HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

EURIPIDE, Ion (tragédie complète)

Vers 550-599

  Vers 550-599

[550] (ΙΩΝ) Πυθίαν δ´ ἦλθες πέτραν πρίν; (ΞΟΥΘΟΣ) ἐς φανάς γε Βακχίου.
551 (ΙΩΝ) προξένων δ´ ἔν του κατέσχες; (ΞΟΥΘΟΣ) ὅς με Δελφίσιν κόραις
552 (ΙΩΝ) ἐθιάσευς´, πῶς τάδ´ αὐδᾶις; (ΞΟΥΘΟΣ) Μαινάσιν γε Βακχίου.
553 (ΙΩΝ) ἔμφρον´ κάτοινον ὄντα; (ΞΟΥΘΟΣ) Βακχίου πρὸς ἡδοναῖς.
554 (ΙΩΝ) τοῦτ´ ἐκεῖν´· ἵν´ ἐσπάρημεν (ΞΟΥΘΟΣ) πότμος ἐξηῦρεν, τέκνον.
555 (ΙΩΝ) πῶς δ´ ἀφικόμεσθα ναούς; (ΞΟΥΘΟΣ) ἔκβολον κόρης ἴσως.
556 (ΙΩΝ) ἐκπεφεύγαμεν τὸ δοῦλον. (ΞΟΥΘΟΣ) πατέρα νυν δέχου, τέκνον.
557 (ΙΩΝ) τῶι θεῶι γοῦν οὐκ ἀπιστεῖν εἰκός. (ΞΟΥΘΟΣ) εὖ φρονεῖς ἄρα.
558 (ΙΩΝ) καὶ τί βουλόμεσθά γ´ ἄλλο (ΞΟΥΘΟΣ) νῦν ὁρᾶις χρή ς´ ὁρᾶν.
559 (ΙΩΝ) Διὸς παιδὸς γενέσθαι παῖς; (ΞΟΥΘΟΣ) σοί γε γίγνεται.
560 (ΙΩΝ) θίγω δῆθ´ ὅς μ´ ἔφυσας; (ΞΟΥΘΟΣ) πιθόμενός γε τῶι θεῶι.
561 (ΙΩΝ) χαῖρέ μοι, πάτερ (ΞΟΥΘΟΣ) φίλον γε φθέγμ´ ἐδεξάμην τόδε.
562 (ΙΩΝ) ἡμέρα θ´ νῦν παροῦσα. (ΞΟΥΘΟΣ) μακάριόν γ´ ἔθηκέ με.
563 (ΙΩΝ) φίλη μῆτερ, πότ´ ἆρα καὶ σὸν ὄψομαι δέμας;
564 νῦν ποθῶ σε μᾶλλον πρίν, ἥτις εἶ ποτ´, εἰσιδεῖν.
565 ἀλλ´ ἴσως τέθνηκας, ἡμεῖς δ´ οὐδ´ ὄναρ δυναίμεθ´ ἄν.
566 (ΧΟΡΟΣ) κοιναὶ μὲν ἡμῖν δωμάτων εὐπραξίαι·
567 ὅμως δὲ καὶ δέσποιναν ἐς τέκν´ εὐτυχεῖν
568 ἐβουλόμην ἂν τούς τ´ Ἐρεχθέως δόμους.
569 (ΞΟΥΘΟΣ) τέκνον, ἐς μὲν σὴν ἀνεύρεσιν θεὸς
570 ὀρθῶς ἔκρανε, καὶ συνῆψ´ ἐμοί τε σὲ
571 σύ τ´ αὖ τὰ φίλταθ´ ηὗρες οὐκ εἰδὼς πάρος.
572 οἷ δ´ ἦιξας ὀρθῶς, τοῦτο κἄμ´ ἔχει πόθος,
573 ὅπως σύ τ´, παῖ, μητέρ´ εὑρήσεις σέθεν
574 ἐγώ θ´ ὁποίας μοι γυναικὸς ἐξέφυς.
575 χρόνωι δὲ δόντες ταῦτ´ ἴσως εὕροιμεν ἄν.
576 ἀλλ´ ἐκλιπὼν θεοῦ δάπεδ´ ἀλητείαν τε σὴν
577 ἐς τὰς Ἀθήνας στεῖχε κοινόφρων πατρί
578 {οὗ ς´ ὄλβιον μὲν σκῆπτρον ἀναμένει πατρός,
579 πολὺς δὲ πλοῦτος· οὐδὲ θάτερον νοσῶν
580 δυοῖν κεκλήσηι δυσγενὴς πένης θ´ ἅμα,
581 ἀλλ´ εὐγενής τε καὶ πολυκτήμων βίου}.
582 σιγᾶις; τί πρὸς γῆν ὄμμα σὸν βαλὼν ἔχεις
583 ἐς φροντίδας τ´ ἀπῆλθες, ἐκ δὲ χαρμονῆς
584 πάλιν μεταστὰς δεῖμα προσβάλλεις πατρί;
585 (ΙΩΝ) οὐ ταὐτὸν εἶδος φαίνεται τῶν πραγμάτων
586 πρόσωθεν ὄντων ἐγγύθεν θ´ ὁρωμένων.
587 ἐγὼ δὲ τὴν μὲν συμφορὰν ἀσπάζομαι,
588 πατέρα ς´ ἀνευρών· ὧν δὲ γιγνώσκω, πάτερ,
589 ἄκουσον. εἶναί φασι τὰς αὐτόχθονας
590 κλεινὰς Ἀθήνας οὐκ ἐπείσακτον γένος,
591 ἵν´ ἐσπεσοῦμαι δύο νόσω κεκτημένος,
592 πατρός τ´ ἐπακτοῦ καὐτὸς ὢν νοθαγενής.
593 καὶ τοῦτ´ ἔχων τοὔνειδος ἀσθενὴς μένων
594 μηδὲν καὶ οὐδὲν ὢν κεκλήσομαι.
595 ἢν δ´ ἐς τὸ πρῶτον πόλεος ὁρμηθεὶς ζυγὸν
596 ζητῶ τις εἶναι, τῶν μὲν ἀδυνάτων ὕπο
597 μισησόμεσθα· λυπρὰ γὰρ τὰ κρείσσονα.
598 ὅσοι δέ, χρηστοὶ δυνάμενοί τ´, ὄντες σοφοί,
599 σιγῶσι κοὐ σπεύδουσιν ἐς τὰ πράγματα,
