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[59,4] οὕτω γὰρ καὶ πρὸς πάντα ἐναντίος ἐπεφύκει
ὥστε τὴν μὲν ἀσέλγειαν καὶ τὴν μιαιφονίαν αὐτοῦ, ἐφ´ οἷσπερ
καὶ διέβαλλεν αὐτόν, οὐ μόνον ἐζήλωσεν ἀλλὰ καὶ ὑπερέβαλεν,
ὧν δὲ δὴ ἐπῄνει οὐδὲν ἐμιμήσατο. πρῶτός τε ὑβρίσας αὐτὸν καὶ
πρῶτος λοιδορήσας, ὥστε καὶ τοὺς ἄλλους ἐκ τούτου χαριεῖσθαί
οἱ νομίσαντας προπετεστέρᾳ παρρησίᾳ χρήσασθαι, ἔπειτα καὶ
ἐνεκωμίαζε καὶ ἐσέμνυνεν, ὥστε καὶ κολάσαι τινὰς ἐφ´ οἷς εἰρήκεσαν.
καὶ ἐκείνους τε ἅμα ὡς ἐχθροὺς τοῦ Τιβερίου διὰ τὰς
βλασφημίας, καὶ τοὺς ἐπαινοῦντάς πῃ αὐτὸν ὡς καὶ φίλους, ἐμίσει.
τά τε τῆς ἀσεβείας ἐγκλήματα παύσας πλείστους ὅσους ἐπ´ αὐτοῖς
ἀπώλεσε. καὶ τοῖς συστᾶσιν ἐπί τε τὸν πατέρα καὶ ἐπὶ τὴν
μητέρα τούς τε ἀδελφοὺς αὐτοῦ τήν τε ὀργὴν ἀφείς, ὡς ἔλεγε, καὶ
τὰ γράμματα αὐτῶν καταφλέξας, παμπληθεῖς ἐξ αὐτῶν ἀπέκτεινε·
διέφθειρε μὲν γὰρ ὡς ἀληθῶς γράμματά τινα, οὐ μέντοι κἀκεῖνα
τὰ αὐτόχειρα τὰ τὸν ἀκριβῆ ἔλεγχον ἔχοντα, ἀλλὰ ἀντίγραφα
αὐτῶν ποιήσας. πρὸς δὲ τούτοις εἰκόνας τε ἀπαγορεύσας κατ´
ἀρχὰς μηδένα αὑτοῦ ἱστάναι, καὶ ἐς ἀγαλμάτων ποίησιν προεχώρησε,
καὶ ψηφισθέν ποτε τῇ τύχῃ αὐτοῦ θύεσθαι παρέμενος, ὥστε
καὶ ἐς στήλην αὐτὸ τοῦτ´ ἐγγραφῆναι, καὶ ναοὺς ἑαυτῷ καὶ θυσίας
ὡς καὶ θεῷ γίγνεσθαι ἐκέλευσε. πλήθει τε ἀνθρώπων καὶ ἐρημίᾳ
αὖ ἔχαιρεν, αἰτούμενός τέ τι καὶ μὴ αἰτούμενος αὖ ὠργίζετο.
ὀξύτατά τε πρὸς πράξεις τινὰς ἐφέρετο, καὶ νωθέστατα ἔστιν
ἃς αὐτῶν μετεχειρίζετο. τά τε χρήματα καὶ ἀφειδέστατα ἀνήλισκε
καὶ ῥυπαρώτατα ἠργυρολόγει. τοῖς τε θωπεύουσιν αὐτὸν καὶ τοῖς
παρρησιαζομένοις τι καὶ ἤχθετο ὁμοίως καὶ ἥδετο. καὶ πολλοὺς
μὲν μεγάλα ἀδικήσαντας οὐκ ἐκόλασε, πολλοὺς δὲ μηδὲ ἀδικήσαντας
ἀπέσφαξε. τῶν τε ἑταίρων τοὺς μὲν ὑπερεκολάκευε τοὺς δὲ
ὑπερύβριζεν. ὥστε μηδένα μήθ´ ὅ τι εἰπεῖν μήθ´ ὅ τι ποιῆσαι
χρὴ πρὸς αὐτὸν εἰδέναι, ἀλλ´ ὅσοι τι καὶ κατώρθωσαν, ἐκ συντυχίας
μᾶλλον ἢ γνώμης τυχεῖν αὐτοῦ.
