[5,18] 57. Ὅλως δὲ λῆρός ἐστι τῷ Πλάτωνι τὸ Συμπόσιον. Ὅτε γὰρ Ἀγάθων ἐνίκα, Πλάτων ἦν δεκατεσσάρων ἐτῶν. Ὃ μὲν γὰρ ἐπὶ ἄρχοντος Εὐφήμου στεφανοῦται Ληναίοις, Πλάτων
δὲ γεννᾶται ἐπὶ Ἀπολλοδώρου τοῦ μετ´ Εὐθύδημον ἄρξαντος· δύο δὲ καὶ ὀγδοήκοντα
βιώσας ἔτη μετήλλαξεν (217b) ἐπὶ Θεοφίλου τοῦ μετὰ Καλλίμαχον, ὅς ἐστιν
ὀγδοηκοστὸς καὶ δεύτερος. Ἀπὸ δὲ Ἀπολλοδώρου καὶ τῆς Πλάτωνος γενέσεως
τεσσαρεσκαιδέκατός ἐστιν ἄρχων Εὔφημος, ἐφ´ οὗ τὰ ἐπινίκια Ἀγάθωνος ἑστιῶνται.
Καὶ αὐτὸς δὲ ὁ Πλάτων δηλοῖ τὴν συνουσίαν ταύτην πρὸ πολλοῦ γεγονέναι, λέγων
οὕτως ἐν τῷ Συμποσίῳ·
« ... Εἰ νεωστὶ ἡγεῖ τὴν συνουσίαν γεγονέναι, ὥστε κἀμὲ παραγενέσθαι. (217c) Ἐγὼ
γάρ, ἔφη. Πόθεν, ἦν δ´ ἐγώ, ὦ Γλαύκων; οὐκ οἶσθ´ ὅτι πολλῶν ἐτῶν Ἀγάθων οὐκ
ἐπιδεδήμηκε; »
Καὶ προελθών φησιν·
« Ἀλλ´ εἰπέ μοι, πότε ἐγένετο ἡ συνουσία αὕτη; κἀγὼ εἶπον ὅτι παίδων ἔτι ὄντων
ἡμῶν, ὅτε τῇ τραγῳδίᾳ ἐνίκησεν ὁ Ἀγάθων. »
Ὅτι δὲ πολλὰ ὁ Πλάτων παρὰ τοὺς χρόνους ἁμαρτάνει δῆλόν ἐστιν ἐκ πολλῶν. Κατὰ
γὰρ τὸν εἰπόντα ποιητήν
« Ὅττι κεν ἐπ´ ἀκαιρίμαν γλῶτταν ἔλθῃ »,
τοῦτο μὴ διακρίνας γράφει. οὐ γὰρ ἀγράφως τι ἔλεγεν, Ἀλλὰ πάνυ ἐσκεμμένως,
(217d) 58. Ὡς ἐν τῷ Γοργίᾳ γράφων φησίν·
« Ἄθλιος ἄρα οὗτος ὁ Ἀρχέλαός ἐστι κατὰ τὸν σὸν λόγον. — Εἴπερ γε, ὦ φίλε,
ἄδικος. »
Εἶτα ῥητῶς εἰπὼν ὡς κατέχοντος τὴν Μακεδόνων ἀρχὴν Ἀρχελάου προβὰς γράφει τάδε·
« Καὶ Περικλέα τοῦτον τὸν νεωστὶ τετελευτηκότα. »
Εἰ δὲ νεωστὶ τετελεύτηκε Περικλῆς, Ἀρχέλαος οὔπω κύριός ἐστι τῆς ἀρχῆς· εἰ δ´
οὗτος βασιλεύει, πρὸ πολλοῦ πάνυ χρόνου ἀπέθανε Περικλῆς. Περδίκκας τοίνυν πρὸ
Ἀρχελάου βασιλεύει, ὡς μὲν ὁ Ἀκάνθιός φησιν Νικομήδης, ἔτη μαʹ, Θεόπομπος δὲ
λεʹ, Ἀναξιμένης μʹ, Ἱερώνυμος κηʹ, (217e) Μαρσύας δὲ καὶ Φιλόχορος κγʹ. Τούτων
οὖν διαφόρως ἱστορουμένων λάβωμεν τὸν ἐλάχιστον ἀριθμὸν τὰ κγʹ ἔτη. Περικλῆς δ´
ἀποθνῄσκει κατὰ τὸ τρίτον ἔτος τοῦ Πελοποννησιακοῦ πολέμου ἄρχοντος Ἐπαμείνονος,
