[4,2] § 1. Λοιπὸν δ' εἰπεῖν τὰ ἐχόμενα εἴδη, ὅσα αἱ εἰρημέναι δυνάμεις ἐργάζονται ἐξ
ὑποκειμένων τῶν φύσει συνεστώτων ἤδη. Ἔστι δὴ θερμοῦ μὲν πέψις, πέψεως δὲ
πέπανσις, ἕψησις, ἔτι ὄπτησις· ψυχρότητος δὲ ἀπεψία, ταύτης δὲ ὠμότης,
μόλυνσις, στάτευσις.
§ 2. Δεῖ δὲ ὑπολαμβάνειν μὴ κυρίως ταῦτα λέγεσθαι τὰ ὀνόματα τοῖς πράγμασιν,
ἀλλ' οὐ κεῖται καθόλου τοῖς ὁμοίοις, ὥστε οὐ ταῦτα ἀλλὰ τοιαῦτα δεῖ νομίζειν
εἶναι τὰ εἰρημένα εἴδη. Εἴπωμεν δ' αὐτῶν ἕκαστον τί ἐστιν.
§ 3. Πέψις μὲν οὖν ἐστιν τελείωσις ὑπὸ τοῦ φυσικοῦ καὶ οἰκείου θερμοῦ ἐκ τῶν
ἀντικειμένων παθητικῶν· ταῦτα δ' ἐστὶν ἡ οἰκεία ἑκάστῳ ὕλη. Ὅταν γὰρ πεφθῇ,
τετελείωταί τε καὶ γέγονεν.
§ 4. Καὶ ἡ ἀρχὴ τῆς τελειώσεως ὑπὸ θερμότητος τῆς οἰκείας συμβαίνει, κἂν διά
τινος τῶν ἐκτὸς βοηθείας συνεπιτελεσθῇ, οἷον ἡ τροφὴ συμπέττεται καὶ διὰ
λουτρῶν καὶ δι' ἄλλων τοιούτων· ἀλλ' ἥ γε ἀρχὴ ἡ ἐν αὐτῷ θερμότης ἐστίν.
§ 5. Τὸ δὲ τέλος τοῖς μὲν ἡ φύσις ἐστίν, φύσις δὲ ἣν λέγομεν ὡς εἶδος καὶ οὐσίαν·
τοῖς δὲ εἰς ὑποκειμένην τινὰ μορφὴν τὸ τέλος ἐστὶ τῆς πέψεως, ὅταν τοιονδὶ
γένηται καὶ τοσονδὶ τὸ ὑγρὸν ἢ ὀπτώμενον ἢ ἑψόμενον ἢ σηπόμενον ἢ ἄλλως
πως θερμαινόμενον· τότε γὰρ χρήσιμόν ἐστι καὶ πεπέφθαι φαμέν, ὥσπερ τὸ
γλεῦκος καὶ τὰ ἐν τοῖς φύμασιν συνιστάμενα, ὅταν γένηται πύον, καὶ τὸ
δάκρυον, ὅταν γένηται λήμη· ὁμοίως δὲ καὶ τἆλλα.
§ 6. Συμβαίνει δὲ τοῦτο πάσχειν ἅπασιν, ὅταν κρατηθῇ ἡ ὕλη καὶ ἡ ὑγρότης· αὕτη
γάρ ἐστιν ἡ ὁριζομένη ὑπὸ τῆς ἐν τῇ φύσει θερμότητος. Ἕως γὰρ ἂν ἐνῇ ἐν αὐτῇ
ὁ λόγος, φύσις τοῦτ' ἐστίν. (380a) Διὸ καὶ ὑγιείας σημεῖα τὰ τοιαῦτα, καὶ οὖρα καὶ
ὑποχωρήσεις καὶ ὅλως τὰ περιττώματα. Καὶ λέγεται πεπέφθαι, ὅτι δηλοῖ κρατεῖν
τὴν θερμότητα τὴν οἰκείαν τοῦ ἀορίστου.
