HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ISOCRATE, Panégyrique d'Athènes (discours complet)

Paragraphes 70-79

  Paragraphes 70-79

[70] Λέγεται δ' οὖν περὶ μὲν Ἀμαζόνων ὡς τῶν μὲν ἐλθουσῶν οὐδεμία πάλιν ἀπῆλθεν, αἱ δ' ὑπολειφθεῖσαι διὰ τὴν ἐνθάδε συμφορὰν ἐκ τῆς ἀρχῆς ἐξεβλήθησαν, περὶ δὲ Θρᾳκῶν ὅτι τὸν ἄλλον χρόνον ὅμοροι προσοικοῦντες ἡμῖν τοσοῦτον διὰ τὴν τότε στρατείαν διέλιπον ὥστ' ἐν τῷ μεταξὺ τῆς χώρας ἔθνη πολλὰ καὶ γένη παντοδαπὰ καὶ πόλεις μεγάλας κατοικισθῆναι. [70] On ajoute que, parmi les Amazones, aucune de celles qui partirent pour l’expédition ne revint dans sa patrie, et que leur déroute entraîna la ruine de celles mêmes qui n’avaient pas pris les armes. Quant aux Thraces, qui jusqu’alors avaient été les plus voisins de l’Attique, entièrement défaits, ils en furent repoussés à une telle distance, qu’on vit des peuples accourir en foule à leur place, de grandes cités s’élever et remplir l’intervalle.
[71] Καλὰ μὲν οὖν καὶ ταῦτα καὶ πρέποντα τοῖς περὶ τῆς ἡγεμονίας ἀμφισβητοῦσιν, ἀδελφὰ δὲ τῶν εἰρημένων καὶ τοιαῦθ' οἷά περ εἰκὸς τοὺς ἐκ τοιούτων γεγονότας οἱ πρὸς Δαρεῖον καὶ Ξέρξην πολεμήσαντες ἔπραξαν. Μεγίστου γὰρ πολέμου συστάντος ἐκείνου καὶ πλείστων κινδύνων εἰς τὸν αὐτὸν χρόνον συμπεσόντων, καὶ τῶν μὲν πολεμίων ἀνυποστάτων οἰομένων εἶναι διὰ τὸ πλῆθος, τῶν δὲ συμμάχων ἀνυπέρβλητον ἡγουμένων ἔχειν τὴν ἀρετὴν, [71] Ces exploits de nos ancêtres sont admirables, sans doute, et bien dignes d’un peuple qui revendique la primauté; les actions par lesquelles nous nous sommes signalés dans les guerres de Xerxès et de Darius ne les démentent pas, et sont telles qu’on devait les attendre des descendants de ces héros. Dans cette guerre, la plus critique qui fut jamais, où nous étions investis de périls de toute espèce, où alliés et ennemis se croyaient invincibles, ceux-ci par le courage, ceux là par la multitude,
[72] ἀμφοτέρων κρατήσαντες ὡς ἑκατέρων προσῆκεν, καὶ πρὸς ἅπαντας τοὺς κινδύνους διενεγκόντες, εὐθὺς μὲν τῶν ἀριστείων ἠξιώθησαν, οὐ πολλῷ δ' ὕστερον τὴν ἀρχὴν τῆς θαλάττης ἔλαβον, δόντων μὲν τῶν ἄλλων Ἑλλήνων, οὐκ ἀμφισβητούντων δὲ τῶν νῦν ἡμᾶς ἀφαιρεῖσθαι ζητούντων. [72] nous les avons vaincus les uns et les autres, comme des Athéniens devaient vaincre des Barbares et leurs auxiliaires. Notre bravoure dans tous les combats nous mérita d’abord le prix de la valeur, et nous acquit bientôt après l’empire de la mer qui nous fut déféré par tous les Grecs, sans réclamation de la part des peuples qui voudraient nous le ravir aujourd’hui.
