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[10,7] Τόν τε Ἐπίκουρον πολλὰ κατὰ τὸν λόγον ἠγνοηκέναι καὶ πολὺ μᾶλλον κατὰ
τὸν βίον, τό τε σῶμα ἐλεεινῶς διακεῖσθαι, ὡς πολλῶν ἐτῶν μὴ δύνασθαι ἀπὸ τοῦ
φορείου διαναστῆναι· μνᾶν τε ἀναλίσκειν ἡμερησίαν εἰς τὴν τράπεζαν, ὡς
αὐτὸς ἐν τῇ πρὸς Λεόντιον ἐπιστολῇ γράφει καὶ ἐν ταῖς πρὸς τοὺς ἐν
Μυτιλήνῃ φιλοσόφους. Συνεῖναί τε αὐτῷ τε καὶ Μητροδώρῳ ἑταίρας καὶ ἄλλας,
Μαμμάριον καὶ Ἡδεῖαν καὶ Ἐρώτιον καὶ Νικίδιον.
Καὶ ἐν ταῖς ἑπτὰ καὶ τριάκοντα βίβλοις ταῖς Περὶ φύσεως τὰ πλεῖστα ταὐτὰ
λέγειν καὶ ἀντιγράφειν ἐν αὐταῖς ἄλλοις τε καὶ Ναυσιφάνει τὰ πλεῖστα καὶ
αὐτῇ λέξει φάσκειν οὕτως·
« Ἀλλ' ἴτωσαν· εἶχε γὰρ ἐκεῖνος ὠδίνων τὴν ἀπὸ τοῦ στόματος καύχησιν τὴν
σοφιστικήν, καθάπερ καὶ ἄλλοι πολλοὶ τῶν ἀνδραπόδων. »
| [10,7] qu'Épicure ignorait plusieurs choses sur la philosophie,
et encore plus sur la conduite de la vie; que son corps
avait été si cruellement affligé par les maladies, qu'il avait passé
plusieurs années sans pouvoir sortir du lit, ni sans pouvoir se lever de
la chaise sur laquelle on le portait; que la dépense de sa table se
montait par jour à la valeur d'une mine, monnaie attique, comme il le
marque dans la lettre qu'il écrit à Léontie, et dans celle qu'il adresse
aux philosophes de Mitylène, et que Métrodore et lui avaient toujours
fréquenté des femmes de la dernière débauche ; mais surtout Marmarie,
Hédia, Érosie et Nicidia.
Ses envieux veulent que, dans les trente-sept livres qu'il a composés de
la Nature, il y répète souvent la même chose ; qu'il y censure les
ouvrages des autres philosophes, et particulièrement ceux de Nausiphane,
disant de lui mot pour mot :
« Jamais sophiste n'a parlé avec tant d'orgueil et de vanité, et jamais
personne n'a mendié avec tant de bassesse le suffrage du peuple. »
| [10,8] Καὶ αὐτὸν Ἐπίκουρον ἐν ταῖς ἐπιστολαῖς περὶ Ναυσιφάνους λέγειν·
« Ταῦτα ἤγαγεν αὐτὸν εἰς ἔκστασιν τοιαύτην, ὥστε μοι λοιδορεῖσθαι καὶ
ἀποκαλεῖν διδάσκαλον. »
Πλεύμονά τε αὐτὸν ἐκάλει καὶ ἀγράμματον καὶ ἀπατεῶνα καὶ πόρνην·
Τούς τε περὶ Πλάτωνα Διονυσοκόλακας καὶ αὐτὸν Πλάτωνα χρυσοῦν, καὶ
Ἀριστοτέλη ἄσωτον, <ὃν> καταφαγόντα τὴν πατρῴαν οὐσίαν στρατεύεσθαι καὶ
φαρμακοπωλεῖν.
