[7,53] Ἐπειδὴ δὲ καὶ περὶ τοῦ συμφέροντος ἐπειρᾶτο
λέγειν Δέκιος, ὡς ἀγαθὸν μὲν ὁμόνοια, δεινὸν
δὲ στάσις, καὶ θεραπεύοντες μὲν τὸν δῆμον ἐν ὁμονοίᾳ
πολιτευσόμεθα, κωλύσαντες δ´ οὓς βούλονται τῶν πατρικίων
ἀνδρηλατεῖν ἢ μιαιφονεῖν εἰς πόλεμον ἐμφύλιον
καταστησόμεθα, πολλὰ λέγειν ἔχων ὀλίγοις πάνυ χρήσομαι.
πρῶτον μὲν οὖν θαυμάσαι ἔχω Δέκιον τῆς
εἰρωνείας· οὐ γὰρ ἠλιθιότητός γε· εἰ κρεῖττον οἴεται
τὰ συμφέροντα τῷ κοινῷ φρονεῖν ἑαυτόν, ὃς ἄρτι παρελήλυθεν
εἰς πολιτικὰς πράξεις, ἡμῶν τῶν καταγεγηρακότων ἐν αὐταῖς καὶ
μεγάλην ἐκ μικρᾶς πεποιηκότων
τὴν πόλιν. ἔπειτ´ εἰ πείσειν ὑπέλαβεν ὑμᾶς, ὡς χρὴ
παραδοῦναί τινα ἔκδοτον ἐπὶ τιμωρίᾳ τοῖς ἐχθροῖς καὶ
ταῦτα πολίτην ὑμέτερον καὶ οὐχὶ τῶν ἀφανῶν τινα
{πολιτῶν} ἢ φαύλων, ἀλλ´ ὃν αὐτοὶ καὶ τὰ πολέμια
λαμπρότατον ἡγεῖσθε εἶναι καὶ τὸν βίον σωφρονέστατον
τά τε πολιτικὰ πράττειν οὐθενὸς χείρονα. καὶ ταῦτ´
ἐτόλμησεν εἰπεῖν εἰδὼς ὑμᾶς πλείστην αἰδῶ ποιουμένους ἱκετῶν,
καὶ μηδὲ πολεμίων τοὺς καταφεύγοντας
ἐνθάδε ταύτης ἀποκλείοντας τῆς φιλανθρωπίας. εἰ δὲ
τἀναντία ἡμᾶς ἐγίγνωσκες ἐπιτηδεύοντας, ὦ Δέκιε,
ἀνόσια μὲν φρονοῦντας περὶ θεούς, ἄδικα δὲ πράττοντας πρὸς
ἀνθρώπους, τί ἂν ἡμῖν τούτου συνεβούλευες ἔργον ὑπομεῖναι
δεινότερον, ἀφ´ οὗ πρόρριζοι
καὶ πανώλεις, μισηθέντες θεοῖς τε καὶ ἀνθρώποις,
διαφθαρησόμεθα; οὐ δεόμεθά σου συμβούλου, Δέκιε, οὔτε
περὶ πολιτῶν ἐκδόσεως οὔτε περὶ ἄλλου χρήματος ὧν
ἡμῖν πρακτέον οὐδενός· οὐδὲ ὀθνείᾳ φρονήσει νέων
ἀνδρῶν τὰ οἰκεῖα συμφέροντα κρίνειν οἰόμεθα δεῖν οἱ
μέχρι τῆσδε τῆς ἡλικίας διὰ πολλῆς πείρας κακῶν τε
καὶ ἀγαθῶν ἐληλυθότες. πολέμου δ´ ἀπειλάς, αἷς χρώμενοι
φοβεῖτε ἡμᾶς, οὐ νῦν πρῶτον ἐπαγομένας ὑφ´
ὑμῶν, ἀλλὰ πολλάκις ἤδη καὶ ὑπὸ πολλῶν ἐπανασεισθείσας τῇ
συνήθει πρᾳότητι παραδόντες ἀκαταπλήκτως
οἴσομεν. καὶ εἰ δήπερ δράσετε τὰ ὅμοια οἷς λέγετε,
ἀμυνούμεθα θεούς τε συναγωνιστὰς ἔχοντες, οἳ νεμεσῶσι τοῖς
ἄρχουσι πολέμου ἀδίκου, καὶ ἀνθρώπων
ἕξοντες χεῖρα οὐκ ὀλίγην σύμμαχον. Λατῖνοί τε γὰρ
ἅπαντες, οἷς νεωστὶ τὴν ἰσοπολιτείαν δεδώκαμεν, σὺν
ἡμῖν στήσονται, ὡς περὶ πατρίδος ἤδη τῆς πόλεως τῆσδε
ἀγωνιζόμενοι, αἵ τ´ ἐνθένδε ἀποικισθεῖσαι πόλεις πολλαὶ καὶ
ἀγαθαὶ περὶ παντὸς ποιούμεναι σώζεσθαι τὴν
μητρόπολιν ἀμυνοῦσιν αὐτῇ. εἰ δ´ εἰς ἀνάγκην ἡμᾶς
κατακλείσετε τῆς πανταχόθεν ἐπικουρίας περιέχεσθαι,
ὑπομενοῦμεν, ὦ Δέκιε, καὶ θεράποντας εἰς ἐλευθερίαν
προκαλούμενοι καὶ πολεμίους εἰς φιλίαν καὶ πάντας
ἀνθρώπους εἰς κοινωνίαν τῶν ἐκ τῆς νίκης ἐλπίδων
ὁμόσε χωρεῖν ὑμῖν. μηθενὸς δὲ τούτων δεήσειεν, ὦ
Ζεῦ καὶ θεοὶ πάντες οἱ πόλιν τὴν Ῥωμαίων κατέχοντες,
ἀλλ´ εἴη μέχρι λόγων τὰ φοβερὰ ταῦτ´ ἐλθεῖν, ἔργον
δὲ μηθὲν ἐξ αὐτῶν γένοιτ´ ἄχαρι.
