[3,10] CHAPITRE X.
Τίνες δὲ οἱ δύο καὶ τρεῖς ὑπάρχουσιν ἐν ὀνόματι Χριστοῦ συναγόμενοι, παρ´ οἷς
μέσος ἐστὶν ὁ κύριος; ἢ οὐχὶ ἄνδρα καὶ γυναῖκα καὶ τέκνον τοὺς τρεῖς λέγει, ὅτι
ἀνδρὶ γυνὴ διὰ θεοῦ ἁρμόζεται; ἀλλὰ κἂν εὔζωνός τις εἶναι θέλῃ, οὐχ
αἱρούμενος τὴν παιδοποιίαν διὰ τὴν ἐν παιδοποιίᾳ ἀσχολίαν,
« Μενέτω» φησὶν ὁ ἀπόστολος «ἄγαμος ὡς κἀγώ».
Βούλεσθαι γὰρ λέγειν τὸν κύριον ἐξηγοῦνται μετὰ μὲν τῶν πλειόνων τὸν
δημιουργὸν εἶναι τὸν γενεσιουργὸν θεόν, μετὰ δὲ τοῦ ἑνὸς τοῦ ἐκλεκτοῦ τὸν
σωτῆρα, ἄλλου δηλονότι θεοῦ τοῦ ἀγαθοῦ υἱὸν πεφυκότα. Τὸ δ´ οὐχ οὕτως ἔχει·
ἀλλ´ ἔστι μὲν καὶ μετὰ τῶν σωφρόνως γημάντων καὶ τεκνοποιησάντων ὁ θεὸς δι´
υἱοῦ, ἔστι δὲ καὶ μετὰ τοῦ ἐγκρατευσαμένου λογικῶς ὁ αὐτὸς ὡσαύτως θεός.
Εἶεν δ´ ἂν καὶ ἄλλως οἱ μὲν τρεῖς θυμός τε καὶ ἐπιθυμία καὶ λογισμός, σὰρξ δὲ
καὶ ψυχὴ καὶ πνεῦμα κατ´ ἄλλον λόγον. Τάχα δὲ καὶ τὴν κλῆσιν τήν τε ἐκλογὴν
δευτέραν καὶ τρίτον τὸ εἰς τὴν πρώτην τιμὴν κατατασσόμενον γένος αἰνίσσεται ἡ
προειρημένη τριάς· μεθ´ ὧν ἡ πανεπίσκοπος τοῦ θεοῦ δύναμις ἀμερῶς μεριστή.
Ὁ τοίνυν ταῖς κατὰ φύσιν ἐνεργείαις τῆς ψυχῆς ἐν δέοντι χρώμενος ἐπιθυμεῖ μὲν
τῶν καταλλήλων, μισεῖ δὲ τὰ βλάπτοντα, καθὼς αἱ ἐντολαὶ προστάττουσιν·
« Ἐνευλογήσεις γάρ», φησί, «τὸν εὐλογοῦντα καὶ καταράσῃ τὸν καταρώμενον.»
Ὅταν δὲ καὶ τούτων ὑπεραναβάς, τοῦ θυμοῦ καὶ τῆς ἐπιθυμίας, ἔργῳ ἀγαπήσῃ
τὴν κτίσιν διὰ τὸν πάντων θεόν τε καὶ ποιητήν, γνωστικῶς βιώσεται, ἕξιν
ἐγκρατείας ἄπονον περιπεποιημένος κατὰ τὴν πρὸς τὸν σωτῆρα ἐξομοίωσιν,
ἑνώσας τὴν γνῶσιν, πίστιν, ἀγάπην, εἷς ὢν ἐνθένδε τὴν κρίσιν καὶ πνευματικὸς
ὄντως, ἀπαράδεκτος τῶν κατὰ τὸν θυμὸν καὶ τὴν ἐπιθυμίαν διαλογισμῶν πάντῃ
πάντως, ὁ
« Κατ´ εἰκόνα»
ἐκτελούμενος τοῦ κυρίου πρὸς αὐτοῦ τοῦ τεχνίτου, ἄνθρωπος τέλειος, ἄξιος ἤδη
τοῦ ἀδελφὸς πρὸς τοῦ κυρίου ὀνομάζεσθαι, φίλος ἅμα οὗτος καὶ υἱός {ἐστιν}.