Φορμοφόρον τε Πρωταγόραν καὶ γραφέα Δημοκρίτου καὶ ἐν κώμαις γράμματα
διδάσκειν· Ἡράκλειτόν τε κυκητὴν καὶ Δημόκριτον Ληρόκριτον καὶ Ἀντίδωρον
Σαννίδωρον· τούς τε Κυνικοὺς ἐχθροὺς τῆς Ἑλλάδος· καὶ τοὺς διαλεκτικοὺς
πολυφθόρους, Πύρρωνα δ' ἀμαθῆ καὶ ἀπαίδευτον.
| [10,8] Et dans ses Épîtres contre Nausiphane, il parlait ainsi :
« Ces choses lui avaient tellement fait perdre l'esprit, qu'il m'accablait
d'injures, et se vantait d'avoir été mon maître. »
Il l'appelait Poumon, comme pour montrer qu'il n'avait aucun sentiment. Il
soutenait d'ailleurs qu'il était ignorant, imposteur et efféminé.
Il voulait que les sectateurs de Platon fussent nommés les flatteurs de
Denys, et qu'on lui donnât l'épithète de Doré, comme à un homme plein de
faste ; qu'Aristote s'était abimé dans le luxe ; qu'après la dissipation
de son bien, il avait été contraint de se faire soldat pour subsister, et
qu'il avait été réduit jusqu'à distribuer des remèdes pour de l'argent.
Il donnait à Protagore le nom de porteur de mannequins, celui de scribe et
de maître d'école de village à Démocrite. Il traitait Héraclite d'ivrogne.
Au lieu de nommer Démocrite par son nom, il l'appelait Lémocrite, qui veut
dire chassieux. Il disait qu'Antidore était un enjôleur; que les
cyrénaïques étaient ennemis de la Grèce ; que les dialecticiens crevaient
d'envie, et qu'enfin Pyrrhon était un ignorant et un homme mal élevé.
| [10,9] Μεμήνασι δ' οὗτοι. Τῷ γὰρ ἀνδρὶ μάρτυρες ἱκανοὶ τῆς ἀνυπερβλήτου πρὸς
πάντας εὐγνωμοσύνης ἥ τε πατρὶς χαλκαῖς εἰκόσι τιμήσασα, οἵ τε φίλοι
τοσοῦτοι τὸ πλῆθος ὡς μηδ' ἂν πόλεσιν ὅλαις μετρεῖσθαι δύνασθαι· οἵ τε
γνώριμοι πάντες ταῖς δογματικαῖς αὐτοῦ σειρῆσι προσκατασχεθέντες, πλὴν
Μητροδώρου τοῦ Στρατονικέως πρὸς Καρνεάδην ἀποχωρήσαντος, τάχα βαρυνθέντος
ταῖς ἀνυπερβλήτοις αὐτοῦ χρηστότησιν.
Ἥ τε διαδοχή, πασῶν σχεδὸν ἐκλιπουσῶν τῶν ἄλλων, ἐς ἀεὶ διαμένουσα καὶ
νηρίθμους ἀρχὰς ἀπολύουσα ἄλλην ἐξ ἄλλης τῶν γνωρίμων.
| [10,9] Ceux qui lui font ces reproches n'ont agi sans doute que par un excès
de folie. Ce grand homme a de fameux témoins de son équité et de sa
reconnaissance : l'excellence de son bon naturel lui a toujours fait
rendre justice à tout le monde. Sa patrie célébra cette vérité par les
statues qu'elle dressa pour éterniser sa mémoire. Elle fut consacrée par
ses amis, dont le nombre fut si grand, qu'à peine les villes
pouvaient-elles les contenir, aussi bien que par ses disciples, qui
s'attachèrent à lui par le charme de sa doctrine, laquelle avait, pour
ainsi dire, la douceur des sirènes. Il n'y eut que le seul Métrodore de
Stratonice qui, presque accablé par l'excès de ses bontés, suivit le parti
de Carnéade.
La perpétuité de son école triompha de ses envieux ; et parmi la décadence
de tant d'autres sectes, la sienne se conserva toujours, par une foule
continuelle de disciples qui se succédaient les uns aux autres.
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