[3,9] CHAPITRE IX.
Οἱ δὲ ἀντιτασσόμενοι τῇ κτίσει τοῦ θεοῦ διὰ τῆς εὐφήμου ἐγκρατείας κἀκεῖνα
λέγουσι τὰ πρὸς Σαλώμην εἰρημένα, ὧν πρότερον ἐμνήσθημεν· φέρεται δέ,
οἶμαι, ἐν τῷ κατ´ Αἰγυπτίους εὐαγγελίῳ. Φασὶ γάρ, ὅτι αὐτὸς εἶπεν ὁ σωτήρ·
« Ἦλθον καταλῦσαι τὰ ἔργα τῆς θηλείας,»
θηλείας μὲν τῆς ἐπιθυμίας, ἔργα δὲ γένεσιν καὶ φθοράν. Τί οὖν ἂν εἴποιεν;
κατελύθη ἡ διοίκησις αὕτη; οὐκ ἂν φήσαιεν· μένει γὰρ ἐπὶ τῆς αὐτῆς οἰκονομίας
ὁ κόσμος. Ἀλλ´ οὐκ ἐψεύσατο ὁ κύριος· τῷ ὄντι γὰρ τὰ τῆς ἐπιθυμίας κατέλυσεν
ἔργα, φιλαργυρίαν, φιλονικίαν, φιλοδοξίαν, γυναικομανίαν, παιδεραστίαν,
ὀψοφαγίαν, ἀσωτίαν καὶ τὰ τούτοις ὅμοια· τούτων δὲ ἡ γένεσις φθορὰ τῆς ψυχῆς,
εἴ γε
« Νεκροὶ τοῖς παραπτώμασι»
γινόμεθα· καὶ αὕτη ἡ θήλεια ἀκρασία ἦν. Γένεσιν δὲ καὶ φθορὰν τὴν ἐν κτίσει
προηγουμένως γίνεσθαι ἀνάγκη μέχρι παντελοῦς διακρίσεως καὶ
ἀποκαταστάσεως ἐκλογῆς, δι´ ἣν καὶ αἱ τῷ κόσμῳ συμπεφυρμέναι οὐσίαι τῇ
οἰκειότητι προσνέμονται. Ὅθεν εἰκότως περὶ συντελείας μηνύσαντος τοῦ λόγου
ἡ Σαλώμη φησί·
« Μέχρι τίνος οἱ ἄνθρωποι ἀποθανοῦνται;»
ἄνθρωπον δὲ καλεῖ ἡ γραφὴ διχῶς, τόν τε φαινόμενον καὶ τὴν ψυχήν, πάλιν τε
αὖ τὸν σῳζόμενον καὶ τὸν μή. Καὶ θάνατος ψυχῆς ἡ ἁμαρτία λέγεται. Διὸ καὶ
παρατετηρημένως ἀποκρίνεται ὁ κύριος·
« Μέχρις ἂν τίκτωσιν αἱ γυναῖκες,»
τουτέστι μέχρις ἂν αἱ ἐπιθυμίαι ἐνεργῶσι.
« Διὰ τοῦτο ὥσπερ δι´ ἑνὸς ἀνθρώπου ἡ ἁμαρτία εἰς τὸν κόσμον εἰσῆλθεν, καὶ διὰ
τῆς ἁμαρτίας ὁ θάνατος εἰς πάντας ἀνθρώπους διῆλθεν, ἐφ´ ᾧ πάντες ἥμαρτον·
καὶ ἐβασίλευσεν ὁ θάνατος ἀπὸ Ἀδὰμ μέχρι Μωυσέως,»
φησὶν ὁ ἀπόστολος· φυσικῇ δὲ ἀνάγκῃ θείας οἰκονομίας γενέσει θάνατος ἕπεται,
καὶ συνόδῳ ψυχῆς καὶ σώματος ἡ τούτων διάλυσις ἀκολουθεῖ. Εἰ δὲ ἕνεκεν
μαθήσεως καὶ ἐπιγνώσεως ἡ γένεσις, ἀποκαταστάσεως δὲ ἡ διάλυσις· ὡς δὲ αἰτία
θανάτου διὰ τὸ τίκτειν ἡ γυνὴ νομίζεται, οὕτω καὶ ζωῆς διὰ τὴν αὐτὴν αἰτίαν
λεχθήσεται ἡγεμών. Αὐτίκα ἣ προκατάρξασα τῆς παραβάσεως «ζωὴ»
προσηγορεύθη, διὰ τὴν τῆς διαδοχῆς αἰτίαν τῶν τε γεννωμένων τῶν τε
ἁμαρτανόντων γίνεται ὁμοίως δικαίων ὡς καὶ ἀδίκων μήτηρ, ἑκάστου ἡμῶν
ἑαυτὸν δικαιοῦντος ἢ ἔμπαλιν ἀπειθῆ κατασκευάζοντος. Ὅθεν οὐχ ἡγοῦμαι
ἔγωγε μυσάττεσθαι τὴν ἐν σαρκὶ ζωὴν τὸν ἀπόστολον, ὁπηνίκα ἂν φῇ·
« Ἀλλ´ ἐν πάσῃ παρρησίᾳ ὡς πάντοτε καὶ νῦν μεγαλυνθήσεται Χριστὸς ἐν τῷ
σώματί μου, εἴτε διὰ ζωῆς εἴτε διὰ θανάτου. Ἐμοὶ γὰρ τὸ ζῆν Χριστὸς καὶ τὸ
ἀποθανεῖν κέρδος. Εἰ δὲ τὸ ζῆν ἐν σαρκί, καὶ τοῦτό μοι καρπὸς ἔργου, τί
αἱρήσομαι οὐ γνωρίζω· συνέχομαί τε ἐκ τῶν δύο, τὴν ἐπιθυμίαν ἔχων εἰς τὸ
ἀναλῦσαι καὶ σὺν Χριστῷ εἶναι, πολλῷ γὰρ κρεῖττον· τὸ δὲ ἐπιμένειν τῇ σαρκὶ
ἀναγκαιότερον δι´ ὑμᾶς.»
