[12,81] ᾽Εν μανίᾳ δὲ τρυφὴν ἡδίστην γενομένην οὐκ ἀηδῶς
ὁ Ποντικὸς Ἡρακλείδης διηγεῖται ἐν τῷ περὶ ῾Ηδονῆς
οὕτω γράφων « Ὁ Αἰξωνεὺς Θράσυλλος ὁ Πυθοδώρου
διετέθη ποτὲ ὑπὸ μανίας τοιαύτης ὡς πάντα τὰ πλοῖα
τὰ εἰς τὸν Πειραιᾶ καταγόμενα ὑπολαμβάνειν ἑαυτοῦ
εἱναι, καὶ ἀπεγράφετο αὐτὰ καὶ ἀπέστελλε καὶ διῴκει
καὶ καταπλέοντα ἀπεδέχετο μετὰ χαρᾶς τοσαύτης
ὅσησπερ (554f) ἅν τις ἡσθείη τοσούτων χρημάτων
κύριος ὤν. Καὶ τῶν μὲν ἀπολομένων οὐδὲν ἐπεζήτει,
τοῖς δὲ σῳζόμἐνοις ἔχαιρεν καὶ διῆγεν μετὰ πλείστης
ἡδονης. Ἐπεὶ δε ὁ ἀδελφὸς, αὐτοῦ Κρίτων ἐκ Σικελίας
ἐπιδημήσας συλλαβὼν αὐτὸν παρέδωκεν ἰατρῷ καὶ τῆς
μανίας ἐπαύσατο, διηγεῖτο πολλάκις περὶ τῆς ἐν μανίᾳ
διατριβῆς, οὐδεπώποτε φάσκων κατὰ τὸν βίον ἡσθῆναι
πλείονα λύπην μὲν γὰρ οὐδ' ἡντινοῦν αὐτῷ
παραγίνεσθαι, τὸ δὲ τῶν ἡδονῶν πλῆθος ὑπερράλλειν.»
| [12,81] Elle n'est pas sans intérêt l'histoire d'une vie très agréable de luxe résultant de la
folie, racontée par Heracleides du Pont dans livre sur le Plaisir. Il écrit ceci:
Thrasyllus le fils de Pythodorus, du dème d'Aexonrê, était jadis si affligé par une folie résultant de sa
vie luxueuse qu'il allait jusqu'à s'imaginer tous les bateaux entrant au Pirée comme lui appartenant, et
les enregistrait en tant que tels dans ses comptes; il les expédiait et traitait toutes les affaires les
concernant, et quand ils revenaient d'un voyage il les recevait avec une joie exubérante comme s'il se
sentait l'unique propriétaire de toutes les marchandises. Si elles étaient perdues il ne les recherchait
pas, mais si elles revenaient saines et sauves il montrait de la joie et vivait dans la plus grande
satisfaction. A l'arrivée à Athènes de son frère Crito de Sicile, il fut arrêté et placé sous la
responsabilité d'un médecin, qui le guérit de sa folie. Mais il a raconté l'histoire de la manière dont il
avait vécu sa folie, en disant que jamais durant toute sa vie il ne s'était amusé autant; aucune douleur
quelle qu'elle soit ne l'avait touché et la somme de ses plaisirs avait été immense.
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