HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Isocrate, Sur la permutation de biens (texte complet)

Paragraphes 210-219

  Paragraphes 210-219

[210] ἔπειτ' εἰ τῶν μὲν σωμάτων μηδὲν οὕτως ἄν φήσαιεν εἶναι φαῦλον, τι γυμνασθὲν καὶ πονῆσαν οὐκ ἂν εἴη βέλτιον, τὰς δὲ ψυχὰς τὰς ἄμεινον πεφυκυίας τῶν σωμάτων μηδὲν ἂν νομίζουσι γενέσθαι σπουδαιοτέρας παιδευθείσας καὶ τυχούσας τῆς προσηκούσης ἐπιμελείας· (211) ἔτι δ' εἰ περὶ τοὺς ἵππους καὶ τοὺς κύνας καὶ τὰ πλεῖστα τῶν ζώων ὁρῶντες τέχνας ἔχοντάς τινας, αἷς τὰ μὲν ἀνδρειότερα τὰ δὲ πραότερα τὰ δὲ φρονιμώτερα ποιοῦσι, περὶ τὴν τῶν ἀνθρώπων φύσιν μηδεμίαν οἴονται τοιαύτην εὑρῆσθαι παιδείαν, τις ἂν αὐτοὺς ἐπί τι τούτων ὧν περ καὶ τὰ θηρία δυνηθείη προαγαγεῖν, (212) ἀλλὰ τοσαύτην ἁπάντων ἡμῶν ἀτυχίαν κατεγνώκασιν, ὥσθ' ὁμολογήσειαν μὲν ἂν ταῖς ἡμετέραις διανοίαις ἕκαστον τῶν ὄντων βέλτιον γίγνεσθαι καὶ χρησιμώτερον, αὐτοὺς δ' ἡμᾶς τοὺς ἔχοντας τὴν φρόνησιν ταύτην, πάντα πλέονος ἄξια ποιοῦμεν, τολμῶσι λέγειν ὡς οὐδὲν ἂν ἀλλήλους πρὸς ἐπιείκειαν εὐεργετήσαιμεν. (213) δὲ πάντων δεινότατον, ὅτι καθ' ἕκαστον τὸν ἐνιαυτὸν θεωροῦντες ἐν τοῖς θαύμασι τοὺς μὲν λέοντας πραότερον διακειμένους πρὸς τοὺς θεραπεύοντας τῶν ἀνθρώπων ἔνιοι πρὸς τοὺς εὖ ποιοῦντας, τὰς δ' ἄρκτους καλινδουμένας καὶ παλαιούσας καὶ μιμουμένας τὰς ἡμετέρας ἐπιστήμας, (214) οὐδ' ἐκ τούτων δύνανται γνῶναι τὴν παιδείαν καὶ τὴν ἐπιμέλειαν ὅσην ἔχει δύναμιν, οὐδ' ὅτι ταῦτα πολὺ ἂν θᾶττον τὴν ἡμετέραν φύσιν τὴν ἐκείνων ὠφελήσειεν· ὥστ' ἀπορῶ πότερον ἄν τις δικαιότερον θαυμάσειε τὰς πραότητας τὰς τοῖς χαλεπωτάτοις τῶν θηρίων ἐγγιγνομένας τὰς ἀγριότητας τὰς ἐν ταῖς ψυχαῖς τῶν τοιούτων ἀνθρώπων ἐνούσας. (215) Ἔχοι δ' ἄν τις πλείω περὶ τούτων εἰπεῖν· ἀλλὰ γὰρ ἢν πολλὰ λίαν λέγω περὶ τῶν παρὰ τοῖς πλείστοις ὁμολογουμένων, δέδοικα μὴ περὶ τῶν ἀμφισβητουμένων ἀπορεῖν δόξω. Παυσάμενος οὖν τούτων ἐπ' ἐκείνους τρέψομαι, τοὺς οὐ καταφρονοῦντας μὲν τῆς φιλοσοφίας, πολὺ δὲ πικρότερον κατηγοροῦντας αὐτῆς, καὶ μεταφέροντας τὰς πονηρίας τὰς τῶν φασκόντων μὲν εἶναι σοφιστῶν ἄλλο δέ τι πραττόντων ἐπὶ τοὺς οὐδὲν τῶν αὐτῶν ἐκείνοις ἐπιτηδεύοντας. (216) Ἐγὼ δ' οὐχ ὑπὲρ ἁπάντων τῶν προσποιουμένων δύνασθαι παιδεύειν ποιοῦμαι τοὺς λόγους, ἀλλ' ὑπὲρ τῶν δικαίως τὴν δόξαν ταύτην ἐχόντων. Οἶμαι δὲ σαφῶς ἐπιδείξειν τοὺς κατηγοροῦντας ἡμῶν πολὺ τῆς ἀληθείας διημαρτηκότας, ἤν περ ἐθελήσητε διὰ τέλους ἀκοῦσαι τῶν λεγομένων. (217) Πρῶτον μὲν οὖν ὁρίσασθαι δεῖ τίνων ὀρεγόμενοι καὶ τίνος τυχεῖν βουλόμενοι τολμῶσί τινες ἀδικεῖν· ἢν γὰρ ταῦτα καλῶς περιλάβωμεν, ἄμεινον γνώσεσθε τὰς αἰτίας τὰς καθ' ἡμῶν λεγομένας, εἴτ' ἀληθεῖς εἰσιν εἴτε ψευδεῖς. Ἐγὼ μὲν οὖν ἡδονῆς κέρδους τιμῆς ἕνεκα φημὶ πάντας πάντα πράττειν· ἔξω γὰρ τούτων οὐδεμίαν ἐπιθυμίαν ὁρῶ τοῖς ἀνθρώποις ἐγγιγνομένην. (218) Εἰ δὴ ταῦθ' οὕτως ἔχει, λοιπόν ἐστι σκέψασθαι τί τούτων ἂν ἡμῖν γίγνοιτο διαφθείρουσι τοὺς νεωτέρους. Πότερ' ἂν ἡσθείημεν ὁρῶντες καὶ πυνθανόμενοι πονηροὺς αὐτοὺς ὄντας καὶ δοκοῦντας τοῖς συμπολιτευομένοις; Καὶ τίς οὕτως ἐστὶν ἀναίσθητος ὅστις οὐκ ἂν ἀλγήσειε τοιαύτης διαβολῆς περὶ αὑτὸν γιγνομένης; (219) Ἀλλὰ μὴν οὐδ' ἂν θαυμασθεῖμεν οὐδὲ τιμῆς μεγάλης τύχοιμεν τοιούτους τοὺς συνόντας ἀποπέμποντες, ἀλλὰ πολὺ ἂν μᾶλλον καταφρονηθεῖμεν καὶ μισηθεῖμεν τῶν ταῖς ἄλλαις πονηρίαις ἐνόχων ὄντων. Καὶ μὴν οὐδ' εἰ ταῦτα παρίδοιμεν, χρήματα πλεῖστ' ἂν λάβοιμεν οὕτω παιδείας προεστῶτες. [210] ils avouent ensuite qu'il n'est aucune partie du corps tellement inerte qu'on ne puisse l'améliorer par l'exercice et le travail, et ils se persuadent que les âmes, qui sont d'une nature plus noble que les corps, n'acquerront pas des qualités supérieures, même si elles reçoivent l'éducation et les soins qui leur conviennent. (211) Enfin, ils voient, pour ce qui concerne les chevaux, les chiens et la plupart des animaux, qu'il existe des hommes