[7,54] Ταῦτα μὲν Ἄππιος εἶπεν. Μάνιος δὲ Οὐαλέριος
ὁ δημοτικώτατος τῶν ἐκ τοῦ συνεδρίου καὶ περὶ
τὰς διαλλαγὰς πλείστην ἀποδειξάμενος προθυμίαν φανερῶς καὶ
τότε τῷ δήμῳ συνελάμβανε καὶ λόγον διεξῆλθε μετὰ πολλῆς
συγκείμενον φροντίδος, ἐπιτιμῶν
μὲν τοῖς οὐκ ἐῶσι μίαν εἶναι τὴν πόλιν, ἀλλὰ διαιροῦσι τὸ
δημοτικὸν ἀπὸ τῶν πατρικίων καὶ διὰ μικρὰς
προφάσεις πολέμους ἀναζωπυροῦσιν ἐμφυλίους· ἐπαινῶν δὲ
τοὺς ἓν τὸ συμφέρον καὶ κοινὸν ἡγουμένους
καὶ πάντ´ ἐλάττω τῆς ὁμονοίας τιθεμένους, διδάσκων,
ὡς, εἰ γένοιτο τῆς δίκης ὁ δῆμος, ὥσπερ ἀξιοῖ, κύριος,
καὶ ταύτην παρὰ τοῦ συνεδρίου τὴν χάριν ἑκόντος
λάβοι, τάχα μὲν οὐδ´ ἐπέξεισιν ἄχρι τέλους, ἀλλ´ ἀρκεσθεὶς αὐτῷ
τῷ κεκρατηκέναι τοῦ σώματος ἐπιεικέστερον
μᾶλλον ἢ χαλεπώτερον αὐτῷ χρήσεται. εἰ δ´ ἄρα ἐκ
παντὸς οἰομένων τρόπου τῶν δημάρχων τέλος ἐπιθεῖναι
δεῖν νόμιμον τῇ δίκῃ τῆς ψήφου γενήσεται κύριος,
ἀπολύσει τὸν ἄνδρα τῆς αἰτίας αἰδούμενος μὲν αὐτὸ
τὸ κινδυνεῦον σῶμα, οὗ πολλὰ καὶ καλὰ ἔργα ἔχει
μεμνῆσθαι, ἀνταποδιδοὺς δὲ ταύτην τὴν χάριν τῇ παρασχούσῃ
τὴν ἐξουσίαν αὐτῷ βουλῇ καὶ πρὸς μηδὲν ἐναντιωθείσῃ τῶν
μετρίων. παρεῖναι μέντοι τῇ δίκῃ συνεβούλευε καὶ
συναπολογεῖσθαι τῷ ἀνδρὶ καὶ τὸν δῆμον
ἀξιοῦν μηθὲν διαγνῶναι περὶ αὐτοῦ χαλεπὸν τούς θ´
ὑπάτους καὶ τοὺς ἐκ τοῦ συνεδρίου πάντας καὶ τοὺς
ἄλλους πατρικίους κατὰ πλῆθος ἀφικομένους· συνοίσειν
γὰρ οὐ μικρὰ τῷ κινδυνεύοντι καὶ τούτους εἰς
σωτηρίας ῥοπήν· καὶ μὴ μόνον αὐτοὺς οὕτως ἔχειν ταῖς
γνώμαις, ἀλλὰ καὶ πελάτας ἕκαστον τοὺς αὑτοῦ παρακαλεῖν καὶ
φίλους συνάγειν, καὶ εἴ τινας οἰκείως ἔχειν
σφίσι τῶν δημοτικῶν δι´ εὐεργεσίας ὑπολαμβάνουσι,
καὶ τούτους νυνὶ τὴν πρότερον ὀφειλομένην χάριν ἐπὶ
τῆς ψηφοφορίας ἀπαιτεῖν. τό τε φιλόχρηστον καὶ μισοπόνηρον
οὐκ ὀλίγον ἀπέφηνεν ἐκ τοῦ δήμου μέρος
ἐσόμενον, καὶ ἔτι πλεῖον τούτου, ὃ πρὸς τὰς τύχας
πάσχειν τι τὰς ἀνθρωπίνας καὶ ἐλεεῖν οἶδε τοὺς ἐν
τοῖς ἀξιώμασιν, ὅταν εἰς ταπεινὰ πέσωσιν αὐτῶν αἱ
τύχαι. ὁ δὲ πλείων λόγος ἐγίνετο αὐτῷ πρὸς τὸν
Μάρκιον παράκλησιν ἔχων νουθετήσει μεμιγμένην καὶ
δέησιν ἀνάγκῃ. ἠξίου γὰρ αὐτόν, ἐπεὶ διιστάναι τὸν
δῆμον ἀπὸ τῆς βουλῆς αἰτίαν ἔχει καὶ τυραννικὸς εἶναι
διαβάλλεται διὰ τὴν αὐθάδειαν τοῦ τρόπου, δέος τε
παρέστηκεν ἅπασι, μὴ δι´ αὐτὸν ἀρχὴ γένηται στάσεως
καὶ κακῶν ἀνηκέστων, ἃ φέρουσιν ἐμφύλιοι πόλεμοι,
μὴ ποιεῖν ἀληθεῖς καὶ κυρίας τὰς κατ´ αὐτοῦ διαβολὰς
μένοντα ἐν τῷ φθονουμένῳ τοῦ βίου, ἀλλὰ σχῆμα
ταπεινὸν μεταλαβεῖν καὶ τοῖς ἀδικεῖσθαι λέγουσι τὴν
ἐξουσίαν τοῦ σώματος παρασχεῖν, καὶ μὴ φεύγειν ἄδικον
ἔγκλημα λόγῳ μετὰ δίκης ἀπολυόμενον. ταῦτα
γὰρ αὐτῷ πρός τε σωτηρίαν ἀσφαλέστατα εἶναι καὶ
πρὸς εὐδοξίαν, ἧς ὀρέγεται, λαμπρότατα καὶ τοῖς προυπηργμένοις
ἔργοις ἀκόλουθα. εἰ δ´ αὐθαδέστερος ἔσται
μᾶλλον ἢ μετριώτερος, καὶ τὴν βουλὴν ἀξιώσει πάντα
κίνδυνον δι´ ἑαυτὸν ὑπομένειν, κακὴν μὲν ἧτταν, αἰσχρὰν δὲ
νίκην τοῖς πεισθεῖσι προσάψειν αὐτὸν ἀπέφαινεν· ἦν τ´ ἐνταῦθα
πολὺς ὀλοφυρόμενος καὶ τῶν καταλαμβανόντων κακῶν τὰς πόλεις
ἐν ταῖς διχοστασίαις τὰ μέγιστα καὶ φανερώτατα ἐπιλεγόμενος.
