[7,55] Διεξιὼν δὲ ταῦτα μετὰ πολλῶν δακρύων οὐ
προσποιητῶν καὶ πεπλασμένων, ἀλλ´ ἀληθινῶν, ἀνὴρ
ἡλικίας τε καὶ ἀρετῆς ἀξιώσει προὔχων, ὡς ἔμαθε κινούμενον
ἐπὶ τοῖς λεγομένοις τὸ συνέδριον, ἐκ τοῦ
τεθαρρηκότος ἤδη τὸ λοιπὸν ἐξύφαινε τῶν λόγων· Εἰ
δέ τινες ὑμῶν, ὦ βουλευταί, λέγων, ταράττονται δοκοῦντες ἔθος
εἰσάγειν πονηρὸν εἰς τὴν πόλιν, ἐὰν τῷ
δήμῳ συγχωρήσητε ψῆφον ἐπιφέρειν κατὰ τῶν πατρικίων, καὶ
ἐπ´ οὐδενὶ ἀγαθῷ νομίζουσι τὴν τῶν δημάρχων ἐξουσίαν πολλὴν
ἰσχὺν λαβοῦσαν γενήσεσθαι,
μαθέτωσαν ἁμαρτάνοντες τῆς δόξης καὶ τἀναντία ἢ
προσῆκεν ὑπειληφότες. εἰ γάρ τι καὶ ἄλλο σωτηρίας
αἴτιον ἔσται τῇ πόλει τῇδε καὶ τοῦ μηδέποτε τὴν ἐλευθερίαν μηδὲ
τὴν ἰσχὺν ἀφαιρεθῆναι, ὁμονοοῦσαν δ´
ἀεὶ καὶ μιᾷ γνώμῃ περὶ πάντων χρωμένην διατελεῖν,
ὁ δῆμος αἰτιώτατος ἔσται συμπαραληφθεὶς ἐπὶ τὰ πράγματα· καὶ
τὸ μὴ μίαν εἶναι τὴν διοικοῦσαν τὰ κοινὰ
πολιτείαν ἄκρατον μήτε μοναρχίαν μήτ´ ὀλιγαρχίαν
μήτε δημοκρατίαν, ἀλλὰ τὴν μικτὴν ἐξ ἁπασῶν τούτων
κατάστασιν, τοῦτο ὑπὲρ ἅπαντα ἡμᾶς ὠφελήσει. ῥᾷστα
γὰρ εἰς ὕβρεις ἀποσκήπτει καὶ παρανομίας τούτων
ἕκαστον τῶν πολιτευμάτων αὐτὸ καθ´ ἑαυτὸ γινόμενον,
ὅταν δ´ ἀνακερασθῇ πάντα μετρίως, τὸ παρακινοῦν
μέρος αἰεὶ καὶ ἐκβαῖνον ἐκ τοῦ συνήθους κόσμου ὑπὸ
τοῦ σωφρονοῦντος καὶ μένοντος ἐν τοῖς ἰδίοις ἤθεσι
κατείργεται. μοναρχία μὲν ὠμὴ καὶ αὐθάδης γενηθεῖσα
καὶ τυραννικὰ διώκειν ἀρξαμένη ζηλώματα ὑπ´ ἀνδρῶν
ὀλίγων καὶ ἀγαθῶν καταλύεται. ὀλιγαρχία δ´ ἐκ τῶν
ἀρίστων ἀνδρῶν συνεστηκυῖα, ᾗ χρῆσθε καὶ ὑμεῖς νυνί,
ὅταν πλούτῳ καὶ ἑταιρίαις ἐπαρθεῖσα δικαιοσύνης καὶ
τῆς ἄλλης ἀρετῆς μηθένα ποιῆται λόγον, ὑπὸ δήμου
φρονίμου καταλύεται. δῆμος δὲ σωφρονῶν καὶ κατὰ
νόμους πολιτευόμενος ὅταν ἀκοσμεῖν ἄρξηται καὶ παρανομεῖν
ὑπὸ τοῦ κρατίστου ἀνδρὸς βίᾳ καταληφθεὶς δικαιοῦται. ὑμῖν δ´, ὦ
βουλή, μονάρχου μὲν ἐξουσίας,
ἵνα μὴ τυραννὶς γένηται, τὰ δυνατὰ εὕρηται βοηθήματα. δύο τε
γὰρ ἀνθ´ ἑνὸς ἀποδείξαντες τῆς πόλεως
κυρίους καὶ τούτοις οὐκ ἀόριστον χρόνον ἐπιτρέψαντες
ἔχειν τὴν ἀρχήν, ἀλλ´ ἐνιαύσιον οὐδὲν ἧττον ἀποδείκνυτε
φύλακας αὐτῶν τριακοσίους ἄνδρας ἐκ τῶν πατρικίων τοὺς
κρατίστους τε καὶ πρεσβυτάτους, ἐξ ὧν
ἥδε ἡ βουλὴ συνέστηκεν· ὑμῶν δ´ αὐτῶν, ἵνα μένητε
ἐν τῷ προσήκοντι κόσμῳ, φυλακὴν οὐδεμίαν ἄχρι τοῦδε
φαίνεσθε πεποιημένοι. καὶ περὶ μὲν ὑμῶν οὔπω ἔδεισα,
μὴ διαφθαρῆτε τὰς διανοίας ὑπό τε μεγέθους καὶ πλήθους
ἀγαθῶν, οἳ τυραννίδος τε πολυχρονίου ἠλευθερώκατε τὴν πόλιν
ἔναγχος καὶ οὔπω σχολὴν ἐσχήκατε
ὑβρίζειν καὶ τρυφᾶν διὰ τοὺς συνεχεῖς καὶ μακροὺς
πολέμους· περὶ δὲ τῶν μεθ´ ὑμᾶς ἐσομένων ἐνθυμούμενος ὅσας ὁ
μακρὸς αἰὼν φέρει μεταβολὰς δέδοικα,
μή τι παρακινήσαντες οἱ δυνατοὶ οἱ ἐκ τοῦ συνεδρίου
λάθωσιν εἰς μοναρχίαν τὸ πολίτευμα περιστήσαντες
τυραννικήν.
