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[2,33] Εὐριπίδου δ´ ἐν τῇ αὐτοῦ εἰπόντος περὶ ἀρετῆς,
κράτιστον εἰκῆ ταῦτ´ ἐᾶν ἀφειμένα,
ἀναστὰς ἐξῆλθε, φήσας γελοῖον εἶναι ἀνδράποδον μὲν μὴ εὑρισκόμενον
ἀξιοῦν ζητεῖν, ἀρετὴν δ´ οὕτως ἐᾶν ἀπολωλέναι. ἐρωτηθεὶς
πότερον γήμαι ἢ μή, ἔφη, "ὃ ἂν αὐτῶν ποιήσῃς, μεταγνώσῃ."
ἔλεγέ τε θαυμάζειν τῶν τὰς λιθίνας εἰκόνας κατασκευαζομένων
τοῦ μὲν λίθου προνοεῖν ὅπως ὁμοιότατος ἔσται, αὑτῶν δ´ ἀμελεῖν,
ὡς μὴ ὁμοίους τῷ λίθῳ φαίνεσθαι. ἠξίου δὲ καὶ τοὺς νέους
συνεχὲς κατοπτρίζεσθαι, ἵν´ εἰ μὲν καλοὶ εἶεν, ἄξιοι γίγνοιντο·
εἰ δ´ αἰσχροί, παιδείᾳ τὴν δυσείδειαν ἐπικαλύπτοιεν.
| [2,33] Euripide, dans son Augès, ayant dit de la vertu : « Le mieux est de
l’abandonner », Socrate se leva et quitta le spectacle, en déclarant qu’il était
ridicule de laisser ainsi périr la vertu, quand on se donne tant de peine pour
rechercher un esclave perdu. On le consultait souvent pour savoir si on
devait se marier. Il répondait : « Quoi que vous fassiez, vous vous en
repentirez. » Il s’étonnait de voir les sculpteurs faire effort pour créer
des statues ressemblant fidèlement au modèle, et les hommes se
désintéresser totalement de rester semblables à leur statue. Il
conseillait aux jeunes gens de se regarder souvent dans une glace : «
Si vous êtes beaux, disait-il, restez dignes de votre beauté ; si vous
êtes laids, faites oublier votre laideur par votre savoir. »
| [2,34] Καλέσας ἐπὶ δεῖπνον πλουσίους, καὶ τῆς Ξανθίππης αἰδουμένης
ἔφη, "θάρρει· εἰ μὲν γὰρ εἶεν μέτριοι, συμπεριενεχθεῖεν
ἄν· εἰ δὲ φαῦλοι, ἡμῖν αὐτῶν οὐδὲν μελήσει." ἔλεγέ τε τοὺς μὲν
ἄλλους ἀνθρώπους ζῆν ἵν´ ἐσθίοιεν· αὐτὸν δὲ ἐσθίειν ἵνα ζῴη.
πρὸς τὸ οὐκ ἀξιόλογον πλῆθος ἔφασκεν ὅμοιον εἴ τις τετράδραχμον
ἓν ἀποδοκιμάζων τὸν ἐκ τῶν τοιούτων σωρὸν ὡς δόκιμον ἀποδέχοιτο.
Αἰσχίνου δὲ εἰπόντος, "πένης εἰμὶ καὶ ἄλλο μὲν οὐδὲν
ἔχω, δίδωμι δέ σοι ἐμαυτόν," "ἆρ´ οὖν," εἶπεν, "οὐκ αἰσθάνῃ
τὰ μέγιστά μοι διδούς;" πρὸς τὸν ἀποδυσπετοῦντα ἐπὶ τῷ παρορᾶσθαι
ὁπότε ἐπανέστησαν οἱ τριάκοντα, "ἆρα," ἔφη, "μήτι σοι μεταμέλει;"
| [2,34] Il invita un jour des gens riches à dîner. Xanthippe en était toute
confuse : « Va, lui dit-il, ne te tourmente pas, s’ils sont sobres, ils
s’assiéront à table volontiers, et si ce sont de mauvaises gens, ne
prenons pas tant de souci : ils n’en valent pas la peine. » Il disait que
tout le monde vivait pour manger, mais que lui mangeait pour vivre.
De la foule méprisable, il disait qu’elle était comme un homme qui
refuserait un tétradrachme, mais qui en prendrait volontiers un tas.
Comme Eschine lui disait : « Je suis pauvre, et je ne possède rien,
mais je me donne moi-même à vous. » « Ne sens-tu pas, dit-il, la
grandeur du présent que tu me fais ? » Quelqu’un s’étant plaint à lui
d’être méprisé depuis que les Trente gouvernaient la ville : « C’est
donc là, demanda-t-il, tout ce qui vous chagrine ? »
| [2,35] πρὸς τὸν εἰπόντα, "θάνατόν σου κατέγνωσαν
Ἀθηναῖοι," "κἀκείνων," εἶπεν, "ἡ φύσις." οἱ δὲ τοῦτ´ Ἀναξαγόραν
φασίν. τῆς γυναικὸς εἰπούσης, "ἀδίκως ἀποθνήσκεις,"
"σὺ δέ," ἔφη, "δικαίως ἐβούλου;" ὄναρ δόξας τινὰ αὐτῷ λέγειν,
ἤματί κεν τριτάτῳ Φθίην ἐρίβωλον ἵκοιο,
πρὸς Αἰσχίνην ἔφη, "εἰς τρίτην ἀποθανοῦμαι." μέλλοντί τε
αὐτῷ τὸ κώνειον πίεσθαι Ἀπολλόδωρος ἱμάτιον ἐδίδου καλόν, ἵν´
ἐν ἐκείνῳ ἀποθάνῃ. καὶ ὅς, "τί δέ," ἔφη, "τὸ ἐμὸν ἱμάτιον
ἐμβιῶναι μὲν ἐπιτήδειον, ἐναποθανεῖν δὲ οὐχί;" πρὸς τὸν εἰπόντα,
"κακῶς ὁ δεῖνά σε λέγει," "καλῶς γάρ," ἔφη, "λέγειν οὐκ ἔμαθε."
| [2,35] Quand on vint lui annoncer que les Athéniens l’avaient condamné à
mort, il répondit que la nature en avait fait autant pour eux (réponse
attribuée aussi à Anaxagore), et comme sa femme se lamentait de le
voir mourir injustement : « Voulais-tu donc, lui dit-il, que ce fût
justement ? » Ayant rêvé qu’on lui disait : « Dans deux jours, tu iras
dans la féconde Phthie », il dit à Eschine : « Dans deux jours, je
mourrai. » Quand il lui fallut boire la ciguë, Apollodore lui donna un
beau manteau afin qu’il le mît pour mourir, mais Socrate lui dit : «
Mon vieux manteau était bon quand je vivais, n’est-il plus convenable
pour mourir ? » On lui disait : « Un tel parle mal de vous. » Il
répondait : « C’est qu’il n’a pas appris à bien parler. »
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