[13,96] Εὐθὺ γὰρ τοὺς χρημάτων μὲν ἐνδεεῖς, τῇ δὲ ψυχῇ θρασεῖς ἐπιλέξας, ὑπὲρ τοὺς
χιλίους, ὅπλοις τε πολυτελέσι καθώπλισε καὶ ταῖς μεγίσταις ἐπαγγελίαις ἐμετεώρισε,
τοὺς δὲ μισθοφόρους ἀνακαλούμενος καὶ φιλανθρώποις λόγοις χρώμενος ἰδίους
κατεσκεύαζεν. μετετίθει δὲ καὶ τὰς τάξεις, τοῖς πιστοτάτοις τὰς ἡγεμονίας
παραδιδούς, καὶ Δέξιππον τὸν Λακεδαιμόνιον ἀπέλυσεν εἰς τὴν ῾Ελλάδα· ὑφεωρᾶτο
γὰρ τὸν ἄνδρα τοῦτον, μὴ καιροῦ λαμβανόμενος ἀνακτήσηται τοῖς Συρακοσίοις τὴν
ἐλευθερίαν. (2) Μετεπέμψατο δὲ καὶ τοὺς ἐν Γέλᾳ μισθοφόρους, καὶ πανταχόθεν
συνῆγε τοὺς φυγάδας καὶ ἀσεβεῖς, ἐλπίζων διὰ τούτων βεβαιότατα τηρηθήσεσθαι τὴν
τυραννίδα. Οὐ μὴν ἀλλὰ παραγενόμενος εἰς Συρακούσας κατεσκήνωσεν ἐν τῷ
ναυστάθμῳ, φανερῶς αὑτὸν ἀναδείξας τύραννον. Οἱ δὲ Συρακόσιοι βαρέως φέροντες
ἠναγκάζοντο τὴν ἡσυχίαν ἔχειν· οὐδὲν γὰρ ἔτι περαίνειν ἠδύναντο· ἥ τε γὰρ πόλις
ἔγεμεν ὅπλων ξενικῶν, τούς τε Καρχηδονίους ἐδεδοίκεισαν τηλικαύτας ἔχοντας
δυνάμεις. (3) Ὁ δ' οὖν Διονύσιος εὐθέως ἔγημε τὴν ῾Ερμοκράτους θυγατέρα τοῦ
καταπολεμήσαντος ᾿Αθηναίους, καὶ τὴν ἀδελφὴν ἔδωκε Πολυξένῳ τῆς ῾Ερμοκράτους
γυναικὸς ἀδελφῷ· τοῦτο δ' ἔπραξε βουλόμενος οἰκίαν ἐπίσημον εἰς οἰκειότητα
προσλαβέσθαι πρὸς τὸ τὴν τυραννίδα ποιῆσαι βεβαίαν. Μετὰ δὲ ταῦτα συναγαγὼν
ἐκκλησίαν τῶν ἀντιπραξάντων αὐτῷ τοὺς δυνατωτάτους ὄντας, Δαφναῖον καὶ
Δήμαρχον, ἀνεῖλεν. (4) Διονύσιος μὲν οὖν ἐκ γραμματέως καὶ τοῦ τυχόντος ἰδιώτου
τῆς μεγίστης πόλεως τῶν ῾Ελληνίδων ἐγενήθη τύραννος· διετήρησε δὲ τὴν
δυναστείαν ἄχρι τῆς τελευτῆς, τυραννήσας ἔτη δύο λείποντα τῶν τεσσαράκοντα. Τὰς
δὲ κατὰ μέρος αὐτοῦ πράξεις καὶ τὴν αὔξησιν τῆς ἀρχῆς ἐν τοῖς οἰκείοις χρόνοις
διέξιμεν· δοκεῖ γὰρ οὗτος μεγίστην τῶν ἱστορουμένων τυραννίδα περιπεποιῆσθαι δι'
ἑαυτοῦ καὶ πολυχρονιωτάτην.
(5) Οἱ δὲ Καρχηδόνιοι μετὰ τὴν ἅλωσιν τῆς πόλεως τὰ μὲν ἀναθήματα καὶ τοὺς
ἀνδριάντας καὶ τἄλλα τὰ πολυτελέστατα μετήνεγκαν εἰς Καρχηδόνα, τὰ δ' ἱερὰ
κατακαύσαντες καὶ τὴν πόλιν διαρπάσαντες αὐτοῦ παρεχείμασαν. Ἐπὶ δὲ τὴν
ἐαρινὴν ὥραν παρεσκευάζοντο μηχανήματα καὶ βέλη παντοδαπά, διανοούμενοι
πρώτην πολιορκῆσαι τὴν τῶν Γελῴων πόλιν.
| [13,96] Celui-ci ramassa tous les indigents,
en qui il avait aperçu du courage : il en fit bientôt un millier d'hommes,
auxquels il donna d'excellentes armes, et qu'il remplit d'espérances merveilleuses.
Il attacha à sa personne, par des discours flatteurs, des troupes soudoyées.
Il faisait effrontément des passe-droits, pour avancer ceux qui lui
paraissaient dévoilés à ses intentions. Il donna congé en même temps au
Lacédémonien Dexippe et lui permit de retourner en Grèce : il se défiait de lui
comme d'un homme capable de travailler à rendre la liberté à Syracuse. (2) Il
fit venir des soldats mercenaires de Géla et avec eux tout ce qu'il y avait de
bannis et de mal-vivants, dans l'espérance d'affermir par leur moyen son
usurpation. Revenant ensuite à Syracuse, il fit dresser sa tente dans le bassin
du port, avec toute la hauteur d'un tyran déclaré. Les Syracusains sentirent
vivement cette arrogance, mais ils furent obligés de la souffrir, n'ayant plus de
ressource pour s'y opposer. Toute la ville était pleine de soldats étrangers, et
l'on craignait encore les forces immenses des Carthaginois. (3) Denys épousa
alors la fille d'Hermocrate, celui qui avait battu les Athéniens en leur expédition
de Sicile et donna sa soeur à Polyxène, frère de la femme d'Hermocrate : son
dessein en tout cela était de fortifier son autorité illégitime par l'alliance d'une
famille illustre. Dans une assemblée du peuple, il vint à bout de faire périr
Daphnée et Démarque, les plus puissants de ceux qui s'opposaient encore à
ses entreprises. (4) C'est ainsi que Denys s'éleva d'une naissance très
commune et de la condition de scribe, à la domination despotique et
tyrannique d'une ville des plus considérables de la Grèce. Il demeura revêtu de
cette puissance jusqu'à sa mort, qui n'arriva que trente-huit ans après. Nous
rapporterons ses actions principales et les moyens par lesquels il augmenta
son crédit et son autorité, à mesure que la suite des temps les amènera dans
le cours de cette Histoire : il paraîtra que sa tyrannie a été la plus considérable
et la plus longue de toutes celles dont on ait conservé le souvenir. (5) Du reste,
après la prise d'Agrigente, les Carthaginois portèrent à Carthage les dons et
les offrandes dont tous les temples de cette malheureuse ville étaient remplis,
aussi bien que les statues et les trésors de toute espèce qu'ils y trouvèrent ; et
après avoir brûlé ces édifices et pillé les maisons des particuliers, ils y
passèrent leur quartier d'hiver. Ils préparèrent là toutes les machines et toutes
les espèces d'armes dont ils avaient besoin pour le dessein qu'ils formaient
d'assiéger Géla, dès le printemps suivant et à l'ouverture de la campagne.
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