HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Isocrate, Sur la permutation de biens (texte complet)

Paragraphes 220-229

  Paragraphes 220-229

[220] Οἶμαι γὰρ δήπου τοῦτό γε πάντας γιγνώσκειν, ὅτι σοφιστῇ μισθὸς κάλλιστός ἐστι καὶ μέγιστος, ἢν τῶν μαθητῶν τινες καλοὶ κἀγαθοὶ καὶ φρόνιμοι γένωνται καὶ παρὰ τοῖς πολίταις εὐδοκιμοῦντες· οἱ μὲν γὰρ τοιοῦτοι πολλοὺς μετασχεῖν τῆς παιδείας εἰς ἐπιθυμίαν καθιστᾶσιν, οἱ δὲ πονηροὶ καὶ τοὺς πρότερον συνεῖναι διανοουμένους ἀποτρέπουσιν. Ὥστε τίς ἂν ἐν τούτοις τὸ κρεῖττον ἀγνοήσειεν, οὕτω μεγάλην τὴν διαφορὰν τῶν πραγμάτων ἐχόντων; (221) Ἴσως οὖν ἄν τις πρὸς ταῦτα τολμήσειεν εἰπεῖν ὡς πολλοὶ τῶν ἀνθρώπων διὰ τὰς ἀκρασίας οὐκ ἐμμένουσι τοῖς λογισμοῖς, ἀλλ' ἀμελήσαντες τοῦ συμφέροντος ἐπὶ τὰς ἡδονὰς ὁρμῶσιν. Ἐγὼ δ' ὁμολογῶ καὶ τῶν ἄλλων πολλοὺς καὶ τῶν προσποιουμένων εἶναι σοφιστῶν ἔχειν τινὰς τὴν φύσιν ταύτην, (222) ἀλλ' ὅμως οὐδὲ τῶν τοιούτων οὐδείς ἐστιν οὕτως ἀκρατὴς ὅστις ἂν δέξαιτο καὶ τοὺς μαθητὰς εἶναι τοιούτους· τῶν μὲν γὰρ ἡδονῶν τῶν διὰ τὴν ἀκρασίαν ἐκείνοις συμβαινουσῶν οὐκ ἂν δύναιτο μετασχεῖν, τῆς δὲ δόξης τῆς διὰ τὴν πονηρίαν γιγνομένης αὐτὸς ἂν τὸ πλεῖστον μέρος ἀπολαύσειεν. Ἔπειτα τίνας ἂν καὶ διαφθείραιεν, καὶ τοὺς πῶς διακειμένους λάβοιεν ἂν μαθητάς; Ἄξιον γὰρ καὶ ταῦτα διελθεῖν. (223) Πότερον τοὺς ἤδη κακοήθεις ὄντας καὶ πονηρούς; Καὶ τίς ἄν, παρὰ τῆς αὑτοῦ φύσεως ἐπίσταται, ταῦτα παρ' ἑτέρου μανθάνειν ἐπιχειρήσειεν; Ἀλλὰ τοὺς ἐπιεικεῖς καὶ χρηστῶν ἐπιτηδευμάτων ἐπιθυμοῦντας; Ἀλλ' οὐδ' ἂν εἷς τῶν τοιούτων τοῖς κακόν τι λέγουσιν πράττουσι διαλεχθῆναι τολμήσειεν. (224) Ἡδέως δ' ἂν κἀκεῖνο πυθοίμην παρὰ τῶν χαλεπῶς ἐχόντων πρὸς ἡμᾶς, τίνα ποτὲ γνώμην ἔχουσι περὶ τῶν ἐκ Σικελίας καὶ τοῦ Πόντου καὶ τῶν ἄλλων τόπων δεῦρο πλεόντων, ἵνα παιδευθῶσι. Πότερον αὐτοὺς οἴονται σπανίζοντας ἐκεῖ πονηρῶν ἀνθρώπων ἐνθάδε ποιεῖσθαι τὴν πορείαν; Ἀλλὰ πανταχοῦ πολλὴν ἀφθονίαν εὕροι τις ἂν τῶν συμπονηρεύεσθαι καὶ συνεξαμαρτάνειν βουλομένων. Ἀλλ' ἵνα κακοπράγμονες καὶ συκοφάνται γένωνται, (225) πολλὰ χρήματα τελέσαντες; Ἀλλὰ πρῶτον μὲν οἱ ταύτην ἔχοντες τὴν γνώμην πολὺ ἂν ἥδιον τὰ τῶν ἄλλων λάβοιεν δοῖεν ἑτέροις ὁτιοῦν τῶν σφετέρων αὐτῶν· ἔτι δὲ τίνες ἂν ὑπὲρ πονηρίας ἀργύριον ἀναλώσαιεν, ἐξὸν αὐτοῖς μηδὲν δαπανηθεῖσιν εἶναι τοιούτοις, ὁπόταν βουληθῶσιν; Οὐ γὰρ μαθεῖν ἀλλ' ἐπιχειρῆσαι μόνον δεῖ τοῖς τοιούτοις τῶν ἔργων. (226) Ἀλλὰ δῆλον ὅτι καὶ πλέουσι καὶ χρήματα διδόασι καὶ πάντα ποιοῦσι νομίζοντες αὐτοί τε βελτίους γενήσεσθαι καὶ τοὺς ἐνθάδε παιδεύοντας πολὺ φρονιμωτέρους εἶναι τῶν παρὰ σφίσιν αὐτοῖς· ἐφ' οἷς ἄξιον ἦν ἅπαντας τοὺς πολίτας φιλοτιμεῖσθαι, καὶ περὶ πολλοῦ ποιεῖσθαι τοὺς αἰτίους τῇ πόλει τῆς δόξης ταύτης γενομένους. (227) Ἀλλὰ γὰρ οὕτω τινὲς ἀγνωμόνως ἔχουσιν ὥστ' εἰδότες καὶ τοὺς ξένους τοὺς ἀφικνουμένους