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[2,21] γνόντα δὲ τὴν φυσικὴν θεωρίαν μηδὲν εἶναι πρὸς ἡμᾶς, τὰ ἠθικὰ
φιλοσοφεῖν ἐπί τε τῶν ἐργαστηρίων καὶ ἐν τῇ ἀγορᾷ· κἀκεῖνα δὲ
φάσκειν ζητεῖν,
ὅττι τοι ἐν μεγάροισι κακόν τ´ ἀγαθόν τε τέτυκται.
πολλάκις δὲ βιαιότερον ἐν ταῖς ζητήσεσι διαλεγόμενον κονδυλίζεσθαι
καὶ παρατίλλεσθαι, τὸ πλέον τε γελᾶσθαι καταφρονούμενον·
καὶ πάντα ταῦτα φέρειν ἀνεξικάκως. ὅθεν καὶ λακτισθέντα,
ἐπειδὴ ἠνέσχετο, τινὸς θαυμάσαντος, εἰπεῖν, "εἰ δέ με ὄνος
ἐλάκτισε, δίκην ἂν αὐτῷ ἐλάγχανον;" καὶ ταῦτα μὲν ὁ Δημήτριος.
| [2,21] Il ajoute que Socrate, ayant compris que l’étude du monde
ne nous était d’aucun profit, laissa de côté la physique, pour étudier
la morale ; qu’il en discutait dans les boutiques et sur la place
publique, déclarant rechercher « ce qui est bien et ce qui est mal dans
les maisons ». Souvent, au cours de ses recherches, il discutait avec
véhémence, lançait les poings en avant, ou s’arrachait les cheveux, ne
se souciant aucunement des rires qu’il soulevait, les supportant au
contraire avec calme. Un jour même, il reçut un coup de pied sans se
fâcher, et comme on s’en étonnait, il dit : « Si c’était un âne qui
m’avait frappé, lui intenterais-je un procès ? » Voilà ce que nous
rapporte Démétrios.
| [2,22] Ἀποδημίας δὲ οὐκ ἐδεήθη, καθάπερ οἱ πλείους, πλὴν εἰ μὴ
στρατεύεσθαι ἔδει. τὸ δὲ λοιπὸν αὐτόθι μένων φιλονεικότερον
συνεζήτει τοῖς προσδιαλεγομένοις, οὐχ ὥστε ἀφελέσθαι τὴν δόξαν
αὐτούς, ἀλλ´ ὥστε τὸ ἀληθὲς ἐκμαθεῖν πειρᾶσθαι. φασὶ
δ´ Εὐριπίδην αὐτῷ δόντα τὸ Ἡρακλείτου σύγγραμμα
ἐρέσθαι, "τί δοκεῖ;" τὸν δὲ φάναι, "ἃ μὲν συνῆκα, γενναῖα·
οἶμαι δὲ καὶ ἃ μὴ συνῆκα· πλὴν Δηλίου γέ τινος δεῖται κολυμβητοῦ."
Ἐπεμελεῖτο δὲ καὶ σωμασκίας, καὶ ἦν εὐέκτης. ἐστρατεύσατο
γοῦν εἰς Ἀμφίπολιν· καὶ Ξενοφῶντα ἀφ´ ἵππου πεσόντα ἐν τῇ
| [2,22] Au contraire des autres philosophes, il ne désira pas voyager, et, sauf
pour aller à l’armée, il passa son temps à Athènes, discutant à
l’envi avec ses compagnons d’entretien, non pas tant pour les faire
changer d’opinion que pour s’efforcer d’apprendre le vrai des choses.
On raconte qu’Euripide lui donna un jour à lire les ouvrages
d’Héraclite, et lui demanda ce qu’il en pensait. Socrate répondit : « Ce
que j’en ai compris me paraît génial ; pour le reste, que je n’ai pas
compris, je crois qu’il en est de même, mais j’aurais besoin pour
interprète d’un bon nageur de Délos. »
Il était fervent adepte des sports, et vigoureux. On sait qu’il fit
campagne à Amphipolis, qu’il releva Xénophon tombé de cheval
| [2,23] κατὰ Δήλιον μάχῃ διέσωσεν ὑπολαβών. ὅτε καὶ πάντων φευγόντων
Ἀθηναίων αὐτὸς ἠρέμα ἀνεχώρει, παρεπιστρεφόμενος ἡσυχῇ
καὶ τηρῶν ἀμύνασθαι εἴ τις οἱ ἐπέλθοι. ἐστρατεύσατο δὲ καὶ εἰς
Ποτίδαιαν διὰ θαλάττης· πεζῇ γὰρ οὐκ ἐνῆν τοῦ πολέμου κωλύοντος.
ὅτε καὶ μεῖναι νυκτὸς ὅλης ἐφ´ ἑνὸς σχήματος αὐτόν φασι,
καὶ ἀριστεύσαντα αὐτόθι παραχωρῆσαι Ἀλκιβιάδῃ τοῦ ἀριστείου·
οὗ καὶ ἐρασθῆναί φησιν αὐτὸν Ἀρίστιππος ἐν τετάρτῳ Περὶ
παλαιᾶς τρυφῆς. Ἴων δὲ ὁ Χῖος καὶ νέον
ὄντα εἰς Σάμον σὺν Ἀρχελάῳ ἀποδημῆσαι· καὶ Πυθώδε ἐλθεῖν
Ἀριστοτέλης φησίν· ἀλλὰ καὶ εἰς Ἰσθμόν, ὡς Φαβωρῖνος
ἐν τῷ πρώτῳ τῶν Ἀπομνημευμάτων.
| [2,23] dans un combat à Délium et lui sauva la vie. Tandis que tous les
Athéniens fuyaient à belles jambes, il fit une retraite lente et calme,
se retournant tranquillement de temps à autre, prêt à repousser
quiconque lui sauterait dessus. Il fut encore de l’expédition de
Potidée, expédition maritime, car toute attaque terrestre était
alors impossible. C’est alors, raconte-t-on, qu’il resta toute une nuit
dans la même posture, et que s’étant conduit en brave dans la
bataille, il en céda l’honneur à Alcibiade, dont il était épris, dit-on (cf.
Aristippe, Plaisirs des anciens). Ion de Chios déclare que dans sa
jeunesse il quitta son dème pour aller à Samos, fréquenter Archélaos,
et Aristote dit qu’il alla à Delphes. Phavorinos (Mémoires, liv. I) dit
qu’il alla dans l’Isthme.
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