HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ISOCRATE, Panégyrique d'Athènes (discours complet)

Paragraphes 180-189

  Paragraphes 180-189

[180] Καὶ ταύτας ἡμᾶς ἠνάγκασεν ἐν στήλαις λιθίναις ἀναγράψαντας ἐν τοῖς κοινοῖς τῶν ἱερῶν καταθεῖναι, πολὺ κάλλιον τρόπαιον τῶν ἐν ταῖς μάχαις γιγνομένων· τὰ μὲν γὰρ ὑπὲρ μικρῶν ἔργων καὶ μιᾶς τύχης ἐστὶν, αὗται δ' ὑπὲρ ἅπαντος τοῦ πολέμου καὶ καθ' ὅλης τῆς Ἑλλάδος ἑστήκασιν. [180] Il nous a forcés de graver sur la pierre cet acte déshonorant, et de placer dans nos temples ce monument d’ignominie, comme un trophée plus magnifique que ceux qu’on érige après une victoire. On élève ceux-ci pour de simples exploits et pour un seul événement; celui-là est érigé pour toutes les actions d’une guerre, et à la honte de toute la Grèce.
[181] Ὑπὲρ ὧν ἄξιον ὀργίζεσθαι καὶ σκοπεῖν ὅπως τῶν τε γεγενημένων δίκην ληψόμεθα καὶ τὰ μέλλοντα διορθωσόμεθα. Καὶ γὰρ αἰσχρὸν ἰδίᾳ μὲν τοῖς βαρβάροις οἰκέταις ἀξιοῦν χρῆσθαι, δημοσίᾳ δὲ τοσούτους τῶν συμμάχων περιορᾶν αὐτοῖς δουλεύοντας, καὶ τοὺς μὲν περὶ τὰ Τρωϊκὰ γενομένους μιᾶς γυναικὸς ἁρπασθείσης οὕτως ἅπαντας συνοργισθῆναι τοῖς ἀδικηθεῖσιν ὥστε μὴ πρότερον παύσασθαι πολεμοῦντας, πρὶν τὴν πόλιν ἀνάστατον ἐποίησαν τοῦ τολμήσαντος ἐξαμαρτεῖν, [181] Cet affront doit nous indigner; il doit nous faire prendre les moyens de venger le passé et de régler l’avenir. Eh! n’est-ce pas honteux que la république souffre qu’un si grand nombre d’alliés soient assujettis à des Barbares, lorsque, dans nos maisons, nous ne regardons les Barbares que comme des gens propres à être nos esclaves? Les Grecs, nous le savons, se sont tous réunis devant Troie pour venger l’enlèvement de la femme d’un de leurs chefs et, partagèrent son injure, ils n’ont déposé leurs armes qu’après avoir ruiné la patrie du coupable ravisseur:
[182] ἡμᾶς δ' ὅλης τῆς Ἑλλάδος ὑβριζομένης μηδεμίαν ποιήσασθαι κοινὴν τιμωρίαν, ἐξὸν ἡμῖν εὐχῆς ἄξια διαπράξασθαι. Μόνος γὰρ οὗτος πόλεμος εἰρήνης κρείττων ἐστὶν, θεωρίᾳ μὲν μᾶλλον στρατείᾳ προσεοικὼς, ἀμφοτέροις δὲ συμφέρων καὶ τοῖς ἡσυχίαν ἄγειν καὶ τοῖς πολεμεῖν ἐπιθυμοῦσιν. Ἐξείη γὰρ ἂν τοῖς μὲν ἀδεῶς τὰ σφέτερ' αὐτῶν καρποῦσθαι, τοῖς δ' ἐκ τῶν ἀλλοτρίων μεγάλους πλούτους κατακτήσασθαι. [182] nous, ô honte! nous, enfants de ces héros, nous regarderions d’un œil tranquille les outrages faits à toute la Grèce, lorsque nous pourrions les venger avec un succès digne de nos vœux! La guerre que je propose est la seule que nous pourrions à la paix, et qui aurait plutôt l’air des préparatifs d’une fête que d’une expédition militaire. Également utile à ceux qui soupirent après le repos et à ceux qui ne respirent que les combats, elle procurerait aux uns le moyen de jouir tranquillement de leur fortune, aux autres la facilité de s’enrichir aux dépens de l’ennemi.
