HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, Odyssée, Chant VI

Vers 250-299

  Vers 250-299

[6,250] ἁρπαλέως· δηρὸν γὰρ ἐδητύος ἦεν ἄπαστος.
αὐτὰρ Ναυσικάα λευκώλενος ἄλλἐνόησεν·
εἵματἄρα πτύξασα τίθει καλῆς ἐπἀπήνης,
ζεῦξεν δἡμιόνους κρατερώνυχας, ἂν δἔβη αὐτή,
ὤτρυνεν δὈδυσῆα, ἔπος τἔφατἔκ τὀνόμαζεν·
255 "ὄρσεο δὴ νῦν, ξεῖνε, πόλινδἴμεν ὄφρα σε πέμψω
πατρὸς ἐμοῦ πρὸς δῶμα δαΐφρονος, ἔνθα σέ φημι
πάντων Φαιήκων εἰδησέμεν ὅσσοι ἄριστοι.
ἀλλὰ μάλὧδἔρδειν, δοκέεις δέ μοι οὐκ ἀπινύσσειν·
ὄφρἂν μέν κἀγροὺς ἴομεν καὶ ἔργἀνθρώπων,
260 τόφρα σὺν ἀμφιπόλοισι μεθἡμιόνους καὶ ἄμαξαν
καρπαλίμως ἔρχεσθαι· ἐγὼ δὁδὸν ἡγεμονεύσω.
αὐτὰρ ἐπὴν πόλιος ἐπιβήομεν, ἣν πέρι πύργος
ὑψηλός, καλὸς δὲ λιμὴν ἑκάτερθε πόληος,
λεπτὴ δεἰσίθμη· νῆες δὁδὸν ἀμφιέλισσαι
265 εἰρύαται· πᾶσιν γὰρ ἐπίστιόν ἐστιν ἑκάστῳ.
ἔνθα δέ τέ σφἀγορὴ καλὸν Ποσιδήιον ἀμφίς,
ῥυτοῖσιν λάεσσι κατωρυχέεσσἀραρυῖα.
ἔνθα δὲ νηῶν ὅπλα μελαινάων ἀλέγουσι,
πείσματα καὶ σπεῖρα, καὶ ἀποξύνουσιν ἐρετμά.
270 οὐ γὰρ Φαιήκεσσι μέλει βιὸς οὐδὲ φαρέτρη,
ἀλλἱστοὶ καὶ ἐρετμὰ νεῶν καὶ νῆες ἐῖσαι,
ᾗσιν ἀγαλλόμενοι πολιὴν περόωσι θάλασσαν.
τῶν ἀλεείνω φῆμιν ἀδευκέα, μή τις ὀπίσσω
μωμεύῃ· μάλα δεἰσὶν ὑπερφίαλοι κατὰ δῆμον·
275 καί νύ τις ὧδεἴπῃσι κακώτερος ἀντιβολήσας·
τίς δὅδε Ναυσικάᾳ ἕπεται καλός τε μέγας τε
ξεῖνος; ποῦ δέ μιν εὗρε; πόσις νύ οἱ ἔσσεται αὐτῇ.
τινά που πλαγχθέντα κομίσσατο ἧς ἀπὸ νηὸς
ἀνδρῶν τηλεδαπῶν, ἐπεὶ οὔ τινες ἐγγύθεν εἰσίν·
280 τίς οἱ εὐξαμένῃ πολυάρητος θεὸς ἦλθεν
οὐρανόθεν καταβάς, ἕξει δέ μιν ἤματα πάντα.
βέλτερον, εἰ καὐτή περ ἐποιχομένη πόσιν εὗρεν
ἄλλοθεν· γὰρ τούσδε γἀτιμάζει κατὰ δῆμον
Φαίηκας, τοί μιν μνῶνται πολέες τε καὶ ἐσθλοί.᾽
285 ὣς ἐρέουσιν, ἐμοὶ δέ κὀνείδεα ταῦτα γένοιτο.
καὶ δἄλλῃ νεμεσῶ, τις τοιαῦτά γε ῥέζοι,
τἀέκητι φίλων πατρὸς καὶ μητρὸς ἐόντων,
ἀνδράσι μίσγηται, πρίν γἀμφάδιον γάμον ἐλθεῖν.
ξεῖνε, σὺ δὦκἐμέθεν ξυνίει ἔπος, ὄφρα τάχιστα
290 πομπῆς καὶ νόστοιο τύχῃς παρὰ πατρὸς ἐμοῖο.
δήεις ἀγλαὸν ἄλσος Ἀθήνης ἄγχι κελεύθου
αἰγείρων· ἐν δὲ κρήνη νάει, ἀμφὶ δὲ λειμών·
ἔνθα δὲ πατρὸς ἐμοῦ τέμενος τεθαλυῖά τἀλωή,
τόσσον ἀπὸ πτόλιος, ὅσσον τε γέγωνε βοήσας.
295 ἔνθα καθεζόμενος μεῖναι χρόνον, εἰς κεν ἡμεῖς
ἄστυδε ἔλθωμεν καὶ ἱκώμεθα δώματα πατρός.
αὐτὰρ ἐπὴν ἡμέας ἔλπῃ ποτὶ δώματἀφῖχθαι,
καὶ τότε Φαιήκων ἴμεν ἐς πόλιν ἠδἐρέεσθαι
δώματα πατρὸς ἐμοῦ μεγαλήτορος Ἀλκινόοιο.