[73] Καὶ μηδεὶς οἰέσθω μ' ἀγνοεῖν ὅτι καὶ Λακεδαιμόνιοι περὶ τοὺς καιροὺς τούτους πολλῶν ἀγαθῶν αἴτιοι τοῖς Ἕλλησιν κατέστησαν· ἀλλὰ διὰ τοῦτο καὶ μᾶλλον ἐπαινεῖν ἔχω τὴν πόλιν, ὅτι τοιούτων ἀνταγωνιστῶν τυχοῦσα τοσοῦτον αὐτῶν διήνεγκεν. Βούλομαι δ' ὀλίγῳ μακρότερα περὶ τοῖν πολέοιν εἰπεῖν καὶ μὴ ταχὺ λίαν παραδραμεῖν, ἵν' ἀμφοτέρων ἡμῖν ὑπομνήματα γένηται, τῆς τε τῶν προγόνων ἀρετῆς καὶ τῆς πρὸς τοὺς βαρβάρους ἔχθρας. [73] Je n’ignore pas néanmoins ce que fit Lacédémone dans ces conjonctures périlleuses: oui, je connais les services qu’elle rendit à la Grèce; et c’est ici pour Athènes un nouveau triomphe d’avoir eu en tête de pareils rivaux, et d’avoir pu les surpasser. Mais ces deux républiques méritent, à ce qu’il me semble, d’être considérées avec plus d’attention; et, sans passer trop légèrement sur ce qui les regarde, il faut rappeler en même temps les vertus de leurs ancêtres et leur haine contre les Barbares.
[74] Καίτοι μ' οὐ λέληθεν ὅτι χαλεπόν ἐστιν ὕστατον ἐπελθόντα λέγειν περὶ πραγμάτων πάλαι προκατειλημμένων καὶ περὶ ὧν οἱ μάλιστα δυνηθέντες τῶν πολιτῶν εἰπεῖν ἐπὶ τοῖς δημοσίᾳ θαπτομένοις πολλάκις εἰρήκασιν· ἀνάγκη γὰρ τὰ μὲν μέγιστ' αὐτῶν ἤδη κατακεχρῆσθαι, μικρὰ δ' ἔτι παραλελεῖφθαι. Ὅμως δ' ἐκ τῶν ὑπολοίπων, ἐπειδὴ συμφέρει τοῖς πράγμασιν, οὐκ ὀκνητέον μνησθῆναι περὶ αὐτῶν. [74] Je sens moi-même combien il est difficile de remettre sous les yeux de mes auditeurs un sujet si souvent traité, un sujet que les citoyens les plus éloquents ont fait reparaître tant de fois dans l’éloge des guerriers morts au service de l’État. Les plus beaux traits ont déjà été employés sans doute; mais enfin recueillons ceux qui restent, et, puisqu’ils servent à notre dessein, ne craignons pas d’en faire usage.
[75] Πλείστων μὲν οὖν ἀγαθῶν αἰτίους καὶ μεγίστων ἐπαίνων ἀξίους ἡγοῦμαι γεγενῆσθαι τοὺς τοῖς σώμασιν ὑπὲρ τῆς Ἑλλάδος προκινδυνεύσαντας· οὐ μὴν οὐδὲ τῶν πρὸ τοῦ πολέμου τούτου γενομένων καὶ δυναστευσάντων ἐν ἑκατέρᾳ τοῖν πολέοιν δίκαιον ἀμνημονεῖν· ἐκεῖνοι γὰρ ἦσαν οἱ προασκήσαντες τοὺς ἐπιγιγνομένους καὶ τὰ πλήθη προτρέψαντες ἐπ' ἀρετὴν καὶ χαλεποὺς ἀνταγωνιστὰς τοῖς βαρβάροις ποιήσαντες. [75] On doit regarder, assurément, comme les auteurs de nos plus brillantes prospérités, et comme dignes des plus grands éloges, ces Grecs généreux qui ont exposé leur vie pour le salut de la nation mais il ne serait pas juste d’oublier les hommes célèbres qui vivaient avant cette guerre, et qui ont, gouverné les deux républiques. Ce sont eux qui ont formé les peuples, et qui, les remplissant de courage, ont préparé aux Barbares de redoutables adversaires.
