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[10,88] Τὸ μέντοι
φάντασμα ἑκάστου τηρητέον καὶ ἐπὶ τὰ συναπτόμενα τούτῳ διαιρετέον, ἃ οὐκ
ἀντιμαρτυρεῖται τοῖς παρ' ἡμῖν γινομένοις πλεοναχῶς συντελεῖσθαι.
« Κόσμος ἐστὶ περιοχή τις οὐρανοῦ, ἄστρα τε καὶ γῆν καὶ πάντα τὰ
φαινόμενα περιέχουσα, οὗ λυομένου πάντα τὰ ἐν αὐτῷ σύγχυσιν λήψεται,
ἀποτομὴν ἔχουσα ἀπὸ τοῦ ἀπείρου καὶ καταλήγουσα ἐν πέρατι ἢ ἀραιῷ ἢ πυκνῷ
καὶ {καὶ λήγουσαν} ἢ ἐν περιαγομένῳ ἢ ἐν στάσιν ἔχοντι καὶ στρογγύλην ἢ
τρίγωνον ἢ οἵαν δήποτε <ἔχουσα> περιγραφήν· πανταχῶς γὰρ ἐνδέχεται· τῶν
γὰρ φαινομένων οὐδὲν ἀντιμαρτυρεῖ <ἐν> τῷδε τῷ κόσμῳ, ἐν ᾧ λῆγον οὐκ ἔστι
καταλαβεῖν.
| [10,88] Il faut prendre garde à chaque phénomène et
diviser les idées qu'il réunit, les choses que nous voyons ne pouvant
servir de preuve qu'ils ne s'opèrent pas de plusieurs manières différentes.
« On comprend dans la notion du monde tout ce qu'embrasse, le contour du
ciel, savoir les astres, la terre et toutes les choses visibles. C'est une
partie détachée de l'infini et terminée par une extrémité, dont l'essence
est ou rare ou dense, et qui, venant à se dissoudre, entraînera la
dissolution de tout ce qu'elle contient, soit que cette matière qui limite
le monde soit en mouvement ou eu repos, et que sa figure soit ronde,
triangulaire ou telle autre ; car cette configuration peut être fort
différente, n'y ayant rien dans les choses visibles qui forme de
difficulté à ce qu'il y ait un monde borné d'une manière qui ne nous soit
pas compréhensible.
| [10,89] « Ὅτι δὲ καὶ τοιοῦτοι κόσμοι εἰσὶν ἄπειροι τὸ πλῆθος ἔστι
καταλαβεῖν, καὶ ὅτι καὶ ὁ τοιοῦτος δύναται κόσμος γίνεσθαι καὶ ἐν κόσμῳ
καὶ μετακοσμίῳ ὃ λέγομεν μεταξὺ κόσμων διάστημα, ἐν πολυκένῳ τόπῳ καὶ οὐκ
ἐν μεγάλῳ εἰλικρινεῖ καὶ κενῷ καθάπερ τινές φασιν, ἐπιτηδείων τινῶν
σπερμάτων ῥυέντων ἀφ' ἑνὸς κόσμου ἢ μετακοσμίου ἢ καὶ ἀπὸ πλειόνων κατὰ
μικρὸν προσθέσεις τε καὶ διαρθρώσεις καὶ μεταστάσεις ποιούντων ἐπ' ἄλλον
τόπον, ἐὰν οὕτω τύχῃ, καὶ ἐπαρδεύσεις ἐκ τῶν ἐχόντων ἐπιτηδείως ἕως
τελειώσεως καὶ διαμονῆς ἐφ' ὅσον τὰ ὑποβληθέντα θεμέλια τὴν προσδοχὴν
δύναται ποιεῖσθαι.
| [10,89] « Et on peut concevoir pur la pensée que le nombre de ces mondes est
infini, et qu'il s'en peut faire un tel que je dis, soit dans le monde
même, soit dans l'espace qui est entre les mondes, par où il faut entendre
un lieu parfaitement vide, et non, comme le veulent quelques auteurs, un
grand espace fort pur, où il n'y a point de vide. Ils prétendent qu'il y a
des semences qui se séparent d'un ou de plusieurs mondes ou des espaces
qui sont entre deux, lesquelles s'augmentent peu à peu, se forment,
changent de place selon que cela se rencontre, et reçoivent une nourriture
convenable qui les perfectionne et leur donne une consistance
proportionnée à la force des fondements qui les reçoivent.
| [10,90] Οὐ γὰρ ἀθροισμὸν δεῖ μόνον γενέσθαι οὐδὲ δῖνον ἐν
ᾧ ἐνδέχεται κόσμον γίνεσθαι κενῷ κατὰ τὸ δοξαζόμενον ἐξ ἀνάγκης, αὔξεσθαί
τε ἕως ἂν ἑτέρῳ προσκρούσῃ, καθάπερ τῶν φυσικῶν καλουμένων φησί τις· τοῦτο
γὰρ μαχόμενόν ἐστι τοῖς φαινομένοις.
« Ἥλιός τε καὶ σελήνη καὶ τὰ λοιπὰ ἄστρα <οὐ> καθ' ἑαυτὰ γενόμενα ὕστερον
ἐμπεριελαμβάνετο ὑπὸ τοῦ κόσμου {καὶ ὅσα γε δὴ σῴζει}, ἀλλ' εὐθὺς
διεπλάττετο καὶ αὔξησιν ἐλάμβανεν {ὁμοίως δὲ καὶ γῆ καὶ θάλαττα} κατὰ
προσκρίσεις καὶ δινήσεις λεπτομερῶν τινων φύσεων, ἤτοι πνευματικῶν ἢ
πυροειδῶν ἢ τὸ συναμφότερον· καὶ γὰρ ταῦτα οὕτως ἡ αἴσθησις ὑποβάλλει.
| [10,90] Mais ce n'est point assez qu'il se fasse un assemblage, et que cet amas
soit accompagné d'un mouvement de tourbillon dans le vide où l'on pense qu'un
tel monde se forme nécessairement, ni qu'il prenne des accroissements
jusqu'à ce qu'il vienne à rencontrer un autre monde, comme dit un de ces
philosophes qui passent pour physiciens; car cela répugne aux phénomènes.
« Le soleil, la lune et les autres astres, n'ayant point été faits pour
exister séparément, ont été ensuite compris dans l'assemblage du
monde entier. Pareillement, la terre, la mer et toutes les espèces
d'animaux, après avoir d'abord reçu leur forme, se sont augmentées par des
accroissements à l'aide des mouvements circulaires d'autres choses
composées de parties fort menues, soit d'air, soit de feu, ou de tous les
deux ensemble; du moins les sens nous le persuadent ainsi.
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