Οὕτως
«οἱ δύο καὶ οἱ τρεῖς»
ἐπὶ τὸ αὐτὸ συνάγονται, τὸν γνωστικὸν ἄνθρωπον. Εἴη δ´ ἂν καὶ ἡ ὁμόνοια τῶν
πολλῶν ἀπὸ τῶν τριῶν ἀριθμουμένη μεθ´ ὧν ὁ κύριος, ἡ μία ἐκκλησία, ὁ εἷς
ἄνθρωπος, τὸ γένος τὸ ἕν. ἢ μή τι μετὰ μὲν τοῦ ἑνὸς τοῦ Ἰουδαίου ὁ κύριος
νομοθετῶν ἦν, προφητεύων δὲ ἤδη καὶ τὸν Ἱερεμίαν ἀποστέλλων εἰς Βαβυλῶνα,
ἀλλὰ καὶ τοὺς ἐξ ἐθνῶν διὰ τῆς προφητείας καλῶν, συνῆγε λαοὺς τοὺς δύο,
τρίτος δὲ ἦν ἐκ τῶν δυεῖν κτιζόμενος εἷς εἰς καινὸν ἄνθρωπον, ᾧ δὴ ἐμπεριπατεῖ
τε καὶ κατοικεῖ ἐν αὐτῇ τῇ ἐκκλησίᾳ; νόμος τε ὁμοῦ καὶ προφῆται σὺν καὶ τῷ
εὐαγγελίῳ ἐν ὀνόματι Χριστοῦ εἰς μίαν συνάγονται γνῶσιν. Οὐκοῦν οἱ διὰ μῖσος
μὴ γαμοῦντες ἢ δι´ ἐπιθυμίαν ἀδιαφόρως τῇ σαρκὶ καταχρώμενοι οὐκ ἐν ἀριθμῷ
τῶν σῳζομένων ἐκείνων μεθ´ ὧν ὁ κύριος.
| [3,10] CHAPITRE X.
Mais qui sont ces deux ou trois personnes assemblées au nom du Christ et au milieu
desquelles habite le Seigneur ? Ces paroles ne désignent-elles pas l'homme, la femme
et l'enfant né de cette alliance, parce que la femme est unie à l'homme en Dieu?
Quant à celui qui veut rester libre de toute entrave pour l'œuvre chrétienne, et qui se
refuse à la paternité à cause de ses devoirs et de ses embarras, qu'il demeure dans le
célibat, comme moi, dit l'apôtre. Cherchons la signification de ces mots.
« A en croire l'interprétation de quelques hérétiques, le Créateur, le Dieu auteur de la
génération, résiderait avec le grand nombre ; tandis que le Sauveur, le fils de l'autre
Dieu, c'est-à-dire du Dieu bon, habite avec un seul, avec l'élu. »
Il n'en est rien. Dieu, par l'intermédiaire de son fils, habite avec ceux qui portent une
sage tempérance dans le mariage et dans la génération, comme le même Dieu habite
pareillement avec celui qui pratique une continence animée de l'esprit du Verbe. On
pourrait encore, par ces trois personnes dont a parlé le Christ, entendre la colère, le
désir et la raison; ou bien, la chair, l'âme et l'esprit. Peut-être aussi cette sorte de
trinité représente-t-elle la vocation, la seconde élection et la troisième espèce
d'élection, la plus glorieuse de toutes, avec lesquelles habite la puissance d'un
Dieu, universelle et divisible tout en demeurant une. L'homme donc, qui use des
facultés naturelles de l'âme avec une tempérance raisonnable, désire les objets qui lui
conviennent, et repousse les choses qui lui répugnent, dans la mesure des
commandements.
« Tu béniras, disent-ils, qui te bénira; tu maudiras qui te maudira. »
Mais quand, élevé au-dessus de la colère et du désir, et aimant réellement la créature
en vue de Dieu, créateur de toutes choses, il a embrassé la vie d'un gnostique, et s'est
établi, par sa ressemblance avec le Sauveur, dans un état de continence qui n'a plus
rien de laborieux pour lui, parce qu'il a réuni la connaissance, la foi et l'amour, alors,
devenu un dans ses jugements, véritablement spirituel, n'ouvrant jamais son âme aux
moindres pensées qui proviennent de la colère et du désir, homme parfait enfin,
rendu semblable au Seigneur par le Créateur lui-même, et bien digne d'être appelé
frère par le Sauveur, voilà le fils, voilà l'ami. C'est ainsi que deux ou trois personnes
sont assemblées dans le même lieu, c'est-à-dire dans le vrai gnostique. Il se pourrait
encore que cette communauté de sentiment, exprimée par les trois personnes avec
lesquelles se trouve le Seigneur, signifiât une seule Église, un seul homme, une seule
race. Quand le Seigneur porta la loi, n'était-il pas avec le Juif, à l'exclusion de tout
autre peuple? Et lorsqu'il fit retentir les prophéties, lorsqu'il envoya Jérémie à
Babylone, lorsqu'il appela, par la prédication, les Gentils, ne rassembla-t-il pas deux
peuples? Et le troisième, n'est-ce pas celui qui a été formé de ces deux peuples
« en un seul homme nouveau dans lequel Dieu habite et marche au sein de l'Église
elle-même? »
La loi ancienne, les prophètes, l'Évangile, ne se confondent-ils pas au nom du Christ
dans une seule connaissance! (gnose.} Les insensés qui, par haine, fuient le mariage,
ou qui, par concupiscence, abusent sans scrupule de la chair, comme chose
indifférente, ne sont donc point du nombre des élus, avec lesquels habite le Seigneur.
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