HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ISOCRATE, Panégyrique d'Athènes (discours complet)

Paragraphes 40-49

  Paragraphes 40-49

[40] Δῆλον δ' ἐκεῖθεν· οἱ γὰρ ἐν ἀρχῇ περὶ τῶν φονικῶν ἐγκαλέσαντες καὶ βουληθέντες μετὰ λόγου καὶ μὴ μετὰ βίας διαλύσασθαι τὰ πρὸς ἀλλήλους ἐν τοῖς νόμοις τοῖς ἡμετέροις τὰς κρίσεις ἐποιήσαντο περὶ αὐτῶν. Καὶ μὲν δὴ καὶ τῶν τεχνῶν τάς τε πρὸς τἀναγκαῖα τοῦ βίου χρησίμας καὶ τὰς πρὸς ἡδονὴν μεμηχανημένας, τὰς μὲν εὑροῦσα, τὰς δὲ δοκιμάσασα χρῆσθαι τοῖς ἄλλοις παρέδωκεν. [40] Ce qui le prouve avec évidence, c’est que les premiers qui poursuivirent les meurtres en justice, qui voulurent terminer leurs différends par la raison plutôt que par la force, les jugèrent d’après les règlements de nos tribunaux. Jetant un coup d’œil sur les arts, veut-on examiner ceux qui sont utiles aux besoins de la vie, et ceux qui ne servent qu’à son agrément? on reconnaîtra que, les ayant tous inventés ou adoptés, nous avons la gloire de les avoir transmis aux autres peuples.
[41] Τὴν τοίνυν ἄλλην διοίκησιν οὕτω φιλοξένως κατεσκευάσατο καὶ πρὸς ἅπαντας οἰκείως ὥστε καὶ τοῖς χρημάτων δεομένοις καὶ τοῖς ἀπολαῦσαι τῶν ὑπαρχόντων ἐπιθυμοῦσιν ἀμφοτέροις ἁρμόττειν καὶ μήτε τοῖς εὐδαιμονοῦσιν μήτε τοῖς δυστυχοῦσιν ἐν ταῖς αὑτῶν ἀχρήστως ἔχειν, ἀλλ' ἑκατέροις αὐτῶν εἶναι παρ' ἡμῖν, τοῖς μὲν ἡδίστας διατριβὰς, τοῖς δ' ἀσφαλεστάτην καταφυγήν. [41] Quant aux divers établissements de notre ville, fruits de notre politesse et de la douceur de nos mœurs, ils sont tels, que l’étranger qui veut s’enrichir, ou qui n’a qu’à jouir de sa fortune, les trouve également commodes; et que, soit qu’il ait éprouvé des disgrâces dans sa patrie, soit qu’il ait acquis de grandes richesses, il accourt avec empressement dans la ville d’Athènes, qui lui offre l’asile le plus sûr ou le plus agréable séjour.
[42] Ἔτι δὲ τὴν χώραν οὐκ αὐτάρκη κεκτημένων ἑκάστων, ἀλλὰ τὰ μὲν ἐλλείπουσαν, τὰ δὲ πλείω τῶν ἱκανῶν φέρουσαν, καὶ πολλῆς ἀπορίας οὔσης τὰ μὲν ὅποι χρὴ διαθέσθαι, τὰ δ' ὁπόθεν εἰσαγαγέσθαι, καὶ ταύταις ταῖς συμφοραῖς ἐπήμυνεν· ἐμπόριον γὰρ ἐν μέσῳ τῆς Ἑλλάδος τὸν Πειραιᾶ κατεσκευάσατο, τοσαύτην ἔχονθ' ὑπερβολὴν ὥσθ' παρὰ τῶν ἄλλων ἓν παρ' ἑκάστων χαλεπόν ἐστιν λαβεῖν, ταῦθ' ἅπαντα παρ' αὑτῆς ῥᾴδιον εἶναι πορίσασθαι. [42] Mais voici un nouveau bienfait: chaque pays, trop fertile en certaines productions, et stérile pour d’autres, ne pouvait se suffire à lui-même. Les peuples ne savaient comment porter chez l’étranger leur superflu, et rapporter chez eux le superflu des villes étrangères. Nous avons encore pourvu à cet inconvénient. Au centre de la nation, on voit s’établir un entrepôt commun: le Pirée fut pour la Grèce un marché universel, où les fruits des pays divers, même les plus rares partout ailleurs, se trouvent réunis avec abondance.
