[17,83] μετὰ δὲ ταῦτα παρελθὼν πλησίον τοῦ Καυκάσου
κατεστρατοπέδευσεν, ὅ τινες Παροπάνισον ὄρος
προσαγορεύουσι. τὸ δ' ὄρος τοῦτο κατὰ πλάτος διελθὼν
ἐν ἡμέραις ἑκκαίδεκα πόλιν ἔκτισε κατὰ τὴν εἰσβολὴν
τὴν φέρουσαν εἰς τὴν ᾿Ινδικήν, ἣν ὠνόμασεν
᾿Αλεξάνδρειαν. κατὰ δὲ μέσον τὸν Καύκασον ἔστι πέτρα
δέκα σταδίων ἔχουσα τὴν περίμετρον, τεττάρων δὲ
σταδίων τὸ ὕψος, ἐν ᾗ καὶ τὸ Προμηθέως σπήλαιον
ἐδείκνυθ' ὑπὸ τῶν ἐγχωρίων καὶ ἡ τοῦ μυθολογηθέντος
ἀετοῦ κοίτη καὶ τὰ τῶν δεσμῶν σημεῖα. (2) ὁ δ'
᾿Αλέξανδρος καὶ ἄλλας πόλεις ἔκτισεν, ἡμέρας ὁδὸν
ἀπέχουσας τῆς ᾿Αλεξανδρείας. κατῴκισε δ' εἰς ταύτας
τῶν μὲν βαρβάρων ἑπτακισχιλίους, τῶν δ' ἐκτὸς τάξεως
συνακολουθούντων τρισχιλίους καὶ τῶν μισθοφόρων
τοὺς βουλομένους. (3) αὐτὸς δὲ ἀναλαβὼν τὴν δύναμιν
προῆγεν εἰς τὴν Βακτριανήν, ἀκούων τὸν Βῆσσον
διάδημά τε ἀνειληφέναι καὶ δυνάμεις ἀθροίζειν. καὶ τὰ
μὲν περὶ ᾿Αλέξανδρον ἐν τούτοις ἦν.
{XXVI} (4) οἱ δ' εἰς τὴν ᾿Αρίαν ἀπεσταλμένοι στρατηγοὶ
καταλαβόντες τοὺς ἀφεστηκότας δυνάμεις ἀξιολόγους
ἠθροικότας καὶ στρατηγὸν ἔχοντας Σατιβαρζάνην,
ἄνδρα στρατηγικὸν καὶ ἀνδρείᾳ διαφέροντα,
κατεστρατοπέδευσαν πλησίον τῶν πολεμίων.
γινομένων δὲ πολλάκις ἀκροβολισμῶν μέχρι μέν τινος
μάχαι κατ' ὀλίγους ἐγίνοντο, (5) μετὰ δὲ ταῦτα
παρατάξεως γενομένης καὶ τῶν βαρβάρων ἰσόμαχον
ποιούντων τὸν κίνδυνον ὁ τῶν ἀποστατῶν στρατηγὸς
Σατιβαρζάνης, ἀφελὼν ταῖς χερσὶ τὸ περὶ τὴν κεφαλὴν
κράνος καὶ δείξας αὑτὸν ὃς ἦν, προεκαλέσατο τὸν
βουλόμενον τῶν στρατηγῶν μονομαχῆσαι. (6)
ὑπακούσαντος δὲ τοῦ ᾿Εριγυιοῦ καὶ γενομένης μάχης
ἡρωικῆς συνέβη νικῆσαι τὸν ᾿Εριγυιόν. οἱ δὲ βάρβαροι
διὰ τὸν τοῦ στρατηγοῦ θάνατον καταπλαγέντες καὶ
λαβόντες τὴν ἀσφάλειαν παρέδωκαν ἑαυτοὺς τῷ βασιλεῖ.