| [7,54] VI. Ainsi parla Appius. Après lui, Manius Valerius, le plus populaire
des sénateurs, qui avait fait paraître beaucoup d'ardeur pour la
réconciliation du peuple, prit encore alors ouvertement sa défense, et
prononça un discours fort étudié. Il invectiva contre ceux qui entretenaient
la division dans Rome entre les patriciens et le peuple, et qui pour de
légers sujets rallumaient le feu de la guerre civile. Il loua ceux qui
n'avaient en vue que l'utilité publique, et rien plus à cœur que l'union et la
concorde. Ensuite il représenta, que si le sénat accordait de bon cœur au
peuple la grâce qu'il demandait, c'est-à-dire, le pouvoir de juger Marcius, il
ne le pousserait peut-être pas à l'extrémité, et que content de ce qu'on lui
aurait livré le coupable, il le traiterait avec plus d'équité et de clémence
que de rigueur. Que si les tribuns voulaient absolument que l'affaire fut
terminée par un jugement légitime et dans les formes, le peuple maître de
ses suffrages absoudrait l'accusé, partie en considération de son mérite
personnel, et de ses belles actions dont la mémoire était encore toute
fraîche, partie en reconnaissance du pouvoir que le sénat lui aurait
accordé, et de sa facilité à écouter toutes ses demandes pour peu qu'elles
fussent justes. Il conseillait cependant au sénat, aux consuls, et à tous les
patriciens, d'intercéder pour Marcius, et de se trouver au jugement afin de
prier le peuple de ne rien décerner de trop rude contre lui. Il leur fit
entendre que leur intercession serait d'un grand poids pour le tirer du
péril, qu'ils devaient non seulement s'employer eux-mêmes, mais faire
agir leurs clients, leurs amis et ceux des plébéiens qui pouvaient leur avoir
quelque obligation ; qu'il fallait demander à ces derniers à l'occasion de ce
jugement, quelques marques de leur reconnaissance. Qu'une grande
partie des plébéiens qui aimaient la république et qui haïssaient le mal,
pouvaient leur servir beaucoup dans l'affaire présente ; qu'il y en avait
encore un plus grand nombre, qui seraient touchés de compassion à la
vue des malheurs qui arrivent aux personnes de mérite et de distinction,
lorsque leur état vient à changer par quelque revers de fortune. Mais la
plus grande partie de son discours s'adressait à Marcius. Il lui représentait
la nécessité inévitable de subir le jugement du peuple, il mêlait les
exhortations et les prières aux avertissements : il lui remettait devant les
yeux, qu'il était accusé d'être la cause des divisions qui régnaient entre le
sénat et le peuple, qu'on faisait passer sa fierté naturelle pour un
penchant à la tyrannie; et qu'on craignait que les troubles excités à son
occasion, ne fussent suivis d'une guerre civile et de maux sans remède.
Qu'ainsi il le conjurait de ne pas confirmer ces calomnies, en s'entêtant à
ne vouloir rien changer de sa manière de vivre odieuse à tout le monde,
mais de prendre un extérieur de suppliant, de se livrer entre les mains de
ceux qui se plaignaient qu'il les avait offensés, et de ne pas dédaigner de
se laver par une juste défense du crime qu'on lui imposait. Que c'était là le
meilleur moyen pour conserver sa vie, le parti le plus digne de la gloire à
laquelle il aspirait, et le plus convenable à sa conduite précédente. Que si
au contraire il faisait paraître plus de fierté que de modération, et s'il
voulait que le sénat prît sur lui tout le danger qui le menaçait, ce serait
exposer ceux qui prendraient sa défense à être malheureusement
vaincus, ou à ne remporter qu'une victoire honteuse. Là-dessus il
employa beaucoup de temps à gémir, à exciter la compassion par des
larmes qui n'étaient pas feintes mais véritables, et à rapporter les plus
grands et les plus terribles malheurs arrivés à plusieurs villes dans les
séditions et dans les guerres intestines.
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