[17,5] Ἡμεῖς δ' ἐπεὶ τὰ κατὰ τὴν ῾Ελλάδα διήλθομεν, μεταβιβάσομεν τὸν λόγον
ἐπὶ τὰς κατὰ τὴν ᾿Ασίαν πράξεις.
{II} Μετὰ γὰρ τὴν Φιλίππου τελευτὴν ῎Ατταλος τὸ μὲν πρῶτον ἐπεχείρει
νεωτερίζειν καὶ πρὸς ᾿Αθηναίους συνετίθετο κοινοπραγίαν κατ' ᾿Αλεξάνδρου,
ὕστερον δὲ μετανοήσας τὴν μὲν ἀποδοθεῖσαν αὐτῷ παρὰ Δημοσθένους
ἐπιστολὴν τηρήσας ἀπέστειλε πρὸς ᾿Αλέξανδρον καὶ λόγοις φιλανθρώποις
ἐπειρᾶτο τὰς καθ' αὑτοῦ διαβολὰς ἀποτρίβεσθαι·
(2) Τοῦ δ' ῾Εκαταίου κατὰ τὰς τοῦ βασιλέως ἐντολὰς
δολοφονήσαντος τὸν ῎Ατταλον ἡ μὲν κατὰ τὴν ᾿Ασίαν τῶν Μακεδόνων
δύναμις ἐπαύσατο τοῦ μετεωρίζεσθαι πρὸς ἀπόστασιν, τοῦ μὲν ᾿Αττάλου
πεφονευμένου, τοῦ δὲ Παρμενίωνος οἰκειότατα διακειμένου πρὸς
᾿Αλέξανδρον. (3) Περὶ δὲ τῆς τῶν Περσῶν βασιλείας μέλλοντας ἡμᾶς
ἀναγράφειν ἀναγκαῖόν ἐστι βραχὺ τοῖς χρόνοις προαναλαβεῖν τὴν ἱστορίαν.
Φιλίππου γὰρ ἔτι βασιλεύοντος ἦρχε τῶν Περσῶν ῏Ωχος καὶ προσεφέρετο
τοῖς ὑποτεταγμένοις ὠμῶς καὶ βιαίως. Μισουμένου δὲ αὐτοῦ διὰ τὴν
χαλεπότητα τῶν τρόπων Βαγώας ὁ χιλίαρχος, εὐνοῦχος μὲν ὢν τὴν ἕξιν,
πονηρὸς δὲ καὶ πολεμικὸς τὴν φύσιν, ἀνεῖλε φαρμάκῳ τὸν ῏Ωχον διά τινος
ἰατροῦ, τὸν δὲ νεώτατον τῶν υἱῶν τοῦ βασιλέως ᾿Αρσὴν εἰσήγαγεν εἰς τὴν
βασιλείαν. (4) Ἀνεῖλε δὲ καὶ τοὺς ἀδελφοὺς τοῦ βασιλέως, ὄντας νέους
παντελῶς, ὅπως μονωθεὶς ὁ νεανίσκος μᾶλλον ὑπήκοος αὐτῷ γένηται. Τοῦ
δὲ μειρακίου ταῖς γενομέναις παρανομίαις προσκόπτοντος καὶ φανεροῦ
καθεστῶτος ὅτι τιμωρήσεται τὸν αὐθέντην τῶν ἀνομημάτων φθάσας αὐτοῦ
τὰς ἐπιβουλὰς ὁ Βαγώας ἀνεῖλε τὸν ᾿Αρσὴν μετὰ τῶν τέκνων τρίτον ἔτος
ἤδη βασιλεύοντα. (5) Ἑρήμου δ' ὄντος τοῦ βασιλέως οἴκου καὶ μηδενὸς ὄντος
τοῦ κατὰ γένος διαδεξομένου τὴν ἀρχήν, προχειρισάμενος ἕνα τῶν φίλων
Δαρεῖον ὄνομα τούτῳ συγκατεσκεύασε τὴν βασιλείαν. Οὗτος δ' ἦν υἱὸς μὲν
᾿Αρσάνου τοῦ ᾿Οστάνου, ὃς ἦν ἀδελφὸς ᾿Αρταξέρξου τοῦ Περσῶν
βασιλεύσαντος. (6) Ἴδιον δέ τι συνέβη περὶ τὸν Βαγώαν γενέσθαι καὶ μνήμης
ἄξιον· χρώμενος γὰρ τῇ συνήθει μιαιφονίᾳ τὸν Δαρεῖον ἐπεβάλετο διὰ
φαρμακείας ἀνελεῖν· μηνυθείσης δὲ τῆς ἐπιβουλῆς ὁ βασιλεὺς ὡς ἐπί τινι
φιλανθρωπίᾳ προσκαλεσάμενος τὸν Βαγώαν καὶ δοὺς τὸ ποτήριον
ἠνάγκασε πιεῖν τὸ φάρμακον.
| [17,5] et pour nous, après avoir exposé. l'état des affaires de la Grèce il est à
propos que nous passions celles de l'Asie.
D'abord, après la mort de Philippe, Attalus entreprît de changer la face des
choses et il s'était lié secrètement avec les Athéniens contre Alexandre. Se
repentant bientôt de cette démarche, il envoya lui-même à Alexandre une
lettre qu'il avait reçue de: Démosthène ; et par cette révélation
accompagnée d'autres discours, il espérait de bannir la défiance que le roi
pouvait avoir conçut de sa fidélité. (2) Cependant Hécatée ayant tué peu de
temps après Attalus conformément à l'ordre du roi, les troupes
Macédoniennes qui étaient en Asie, n'ayant plus d'autre commandant que
Parménion, qui était très attaché à la personne d'Alexandre,
abandonnèrent toute idée de soulèvement. (3) Mais comme nous devons
beaucoup parler dans la suite de l'empire des Perses, il est bon d'en
reprendre ici l'histoire d'un peu plus haut.
Le règne d'Artaxerxés Ochus avait commencé dès le temps de Philippe :
et comme ce prince était dur et cruel envers ses sujets, il en était
extrêmement haï. L'eunuque Bagoas chef de ses gardes, homme de
guerre et méchant de son naturel, fit présenter à son maître un poison par
un de ses médecins et porta au trône de Perse, par cette voie, Arsés le
plus jeune des enfants d'Ochus. (4) Il fit périr en même temps tous les
frères du nouveau roi, qui étaient encore dans leur première jeunesse,
pour tenir le nouveau prince dans une plus grande dépendance à son
égard. Le jeune Arsés instruit de tant de crimes dont il se voyait la cause
involontaire, laissait assez paraître le dessein d'en punir l'auteur. Mais
Bagoas le prévint lui-même et fit périr Arsés et tous ses enfants en la
troisième année de son règne. (5) Le trône se trouvant par-là dépourvu de
successeurs directs, Bagoas choisit un de ses amis nommé Darius qu'il fit
monter sur le trône. Mais cet ami était fils d'Arsane fils d'Ostane, frère du
dernier roi Artaxerxés Ochus. (6) Cependant Bagoas arriva enfin à une
mort digne de lui. Suivant la malheureuse habitude qu'il s'était faite
d'empoisonner ses maîtres quand il était dégoûté d'eux, il. tenta la même
entreprise à l'égard de Darius : mais le roi averti de sou dessein, lui
présenta lui-même sous des lignes d'amitié dans un repas où il l'invita, la
coupe destinée pour sa personne et le força de l'avaler toute entière.
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