{XXVII} (7) Βῆσσος δ' ἑαυτὸν ἀναδεδειχὼς βασιλέα τοῖς θεοῖς
ἔθυσε καὶ τοὺς φίλους παραλαβὼν εἰς τὴν εὐωχίαν κατὰ
τὸν πότον διηνέχθη πρός τινα τῶν ἑταίρων, ὄνομα
Βαγωδάραν. τῆς δὲ φιλοτιμίας ἐπὶ πλέον προελθούσης ὁ
μὲν Βῆσσος παροξυνθεὶς ἐπεβάλετο τὸν Βαγωδάραν
ἀνελεῖν καὶ ὑπὸ τῶν φίλων πεισθεὶς μετενόησεν. (8) ὁ δὲ
τὸν κίνδυνον ἐκφυγὼν νυκτὸς ἔφυγε πρὸς τὸν
᾿Αλέξανδρον. τῇ δὲ τούτου σωτηρίᾳ καὶ ταῖς
δοθησομέναις ὑπ' ᾿Αλεξάνδρου δωρεαῖς προκληθέντες
οἱ μέγιστοι τῶν ἡγεμόνων συνεφρόνησαν καὶ
συλλαβόντες τὸν Βῆσσον ἀπήγαγον πρὸς τὸν
᾿Αλέξανδρον. (9) ὁ δὲ βασιλεὺς τούτους μὲν ἐτίμησεν
ἀξιολόγοις δωρεαῖς, τὸν δὲ Βῆσσον παρέδωκε τῷ
ἀδελφῷ τοῦ Δαρείου καὶ τοῖς ἄλλοις συγγενέσιν εἰς
τιμωρίαν. οἱ δὲ πᾶσαν ὕβριν καὶ αἰκίαν
προσενεγκάμενοι καὶ τὸ σῶμα κατὰ λεπτὸν
συγκόψαντες τὰ μέλη διεσφενδόνησαν.
{XXVIII-XLIII}
| [17,83] Alexandre sortant de là vint camper auprès du Caucase, que quelques-
uns appellent encore le mont Paropamison, comme appartenant au pays
des Paropamisades. Ayant traversé en seize jours cette montagne dans le
sens de sa largeur, il bâtit au pied de sa descente du côté qui conduit à la
Médie, une ville qu-il fit appeler Alexandrie. Il y a au milieu du mont
Caucase un rocher qui a dix stades de tour et quatre de hauteur. On y voit
une caverne que les habitants du lieu disent être celle de Prométhée. Ils y
montrent les chaînes dont on l'avait lié et le nid du vautour qui lui déchirait
le foie. (2) Alexandre fit bâtir aux environs quelques autres villes toutes
distantes d'une journée de celle qu'il avait fait appeler Alexandrie. Il y fit
loger sept mille barbares de la contrée, trois mille des surnuméraires qui
suivaient son camp et ceux de ses soudoyés qui voulurent s'y établir. (3)
Mais pour lui, il prit avec son armée le chemin de la Bactriane sur la
nouvelle qu'il avait reçue que Bessus avait usurpé le sceptre dans cette
province et qu'il assemblait des troupes. Voila ce qui concerne
actuellement la personne d'Alexandre.
(4) Cependant les généraux qu'il avait envoyés contre les Ariens,
trouvèrent les révoltés sous les armes en assez grand nombre et en bon
ordre, ayant à leur tête le satrape Satibarzane, vaillant homme et qui savait
la guerre. Ils campèrent néanmoins fort près de lui : ce qui donna lieu à
différentes escarmouches, peu considérables d'abord par le nombre, mais
qui aboutirent enfin à une bataille en forme. (5) Les barbares y avaient tenu
la défense et la perte égale de part et d'autre, lorsque Satibarzane ôtant
avec la main son casque de dessus sa tête et se faisant connaître aux
ennemis, offrit le combat singulier à celui d'entre eux qui voudrait en faire
l'essai. (6) Erigyus accepta l'offre et le combat s'étant donné dans les
règles, Erigyus demeura vainqueur. Alors les barbares déconcertés de la
chute de leur général, prirent le parti le plus sûr et se soumirent à Alexandre.
(7) De son côté Bessus se portant toujours pour roi y fit un sacrifice aux
dieux, à la fuite duquel il invita ses amis à un festin : dans la chaleur du
vin, il prit querelle avec un de ses convives nommé Bagodaras et la
dispute en vint au point que Bessus était sur le point de le tuer; à quoi
pourtant les amis de l'un et de l'autre convive mirent obstacle : (8)
cependant celui qui avait couru le risque jugea a propos dés la nuit
suivante de se réfugier auprès d'Alexandre. La réception favorable que lui
fit le roi, et les présents dont il accompagna son accueil furent un appas
dont l'exemple lui gagna l'affection des principaux officiers de Bessus, de
sorte que le liant eux-mêmes, ils l'amenèrent de force à Alexandre. (9) Le
roi les récompensa amplement de ce service. Il livra Bessus au frère de
Darius et aux autres parents du feu Roi pour le punir du meurtre de ce
prince et de sa rébellion. Ceux-ci lui firent subir toute sorte d'affronts et de
tourments, et ayant enfin coupé son corps en petits morceaux, ils les
jetèrent çà et là avec des frondes. La reine admirant en cette occasion la
générosité d'Alexandre, lui envoya des présents considérables pour lui
marquer sa reconnaissance et lui promit de se conformer en tout a ses volontés.
{XXVIII-XLIII}
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