ἐφ´ οὗ τελευτᾷ ..... Περδίκκας καὶ τὴν βασιλείαν Ἀρχέλαος διαδέχεται. Πῶς οὖν
νεωστὶ κατὰ Πλάτωνα τελευτᾷ Περικλῆς; ἐν δὲ τῷ αὐτῷ Γοργίᾳ ὁ Πλάτων τὸν Σωκράτη
ποιεῖ λέγοντα·
« Καὶ πέρυσιν βουλεύειν λαχών, ἐπειδὴ ἡ φυλὴ ἐπρυτάνευε (217f) καὶ ἔδει με
ἐπιψηφίζειν, γέλωτα παρεῖχον καὶ οὐκ ἠδυνάμην ἐπιψηφίσαι. »
Τοῦτο ὁ Σωκράτης οὐ κατὰ ἀδυναμίαν ἐποίησεν, ἀλλὰ μᾶλλον κατὰ ἀνδραγαθίαν· οὐ
γὰρ ἠβούλετο λύειν δημοκρατίας νόμους. Παρίστησι δὲ τοῦτο σαφῶς ὁ Ξενοφῶν ἐν
πρώτῳ Ἑλληνικῶν ἐκτιθεὶς οὕτως·
« Τῶν δὲ πρυτάνεών τινων οὐ φασκόντων προθήσειν τὴν διαψήφισιν παρὰ τοὺς νόμους,
(218a) αὖθις Καλλίξεινος ἀναβὰς κατηγόρει αὐτῶν. Οἳ δὲ ἐβόων καλεῖν τοὺς οὐ
φάσκοντας· οἱ δὲ πρυτάνεις φοβηθέντες ὡμολόγουν ἅπαντες προθήσειν πλὴν Σωκράτους
τοῦ Σωφρονίσκου. Οὗτος δὲ οὐκ ἔφη, ἀλλὰ κατὰ τοὺς νόμους πάντα ποιήσειν. »
Οὗτός ἐστιν ὁ διαψηφισμὸς ὁ γενόμενος κατὰ τῶν περὶ Ἐρασινίδην στρατηγῶν, ὅτι
τοὺς ἐν Ἀργινούσσαις ἐν τῇ ναυμαχίᾳ ἀπολομένους οὐκ ἀνείλοντο. Ἐγένετο δὲ ἡ
ναυμαχία ἐπὶ ἄρχοντος Καλλίου, τῆς Περικλέους τελευτῆς ὕστερον ἔτεσιν εἴκοσι καὶ
τέτταρσιν.
(218b) 59. Ἀλλὰ μὴν καὶ ὁ ἐν τῷ Πρωταγόρᾳ διάλογος, μετὰ τὴν Ἱππονίκου τελευτὴν
γενόμενος παρειληφότος ἤδη τὴν οὐσίαν Καλλίου, τοῦ Πρωταγόρου μέμνηται
παραγεγονότος τὸ δεύτερον οὐ πολλαῖς πρότερον ἡμέραις. Ὁ δ´ Ἱππόνικος ἐπὶ μὲν
Εὐθυδήμου ἄρχοντος στρατηγῶν παρατέτακται μετὰ Νικίου πρὸς Ταναγραίους καὶ τοὺς
παραβοηθοῦντας Βοιωτῶν καὶ τῇ μάχῃ νενίκηκε. Τέθνηκε δὲ πρὸ τῆς ἐπ´ Ἀλκαίου
διδασκαλίας τῶν Εὐπόλιδος Κολάκων οὐ πολλῷ χρόνῳ κατὰ τὸ εἰκός. (218c) Πρόσφατον
γάρ τινα τοῦ Καλλίου τὴν παράληψιν τῆς οὐσίας ἐμφαίνει τὸ δρᾶμα. Ἐν οὖν τούτῳ τῷ
δράματι Εὔπολις τὸν Πρωταγόραν ὡς ἐπιδημοῦντα εἰσάγει, Ἀμειψίας δ´ ἐν τῷ Κόννῳ
δύο πρότερον ἔτεσιν διδαχθέντι οὐ καταριθμεῖ αὐτὸν ἐν τῷ τῶν φροντιστῶν χορῷ.
