HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

EURIPIDE, Ion (tragédie complète)

Vers 250-299

  Vers 250-299

[250] μνήμην παλαιὰν ἀνεμετρησάμην τινά·
251 ἐκεῖσε τὸν νοῦν ἔσχον ἐνθάδ´ οὖσά περ.
252 τλήμονες γυναῖκες· τολμήματα
253 θεῶν. τί δῆτα; ποῖ δίκην ἀνοίσομεν.
254 εἰ τῶν κρατούντων ἀδικίαις ὀλούμεθα;
255 (ΙΩΝ) τί χρῆμ´ ἀνερμήνευτα δυσθυμῆι, γύναι;
256 (ΚΡΕΟΥΣΑ) οὐδέν· μεθῆκα τόξα· τἀπὶ τῶιδε δὲ
257 ἐγώ τε σιγῶ καὶ σὺ μὴ φρόντιζ´ ἔτι.
258 (ΙΩΝ) τίς δ´ εἶ; πόθεν γῆς ἦλθες; ἐκ ποίας πάτρας
259 πέφυκας; ὄνομα τί σε καλεῖν ἡμᾶς χρεών;
260 (ΚΡΕΟΥΣΑ) Κρέουσα μέν μοι τοὔνομ´, ἐκ δ´ Ἐρεχθέως
261 πέφυκα, πατρὶς γῆ δ´ Ἀθηναίων πόλις.
262 (ΙΩΝ) κλεινὸν οἰκοῦς´ ἄστυ γενναίων τ´ ἄπο
263 τραφεῖσα πατέρων, ὥς σε θαυμάζω, γύναι.
264 (ΚΡΕΟΥΣΑ) τοσαῦτα κεὐτυχοῦμεν, ξέν´, οὐ πέρα.
265 (ΙΩΝ) πρὸς θεῶν, ἀληθῶς, ὡς μεμύθευται βροτοῖς
266 (ΚΡΕΟΥΣΑ) τί χρῆμ´ ἐρωτᾶις, ξέν´, ἐκμαθεῖν θέλων;
267 (ΙΩΝ) ἐκ γῆς πατρός σου πρόγονος ἔβλαστεν πατήρ;
268 (ΚΡΕΟΥΣΑ) Ἐριχθόνιός γε· τὸ δὲ γένος μ´ οὐκ ὠφελεῖ.
269 (ΙΩΝ) καί σφ´ Ἀθάνα γῆθεν ἐξανείλετο;
270 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἐς παρθένους γε χεῖρας, οὐ τεκοῦσά νιν.
271 (ΙΩΝ) δίδωσι δ´, ὥσπερ ἐν γραφῆι νομίζεται
272 (ΚΡΕΟΥΣΑ) Κέκροπός γε σώιζειν παισὶν οὐχ ὁρώμενον.
273 (ΙΩΝ) ἤκουσα λῦσαι παρθένους τεῦχος θεᾶς.
274 (ΚΡΕΟΥΣΑ) τοιγὰρ θανοῦσαι σκόπελον ἥιμαξαν πέτρας.
275 (ΙΩΝ) εἶἑν·
275 τί δαὶ τόδ´; ἆρ´ ἀληθὲς μάτην λόγος;
276 (ΚΡΕΟΥΣΑ) τί χρῆμ´ ἐρωτᾶις; καὶ γὰρ οὐ κάμνω σχολῆι.
277 (ΙΩΝ) πατὴρ Ἐρεχθεὺς σὰς ἔθυσε συγγόνους;
278 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἔτλη πρὸ γαίας σφάγια παρθένους κτανεῖν.
279 (ΙΩΝ) σὺ δ´ ἐξεσώθης πῶς κασιγνήτων μόνη;
280 (ΚΡΕΟΥΣΑ) βρέφος νεογνὸν μητρὸς ἦν ἐν ἀγκάλαις.
281 (ΙΩΝ) πατέρα δ´ ἀληθῶς χάσμα σὸν κρύπτει χθονός;
282 (ΚΡΕΟΥΣΑ) πληγαὶ τριαίνης ποντίου σφ´ ἀπώλεσαν.
283 (ΙΩΝ) Μακραὶ δὲ χῶρός ἐστ´ ἐκεῖ κεκλημένος;
284 (ΚΡΕΟΥΣΑ) τί δ´ ἱστορεῖς τόδ´; ὥς μ´ ἀνέμνησάς τινος.
285 (ΙΩΝ) τιμᾶι σφε Πύθιος ἀστραπαί τε Πύθιαι.
286 (ΚΡΕΟΥΣΑ) τιμᾶ τιμᾶ· ὡς μήποτ´ ὤφελόν σφ´ ἰδεῖν.
287 (ΙΩΝ) τί δέ; στυγεῖς σὺ τοῦ θεοῦ τὰ φίλτατα;
288 (ΚΡΕΟΥΣΑ) οὐδέν· ξύνοιδ´ ἄντροισιν αἰσχύνην τινά.
289 (ΙΩΝ) πόσις δὲ τίς ς´ ἔγημ´ Ἀθηναίων, γύναι;
290 (ΚΡΕΟΥΣΑ) οὐκ ἀστὸς ἀλλ´ ἐπακτὸς ἐξ ἄλλης χθονός.
291 (ΙΩΝ) τίς; εὐγενῆ νιν δεῖ πεφυκέναι τινά.
292 (ΚΡΕΟΥΣΑ) Ξοῦθος, πεφυκὼς Αἰόλου Διός τ´ ἄπο.
293 (ΙΩΝ) καὶ πῶς ξένος ς´ ὢν ἔσχεν οὖσαν ἐγγενῆ;
294 (ΚΡΕΟΥΣΑ) Εὔβοι´ Ἀθήναις ἔστι τις γείτων πόλις.
295 (ΙΩΝ) ὅροις ὑγροῖσιν, ὡς λέγους´, ὡρισμένη.
296 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ταύτην ἔπερσε Κεκροπίδαις κοινῶι δορί.
297 (ΙΩΝ) ἐπίκουρος ἐλθών; κἆιτα σὸν γαμεῖ λέχος;
298 (ΚΡΕΟΥΣΑ) φερνάς γε πολέμου καὶ δορὸς λαβὼν γέρας.
299 (ΙΩΝ) σὺν ἀνδρὶ δ´ ἥκεις μόνη χρηστήρια;
