que ceux qui se livrent à l'orgie et n'ont pas la tête à eux,
bien que lui-même ne paraisse pas s'en apercevoir. C'est le propre surtout de l'ivresse, de
blesser la bienséance, sans en avoir le sentiment; ce qu'il y a de plus terrible dans la démence,
c'est que ceux qui ont cette maladie ne savent pas même qu'ils sont malades : c'est l'état actuel
des Juifs, ils sont ivres maintenant et ne s'en aperçoivent pas. Leur jeûne, il est vrai, est passé,
ce jeûne plus honteux qu'aucune ivresse ; mais nous, ne cessons pas d'exercer notre sollicitude
sur nos frères, et ne considérons pas comme une chose inopportune le soin que nous en
prendrons désormais; imitons les soldats : lorsque, dans le combat, ils ont mis en fuite les
ennemis, et reviennent de la poursuite, ils ne courent pas aussitôt à leurs tentes, mais ils vont
d'abord sur le champ de bataille, enlèvent ceux des leurs qui sont tombés, mettent en terre
ceux qui ont été tués, et s'ils en aperçoivent parmi les morts qui respirent encore et n'ont pas
de blessure mortelle, ils les portent dans leurs tentes, leur prodiguent les remèdes, retirent le
trait, appellent des médecins, lavent le sang, appliquent les médicaments, en un mot prennent
tous les soins que l'on peut prendre en pareil cas et ramènent ainsi ces blessés à la santé ; nous
donc, de même, puisque par la grâce de Dieu nous avons poursuivi les Juifs en armant contre
eux les prophètes, revenus de tous côtés voyons maintenant si quelques-uns de nos frères ne
sont pas tombés, si quelques-uns n'ont pas été détournés du droit chemin par le jeûne
judaïque, si quelques-uns n'ont pas communiqué avec les ennemis du nom chrétien, en
célébrant leur fête; et ne jetons personne au tombeau, mais enlevons tous nos blessés, et
guérissons-les. Dans les guerres proprement dites, quand quelqu'un est une fois tombé et a
rendu l'âme il est impossible à ses amis de le rétablir et de le rappeler à la vie ; mais dans les
guerres et les combats spirituels, quand quelqu'un a reçu une blessure même mortelle, nous
pouvons, si nous le voulons, avec l'aide de la grâce de Dieu, le ramener à la vie. Cette mort,
en effet, n'est pas comme la première, une mort de la nature, mais une mort de la volonté et du
libre arbitre. Or, une volonté morte se ressuscite: on persuade à l'âme qui a cessé de vivre de revenir à sa vie propre et de reconnaître son Maître.
|