Ἐνεδείξατο γάρ, οἶμαι, διὰ τούτων σαφῶς τῆς μὲν ἐξόδου τοῦ σώματος τὴν πρὸς
θεὸν ἀγάπην τελείωσιν εἶναι, τῆς δὲ ἐν σαρκὶ παρουσίας τὴν εὐχάριστον διὰ τοὺς
σωθῆναι δεομένους ὑπομονήν. Τί δὲ οὐχὶ καὶ τὰ ἑξῆς τῶν πρὸς Σαλώμην
εἰρημένων ἐπιφέρουσιν οἱ πάντα μᾶλλον ἢ τῷ κατὰ τὴν ἀλήθειαν εὐαγγελικῷ
στοιχήσαντες κανόνι; φαμένης γὰρ αὐτῆς
« Καλῶς οὖν ἐποίησα μὴ τεκοῦσα»,
ὡς οὐ δεόντως τῆς γενέσεως παραλαμβανομένης, ἀμείβεται λέγων ὁ κύριος·
« Πᾶσαν φάγε βοτάνην, τὴν δὲ πικρίαν ἔχουσαν μὴ φάγῃς.»
Σημαίνει γὰρ καὶ διὰ τούτων ἐφ´ ἡμῖν εἶναι καὶ οὐκ ἐξ ἀνάγκης κατὰ κώλυσιν
ἐντολῆς ἤτοι τὴν ἐγκράτειαν ἢ καὶ τὸν γάμον, καὶ ὅτι ὁ γάμος συνεργάζεταί τι τῇ
κτίσει προσδιασαφῶν. Μήτ´ οὖν ἁμάρτημά τις ἡγείσθω τὸν γάμον τὸν κατὰ
λόγον, εἰ μὴ πικρὰν ὑπολαμβάνει παιδοτροφίαν (πολλοῖς γὰρ ἔμπαλιν ἀτεκνία
λυπηρότατον), μήτ´, ἂν πικρὰ ἡ παιδοποιία φαίνηταί τινι μεταπερισπῶσα τῶν
θείων διὰ τὰς χρειώδεις ἀσχολίας, μὴ φέρων {δ} οὗτος εὐκόλως τὸν μονήρη βίον
ἐπιθυμείτω γάμου, ἐπεὶ τὸ εὐάρεστον μετὰ σωφροσύνης ἀβλαβὲς καὶ κύριος
ἕκαστος ἡμῶν τυγχάνει τῆς περὶ τέκνων γονῆς αἱρέσεως. Συνορῶ δ´ ὅπως τῇ
προφάσει τοῦ γάμου οἳ μὲν ἀπεσχημένοι τούτου μὴ κατὰ τὴν ἁγίαν γνῶσιν εἰς
μισανθρωπίαν ὑπερρύησαν καὶ τὸ τῆς ἀγάπης οἴχεται παρ´ αὐτοῖς, οἳ δὲ
ἐνσχεθέντες καὶ ἡδυπαθήσαντες τῇ τοῦ νόμου συμπεριφορᾷ, ὥς φησιν ὁ
προφήτης, « Παρωμοιώθησαν τοῖς κτήνεσιν».
| [3,9] CHAPITRE IX.