[550] ION. 550 Avais-tu déjà visité la roche Pythique ? XUTHUS. J'y suis venu autrefois pour célébrer les fêtes de Bacchus. ION. Quel citoyen de Delphes te donna l'hospitalité ? XUTHUS. Celui qui m'associa au culte des jennes filles de Delphes, ION. A leurs mystères sacrés ? XUTHUS. Et aux fêtes des Ménades. ION. L'ivresse avait-elle troublé ta raison ? XUTHUS. Je m'étais livré aux plaisirs de Bacchus. ION. Voilà le moment où j'ai été engendré. XUTHUS. O mon fils, le Destin a révélé ta naissance, ION. Mais comment suis-je venu dans ce temple? XUTHUS, Sans doute tu fus exposé par celle qui te mit au monde. ION. J'ai échappé à l'esclavage. XUTHUS. Maintenant, mon fils, reconnais ton père. ION. Je dois ajouter foi à l'oracle du dieu. XUTHUS. Tu fais sagement. ION. Que pourrais-je vouloir de plus. XUTHUS. Tu vois maintenant comme il faut voir. ION. Que d'être fils du fils de Jupiter ? XUTHUS. Telle est ta destinée. ION. 560 Je pourrai donc embrasser les auteurs de mes jours? XUTHUS. Tu n'as qu'à en croire le dieu. ION. Salut, ô mon père ! XUTHUS. Parole bien douce pour mon cœur. ION. Salut, jour fortuné ! XUTHUS. Il me rend le bonheur. ION. O mère chérie, me sera-t-il donné aussi de te voir un jour? Qui que tu sois, maintenant plus que jamais, j'en éprouve le désir. Mais peut-être tu n'es plus, et il ne me sera plus possible de te voir. LE CHOEUR. Je partage le bonheur de la famille. Cependant j'aurais souhaité de voir aussi ma maîtresse heureuse par ses enfants avec toute la maison d'Érechthée. XUTHUS. 569 Mon fils, le dieu a conduit les événements avec sagesse, en te rendant à mes vœux et en te réunissant à moi ; et, à ton tour, tu as retrouvé un père chéri que tu ne connaissais pas. L'objet de tes vives poursuites est aussi mon vœu le plus cher : c'est que tu puisses, mon fils, retrouver une mère, et moi revoir celle qui t'a donné le jour. Mais fions-nous au temps, peut-être il nous la rendra. Quitte le temple qui fut le lieu de ton exil ; partage les sentiments de ton père, et viens à Athènes, où t'attendent son sceptre et son opulence ; ne crains plus qu'on te reproche ta naissance ou ta pauvreté ; aux yeux de tous, tu seras noble et fortuné. Mais tu gardes le silence. Pourquoi baisses-tu les yeux vers la terre ? Quelle inquiétude s'empare de toi ? Un passage si prompt de la joie à la tristesse alarme la tendresse d'un père. ION. 585 Les événements n'ont pas le même aspect lorsqu'ils sont éloignés et lorsqu'on les voit de près. Je rends grâces à ma destinée qui m'a fait retrouver un père tel que toi ; mais écoute ce qui m'occupe. Le peuple de l'illustre Athènes est, dit-on, autochtone, et ne tire pas son origine d'un pays étranger ; je me trouverai là marqué d'une double tache, fils d'un père étranger, et moi-même de naissance illégitime. Chargé de ce grief, si je reste sans pouvoir, on m'appellera un être nul, un homme de rien ; mais si je monte au premier rang et si je veux jouer un rôle, je serai haï du peuple ; car tout ce qui s'élève lui est à charge. D'un autre côté, les bons citoyens, les esprits sages, qui se taisent et s'abstiennent des affaires publiques,


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Dernière mise à jour : 9/10/2009