§ 7. Ἀνάγκη δὲ τὰ πεττόμενα παχύτερα καὶ θερμότερα εἶναι· τοιοῦτον γὰρ
ἀποτελεῖ τὸ θερμόν, εὐογκότερον καὶ παχύτερον καὶ ξηρότερον.
§ 8. Πέψις μὲν οὖν τοῦτο ἐστίν· ἀπεψία δὲ ἀτέλεια δι' ἔνδειαν (380a.7) τῆς οἰκείας
θερμότητος (ἡ δὲ ἔνδεια τῆς θερμότητος ψυχρότης ἐστίν)· ἡ δ' ἀτέλειά ἐστιν τῶν
ἀντικειμένων παθητικῶν, ἥπερ ἐστὶν ἑκάστῳ φύσει ὕλη. Πέψις μὲν οὖν καὶ
ἀπεψία διωρίσθω τοῦτον τὸν τρόπον.
| [4,2] CHAPITRE II.
§ 1. Il nous reste à dire quelles sont les modifications consécutives que déterminent
les forces dont nous venons de parler, en agissant sur les objets déjà formés par la
nature elle-même. La chaleur cause la digestion, et les espèces de la digestion sont : la
maturation, la coction, la cuisson. Le froid cause l'indigestion, et l'indigestion a pour
espèces : la crudité, le ramollissement et la coction imparfaite.
§ 2. Il faut bien remarquer que ces expressions ne correspondent pas très
convenablement aux choses ; mais pourtant elles ne s'appliquent pas d'une manière
générale à des phénomènes identiques. Par conséquent, il faut bien se dire que toutes
ces espèces ne sont pas absolument, mais seulement à peu près, ce qu'on vient de
dire. Nous allons les reprendre chacune à leur tour.
§ 3. La digestion est donc un achèvement par la chaleur naturelle et propre, agissant
sur les opposés passifs. Et par ces opposés, j'entends la matière propre à chaque
corps, puisque, quand elle est digérée, l'opération est achevée, et qu'elle est devenue
tout ce qu'elle doit être.
§ 4. Le principe de cet achèvement vient de la chaleur propre, bien que cette chaleur
puisse être aidée et complétée par quelque secours extérieur. C'est ainsi, par exemple,
que la digestion des aliments est aidée par des lotions et par d'autres moyens
analogues. Mais le principe, c'est la chaleur qui est dans le corps même.
§ 5. Le but de la digestion, c'est tantôt la nature même de l'être, la nature qui pour
nous est forme et substance ; tantôt la fin de la digestion aboutit à une certaine
configuration, lorsque le corps humide qui est ou cuit, ou rôti, ou putréfié, ou
échauffé de toute autre manière, acquiert telle qualité ou telle dimension ; car alors il
peut être mis en usage, et nous disons qu'il est digéré, comme le moût et les liquides
qui sont dans les tumeurs, lorsqu'ils se convertissent en pus, et comme la larme
quand elle devient chassie. Et de même pour une foule d'autres choses.
§ 6. C'est là du reste ce qui arrive à tous les corps, quand la matière et l'humidité sont
dominées et vaincues ; car c'est elle qui est déterminée par la chaleur qui est dans la
nature de l'objet; et tant que la définition lui convient, c'est sa nature. (380a) C'est là
ce qui fait aussi que ce sont des objets de ce genre, urines, selles, et en général toutes
les excrétions, qui sont des signes de la santé. On dit qu'elles sont digérés, parce
qu'elles montrent que la chaleur propre l'emporte sur l'indéterminé.
§ 7. Il faut nécessairement que les choses digérées soient plus épaisses et plus
chaudes ; car la chaleur rend la chose sur laquelle elle agit plus renflée plus épaisse
et plus sèche.
§ 8. Voilà donc ce que c'est que la digestion. Quant à l'indigestion, elle est
l'inaccomplissement de ces phénomènes par défaut de chaleur propre. Le défaut de
chaleur, c'est le froid. L'inaccomplissement vient des opposés passifs, selon la matière
spéciale de chaque objet, d'après sa nature.
Voilà ce que nous avions à dire de la digestion et de l'indigestion.
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