[250] je n'ai pu me défendre d'un douloureux souvenir. Mon cœur était dans ma patrie lorsque mon corps était en ces lieux. O femmes infortunées ! ô attentats des dieux ! Où donc trouverons-nous la justice, si nous sommes les victimes de l'injustice de ces dieux qui règnent sur nous? ION. Quelle est donc la cause mystérieuse de ce chagrin? CRÉUSE. Rien : j'ai soulagé mon cœur : sur le reste je me tais, et toi, ne t'en inquiète plus. ION. Qui es-tu? d'où viens-tu? quelle est ta patrie? de quel nom dois-je t'appeler ? CRÉUSE. Créuse est mon nom ; je suis fille d'Érechthée ; Athènes est ma patrie. ION. O habitante d'une ville illustre, fille de nobles parents, combien je te révère ! CRÉUSE. Heureuse de ce côté, ô étranger, je ne le suis point d'ailleurs. ION. Au nom des dieux, ce que l'on raconte est-il vrai? CRÉUSE. A quel fait se rapporte ta question, étranger ? je désire le savoir. ION. L'aïeul de ton père était, dit-on, fils de la Terre? CRÉUSE. C'est Érichthonius que tu veux dire : mais que me sert une illustre naissance ? ION. Est-il vrai que Minerve l'enleva de la terre? CRÉUSE. 270 Dans ses mains virginales, sans l'avoir enfanté. ION. Le donna-t-elle à d'autres, comme cela est représenté dans un tableau ? CRÉUSE. Elle le confia aux filles de Cécrops, mais caché à leurs regards. ION. On raconte que les jeunes vierges ouvrirent la corbeille. CRÉUSE. Elles expièrent leur curiosité et teignirent les rochers de leur sang. ION. Bien. Et cet autre fait, est-il vrai, ou n'est-ce qu'un vain bruit? CRÉUSE. De quoi veux-tu parler? j'ai le loisir de te répondre, ION. Ton père, Érechthée, a-t-il fait périr tes sœurs? CRÉUSE. Il osa les immoler pour sauver son pays. ION. Et comment échappas-tu seule à la mort ? CRÉUSE. Enfant nouveau-né, j'étais dans les bras de ma mère. ION. Est-il vrai que la terre ait englouti ton père ? CREUSE. Neptune l'a fait périr d'un coup de son trident. ION. N'est-ce pas cet endroit qui fut appelé Macra? CRÉUSE. Que dis-tu là ? quel souvenir tu me rappelles ! ION. 285 Apollon, à l'arc étincelant, honore ce lieu. CRÉUSE. L'honore! que dis-tu? Ah! puissé-je ne l'avoir jamais vu! ION. Eh quoi ! hais-tu ce que le dieu chérit ? CRÉUSE. Nullement, mais je sais un crime qui s'est commis dans cette grotte. ION. Quel est celui des Athéniens qui t'a prise pour épouse ? CRÉUSE. Ce n'est pas un Athénien; mon époux est venu d'une terre étrangère. ION. Quel est-il? il doit être d'une illustre naissance. CRÉUSE. C'est Xuthus, fils d'Éole, issu de Jupiter. ION. Par quel événement un étranger est-il devenu ton époux ? CRÉUSE. L'Eubée est un pays voisin d'Athènes. ION. 295 Un bras de mer étroit est, dit-on, la limite qui l'en sépare. CRÉUSE. Xuthus a aidé les descendants de Cécrops à la soumettre. ION. Et, après les avoir secourus, il t'a obtenue pour épouse? CRÉUSE. Je fus la dot de la guerre et le prix de sa valeur. ION. Viens-tu seule consulter l'oracle, ou avec ton époux?


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Dernière mise à jour : 9/10/2009