| [59,4] Il était en tout d'une telle inconséquence que,
non seulement il imita, après les avoir critiquées, les débauches
et les cruautés de Tibère, mais que même il les
surpassa et ne fit rien de ce qu'il louait en lui. Après
l'avoir le premier insulté, le premier outragé, au point
que les autres, dans l'espoir de se rendre agréables à
Caius, usaient à l'égard deTibère d'une liberté de langage
téméraire, il lui prodigua les louanges au point
d'en punir quelques-uns pour leurs paroles. Il haïssait
également les uns, à cause de leurs injures, comme ennemis
de Tibère, et les autres, qui lui donnaient des éloges,
comme ses amis. Bien qu'il eût aboli les accusations de
lèse-majesté, il n'en fit pas moins périr un fort grand
nombre de personnes pour ce crime. Après avoir, disait-il,
renoncé à tout ressentiment à l'égard de ceux qui
s'étaient ligués contre son père, sa mère et ses frères, et
avoir brûlé leurs lettres, il fit mettre à mort beaucoup de
personnes d'après ces mêmes lettres : il avait bien, en effet,
anéanti quelques lettres, non pas celles qui, écrites de
la main même des coupables, renfermaient une preuve
convaincante, mais celles qu'il avait fait transcrire. En
outre, après avoir dans le principe, défendu qu'on lui
élevât aucune statue, il alla jusqu'à se consacrer des
images; après avoir refusé un décret portant qu'on offrirait
des sacrifices à sa fortune et même avoir fait graver
officiellement ce refus, il se fit bâtir des temples où on
lui immola des victimes comme à un dieu. Il aimait tantôt
la compagnie, tantôt la solitude. Il se fâchait quand
on lui demandait quelque chose et quand on ne lui demandait
rien. Il y avait des affaires auxquelles il se portait
avec une grande promptitude, d'autres auxquelles
il mettait une grande nonchalance. Il dépensait l'argent
avec profusion et l'amassait par des voies basses
et sales. Il repoussait et accueillait pareillement ceux
qui le flattaient et ceux qui lui parlaient librement. Il
laissa plusieurs grands coupables impunis et livra au
supplice plusieurs innocents. Il usa envers ses amis de
caresses comme d'outrages sans borne. Aussi ne savait-on
ni quel langage ni quelle conduite tenir avec lui ; ceux
qui réussissaient le devaient plutôt au hasard qu'à leur prudence.