δῆλον οὖν ὡς μεταξὺ τούτων τῶν χρόνων παραγέγονεν. Ὁ δὲ Πλάτων καὶ τὸν Ἠλεῖον
Ἱππίαν συμπαρόντα ποιεῖ (ἐν) τῷ Πρωταγόρᾳ μετά τινων ἰδίων πολιτῶν, οὓς οὐκ
εἰκὸς ἐν Ἀθήναις ἀσφαλῶς διατρίβειν πρὸ τοῦ τὰς ἐνιαυσίας (218d) ἐπὶ Ἰσάρχου
(τοῦ) Ἐλαφηβολιῶνος συντελεσθῆναι σπονδάς. Ὃ δὲ τὸν διάλογον ὑφίσταται γινόμενον
περὶ τοὺς καιροὺς τούτους καθ´ οὓς αἱ σπονδαὶ προσφάτως ἐγεγόνεσαν· λέγει γοῦν·
« Εἰ γὰρ εἶεν ἄνθρωποι ἄγριοι οἵους πέρυσι Φερεκράτης ὁ ποιητὴς ἐδίδαξεν ἐπὶ
Ληναίῳ. »
Ἐδιδάχθησαν δὲ οἱ Ἄγριοι ἐπ´ Ἀριστίωνος ἄρχοντος, ἀφ´ οὗ ἐστιν ἄρχων Ἀστύφιλος,
πέμπτος ὢν ἀπὸ Ἰσάρχου, καθ´ ὃν αἱ σπονδαὶ ἐγένοντο. Ἴσαρχος γάρ, εἶτ´ Ἀμεινίας,
μεθ´ ὃν Ἀλκαῖος, εἶτ´ Ἀριστίων, εἶτ´ Ἀστύφιλος. (218e) Παρὰ τὴν ἱστορίαν οὖν ὁ
Πλάτων ἐν τῷ διαλόγῳ εἰς τὰς Ἀθήνας παράγει πολεμίους ὄντας τοὺς περὶ τὸν
Ἱππίαν, μὴ τῆς ἐκεχειρίας αὐτῆς μενούσης.
| [5,18] 57. Chap. XVIII. Mais le Banquet de Platon est un vrai roman. En effet,
Platon n'avait que quatorze ans lorsqu'Agathon remporta le prix; car ce fut à la
fête des Pressoirs, sous l'archonte Euphème, qu'il obtint cette couronne : or,
Platon est né sous l'archontat d'Apollodore, successeur d'Euthydème, et il est
mort à l'âge de quatre-vingt-deux ans, sous l'archontat (217b) de Théophile,
successeur de Callimaque, quatre-vingt-deuxième archonte depuis Apollodore ;
mais le quatorzième archonte, depuis Apollodore et la naissance de Platon, est
Euphème, sous lequel se donna le repas à l'occasion de la victoire d'Agathon.
Cependant, Platon nous montre lui-même que cette assemblée avait eu lieu
longtemps auparavant, en parlant ainsi au commencement de son Banquet : —Tu te
trompes, si tu penses que cette assemblée a eu lieu depuis peu de temps, de
sorte que je m'y sois même trouvé. (217c) — Je le pensais, dit-il. —Mais,
lui répondis-je, comment donc, ô Glaucon! Ignores-tu qu'Agathon n'est pas venu
ici depuis nombre d'années?
« Alors, poursuivant, il me dit : Apprends-moi donc quand cette assemblée a eu
lieu. — J'étais encore enfant, répondis-je, lorsqu'Agathon remporta le prix de
la tragédie. »
On peut donner nombre de preuves des anachronismes que fait Platon; car il écrit
indistinctement tout ce qui se présente sur sa langue imprudente, pour me servir
de l'expression d'un poète. En effet, observez qu'il ne parle pas de choses qui
n'aient pas été écrites, et même avec beaucoup de réflexion;
(217d) par exemple, il écrit dans son Gorgias : — « Cet Archélaüs est donc
malheureux, selon ce que tu dis. — Oui, certes, s'il est injuste. » Ensuite
Platon dit expressément : « Qu'Archélaüs était alors roi de Macédoine ; » puis
il ajoute : « Et ce Périclès, qui est mort il n'y a pas longtemps. » Mais si
Périclès est mort depuis peu de temps, Archélaüs n'est donc pas encore sur le
trône; et si Archélaüs est roi, il y a donc longtemps que Périclès est mort. En
effet, Perdiccas a régné avant Archélaüs, selon Nicomède d'Acanthe, et
pendant quarante et un ans; Théopompe dit trente-cinq; Anaximène, quarante;
Hiéronyme, vingt-huit; (217e) Marsias et Philochore, vingt-trois.