[6,250] car depuis longtemps il était privé de nourriture. Mais Nausicaa aux bras blancs conçut un autre dessein. Ayant plié les vêtements, elle les plaçait sur le beau chariot; elle attela les mules aux solides sabots, et monta seule. Puis elle invita Ulysse, en prenant la parole et tenant ce discours : «Lève-toi maintenant, étranger, pour venir à la ville, que je te conduise à la demeure de mon sage père, où, je t'assure, tu verras tous les nobles Phéaciens. Mais voici ce qu'il te faut faire, et, ce me semble, tu ne manques pas de sens : tant que nous irons par les champs et les terres cultivées, marche bon pas avec les suivantes, les mules et le chariot; moi, je vous montrerai le chemin. Quand nous entrerons dans la ville, qu'entoure une muraille flanquée de hautes tours, tu verras des deux côtés de beaux ports à l'entrée étroite; les vaisseaux en croissant sont tirés à sec le long du chemin; chacun a son abri. C'est là qu'est l'agora, autour d'un beau temple de Posidon; elle est dallée de pierres de carrière bien enfoncées dans le sol. On y travaille aux agrès des noirs vaisseaux, câbles et voiles, et on y polit les rames. Car les Phéaciens ne se soucient point d'arcs ni de carquois, mais de mâts et de rames, et de vaisseaux bien équilibrés, sur lesquels ils ont joie à franchir la mer grise. Voilà les gens dont j'évite les méchants propos, crainte qu'on ne me raille par derrière; on a tant d'insolence dans le peuple! Il suffirait qu'un vilain nous rencontrât pour dire : «Quel est ce bel et grand étranger qui suit Nausicaa? Où l'a-t-elle trouvé? Ce sera sans doute un mari. C'est un errant, qu'elle aura ramené de son vaisseau, un homme de loin, car nous n'avons pas de voisins. Ou bien elle a fait un voeu et à ses ardentes prières un dieu est venu, descendu du ciel : elle l'aura pour elle seule toute sa vie. Tant mieux, puisqu'elle était elle-même allée chercher un mari et l'a enfin trouvé ! Car ceux de chez nous, les Phéaciens, elle les dédaigne. Elle a pourtant bien des prétendants et des nobles !» Voilà ce qu'on dira, et les reproches qu'on m'adressera. Moi-même, je serais la première à blâmer celle qui se conduirait ainsi, qui malgré ceux qui l'aiment, un père et une mère vivants, fréquente les hommes, avant le mariage. Étranger, comprends vite ce que je vais dire, pour obtenir au plus tôt de mon père conduite et retour. Tu trouveras près du chemin le bois sacré d'Athéné, un beau bois de peupliers : une fontaine l'arrose; une prairie l'entoure; c'est là que mon père a son clos, un florissant vignoble, à une portée de voix de la ville. Assieds-toi là, attends le temps qu'il nous faut pour traverser la ville et arriver à la maison de mon père. Puis, quand tu compteras que nous avons atteint le manoir, entre alors dans la ville des Phéaciens et demande la demeure de mon père, le magnanime Alcinoos.


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Dernière mise à jour : 6/10/2005