| [7,55] Après en avoir fait une longue
énumération avec des larmes sincères et des soupirs qui partaient du
fond du cœur, ce grand homme, vénérable et par son âge et par son
mérite, voyant que le sénat était touché de son discours, commença à
parler avec plus de confiance.
VII. « S'IL y a, dit-il, Messieurs, quelques personnes parmi vous qui
paraissent alarmées de ce que je dis : s'il y en a qui croient que ce serait
introduire une mauvaise coutume dans Rome, que de permettre au
peuple de donner ses suffrages contre les patriciens, et que la puissance
des tribuns ne peut s'augmenter considérablement que pour notre propre
ruine : qu'ils apprennent que c'est là justement ce qui trompe, et qu'il en
arriverait tout le contraire de ce qu'ils s'imaginent. En effet, le plus sûr
moyen de conserver la république, notre liberté, notre puissance, et
d'entretenir toujours l'union et la concorde dans Rome, c'est que le peuple
prenne part à l'administration des affaires, c'est d'établir une forme de
gouvernement qui ne soit ni purement oligarchique, ni entièrement
démocratique, mais composée de l'une et de l'autre : voila ce que nous
pouvons faire de mieux. Chacun de ces deux gouvernements étant seul
et sans mélange, donne facilement dans l'excès et dans le dérèglement :
mais quand on les tempère l'un par l'autre, si l'un des deux passe les
bornes ou viole les lois, l'autre plus modéré et jaloux de ses anciennes
coutumes, le fait rentrer dans l'ordre. Le gouvernement monarchique, s'il
devient cruel et insupportable et s'il commence à dégénérer en tyrannie
peut être détruit par les magistrats et par les grands de l'état. Pour ce qui
est de l'oligarchique composé de magistrats de distinction, tel qu'est
aujourd'hui celui de Rome, si ses richesses et sa faction le rendent
insolent jusqu'à mépriser la justice et les autres vertus, il peut être réprimé
par la prudence du peuple. Il en est de même du peuple : si après une
conduite sage et bien réglée, il commence à tomber dans le désordre et à
violer les lois, il peut être forcé par quelqu'homme puissant à rentrer dans
les bornes de son devoir. Vous avez pris, Sénateurs, toutes les
précautions possibles pour empêcher que la puissance royale ne se
changeât en tyrannie. Au lieu d'un maitre vous en avez établi deux à
Rome, et vous ne leur avez pas donné l'autorité souveraine pour toujours,
mais pour un an seulement. Outre ces sages précautions, pour éclairer
leur conduite vous leur avez donné trois cents surveillants, je veux dire
trois cents patriciens dont le sénat est composé ; tous personnages des
plus respectables et par leur mérite et par leur âge. Mais je ne vois pas
que jusqu'ici vous ayez pris aucun associé, pour veiller sur vous-mêmes
et pour vous retenir dans l'ordre. Ce n'est pas que j'aie jamais
appréhendé que l'éclat de votre puissance et la bonne fortune ne vous
corrompît, vous qui venez de délivrer Rome d'une longue tyrannie, vous à
qui les guerres continuelles n'ont pas encore laissé assez de loisir pour
devenir insolents et pour abuser de votre autorité, mais quand je pense à
ceux qui viendront après vous, et que j'envisage toutes les funestes
révolutions qu'un long espace de temps peut causer, je crains que les
plus puissants du sénat ne remuent un jour pour changer insensiblement
le gouvernement en une monarchie tyrannique.
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