[76] Οὐ γὰρ ὠλιγώρουν τῶν κοινῶν, οὐδ' ἀπέλαυον μὲν ὡς ἰδίων, ἠμέλουν δ' ὡς ἀλλοτρίων, ἀλλ' ἐκήδοντο μὲν ὡς οἰκείων, ἀπείχοντο δ' ὥσπερ χρὴ τῶν μηδὲν προσηκόντων· οὐδὲ πρὸς ἀργύριον τὴν εὐδαιμονίαν ἔκρινον, ἀλλ' οὗτος ἐδόκει πλοῦτον ἀσφαλέστατον κεκτῆσθαι καὶ κάλλιστον, ὅστις τοιαῦτα τυγχάνοι πράττων ἐξ ὧν αὐτός τε μέλλοι μάλιστ' εὐδοκιμήσειν καὶ τοῖς παισὶν μεγίστην δόξαν καταλείψειν. [76] Loin de négliger les affaires publiques, loin de se servir des deniers du Trésor comme de leurs biens propres, et d’en abandonner le soin comme de choses étrangères, ils les administraient avec la même attention que leur patrimoine, et les respectaient comme on doit respecter le bien d’autrui. Ils ne plaçaient pas le bonheur dans l’opulence ; celui-là leur semblait posséder les plus solides et les plus brillantes richesses, qui faisait le plus d’actions honorables et laissait le plus de gloire à ses enfants.
[77] Οὐδὲ τὰς θρασύτητας τὰς ἀλλήλων ἐζήλουν, οὐδὲ τὰς τόλμας τὰς αὑτῶν ἤσκουν, ἀλλὰ δεινότερον μὲν ἐνόμιζον εἶναι κακῶς ὑπὸ τῶν πολιτῶν ἀκούειν καλῶς ὑπὲρ τῆς πόλεως ἀποθνῄσκειν, μᾶλλον δ' ᾐσχύνοντ' ἐπὶ τοῖς κοινοῖς ἁμαρτήμασιν νῦν ἐπὶ τοῖς ἰδίοις τοῖς σφετέροις αὐτῶν. [77] On ne les voyait pas combattre d’audace entre eux, ni abuser de leurs forces et les tourner contre leurs compatriotes; mais, redoutant plus le blâme de leurs concitoyens qu’une mort glorieuse au milieu des ennemis, ils rougissaient des fautes communes plus qu’on ne rougit maintenant des fautes personnelles.
[78] Τούτων δ' ἦν αἴτιον, ὅτι τοὺς νόμους ἐσκόπουν ὅπως ἀκριβῶς καὶ καλῶς ἕξουσιν, οὐχ οὕτω τοὺς περὶ τῶν ἰδίων συμβολαίων ὡς τοὺς περὶ τῶν καθ' ἑκάστην τὴν ἡμέραν ἐπιτηδευμάτων· ἠπίσταντο γὰρ ὅτι τοῖς καλοῖς κἀγαθοῖς τῶν ἀνθρώπων οὐδὲν δεήσει πολλῶν γραμμάτων, ἀλλ' ἀπ' ὀλίγων συνθημάτων ῥᾳδίως καὶ περὶ τῶν ἰδίων καὶ περὶ τῶν κοινῶν ὁμονοήσουσιν. [78] Ce qui les fortifiait dans ces heureuses dispositions, c’étaient des lois pleines de sagesse, qui avaient moins pour but de régler les discussions d’intérêt que de maintenir la pureté des mœurs. Ils savaient que, pour des hommes vertueux, il n’est pas besoin de multiplier les ordonnances; qu’un petit nombre de règlements suffit pour les faire agir de concert dans les affaires publiques ou particulières.
[79] Οὕτω δὲ πολιτικῶς εἶχον ὥστε καὶ τὰς στάσεις ἐποιοῦντο πρὸς ἀλλήλους, οὐχ ὁπότεροι τοὺς ἑτέρους ἀπολέσαντες τῶν λοιπῶν ἄρξουσιν, ἀλλ' ὁπότεροι φθήσονται τὴν πόλιν ἀγαθόν τι ποιήσαντες· καὶ τὰς ἑταιρείας συνῆγον οὐχ ὑπὲρ τῶν ἰδίᾳ συμφ<ε>ρόντων, ἀλλ' ἐπὶ τῇ τοῦ πλήθους ὠφελείᾳ. [79] Uniquement occupés du bien général, ils se divisaient et se partageaient pour se disputer mutuellement, non l’avantage d’écraser leurs rivaux afin de dominer seuls, mais la gloire de les surpasser en services rendus à la patrie; ils se rapprochaient et se liguaient, non pour accroître leur crédit ou leur fortune, mais pour augmenter la puissance de l’État.


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Dernière mise à jour : 1/03/2007