| [2] Δοκέει δή μοι τὸ μὲν σύμπαν τέχνη εἶναι οὐδεμία οὐκ ἐοῦσα· καὶ γὰρ 
ἄλογον τῶν ἐόντων τι ἡγεῖσθαι μὴ ἐόν· ἐπεὶ τῶν γε μὴ ἐόντων τίνα ἂν τίς 
οὐσίην θεησάμενος ἀπαγγείλειεν ὡς ἔστιν; εἰ γὰρ δὴ ἔστι γ´ ἰδεῖν τὰ μὴ 
ἐόντα, ὥσπερ τὰ ἐόντα, οὐκ οἶδ´ ὅπως ἄν τις αὐτὰ νομίσειε μὴ ἐόντα, ἅ γε 
εἴη καὶ ὀφθαλμοῖσιν ἰδεῖν καὶ γνώμῃ νοῆσαι ὥς ἐστιν· ἀλλ´ ὅπως μὴ οὐκ ᾖ 
τοῦτο τοιοῦτον· ἀλλὰ τὰ μὲν ἐόντα αἰεὶ ὁρᾶταί τε καὶ γινώσκεται, τὰ δὲ μὴ 
ἐόντα οὔτε ὁρᾶται οὔτε γινώσκεται. Γινώσκεται τοίνυν δεδειγμένων ἤδη τῶν 
τεχνέων, καὶ οὐδεμία ἐστὶν ἥ γε ἔκ τινος εἴδεος οὐχ ὁρᾶται. Οἶμαι δ´ ἔγωγε 
καὶ τὰ ὀνόματα αὐτὰς διὰ τὰ εἴδεα λαβεῖν· ἄλογον γὰρ ἀπὸ τῶν ὀνομάτων τὰ 
εἴδεα ἡγεῖσθαι βλαστάνειν, καὶ ἀδύνατον· τὰ μὲν γὰρ ὀνόματα φύσιος 
νομοθετήματά ἐστι, τὰ δὲ εἴδεα οὐ νομοθετήματα, ἀλλὰ βλαστήματα.
 | [2] En principe général, il me semble qu'il n'y a aucun art qui ne réponde 
à une réalité ; car il est déraisonnable de considérer comme n'étant pas, 
quelqu'une des choses qui sont. Et en effet, pour les choses qui ne sont 
pas, quelle réalité substantielle pourrait-on y observer pour affirmer 
qu'elles sont ; car s'il est possible de voir les choses qui sont, de même 
qu'il est impossible de voir celles qui ne sont pas, comment pourrait-on 
croire que ces choses-là n'existent pas, dont on peut voir par les yeux et 
comprendre par l'esprit l'existence réelle ? Mais bien loin de là, il n'en 
est pas ainsi. Ce qui existe est toujours vu, toujours connu ; ce qui 
n'existe pas ne peut être ni vu ni connu. C'est pourquoi les formes des 
arts qui ont été démontrés comme tels sont connues, et il n'en est aucun 
qui ne repose sur quelque forme observable ; je pense même que les noms 
d'un art se tirent des formes ; il est absurde, en effet, de croire que 
les formes soient le produit des noms : cela est impossible; car les noms 
sont réglés par la coutume, tandis que les formes ne sont pas réglées par 
la coutume, mais sont des productions spontanées de la nature. 
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