Les hérétiques qui, par les dehors d'une spécieuse continence, s'interdisent l'usage
des créatures de Dieu, invoquent à leur appui les paroles qui furent adressées à
Salomé, et que nous avons citées plus haut. Elles se trouvent, si je ne me trompe,
dans l'Évangile selon les Égyptiens. Ils veulent, en effet, que le Sauveur lui-même ait
prononcé cet oracle : « Je suis venu pour détruire les œuvres de la femme; »
de la femme, c'est-à-dire du désir; les œuvres, c'est-à-dire la naissance et la mort. Que
diront-ils donc? Que cet ordre a été détruit? Ils n'oseront l'affirmer; le monde obéit
toujours aux mêmes lois. Mais le Seigneur ne nous a point trompés; car, en
vérité, il a détruit les œuvres de la concupiscence, l'amour de l'argent, des querelles,
de la gloire, la passion effrénée des femmes, la pédérastie, la gourmandise, la
prodigalité et les autres abominations semblables. Or, la naissance de ces vices est la
mort de l'âme, puisque nous mourons véritablement par nos péchés. Par la femme, il
entend l'intempérance. Mais il est nécessaire que la naissance et la mort des créatures
aient lieu conformément aux lois établies, jusqu'au jour de la séparation définitive, et
du rétablissement de l'élection par laquelle les substances mêlées au monde seront
rendues à leur état naturel. Il n'est donc pas étonnant que le Verbe, ayant parlé de la
consommation des temps, Salomé ait dit : « Jusques à quand les hommes mourront-ils ? »
Or, l'Écriture donne à l'homme un double nom ; l'homme extérieur et l'âme ; et
encore, celui qui est sauvé et celui qui ne l'est pas. Quant au péché, il est appelé la
mort de l'âme. C'est pour cela que le Seigneur répond avec circonspection et sagesse :
« Tant que les femmes enfanteront ; »
c'est-à-dire, aussi longtemps que durera l'action des désirs. Aussi, écoutez l'apôtre :
« Comme le péché est entré dans ce monde par un seul homme, et la mort par le
péché; ainsi la mort a passé à tous les hommes par ce seul homme en qui tous ont
péché. »
Et : « La mort a régné depuis Adam jusqu'à Moïse. »
Par une nécessité naturelle de l'ordre que Dieu a établi, la mort suit la naissance; et la
séparation du corps et de l'âme est amenée par leur réunion. Mais si la naissance a
lieu pour la discipline et la connaissance, la séparation a lieu dans un but de
rétablissement. De même que la femme est regardée comme la cause de la mort,
parce qu'elle enfante ; ainsi, par le même motif, elle sera nommée le chef de la vie. La
femme qui donna le premier exemple de la désobéissance fut nommée la vie, (Eve, en
grec, Zoe), à cause de la succession d'êtres qui devaient descendre d'elle ; mère
également de ceux qui naissent et de ceux qui sont morts, justes ou injustes; selon
que chacun de nous travaille à sa justification, ou, au contraire, se révolte
volontairement contre la loi. J'en conclus que l'apôtre n'a aucune horreur de la vie qui
anime la chair, lorsqu'il dit :
« Mais, parlant avec toute liberté, Jésus-Christ sera encore glorifié dans mon corps,
soit par ma vie, soit par ma mort, comme il l'a toujours été; car Jésus-Christ est ma
vie, et la mort m'est un gain. Mais si en demeurant plus longtemps dans ce corps
mortel, je dois être utile, je ne sais que choisir. Je me sens pressé des deux côtés; j'ai,
d'une part, un ardent désir d'être dégagé des liens du corps et d'être avec Jésus-
Christ, ce qui vaudrait beaucoup mieux pour moi ; de l'autre, il est plus avantageux
pour vous que je demeure en cette vie. »
Ne montre-t-il pas ouvertement par ces paroles, que la mort, en brisant la prison de
l'âme, nous consomme dans l'amour de Dieu, et que la perfection de la vie, tant que
nous sommes retenus dans la chair, est une attente et une patience pleine de
gratitude, à cause de ceux qui ont besoin d'être sauvés ? Mais pourquoi les téméraires
qui prennent pour guide leur liberté naturelle plutôt que la règle évangélique dont la
vérité est le fondement, n'ajoutent-ils pas à leurs citations précédentes les paroles qui
suivent et qui sont empruntées à celles que le Seigneur adresse à Salomé? Cette
femme venait de dire : « J'ai donc bien fait, moi qui n'ai pas enfanté; »
se louant ainsi de n'avoir pas été mère. Le Seigneur lui réplique :
« Nourrissez-vous de toute herbe, mais non de celle qui est amère. »
Il indique par là que la continence et le mariage sont laissés à notre choix, sans qu'il y
ait nécessité ni commandement de l'un ou de l'autre; il prouve, de plus, que le
mariage continue l'œuvre de la création. Qu'on cesse donc de regarder comme une
prévarication, l'union contractée selon le Verbe, à moins qu'on ne juge comme trop
pénible le soin d'élever des enfants, dont la privation est si douloureuse pour
d'autres. En outre, que la paternité ne paraisse amère à personne, en tant qu'elle
détourne des œuvres divines par les mille occupations qu'elle entraine avec elle. Cet
homme, incapable de porter facilement la vie solitaire, désire une famille, puisque la
jouissance tempérante des choses qui plaisent n'encourt point de reproche, et
que chacun de nous peut à son choix désirer des enfants. Mais, j'en ai fait la
remarque, plusieurs de ceux qui se sont abstenus du mariage, sous prétexte de ses
embarras et de ses soucis, sont tombés dans une dure misanthropie, opposée à la
sainte connaissance, et le feu de la charité s'est éteint dans leurs cœurs. D'autres, au
contraire, enchaînés au mariage et menant une vie toute charnelle au milieu des
condescendances de la loi, sont devenus, selon le langage du prophète, semblables
aux animaux.
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