| [7,53] V. MAIS puisque Lucius a parlé de ce qui est utile, et qu'il dit que la
concorde est un grand bien, de même que les séditions font un grand mal
; puisqu'il a avancé qu'en ménageant le peuple, l'union régnerait dans
l'état, au lieu que si nous l'empêchions d'exiler ou de faire mourir les
patriciens, nous nous replongerions dans les horreurs d'une guerre civile,
je dirai quelque chose sur cette matière, sans néanmoins m'y étendre
autant que je pourrais. Premièrement j'admire la dissimulation, pour ne
pas dire l'extravagance de Lucius. Je suis extrêmement surpris que ce
tribun, qui ne fait que d'entrer dans les affaires civiles, s'imagine entendre
mieux les véritables intérêts de l'état que nous, qui avons vieilli dans
l'administration de la république, et qui avons élevé au comble de la
grandeur une ville aussi faible et aussi peu considérable qu'était Rome
dans les commencements. Secondement je ne m'étonne pas moins qu'il
se soit mis dans la tête qu'il vous persuadera de livrer quelqu'un entre les
mains de ses ennemis pour être puni, surtout lorsqu'il s'agit d'un des plus
illustres et des plus nobles de vos citoyens, que vous regardez comme un
grand guerrier, comme un homme d'une vie irréprochable, d'une probité
reconnue et d'une prudence sans pareille dans les affaires du
gouvernement. C'est de quoi il a eu l'audace de se vanter, quoiqu'il sache
bien que vous avez beaucoup d'égards pour les suppliants, et que vous
ne refusez pas même cette marque de bonté et d'humanité à vos ennemis
qui ont recours à vous. Si vous aviez donc eu une autre idée de nous,
Lucius, si vous nous aviez cru impies envers les dieux et injustes envers
les hommes, et si vous nous aviez connus capables de trahir notre devoir,
quelle autre action plus méchante que celle-là, nous auriez-vous
conseillé de commettre, pour nous faire périr absolument en nous attirant
la haine et des dieux et des hommes ? Non, Lucius, nous n'avons pas
besoin de vos avis, ni pour nous engager a livrer des citoyens, ni sur la
conduite que nous devons garder. Nous ne cherchons point des conseils
étrangers, principalement ceux d'un jeune homme pour connaître nos
intérêts. A l'âge où nous sommes, nous connaissons assez par une
longue expérience les biens et les maux de la guerre. Les menaces par
lesquelles vous prétendez nous intimider, ne sont pour nous qu'un vain
épouvantail. Ce n'est pas d'aujourd'hui que vous les employez : vous
l'avez déjà fait bien des fois, plusieurs autres l'ont fait aussi : mais
quoiqu'elles ne nous épouvantent point, nous ne les souffrirons peut-être
pas toujours avec la même douceur dont nous avons usé jusqu'ici, et si
vous ajoutez les effets aux paroles, nous nous défendrons en gens de
cœur avec le secours des dieux qui haïssent les auteurs d'une guerre
injuste. Nous ne manquerons pas de bonnes troupes auxiliaires de la part
de nos alliés. Tous les Latins, à qui nous venons de donner le même droit
de bourgeoisie dont nous jouissons, se rangeront de notre côté : ils
combattront pour cette ville comme pour leur patrie. Plusieurs villes
puissantes qui sont des colonies de Rome, s'intéresseront comme nous à
la conservation de leur ancienne patrie, elles emploieront toutes leurs
forces pour la défendre. Que si vous nous mettrez dans la nécessité de
ramasser des secours de toutes parts, sachez, Lucius, que nous ne
serons pas en difficulté de donner la liberté aux esclaves, de faire alliance
avec nos ennemis, d'inviter tous les hommes à participer aux espérances
de la victoire, et de vous combattre avec toutes les forces que nous
pourrons trouver. Fasse Jupiter et tous les dieux protecteurs de Rome,
que nous n'ayons jamais besoin d'en venir à de telles extrémités ; que ces
terribles menaces n'aillent pas ce plus loin que les paroles, et qu'elles ne
causent aucun malheur sans remède. »
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