καὶ τοὺς προεστῶτας τῆς παιδείας οὐδὲν κακὸν ἐπιτηδεύοντας, ἀλλ' ἀπραγμονεστάτους μὲν ὄντας τῶν ἐν τῇ πόλει καὶ πλείστην ἡσυχίαν ἄγοντας, προσέχοντας δὲ τὸν νοῦν σφίσιν αὐτοῖς καὶ τὰς συνουσίας μετ' ἀλλήλων ποιουμένους, (228) ἔτι δὲ τὰ καθ' ἡμέραν εὐτελέστατα καὶ κοσμιώτατα ζῶντας, καὶ τῶν λόγων ἐπιθυμοῦντας οὐ τῶν ἐπὶ τοῖς ἰδίοις συμβολαίοις λεγομένων οὐδὲ τῶν λυπούντων τινάς, ἀλλὰ τῶν παρὰ πᾶσιν ἀνθρώποις εὐδοκιμούντων, ὅμως τολμῶσι βλασφημεῖν περὶ αὐτῶν καὶ λέγειν ὡς ταύτην ποιοῦνται τὴν μελέτην, ἵν' ἐν τοῖς ἀγῶσι παρὰ τὸ δίκαιον πλεονεκτῶσι. (229) Καί τοι τίνες ἂν ἀδικίαν καὶ κακίαν ἀσκοῦντες σωφρονέστερον τῶν ἄλλων ζῆν ἐθελήσαιεν; Τίνας δὲ πώποθ' ἑωράκασιν οἱ ταῦτα λέγοντες ἀναβαλλομένους καὶ θησαυριζομένους τὰς πονηρίας, ἀλλ' οὐκ εὐθὺς τῇ φύσει τῇ παρούσῃ χρωμένους; [220] Tout le monde sait, je pense, qu'un sophiste a recueilli la plus belle et la plus noble des récompenses, lorsque quelques-uns de ses disciples sont devenus des hommes sages et vertueux jouissant, à ce titre, d'une renommée honorable parmi leurs concitoyens ; car de tels hommes inspirent généralement le désir de participer à l'éducation qui les a formés, tandis que les hommes corrompus détournent de cette pensée ceux mêmes qui, auparavant, l'avaient conçue. Et alors est-il possible de ne pas reconnaître le meilleur parti à prendre, quand il y a une si grande différence entre les résultats? (221) 26-18. Peut-être osera-t-on me répondre que beaucoup d'hommes, entraînés par leurs penchants dépravés, ne s'arrêtent point aux conseils de la sagesse, et, sans égard pour leur propre intérêt, se précipitent vers les plaisirs. J'avoue qu'un grand nombre d'hommes, et quelques-uns parmi ceux qui ont la prétention d'être sophistes, sont de cette nature. (222) Mais il n'en est pas un seul, même parmi eux, qui poussât la dépravation jusqu'à vouloir que ses disciples fussent des hommes corrompus. Car, d'un côté, il ne pourrait avoir part aux voluptés qui, pour eux, seraient le fruit de leurs dérèglements, et, de l'autre, il recueillerait la plus grande partie du blâme que mériterait leur perversité. Quels hommes, d'ailleurs, corromprait-il, et quelles dispositions exigerait-il dans ceux qu'il recevrait pour disciples? C'est un point qu'il convient d'examiner. (223) Les prendrait-il parmi les hommes déjà corrompus et pervertis ? Mais quel est celui qui voudrait apprendre d'un autre le mal que sa propre nature lui enseigne ? Rechercherait-il les hommes vertueux et animés, du désir de se former aux mœurs honnêtes ? Mais, il ne trouverait parmi eux personne qui osât seulement s'entretenir avec ceux qui professent la dépravation ou la mettent en pratique. (224) 26-19. Je voudrais apprendre de ceux qui sont mal