[183] Πολλαχῇ δ' ἄν τις λογιζόμενος εὕροι ταύτας τὰς πράξεις μάλιστα λυσιτελούσας ἡμῖν. Φέρε γὰρ, πρὸς τίνας χρὴ πολεμεῖν τοὺς μηδεμιᾶς πλεονεξίας ἐπιθυμοῦντας, ἀλλ' αὐτὸ τὸ δίκαιον σκοποῦντας; Οὐ πρὸς τοὺς καὶ πρότερον κακῶς τὴν Ἑλλάδα ποιήσαντας καὶ νῦν ἐπιβουλεύοντας καὶ πάντα τὸν χρόνον οὕτω πρὸς ἡμᾶς διακειμένους; [183] Oui, sous quelque face qu’on envisage cette entreprise, elle ne peut que nous être avantageuse. Si, nous dépouillant de tout esprit d’ambition et de conquête, nous ne voulons agir que par des vues d’équité, contre qui devons-nous tourner toutes nos forces? N’est-ce pas contre ceux qui autrefois ravagèrent la Grèce, qui aujourd’hui méditent encore notre ruine, et qui, dans tous les temps, n’ont cherché qu’à nous nuire?
[184] Τίσιν δὲ φθονεῖν εἰκός ἐστιν τοὺς μὴ παντάπασιν ἀνάνδρως διακειμένους, ἀλλὰ μετρίως τούτῳ τῷ πράγματι χρωμένους; Οὐ τοῖς μείζους μὲν τὰς δυναστείας κατ' ἀνθρώπους περιβεβλημένοις, ἐλάττονος δ' ἀξίοις τῶν παρ' ἡμῖν δυστυχούντων; Ἐπὶ τίνας δὲ στρατεύειν μᾶλλον προσήκει τοὺς ἅμα μὲν εὐσεβεῖν βουλομένους, ἅμα δὲ τοῦ συμφέροντος ἐνθυμουμένους; Οὐκ ἐπὶ τοὺς καὶ φύσει πολεμίους καὶ πατρικοὺς ἐχθροὺς, καὶ πλεῖστα μὲν ἀγαθὰ κεκτημένους, ἥκιστα δ' ὑπὲρ αὐτῶν ἀμύνεσθαι δυναμένους; Οὐκοῦν ἐκεῖνοι πᾶσι τούτοις ἔνοχοι τυγχάνουσιν ὄντες. [184] Quels sont les hommes dont les Grecs, s’il leur reste encore quelque énergie, ne doivent voir qu’avec douleur la prospérité? N’est-ce pas ceux qui jouissent d’une puissance presque égale à celle des dieux, et qui valent moins que les derniers de nos citoyens? Contre quelle nation doivent porter leurs armes les peuples qui, en se décidant par des raisons de justices n’oublient pas leur propre utilité? N’est-ce pas contre leurs ennemis naturels, contre les ennemis de leurs pères, qui, le plus comblés de richesses, sont le moins capables de les défendre? Or, tous ces traits conviennent aux Perses.
[185] Καὶ μὴν οὐδὲ τὰς πόλεις λυπήσομεν στρατιώτας ἐξ αὐτῶν καταλέγοντες, νῦν ἐν τῷ πολέμῳ τῷ πρὸς ἀλλήλους ὀχληρότατόν ἐστιν αὐταῖς· πολὺ γὰρ οἶμαι σπανιωτέρους ἔσεσθαι τοὺς μένειν ἐθελήσοντας τῶν συνακολουθεῖν ἐπιθυμησόντων. Τίς γὰρ οὕτως νέος παλαιὸς ῥᾴθυμός ἐστιν, ὅστις οὐ μετασχεῖν βουλήσεται ταύτης τῆς στρατιᾶς τῆς ὑπ' Ἀθηναίων μὲν καὶ Λακεδαιμονίων στρατηγουμένης, ὑπὲρ δὲ τῆς τῶν συμμάχων ἐλευθερίας ἁθροιζομένης, ὑπὸ δὲ τῆς Ἑλλάδος ἁπάσης ἐκπεμπομένης, ἐπὶ δὲ τὴν τῶν βαρβάρων τιμωρίαν πορευομένης; [185] Ce qu’il y a aujourd’hui de plus dur pour les villes, dans nos guerres contre elles, c’est qu’elles se voient épuisées par des levées de troupes: ici nous n’aurons pas à craindre cet inconvénient; car je pense que tous les Grecs, pleins d’une noble émulation, se disputeront l’honneur de combattre sous nos enseignes. Quel jeune homme assez lâche, quel vieillard assez timide refusera de partager une expédition formée au nom et pour les intérêts de toute la Grèce, commandée par les peuples d’Athènes et de Lacédémone, consacrée à défendre la liberté des alliés, et à tirer vengeance des Barbares?