[43] Τῶν τοίνυν τὰς πανηγύρεις καταστησάντων δικαίως ἐπαινουμένων ὅτι τοιοῦτον ἔθος ἡμῖν παρέδοσαν ὥστε σπεισαμένους καὶ τὰς ἔχθρας τὰς ἐνεστηκυίας διαλυσαμένους συνελθεῖν εἰς ταὐτὸν, καὶ μετὰ ταῦτ' εὐχὰς καὶ θυσίας κοινὰς ποιησαμένους ἀναμνησθῆναι μὲν τῆς συγγενείας τῆς πρὸς ἀλλήλους ὑπαρχούσης, εὐμενεστέρως δ' εἰς τὸν λοιπὸν χρόνον διατεθῆναι πρὸς ἡμᾶς αὐτοὺς, καὶ τάς τε παλαιὰς ξενίας ἀνανεώσασθαι καὶ καινὰς ἑτέρας ποιήσασθαι, [43] On doit, sans doute, les plus grands éloges à la sagesse de ces hommes qui ont institué nos assemblées générales, et transmis aux Grecs, l’usage de déposer leurs armes et leurs inimitiés pour se réunir tous dans le même lieu. Les prières et les sacrifices qu’ils font en commun, leur rappellent leur commune origine, disposent les cœurs à une parfaite intelligence, contribuent à resserrer les liens de l’hospitalité avec d’anciens amis et à former des amitiés nouvelles.
[44] καὶ μήτε τοῖς ἰδιώταις μήτε τοῖς διενεγκοῦσιν τὴν φύσιν ἀργὸν εἶναι τὴν διατριβὴν, ἀλλ' ἀθροισθέντων τῶν Ἑλλήνων ἐγγενέσθαι τοῖς μὲν ἐπιδείξασθαι τὰς αὑτῶν εὐτυχίας, τοῖς δὲ θεάσασθαι τούτους πρὸς ἀλλήλους ἀγωνιζομένους, καὶ μηδετέρους ἀθύμως διάγειν, ἀλλ' ἑκατέρους ἔχειν ἐφ' οἷς φιλοτιμηθῶσιν, οἱ μὲν ὅταν ἴδωσι τοὺς ἀθλητὰς αὑτῶν ἕνεκα πονοῦντας, οἱ δ' ὅταν ἐνθυμηθῶσιν ὅτι πάντες ἐπὶ τὴν σφετέραν θεωρίαν ἥκουσιν, τοσούτων τοίνυν ἀγαθῶν διὰ τὰς συνόδους ἡμῖν γιγνομένων, οὐδ' ἐν τούτοις πόλις ἡμῶν ἀπελείφθη. [44] Ceux qui sont distingués par la force et par l’agilité du corps, comme ceux qui sont dépourvus de ces qualités, trouvent un plaisir égal dans ce concours universel, les uns à exposer aux yeux de la Grèce entière les avantages qu’ils ont reçus de la nature, les autres à voir de fameux athlètes se disputer le prix avec ardeur: animés d’un sentiment de gloire, tous ont lieu d’être flattés; ceux-ci des efforts que fait un peuple de rivaux pour leur offrir un spectacle digne de leur attention, ceux-là de l’empressement que montrent tous les Grecs qui viennent applaudir à leurs jeux. Telle est l’utilité reconnue de toutes nos grandes assemblées. Athènes, dans cette partie, ne le cède à aucune ville de la Grèce.
[45] Καὶ γὰρ θεάματα πλεῖστα καὶ κάλλιστα κέκτηται, τὰ μὲν ταῖς δαπάναις ὑπερβάλλοντα, τὰ δὲ κατὰ τὰς τέχνας εὐδοκιμοῦντα, τὰ δ' ἀμφοτέροις τούτοις διαφέροντα· καὶ τὸ πλῆθος τῶν εἰσαφικνουμένων ὡς ἡμᾶς τοσοῦτόν ἐστιν ὥστ' εἴ τι ἐν τῷ πλησιάζειν ἀλλήλοις ἀγαθόν ἐστιν, καὶ τοῦθ' ὑπ' αὐτῆς περιειλῆφθαι. Πρὸς δὲ τούτοις καὶ φιλίας εὑρεῖν πιστοτάτας καὶ συνουσίαις ἐντυχεῖν παντοδαπωτάταις μάλιστα παρ' ἡμῖν ἔστιν, ἔτι δ' ἀγῶνας ἰδεῖν μὴ μόνον τάχους καὶ ῥώμης ἀλλὰ καὶ λόγων καὶ γνώμης καὶ τῶν ἄλλων ἔργων ἁπάντων, καὶ τούτων ἆθλα μέγιστα. [45] Elle a ses spectacles, spectacles aussi multipliés que magnifiques; les uns fameux par l’appareil et la somptuosité, les autres célèbres par tous les genres de talents qui s’y rassemblent, plusieurs admirables sous ces deux rapports à la fois. Et la foule des spectateurs qui arrivent dans notre ville est si grande, que, si c’est un bien pour les hommes de se rapprocher les uns des autres, on jouit encore chez nous de cet avantage. J’ajoute qu’on y trouve, plus qu’en aucun pays du monde, des amitiés solides, des sociétés de toute espèce. On y voit des combats de force et d’agilité, des combats d’esprit et d’éloquence. Tous les talents y sont magnifiquement récompensés.
