[7,31] Ἵνα δὲ μᾶλλον ὑμῖν γένηται φανερόν, ὅτι
οὐθὲν οὔτε μέτριον οὔτε δίκαιον ἀξιοῦσιν οἱ δημαγωγοί, ἀλλὰ
παρανόμων τε καὶ ἀδυνάτων ἐφίενται μετενέγκαντες τὸ πρᾶγμα
ἐφ´ ἑαυτούς, οὕτω σκοπεῖτε καὶ
ὑπολάβετε τοὺς μετέχοντας τοῦ συνεδρίου τοῖς ἐν ὑμῖν
πολιτευομένοις ἐγκαλεῖν, ὅτι πονηροὺς κατὰ τῆς βουλῆς
διατίθενται λόγους ἐν ὑμῖν καὶ καταλύουσι τὴν πάτριον
ἀριστοκρατίαν, καὶ διαστασιάζουσι τὴν πόλιν,
ἅπαντα ταῦτα λέγοντας ἀληθῆ· ποιοῦσι γὰρ ταῦτα· καὶ
τὸ πάντων χαλεπώτατον, ὅτι δυναστείαν περιβάλλονται
μείζονα τῆς συγκεχωρημένης αὐτοῖς ἄκριτον ἀποκτείνειν
ἐπιχειροῦντες ὃν ἂν ἐθέλωσιν ἐξ ἡμῶν, καὶ ὅτι δεῖ
τοὺς ταῦτα ποιοῦντας τεθνάναι νηποινί. πῶς ἂν ὑμεῖς
ἐνέγκαιτε τὴν αὐθάδειαν τοῦ συνεδρίου; καὶ τί ἂν εἴποιτε; ἆρ´ οὐκ
ἂν ἀγανακτήσαιτε καὶ δεινὰ φαίητε
πάσχειν, εἰ τὴν παρρησίαν ἀφαιρήσεταί τις ὑμᾶς καὶ
τὴν ἐλευθερίαν, τὸν ὑπὲρ τῶν ἐσχάτων κίνδυνον ἐπιθεὶς τοῖς
ἐλευθέραν φωνὴν ὑπὲρ τοῦ δήμου φθεγξαμένοις; οὐκ ἔνεστ´
ἄλλως εἰπεῖν. ἔπειθ´ ἃ παθεῖν οὐκ
ἂν ὑπομείναιτε αὐτοί, ταῦθ´ ἑτέρους πάσχοντας ἀνέχεσθαι
δικαιοῦτε; πολιτικά γ´, ὦ δημόται, καὶ μέτρια
ὑμῶν τὰ βουλεύματα. τοιαῦτ´ ἀξιοῦντες οὐκ αὐτοὶ
βεβαιοῦτε τὰς καθ´ ἑαυτῶν διαβολὰς ἀληθεῖς εἶναι,
καὶ τοὺς συμβουλεύοντας τὴν παράνομον ὑμῶν δυναστείαν μὴ
περιορᾶν αὐξομένην, τὰ δίκαια τῷ κοινῷ
φρονοῦντας ἀποδείκνυτε; ἐμοὶ μὲν γὰρ δοκεῖ. ἀλλ´ εἴ
γε τἀναντία βούλεσθε ὧν διαβέβλησθε ποιεῖν, ἐμοὶ
συμβούλῳ χρησάμενοι μετριάσατε καὶ τοὺς λόγους, ἐφ´
οἷς ἄχθεσθε, πολιτικῶς καὶ μὴ δυσοργήτως ἐνέγκατε.
περιέσται γὰρ ὑμῖν μέν, εἰ τοῦτο ποιήσετε, ἀγαθοῖς
εἶναι δοκεῖν, τοῖς δ´ ἀπεχθῶς διακειμένοις πρὸς ὑμᾶς
μετανοεῖν.
| [7,31] Mais pour vous faire mieux comprendre que les demandes
de vos orateurs ne sont ni justes ni raisonnables, et que leurs prétentions
ne sont pas moins impertinentes qu'impossibles, mettez-vous, je vous
prie, à notre place, et supposez que l'affaire dont il s'agit est celle du
peuple et non pas du sénat. Imaginez-vous que les sénateurs accusent
vos magistrats de parler mal de leur corps dans vos assemblées, de
renverser le gouvernement aristocratique, d'exciter des séditions dans
Rome, (au reste, ils ne diraient que trop vrai, car les tribuns font tout cela),
imaginez-vous qu'on leur reproche encore quelque chose de plus
criant, comme de s'attribuer plus de pouvoir qu'il ne leur en appartient, et
d'entreprendre même de faire mourir qui ils voudront d'entre les sénateurs
sans les juger dans les formes : imaginez-vous après cela qu'on demande
qu'il soit permis de tuer impunément les auteurs de ces entreprises trop
hardies. Comment pourriez-vous souffrir une telle arrogance du sénat, et
que diriez-vous en pareil cas? N'en seriez-vous pas indignés ? Ne
crieriez-vous pas à l'injustice atroce, si quelqu'un vous ôtait la liberté de
parler et d'agir, et si l'on menaçait de mort quiconque oserait dire une
seule parole en faveur du peuple ? Oui certainement vous crieriez à
l'injustice atroce : on ne peut en douter. Après-cela, Romains, vous
voudriez que les autres supportassent avec patience ce que vous ne
souffririez pas vous-mêmes ? Sont-ce-là les sentiments qu'inspirent la
modération et l'humanité, et est-ce ainsi que l'on doit en user dans la
société civile ? Ne confirmez-vous ce pas vous-mêmes par cette conduite,
que les accusations formées contre vous ne sont que trop vraies ? Ne
faites-vous pas voir par-là, que ceux qui nous conseillent de ne pas
laisser augmenter votre puissance illégitime, nous donnent des avis
conformes aux intérêts de la république ? Pour moi je le crois ainsi. Mais
s'il est vrai, comme je le souhaite, que vous ayez d'autres desseins que
ceux qu'on vous attribue : croyez-moi, modérez-vous. Souffrez en
patience et modestement les discours qui vous offensent : c'est là le
moyen de passer pour de bons citoyens et d'obliger en même temps vos
plus mortels ennemis à changer de résolution et de sentiments à votre
égard. Voila les raisons que nous avions à vous dire. Elles nous
paraissent très justes et très convaincantes : ainsi nous vous conseillons
de demeurer dans les bornes de votre devoir.
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