[17,111] {LXVIII} Ἅμα δὲ τούτοις πραττομένοις κατὰ τὴν ῾Ελλάδα
ταραχαὶ συνίσταντο καὶ πραγμάτων καινῶν κινήσεις,
ἐξ ὧν ὁ Λαμιακὸς πόλεμος κληθεὶς ἔλαβε τὴν ἀρχήν, ἐκ
τοιαύτης τινὸς αἰτίας. Τοῦ βασιλέως προστάξαντος τοῖς
σατράπαις ἅπασιν ἀπομίσθους ποιῆσαι τοὺς
μισθοφόρους καὶ τούτων τὸ πρόσταγμα συντελεσάντων
πολλοὶ τῆς στρατείας ἀπολελυμένοι ξένοι διέτρεχον
καθ' ὅλην τὴν ᾿Ασίαν πλανώμενοι καὶ τὰς ἀναγκαίας
τροφὰς ἐκ τῶν προνομῶν ποριζόμενοι. Μετὰ δὲ ταῦτα
πανταχόθεν διῆραν ἐπὶ Ταίναρον τῆς Λακωνικῆς. (2)
Ὁμοίως δὲ καὶ τῶν Περσικῶν σατραπῶν καὶ τῶν ἄλλων
ἡγεμόνων οἱ περιλειφθέντες χρήματά τε καὶ στρατιώτας
ἀθροίζοντες ἔπλεον ἐπὶ Ταίναρον καὶ κοινὴν δύναμιν
ἤθροιζον. (3) Τὸ δὲ τελευταῖον Λεωσθένην τὸν
᾿Αθηναῖον, ἄνδρα ψυχῆς λαμπρότητι διάφορον καὶ
μάλιστ' ἀντικείμενον τοῖς ᾿Αλεξάνδρου πράγμασιν,
εἵλοντο στρατηγὸν αὐτοκράτορα. Οὗτος δὲ τῇ βουλῇ
διαλεχθεὶς ἐν ἀπορρήτοις πεντήκοντα μὲν ἔλαβε
τάλαντα πρὸς τὴν μισθοδοσίαν, ὅπλων δὲ πλῆθος
ἱκανὸν εἰς τὰς κατεπειγούσας χρείας, πρὸς δὲ Αἰτωλοὺς
ἀλλοτρίως ἔχοντας πρὸς τὸν βασιλέα περὶ συμμαχίας
διεπρεσβεύσατο καὶ πάντα τὰ πρὸς τὸν πόλεμον
παρεσκευάζετο.
{LXIX} (4) Λεωσθένης μὲν οὖν προορώμενος τὸ μέγεθος τοῦ
πολέμου περὶ ταῦτα διέτριβεν. Ὁ δ' ᾿Αλέξανδρος τῶν
Κοσσαίων ἀπειθούντων ἐστράτευσεν ἐπ' αὐτοὺς εὐζώνῳ
τῇ δυνάμει. Τοῦτο δὲ τὸ ἔθνος ἀλκῇ διαφέρον κατοικεῖ
μὲν τῆς Μηδείας τὴν ὀρεινήν, πεποιθὸς δὲ τῇ τῶν τόπων
δυσχωρίᾳ καὶ ταῖς κατὰ πόλεμον ἀρεταῖς οὐδέποτε
δεσπότην ἔπηλυν προσεδέδεκτο, ἀλλὰ καὶ κατὰ τὴν
Περσῶν βασιλείαν διέμεινεν ἀνάλωτον καὶ τότε
πεφρονηματισμένον οὐ κατεπλάγη τὴν τῶν Μακεδόνων
ἀρετήν. (5) Ὁ δὲ βασιλεὺς προκαταλαβόμενος τὰς
παρόδους καὶ τῆς Κοσσαίας τὴν πλείστην πορθήσας
καὶ κατὰ πάσας τὰς συμπλοκὰς προτερῶν πολλοὺς μὲν
ἀπέκτεινε τῶν βαρβάρων, πολλαπλασίους δ' ἐζώγρησεν.
