[20,39] ὁ δ´ Ἀγαθοκλῆς ἀφεὶς τὸ διώκειν τούτους ὥρμησεν
ἐπὶ τοὺς καταφυγόντας βαρβάρους εἰς τὴν παρεμβολὴν
καὶ προσβιαζόμενος τόποις προσάντεσι καὶ δυσπροσίτοις οὐχ
ἧττον ἔπασχεν ἢ διετίθει τοὺς Καρχηδονίους.
οὐ μὴν ἔληγε τῆς τόλμης, ἀλλὰ τῇ νίκῃ μετεωριζόμενος
ἐνέκειτο, διαλαμβάνων κατὰ κράτος αἱρήσειν τὴν στρατοπεδείαν.
ἐν τοσούτῳ δὲ τὸ τέλος τῆς μάχης καραδοκοῦντες οἱ
Νομάδες ταῖς μὲν τῶν Καρχηδονίων
ἀποσκευαῖς οὐχ οἷοί τε ἦσαν ἐπιθέσθαι διὰ τὸ τὰς
δυνάμεις ἀμφοτέρας πλησίον τῆς παρεμβολῆς ἀγωνίζεσθαι, ἐπὶ δὲ
τὴν τῶν Ἑλλήνων στρατοπεδείαν ὥρμησαν, εἰδότες τὸν
Ἀγαθοκλέα μακρὰν ἀπεσπασμένον.
ἐρήμου δ´ αὐτῆς οὔσης τῶν δυναμένων ἀμύνασθαι
ῥᾳδίως ἐπιπεσόντες τοὺς μὲν ἀντιστάντας ὀλίγους
ὄντας ἀπέκτειναν, αἰχμαλώτων δὲ πλήθους καὶ τῆς
ἄλλης ὠφελείας ἐκυρίευσαν. ἃ δὴ πυθόμενος ὁ Ἀγαθοκλῆς ἦγε
κατὰ τάχος τὴν δύναμιν καὶ τινὰ μὲν τῶν
ἀφηρπασμένων ἀνέσωσε, τῶν δὲ πλείστων οἱ Νομάδες
ἐκυρίευον καὶ νυκτὸς ἐπιγενομένης μακρὰν ἑαυτοὺς ἐξετόπισαν.
ὁ δὲ δυνάστης στήσας τρόπαιον τὰ μὲν
λάφυρα διείλετο τοῖς στρατιώταις, ὅπως μηδεὶς ἀγανακτήσῃ περὶ
τῶν ἀπολωλότων, τοὺς δ´ αἰχμαλώτους
Ἕλληνας τοὺς συστρατευσαμένους τοῖς Καρχηδονίοις
εἴς τι φρούριον ἀπέθετο. οὗτοι μὲν οὖν εὐλαβούμενοι
τὴν ἀπὸ τοῦ δυνάστου τιμωρίαν νυκτὸς ἐπέθεντο τοῖς
ἐν τῷ φρουρίῳ καὶ τῇ μάχῃ κρατούμενοι κατελάβοντο
τόπον ἐρυμνόν, ὄντες οὐκ ἐλάττους τῶν χιλίων, ὧν
ἦσαν Συρακόσιοι πλείους τῶν πεντακοσίων· Ἀγαθοκλῆς
δὲ πυθόμενος τὸ πεπραγμένον ἧκε μετὰ τῆς δυνάμεως
καὶ καταβιβάσας ὑποσπόνδους τοὺς ἐπιθεμένους ἅπαν τας
ἀπέσφαξεν.
| [20,39] Agathocle cessa la poursuite, et marcha contre
les Barbares qui s'étaient réfugiés dans leur camp. Dans
cette nouvelle attaque, Agathocle eut autant à lutter contre
la difficulté du chemin que contre les Carthaginois eux-mêmes.
Néanmoins il ne démentit pas son audace, et,
exalté par la victoire, il brûlait d'emporter d'assaut le
camp des Carthaginois. Pendant ce temps, les Numides,
qui attendaient l'issue de la bataille, ne pouvaient pas se
jeter sur les bagages des Carthaginois, parce que la lutte
entre les deux armées avait lieu trop près du camp; ils se
portèrent donc sur celui des Grecs, voyant qu'Agathocle
sen était très éloigné. Les Numides pénétrèrent ainsi
facilement dans le camp laissé sans défense ; ils tuèrent
le petit nombre de ceux qui leur opposaient quelque résistance,
et firent une foule de prisonniers ainsi qu'un immense butin.
Prévenu de cette attaque, Agathocle se
tourna rapidement contre les Numides, leur reprit une
partie des bagages ; mais la plus grande partie resta entre
les mains des Numides qui, à la faveur de la nuit, s'éloignèrent
à une grande distance. Agathocle éleva un trophée,
et partagea les dépouilles entre ses soldats, afin de les
dédommager de celles qu'ils venaient de perdre. Quant
aux prisonniers grecs qui avaient servi dans l'armée des
Carthaginois, il les fit déposer dans une place forte. Ces
prisonniers, redoutant la vengeance du tyran, attaquèrent
pendant la nuit la garnison de la forteresse; vaincus dans
un combat, ils allèrent occuper une position forte, au
nombre de mille environ, dont plus de cinq cents Syracusains.
Informé de cet événement Agathocle arriva avec
son armée, entra en négociation avec les Grecs qui, sur la
foi d'un traité, quittèrent la hauteur où ils s'étaient retirés.
A peine en furent-ils descendus qu'Agathocle les passa
tous au fil de l'épée.
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