[46] Πρὸς γὰρ οἷς αὐτὴ τίθησιν, καὶ τοὺς ἄλλους διδόναι συναναπείθει· τὰ γὰρ ὑφ' ἡμῶν κριθέντα τοσαύτην λαμβάνει δόξαν ὥστε παρὰ πᾶσιν ἀνθρώποις ἀγαπᾶσθαι. Χωρὶς δὲ τούτων αἱ μὲν ἄλλαι πανηγύρεις διὰ πολλοῦ χρόνου συλλεγεῖσαι ταχέως διελύθησαν, δ' ἡμετέρα πόλις ἅπαντα τὸν αἰῶνα τοῖς ἀφικνουμένοις πανήγυρίς ἐστιν. [46] Sollicités par notre exemple, les autres Grecs s’empressent de joindre leurs prix à ceux que nous distribuons; ils applaudissent à nos établissements, et tous désirent d’en partager l’honneur. Enfin, les grandes assemblées de la nation ne se forment qu’après de longs intervalles, et ne durent que peu de jours: au lieu qu’Athènes offre en tout temps, aux étrangers qui la visitent, le spectacle d’une fête générale et non interrompue.
[47] Φιλοσοφίαν τοίνυν, πάντα ταῦτα συνεξεῦρε καὶ συγκατεσκεύασεν καὶ πρός τε τὰς πράξεις ἡμᾶς ἐπαίδευσεν καὶ πρὸς ἀλλήλους ἐπράϋνε καὶ τῶν συμφορῶν τάς τε δι' ἀμαθίαν καὶ τὰς ἐξ ἀνάγκης γιγνομένας διεῖλεν καὶ τὰς μὲν φυλάξασθαι, τὰς δὲ καλῶς ἐνεγκεῖν ἐδίδαξεν, πόλις ἡμῶν κατέδειξεν, [47] La philosophie qui créa ces institutions utiles; la philosophie qui régla nos actions et adoucit nos mœurs; qui, distinguant les malheurs occasionnés par la nécessité d’avec ceux que produit l’ignorance, nous apprit à supporter les uns et à éviter les autres, ce sont les Athéniens qui la mirent en honneur;
[48] καὶ λόγους ἐτίμησεν, ὧν πάντες μὲν ἐπιθυμοῦσιν, τοῖς δ' ἐπισταμένοις φθονοῦσιν, συνειδυῖα μὲν ὅτι τοῦτο μόνον ἐξ ἁπάντων τῶν ζῴων ἴδιον ἔφυμεν ἔχοντες καὶ διότι τούτῳ πλεονεκτήσαντες καὶ τοῖς ἄλλοις ἅπασιν αὐτῶν διηνέγκαμεν, ὁρῶσα δὲ περὶ μὲν τὰς ἄλλας πράξεις οὕτω ταραχώδεις οὔσας τὰς τύχας ὥστε πολλάκις ἐν αὐταῖς καὶ τοὺς φρονίμους ἀτυχεῖν καὶ τοὺς ἀνοήτους κατορθοῦν, τῶν δὲ λόγων τῶν καλῶς καὶ τεχνικῶς ἐχόντων οὐ μετὸν τοῖς φαύλοις, ἀλλὰ ψυχῆς εὖ φρονούσης ἔργον ὄντας, [48] ce sont eux qui ont fait fleurir l’éloquence à laquelle nous aspirons tous, et que nous ne voyons qu’avec jalousie chez ceux qui la possèdent. Ils savaient sans doute que, grâce à la parole qui le distingue des animaux, l’homme se voit le chef et le souverain de la nature. Ils concevaient que, toutes nos actions étant soumises aux caprices du sort, la sagesse est souvent frustrée d’un succès qu’a plus d’une fois obtenu la folie; au lieu que les productions parfaites de l’éloquence ne peuvent jamais provenir d’un insensé, mais sont toujours l’ouvrage d’un esprit droit et juste;
[49] καὶ τούς τε σοφοὺς καὶ τοὺς ἀμαθεῖς δοκοῦντας εἶναι ταύτῃ πλεῖστον ἀλλήλων διαφέροντας, ἔτι δὲ τοὺς εὐθὺς ἐξ ἀρχῆς ἐλευθέρως τεθραμμένους ἐκ μὲν ἀνδρίας καὶ πλούτου καὶ τῶν τοιούτων ἀγαθῶν οὐ γιγνωσκομένους, ἐκ δὲ τῶν λεγομένων μάλιστα καταφανεῖς γιγνομένους, καὶ τοῦτο σύμβολον τῆς παιδεύσεως ἡμῶν ἑκάστου πιστότατον ἀποδεδειγμένον, καὶ τοὺς λόγῳ καλῶς χρωμένους οὐ μόνον ἐν ταῖς αὑτῶν δυναμένους, ἀλλὰ καὶ παρὰ τοῖς ἄλλοις ἐντίμους ὄντας. [49] ils comprenaient que c’est surtout la facilité de s’exprimer qui fait d’abord distinguer l’homme instruit de l’ignorant; qu’une éducation libérale reçue dès l’âge le plus tendre, dont les effets ne s’annoncent ni par la bravoure, ni par les richesses, ni par les autres présents de la nature ou de la fortune, se fait remarquer principalement par le mérite du langage, signe manifeste des soins qui ont formé notre jeunesse; ils voyaient enfin, qu’avec le don de la parole, on a de l’autorité dans son pays et de la considération dans tous les autres.


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Dernière mise à jour : 1/03/2007