doués de la faculté de rendre les uns plus courageux, les autres plus doux, d'autres plus intelligents ; et ils pensent que, pour la nature humaine, il est impossible de trouver un système d'éducation qui puisse conduire à quelques-uns des résultats que l'on obtient pour les animaux ; (212) de sorte qu'ils nous condamnent à un tel excès de malheur, que, tandis qu'ils reconnaissent que les soins de notre intelligence peuvent rendre tous les êtres qui existent meilleurs et plus utiles, ils osent dire que nous, les possesseurs de cette intelligence, à l'aide de laquelle nous augmentons la valeur de toutes choses, nous ne pouvons nous être mutuellement d'aucun secours pour notre progrès moral. (213) Mais ce qui paraît encore plus étrange, c'est que, lorsque nous voyons chaque année dans les spectacles les lions montrer plus de douceur envers ceux qui leur donnent des soins, que quelques hommes ne montrent de reconnaissance envers leurs bienfaiteurs ; les ours se rouler, lutter, imiter nos exercices, ils ne peuvent pas apprécier, (214) même en voyant ces résultats, combien est grande la puissance de l'éducation et des soins, et comment ces soins peuvent bien plutôt améliorer notre nature que celle des animaux. D'où il résulte que j'hésite sur ce qui doit le plus justement étonner, ou de ces instincts de douceur qui se rencontrent dans les animaux les plus féroces, ou des sentiments sauvages qui existent dans l'âme de pareils hommes. (215) On pourrait s'étendre davantage sur ce sujet, mais si je parlais trop longtemps de choses avouées, pour ainsi dire, par tout le monde, je craindrais de paraître manquer d'arguments pour celles qui sont contestées. 26-17. Quittant donc ce sujet, je tournerai mes attaques contre ceux qui, sans mépriser la philosophie, l'accusent cependant d'une manière beaucoup plus amère, en transportant les perversités des hommes qui prétendent être sophistes, et qui sont tout autre chose, à ceux dont les travaux n'ont rien de commun avec les occupations de pareils hommes. (216) Je ne parle pas pour défendre tous ceux qui prétendent être capables d'enseigner l'art de l'éloquence : je parle seulement pour ceux qui ont à juste titre cette réputation. Si vous voulez m'écouter jusqu'à la fin, j'espère vous démontrer que mes accusateurs s'éloignent entièrement de la vérité. (217) Il faut d'abord déterminer le but que veulent atteindre, le résultat auquel aspirent ceux qui se sentent assez d'audace pour commettre une action injuste ; et, ce point une fois convenablement fixé, vous reconnaîtrez mieux si les accusations dirigées contre nous sont réelles ou mensongères. Je dis que les hommes ont pour motif, dans toutes leurs actions, le plaisir, le gain ou l'honneur, car, en dehors de ces trois choses, je ne vois aucun désir inhérent à l'humanité. (218) Si donc il en est ainsi, il ne reste plus qu'à chercher entre ces avantages, quel est celui que nous pourrions obtenir en corrompant la jeunesse. Pourrions-nous éprouver du plaisir lorsque nous reconnaîtrions ou lorsque nous entendrions dire que nos disciples sont des hommes vicieux, et qu'ils sont regardés comme tels par leurs concitoyens ? Quel homme serait assez privé de sentiment pour ne pas se trouver blessé d'une telle accusation? (219) Certes, nous n'obtiendrions ni une grande admiration ni une grande estime, en envoyant de tels hommes dans la société ; nous serions, au contraire, plus méprisés, plus haïs que les hommes convaincus d'avoir commis d'autres actes coupables. Enfin, lors même que nous laisserions de côté ces considérations, nous ne parviendrions pas à de grandes richesses en dirigeant l'éducation dans cette voie.


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Dernière mise à jour : 2/10/2008