Prenons le moindre des nombres rapportés par ces historiens, c’est-à-dire,
vingt-trois ans. Or, Périclès est mort la troisième année de la guerre de
Péloponnèse, sons l'archontat d'Épaminon, même époque de la mort de
Perdiccas, à qui succéda Archélaüs. Comment donc Périclès est-il mort depuis peu
de temps, selon Platon?
Platon fait encore parler ainsi Socrate dans le Gorgias : « Je voulus, l'année
dernière, lorsque ma tribu gérait les fonctions de Prytanée, (217f)
recueillir les suffrages, puisque c'était à moi de prononcer; mais je ne pus le
faire.» Or, ce fut particulièrement un principe de probité qui fit agir
ainsi Socrate ; car il ne voulut pas porter atteinte aux lois de la démocratie.
C'est ce que Xénophon montre assez clairement dans le premier livre de son
histoire de la Grèce.
« Quelques magistrats disant qu'on ne porterait pas de suffrages contre les
lois, (218a) Callixène monta une seconde fois à la tribune, et les accusa. Les
auditeurs crièrent qu'on nommât ceux qui ne voulaient pas donner leur suffrage :
alors les magistrats, intimidés, convinrent tous de le donner, excepté Socrate,
fils de Sophronisque, qui dit formellement qu'il ne le donnerait pas, mais qu'il
se conformerait en tout aux lois. »
La sentence qu'il s'agissait alors de porter, concernait Érasinide et les autres
Généraux qui n'avaient pas recueilli les corps de ceux qui étaient péris au
combat naval; livré près des îles Arginuses, sous l'archonte Callias,
vingt-quatre ans après la mort de Périclès.
(218b) 59. « Mais Platon confond encore les dates dans son Protagoras,
dialogue qu'il écrivit après la mort d'Hipponique, dont Callias avait déjà
recueilli la succession, et Protagoras étant à Athènes pour la seconde fois
depuis peu de jours. » Or, Hipponique avait été mis avec Nicias à la tête de
l'armée sous l'archonte Euthydème, pour marcher contre les Tanagriens et les
troupes auxiliaires des Béotiens. Il remporta la victoire, et mourut peu après,
selon toute apparence, avant qu'Eupolis donnât sa pièce intitulée les Flatteurs,
sous l'archonte Alcée; (218c) car cette pièce indique que Callias avait
recueilli tout récemment une succession. En outre le poète Eupolis y présente
Protagoras comme étant à Athènes. D'un autre côté, Ameipsias, qui, d’un autre
côté, avait donné sa pièce intitulée la Barbe, n’y compte pas Protagoras parmi
ceux qui tenaient école publique à Athènes. Il est donc clair que Protagoras s'y
trouva dans l'intervalle des représentations de ces deux pièces.
Mais Platon, dans ce dialogue, introduit Hippias d'Élide comme présent à Athènes
avec plusieurs de ses compatriotes. Cependant, il n'est pas probable qu'ils
aient pu s'y trouver en sûreté avant la trêve d'un an qui fut conclue (218d)
sous l’archonte Isarque, au mois Élaphébolion. D'un autre coté, Platon suppose
lui-même que ce dialogue ne fut pas fait vers le temps que cette trêve venait
d'être conclue. En effet, il dit : « Si c’étaient des sauvages tels que ceux que
Phérécrate a fait présenter aux fêtes des Pressoirs. » Or, cette pièce des
Sauvages fut jouée sous l’archonte Aristion, à qui Astyphile succéda, et le
cinquième, depuis Isarque, car voici la suite de ces magistrats: Isarque,
Arninias, Alcée, Aristion, Astyphile, (218e) C'est donc contre l'ordre même
de l'histoire que Platon, dans ce dialogue, fait trouver à Athènes, Hippias et
ses compagnons, qui étaient nécessairement des ennemis, puisque la trêve ne
subsistait plus.
|