[186] Φήμην δὲ καὶ μνήμην καὶ δόξαν πόσην τινὰ χρὴ νομίζειν ζῶντας ἕξειν τελευτήσαντας καταλείψειν τοὺς ἐν τοῖς τοιούτοις ἔργοις ἀριστεύσαντας; Ὅπου γὰρ οἱ πρὸς Ἀλέξανδρον πολεμήσαντες καὶ μίαν πόλιν ἑλόντες τοιούτων ἐπαίνων ἠξιώθησαν, ποίων τινῶν χρὴ προσδοκᾶν ἐγκωμίων τεύξεσθαι τοὺς ὅλης τῆς Ἀσίας κρατήσαντας; Τίς γὰρ τῶν ποιεῖν δυναμένων τῶν λέγειν ἐπισταμένων οὐ πονήσει καὶ φιλοσοφήσει βουλόμενος ἅμα τῆς θ' αὑτοῦ διανοίας καὶ τῆς ἐκείνων ἀρετῆς μνημεῖον εἰς ἅπαντα τὸν χρόνον καταλιπεῖν; [186] De quelle gloire ne jouiront pas pendant le reste de leur vie, quel noble souvenir ne laisseront pas après leur mort ceux des Grecs qui se seront signalés dans une aussi belle cause? Si les guerriers qui combattirent contre Troie ont mérité de si grands éloges pour avoir détruit une seule ville, quelle célébrité ne doivent pas attendre les conquérants de toute l’Asie? Quel poète, quel orateur ne s’exercera pas à immortaliser par des écrits sublimes, et son génie, et leur courage?
[187] Οὐ τὴν αὐτὴν δὲ τυγχάνω γνώμην ἔχων ἔν τε τῷ παρόντι καὶ περὶ τὰς ἀρχὰς τοῦ λόγου. Τότε μὲν γὰρ ᾤμην ἀξίως δυνήσεσθαι τῶν πραγμάτων εἰπεῖν· νῦν δ' οὐκ ἐφικνοῦμαι τοῦ μεγέθους αὐτῶν, ἀλλὰ πολλά με διαπέφευγεν ὧν διενοήθην. Αὐτοὺς οὖν χρὴ συνδιορᾶν, ὅσης ἂν εὐδαιμονίας τύχοιμεν εἰ τὸν μὲν πόλεμον τὸν νῦν ὄντα περὶ ἡμᾶς πρὸς τοὺς ἠπειρώτας ποιησαίμεθα, τὴν δ' εὐδαιμονίαν τὴν ἐκ τῆς Ἀσίας εἰς τὴν Εὐρώπην διακομίσαιμεν, καὶ μὴ μόνον ἀκροατὰς γενομένους ἀπελθεῖν, [187] Je m’imaginais, dans mon début, pouvoir m’élever jusqu’à la hauteur de mon sujet; je sens maintenant que je ne saurais y atteindre, et que même j’ai omis bien des traits qui auraient pu embellir et fortifier mon discours. C’est donc à vous d’examiner par vous-mêmes quel bonheur ce serait pour les Grecs de transporter chez les Barbares la guerre, qui dévore actuellement nos contrées, et de faire passer dans l’Europe tous les trésors de l’Asie.
[188] ἀλλὰ τοὺς μὲν πράττειν δυναμένους παρακαλοῦντας ἀλλήλους πειρᾶσθαι διαλλάττειν τήν τε πόλιν τὴν ἡμετέραν καὶ τὴν Λακεδαιμονίων, τοὺς δὲ τῶν λόγων ἀμφισβητοῦντας πρὸς μὲν τὴν παρακαταθήκην καὶ περὶ τῶν ἄλλων ὧν νῦν φλυαροῦσιν παύεσθαι γράφοντας, πρὸς δὲ τοῦτον τὸν λόγον ποιεῖσθαι τὴν ἅμιλλαν καὶ σκοπεῖν ὅπως ἄμεινον ἐμοῦ περὶ τῶν αὐτῶν πραγμάτων ἐροῦσιν, [188] Que l’on ne se contente pas de m’avoir entendu; que les politiques habiles s’encouragent mutuellement, qu’ils s’exhortent à l’envi à réunir les républiques d’Athènes et de Lacédémone, que nos sages, jaloux de la gloire de l’éloquence, cessent d’écrire sur des objets frivoles peu dignes d’occuper leurs talents; que, se disputant l’honneur de reprendre le même sujet, ils s’étudient à le mieux remplir:
[189] ἐνθυμουμένους ὅτι τοῖς μεγάλ' ὑπισχνουμένοις οὐ πρέπει περὶ μικρὰ διατρίβειν, οὐδὲ τοιαῦτα λέγειν ἐξ ὧν βίος μηδὲν ἐπιδώσει τῶν πεισθέντων, ἀλλ' ὧν ἐπιτελεσθέντων αὐτοί τ' ἀπαλλαγήσονται τῆς παρούσης ἀπορίας καὶ τοῖς ἄλλοις μεγάλων ἀγαθῶν αἴτιοι δόξουσιν εἶναι. [189] qu’ils se convainquent qu’après s’être engagés à traiter des plus grandes choses, il leur conviendrait peu de s’occuper d’objets médiocres; qu’enfin ils doivent composer, non des discours qui n’ajouteront rien au bonheur des peuples qui les écoutent, mais des harangues utiles qui, procurant à leur pays les plus solides avantages, les mettront eux-mêmes dans une heureuse abondance.


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Dernière mise à jour : 1/03/2007