Οἱ δὲ Κασσαῖοι πάντῃ νικώμενοι καὶ διὰ τὸ πλῆθος τῶν
ἑαλωκότων χαλεπῶς φέροντες ἠναγκάσθησαν τῆς τῶν
αἰχμαλώτων σωτηρίας τὴν δουλείαν ἀλλάξασθαι. (6)
Διὸ καὶ τὰ καθ' αὑτοὺς ἐπιτρέψαντες ἐτύγχανον εἰρήνης
σὺν τῷ ποιεῖν τὸ προσταττόμενον τῷ βασιλεῖ. Ὁ δὲ
᾿Αλέξανδρος ἐν ἡμέραις ταῖς πάσαις τεσσαράκοντα
καταπολεμήσας τὸ ἔθνος καὶ πόλεις ἀξιολόγους ἐν ταῖς
δυσχωρίαις κτίσας ἀνελάμβανε τὴν δύναμιν.
| [17,111] Pendant que ces choses se passaient en Asie, il s'éleva dans la Grèce
des mouvements et des troubles qui donnèrent lieu à une guerre qui fut
appelée la guerre Lamiaque, et qui prit naissance à l'occasion que nous
allons dire. Le roi ayant ordonné, comme nous l'avons rapporté plus haut,
à tous les satrapes de renvoyer tous leurs soudoyés ; l'exécution de cet
ordre remplit toutes les provinces de l'Asie de vagabonds qui ne vivaient
que de brigandage. Au bout d'un temps, ils vinrent presque tous aborder
au promontoire du Ténare dans la Laconie. (2) Mais dans la suite, des
satrapes mêmes et d'autres chefs que la chute de l'empire des Perses
laissait sans fonction, ramassant ce qui leur restait de richesses et de gens
à eux, vinrent se rendre aussi dans le Ténare, où ils formèrent une espèce
d'armée (3) et se donnèrent pour chef à eux-mêmes l'Athénien
Leosthénès, homme supérieur par les qualités de l'âme, et le plus opposé
de tous les Grecs à l'ambition et aux entreprises d'Alexandre. Leosthénès
dans une assemblée secrète du sénat d'Athènes, obtint une avance de
cinquante talents et une ample fourniture d'armes de toute espèce : après
quoi il envoya aux Étoliens, qui d'ailleurs n'aimaient pas le roi, des députés
qui les invitèrent à prendre le parti des Grecs et à lui déclarer la guerre en commun.
(4) Pendant que Leosthénès s'occupait ainsi d'une entreprise dont il sentait
toute l'importance, Alexandre ayant appris que les Cosséens songeaient à
se soustraire à son empire, marcha contre eux à la tête de son armée en
bon ordre. Cette nation naturellement courageuse habitait les montagnes
de la Médie ; et comptant sur leur retraite escarpée aussi bien que sur leur
propre courage, non seulement ils ne voulaient point reconnaître alors de
maître étranger ; mais du temps même des rois de Perse, ils se vantaient
de n'avoir jamais été fournis de force. Ainsi dans la circonstance présente,
ils ne s'effrayèrent point des menaces du roi de Macédoine. (5) Mais
Alexandre se saisissant d'abord de tous les passages qui conduiraient
jusqu'à leur retraite, ravageant tout le plat pays d'où ils tiraient leur
provisions, et sortant victorieux de toutes les attaques où ils entreprenaient
de lui faire quelque résistance, avait mis par terre un grand nombre d'entre
eux et en avait pris vivants beaucoup davantage. Ainsi les Cosséens
battus partout et s'intéressant extrêmement à leurs captifs, furent
contraints pour leur sauver la vie de se rendre captifs eux-mêmes. (6) Se
livrant donc au vainqueur, ils obtinrent la paix en se soumettant à toutes
ses volontés. Alexandre n'employa que quarante jours à la conquête de
tout le pays; et ayant fait bâtir des villes aussi habitables qu'il y en eut
aucune autre part dans un pays, qui avant son arrivée ne rassemblait qu'à
un désert affreux par l'inutilité et l'inégalité même de son terrain, il conduisit
ailleurs son armée.
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