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[2,36] στρέψαντος δὲ Ἀντισθένους τὸ διερρωγὸς τοῦ τρίβωνος
εἰς τοὐμφανές, "ὁρῶ σου," ἔφη, "διὰ τοῦ τρίβωνος τὴν κενοδοξίαν."
πρὸς τὸν εἰπόντα, "οὐ σοὶ λοιδορεῖται ὁ δεῖνα;", "οὐχί,"
ἔφη· "ἐμοὶ γὰρ οὐ πρόσεστι ταῦτα." ἔλεγε δὲ τοῖς κωμικοῖς
δεῖν ἐπίτηδες ἑαυτὸν διδόναι· εἰ μὲν γάρ τι τῶν προσόντων λέξειαν,
διορθώσονται· εἰ δ´ οὔ, οὐδὲν πρὸς ἡμᾶς. πρὸς Ξανθίππην πρότερον
μὲν λοιδοροῦσαν, ὕστερον δὲ καὶ περιχέασαν αὐτῷ, "οὐκ
ἔλεγον," εἶπεν, "ὅτι Ξανθίππη βροντῶσα καὶ ὕδωρ ποιήσει;"
πρὸς Ἀλκιβιάδην εἰπόντα ὡς οὐκ ἀνεκτὴ ἡ Ξανθίππη λοιδοροῦσα,
"ἀλλ´ ἔγωγ´," ἔφη, "συνείθισμαι, καθαπερεὶ καὶ τροχιλίας ἀκούων συνεχές.
| [2,36] Antisthène montra le pan de son manteau tout déchiré. « Je vois ta
vanité par les trous », lui dit-il. « Un tel vous injurie », lui disait-on, il
répondait : «Mais non, ce qu’il dit ne se rapporte pas à moi. » Il estimait
nécessaire et convenable de s’exposer aux critiques des auteurs
comiques : « S’ils citent des défauts qui sont réellement en moi, ils
me corrigent ; sinon, qu’importe ! »
Sa femme Xanthippe, non contente de l’injurier, lui jeta un jour de
l’eau à la tête. « N’avais-je pas prédit que tant de tonnerre amènerait
la pluie ? » Comme Alcibiade se plaignait qu’elle fût
insupportable avec ses criailleries, Socrate lui dit : « J’y suis pourtant
habitué comme si j’entendais continuellement crier des oies.
| [2,37] καὶ σὺ μέν," εἶπε, "χηνῶν βοώντων ἀνέχῃ;"
τοῦ δὲ εἰπόντος, "ἀλλά μοι ᾠὰ καὶ νεοττοὺς τίκτουσι," "κἀμοί,"
φησί, "Ξανθίππη παιδία γεννᾷ." ποτὲ αὐτῆς ἐν ἀγορᾷ καὶ
θοἰμάτιον περιελομένης συνεβούλευον οἱ γνώριμοι χερσὶν ἀμύνασθαι·
"νὴ Δί´," εἶπεν, "ἵν´ ἡμῶν πυκτευόντων ἕκαστος ὑμῶν
λέγῃ, εὖ Σώκρατες, εὖ Ξανθίππη;" ἔλεγε συνεῖναι τραχείᾳ
γυναικὶ καθάπερ οἱ ἱππικοὶ θυμοειδέσιν ἵπποις. "ἀλλ´ ὡς ἐκεῖνοι,"
φησί, "τούτων κρατήσαντες ῥᾳδίως τῶν ἄλλων περιγίνονται,
οὕτω κἀγὼ Ξανθίππῃ χρώμενος τοῖς ἄλλοις ἀνθρώποις
συμπεριενεχθήσομαι."
Ταῦτα δὴ καὶ τοιαῦτα λέγων καὶ πράττων πρὸς τῆς Πυθίας
ἐμαρτυρήθη, Χαιρεφῶντι ἀνελούσης ἐκεῖνο δὴ τὸ περιφερόμενον.
ἀνδρῶν ἁπάντων Σωκράτης σοφώτατος.
| [2,37] Tu supportes bien, toi, le cri de tes oies ? » « C’est, répondait
Alcibiade, qu’elles me donnent des oeufs et des oisons. » Et Socrate
de répliquer : « C’est pareil pour moi, ma femme me fait des enfants. »
Un autre jour, en pleine place, elle lui avait arraché son manteau, et
ses amis lui conseillaient de la punir par quelques gifles : « Bien sûr,
dit-il, pour que nous nous battions à coups de poings, et que chacun
de vous nous encourage en disant : « Vas-y, Socrate ! vas-y,
Xanthippe ! » Il disait qu’il en était des femmes irascibles comme des
chevaux rétifs. Quand les cavaliers ont pu dompter ceux-ci, ils n’ont
aucune peine à venir à bout des autres. Lui-même, s’il savait vivre
avec sa femme, en saurait beaucoup plus aisément vivre avec les
autres gens. Ces belles paroles et cette belle conduite furent cause que
la Pythie le loua publiquement en donnant à Chéréphon cet
oracle si connu : "De tous les hommes Socrate est le plus sage".
| [2,38] ἀφ´ οὗ δὴ καὶ ἐφθονήθη μάλιστα· καὶ δὴ καὶ ὅτι διήλεγχε τοὺς
μέγα φρονοῦντας ἐφ´ ἑαυτοῖς ὡς ἀνοήτους, καθάπερ ἀμέλει καὶ
Ἄνυτον, ὡς καὶ ἐν τῷ Πλάτωνός ἐστι Μένωνι. οὗτος
γὰρ οὐ φέρων τὸν ὑπὸ Σωκράτους χλευασμὸν πρῶτον μὲν ἐπήλειψεν
αὐτῷ τοὺς περὶ Ἀριστοφάνην, ἔπειτα καὶ Μέλητον συνέπεισεν
ἀπενέγκασθαι κατ´ αὐτοῦ γραφὴν ἀσεβείας καὶ τῶν νέων διαφθορᾶς.
Ἀπηνέγκατο μὲν οὖν τὴν γραφὴν ὁ Μέλητος, εἶπε δὲ τὴν
δίκην Πολύευκτος, ὥς φησι Φαβωρῖνος ἐν Παντοδαπῇ ἱστορίᾳ
συνέγραψε δὲ τὸν λόγον Πολυκράτης ὁ σοφιστής,
ὥς φησιν Ἕρμιππος, ἢ Ἄνυτος, ὥς τινες· προητοίμασε
δὲ πάντα Λύκων ὁ δημαγωγός.
| [2,38] C’est à partir de ce moment qu’il fut en butte à l’envie ; d’autant qu’il
déclarait que ceux qui avaient une grande opinion d’eux-mêmes
étaient des sots, et de ce nombre fut sûrement Anytos, comme il
est écrit dans le Ménon de Platon. Celui-là, ne pouvant en effet
souffrir les railleries de Socrate, excita d’abord contre lui Aristophane
et sa bande, et persuada ensuite à Mélitos de lui intenter un procès
d’impiété et de corruption de la jeunesse. Ce fut en effet Mélitos qui
intenta l’accusation, Polyeuctos qui la soutint de sa plaidoirie (cf.
Phavorinos, Mélanges historiques), laquelle fut écrite par le sophiste
Polycrate, selon Hermippe, par Anytos selon d’autres, et ce fut
l’orateur Lycon qui prépara les pièces du procès.
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