disposés à notre égard, quelle est leur opinion relativement aux hommes qui font voile vers nous de la Sicile, du Pont et d'autres contrées, afin de se former à la science. Croient-ils que ce soit parce qu'ils manquent d'hommes corrompus dans leur pays qu'ils entreprennent le voyage? Mais on pourrait trouver partout un grand nombre d'hommes disposés à entrer en communauté de perversité et d'actions coupables. Diront-ils que c'est pour devenir, des intrigants ou des sycophantes, (225) qu'ils sacrifient des sommes si considérables? Mais, d'abord, les hommes qui penseraient ainsi trouveraient plus de satisfaction à prendre ce qui appartient aux autres qu'à leur donner la moindre partie de ce qui est à eux ; et ensuite, quels sont ceux qui voudraient dépenser de l'argent pour acquérir de la perversité, quand il est en leur pouvoir de se corrompre sans faire aucun sacrifice, du moment où ils en auront la volonté? Dans les choses de cette nature, il n'est pas nécessaire d'apprendre, il suffit de mettre la main à l'œuvre. (226) Il est évident que les hommes dont nous venons de parler traversent les mers, prodiguent leurs richesses, font tout, en un mot, dans la pensée qu'ils deviendront meilleurs, et que les hommes qui instruisent ici les autres l'emportent de beaucoup par la sagesse sur les hommes de leur pays. Ce sont là des faits pour lesquels tous les citoyens devraient éprouver un juste orgueil, et accorder une haute estime à ceux qui ont procuré cette renommée à leur patrie ; (227) mais il y a des hommes tellement inconsidérés que, lorsqu'ils voient les étrangers mêmes qui se rendent dans nos écoles s'abstenir, ainsi que les chefs de l'enseignement, de toute action répréhensible, se tenir en dehors des intrigues qui remplissent notre ville, vivre dans le repos le plus complet, veiller avec soin sur eux-mêmes, faire société entre eux, (228) conserver dans leur vie de chaque jour la simplicité la plus inaltérable, l'ordre le plus régulier, rechercher, non les discours qui s'appliquent aux transactions privées ou qui blessent les citoyens, mais ceux qui sont accueillis par l'approbation universelle, ils osent néanmoins calomnier de tels hommes, et dire qu'ils ne se donnent tous ces soins que pour triompher de la justice dans les tribunaux. Or, je le demande, quels sont parmi les hommes qui se livrent à la corruption et à l'injustice ceux qui voudraient vivre avec plus de sagesse que les autres ? (229) Et quels hommes ceux qui parlent ainsi ont-ils vus ajourner leurs iniquités, les mettre pour ainsi dire en réserve, et ne pas s'abandonner immédiatement à l'impulsion de leur nature ?


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Dernière mise à jour : 2/10/2008