| [59,5] τοιούτῳ μὲν τότε αὐτοκράτορι οἱ Ῥωμαῖοι παρεδόθησαν, ὥστε
τὰ τοῦ Τιβερίου ἔργα, καίπερ χαλεπώτατα δόξαντα γεγονέναι, τοσοῦτον
παρὰ τὰ τοῦ Γαΐου ὅσον τὰ τοῦ Αὐγούστου παρ´ ἐκεῖνα
παρενεγκεῖν. Τιβέριος μὲν γὰρ αὐτός τε ἦρχε καὶ ὑπηρέταις τοῖς
ἄλλοις πρός γε τὸ αὑτοῦ βούλημα ἐχρῆτο, Γάιος δὲ ἤρχετο μὲν
καὶ ὑπὸ τῶν ἁρματηλατούντων καὶ ὑπὸ τῶν ὁπλομαχούντων, ἐδούλευε
δὲ καὶ τοῖς ὀρχησταῖς καὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς περὶ τὴν σκηνὴν
ἔχουσι· τὸν γοῦν Ἀπελλῆν τὸν εὐδοκιμώτατον τῶν τότε τραγῳδῶν
καὶ ἐν τῷ δημοσίῳ συνόντα οἱ ἀεὶ εἶχε. κἀκ τούτου χωρὶς μὲν
αὐτὸς χωρὶς δὲ ἐκεῖνοι, πάνθ´ ὅσα ἂν ἄνθρωποι τοιοῦτοι δυνηθέντες
τι τολμήσειαν, ἐπ´ ἐξουσίας ἐποίουν. καὶ γὰρ τὰ ἄλλα τὰ ἐς τὴν
ἐπιτήδευσιν αὐτῶν φέροντα αὐτός τε πολυτελέστατα ἐπὶ πάσῃ προφάσει
καὶ διετίθει καὶ καθίστατο καὶ τοὺς στρατηγοὺς τούς τε
ὑπάτους ποιεῖν ἠνάγκαζεν, ὥστε καθ´ ἑκάστην ὀλίγου ἡμέραν πάντως
τι τοιοῦτον ἄγεσθαι. καὶ αὐτῶν τὰ μὲν πρῶτα θεατὴς καὶ
ἀκροατὴς ἐγίγνετο, συνεσπούδαζέ τέ τισι καὶ ἀντεστασίαζεν ὥσπερ
τις ἐκ τοῦ ὁμίλου ὤν· καί ποτε δυσκολάνας τι τοῖς ἀντικαθεστηκόσιν
οὐκ ἀπήντησεν ἐπὶ τὴν θέαν. προϊόντος δὲ δὴ τοῦ χρόνου
καὶ ἐς ζήλωμα καὶ ἐς ἀγώνισμα πολλῶν προῆλθεν· ἅρματά τε γὰρ
ἤλασε καὶ ἐμονομάχησεν ὀρχήσει τε ἐχρήσατο καὶ τραγῳδίαν ὑπεκρίνατο.
καὶ ταῦτα μέν που ἀεὶ ἐποίει, ἅπαξ δέ ποτε τοὺς πρώτους
τῆς γερουσίας σπουδῇ νυκτὸς ὡς καὶ ἐπ´ ἀναγκαῖόν τι βούλευμα
μεταπεμψάμενος ὠρχήσατο.
| [59,5] Tel était l'empereur à qui les Romains furent alors
livrés, en sorte que les actes de Tibère, bien que passant
pour cruels, furent aussi loin de ceux de Caius que la
conduite d'Auguste l'avait été de celle de Tibère. Tibère,
en effet, gouvernait lui-même, il n'employait les autres
que comme ses ministres et conformément à ses desseins :
Caius se laissait gouverner par des conducteurs de chars
et par des gladiateurs ; il était l'esclave des danseurs et de
tous les gens qui vivent de la scène. Ainsi il avait toujours
à ses côtés, même en public, Apelles, le plus fameux tragédien
de l'époque. Par suite, l'empereur de son côté, les
histrions de l'autre, se portèrent impunément à tous les
excès où peut aller l'audace de gens de cette sorte, quand
ils ont le pouvoir. Il fournissait et établissait lui-même
en toute occasion avec la plus grande somptuosité ce qui
se rapportait à leur art, et il forçait les préteurs et les
consuls d'en faire autant; de sorte qu'il ne se passait
presque pas de jour où il n'y eût quelque spectacle. D'abord
il se contentait de les voir et de les entendre, de
leur témoigner son approbation ou son mécontentement
comme un simple spectateur; un jour même, irrité
contre ses adversaires, il ne vint pas aux jeux. Mais,
dans la suite, il alla jusqu'à imiter les histrions et à lutter
avec plusieurs d'entre eux : il se fit conducteur de chars
et gladiateur; il dansa et il joua la tragédie. C'étaient là
ses occupations pour ainsi dire continuelles; une fois
même, ayant convoqué les principaux sénateurs bien
avant dans la nuit comme pour une délibération d'une
haute importance, il dansa devant eux.
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