[5,9] CHAPITRE IX.
1 Ὁμοίως δὲ καὶ τῶν ἰχθύων οἱ πλεῖστοι ἅπαξ, οἷον οἱ {543b} χυτοί
(καλοῦνται δὲ χυτοὶ οἱ τῷ δικτύῳ περιεχόμενοι), θύννος, πηλαμύς,
κεστρεύς, χαλκίδες, κολίαι, χρομίς, ψῆττα καὶ τὰ τοιαῦτα, πλὴν ὁ λάβραξ·
οὗτος δὲ δὶς τούτων μόνος, γίνεται δ´ ὁ τόκος αὐτῷ ὁ ὕστερος
ἀσθενέστερος. 2 Καὶ ὁ τριχίας δὲ καὶ τὰ πετραῖα δίς, ἡ δὲ τρίγλη μόνη τρίς.
Τεκμαίρονται δ´ ἐκ τοῦ γόνου· τρὶς γὰρ φαίνεται ὁ γόνος περί τινας τόπους.
Ὁ δὲ σκορπίος τίκτει δίς. Τίκτει δὲ καὶ ὁ σαργὸς δίς, ἔαρος καὶ μετοπώρου·
ἡ δὲ σάλπη τοῦ μετοπώρου ἅπαξ. Ἡ δὲ θυννὶς ἅπαξ τίκτει, ἀλλὰ διὰ τὸ τὰ
μὲν πρώϊα τὰ δ´ ὄψια προΐεσθαι δὶς δοκεῖ τίκτειν· ἔστι δ´ ὁ μὲν πρῶτος
τόκος περὶ τὸν Ποσειδεῶνα πρὸ τροπῶν, ὁ δ´ ὕστερος τοῦ ἔαρος.
Διαφέρει δ´ ὁ θύννος ὁ ἄρρην τοῦ θήλεος, ὅτι ἡ μὲν ἔχει ὁ δ´ οὐκ ἔχει ὑπὸ
τῇ γαστρὶ πτερύγιον, ὃ καλοῦσιν ἀφαρέα.
3 Τῶν δὲ σελαχῶν ἡ ῥίνη μόνη τίκτει δίς· τίκτει γὰρ καὶ ἀρχομένου τοῦ
φθινοπώρου καὶ περὶ Πλειάδος δύσιν, εὐημερεῖ δ´ ἐν τῷ φθινοπώρῳ
μᾶλλον· ὁ δ´ εἷς τόκος γίνεται περὶ ἑπτὰ ἢ ὀκτώ. Δοκοῦσι δ´ ἔνιοι τῶν
γαλεῶν, οἷον ὁ ἀστερίας, δὶς τοῦ μηνὸς τίκτειν· τοῦτο δὲ συμβαίνει, ὅτι οὐχ
ἅμα πάντα λαμβάνει τελέωσιν τὰ ᾠά. 4 Ἔνια δὲ τίκτει πᾶσαν ὥραν, οἷον ἡ
σμύραινα. Τίκτει δ´ αὕτη ᾠὰ πολλά, καὶ ἐκ μικροῦ ταχεῖαν τὴν αὔξησιν
λαμβάνουσι τὰ γενόμενα, ὥσπερ καὶ τὰ τοῦ ἱππούρου· καὶ γὰρ ταῦτα ἐξ
ἐλαχίστου μέγιστα γίνεται τάχιστα, πλὴν ἡ μὲν σμύραινα πᾶσαν ὥραν
τίκτει, ὁ δ´ ἵππουρος ἔαρος. Διαφέρει δ´ ὁ σμῦρος καὶ ἡ σμύραινα· ἡ μὲν
γὰρ σμύραινα ποικίλον καὶ ἀσθενέστερον, ὁ δὲ σμῦρος ὁμόχρους καὶ
ἰσχυρός, καὶ τὸ χρῶμα ἔχει ὅμοιον τῇ πίτυϊ, καὶ ὀδόντας ἔχει καὶ ἔσωθεν καὶ
ἔξωθεν. Φασὶ δ´ ὥσπερ καὶ τἆλλα, τὸν μὲν ἄρρενα τὴν δὲ θήλειαν εἶναι.
Ἐξέρχονται δὲ ταῦτα εἰς τὸ ξηρόν, καὶ λαμβάνονται πολλάκις.
5 Συμβαίνει μὲν οὖν σχεδὸν πᾶσι ταχεῖαν γίνεσθαι τὴν αὔξησιν τοῖς
ἰχθύσιν, οὐχ ἥκιστα δὲ κορακίνῳ τῶν μικρῶν· τίκτει δὲ πρὸς τῇ γῇ καὶ τοῖς
βρυώδεσι καὶ δασέσιν. {544a} Ταχὺ δὲ καὶ ὁ ὀρφὼς ἐκ μικροῦ γίνεται
μέγας. Αἱ δὲ πηλαμύδες καὶ οἱ θύννοι τίκτουσιν ἐν τῷ Πόντῳ, ἄλλοθι δ´ οὔ·
κεστρεῖς δὲ καὶ χρυσόφρυες καὶ λάβρακες μάλιστα οὗ ἂν ποταμοὶ ῥέωσιν·
οἱ δ´ ὄρκυνες καὶ σκορπίδες καὶ ἄλλα πολλὰ γένη ἐν τῷ πελάγει. 6 Τίκτουσι
δ´ οἱ πλεῖστοι τῶν ἰχθύων ἐν μησὶ τρισί, Μουνυχιῶνι, Θαργηλιῶνι,
Σκιρροφοριῶνι· μετοπώρου δ´ ὀλίγοι, οἷον σάλπη καὶ σαργὸς καὶ ὅσα ἄλλα
τοιαῦτα μικρὸν πρὸ ἰσημερίας τῆς φθινοπωρινῆς, καὶ νάρκη καὶ ῥίνη. 7
Τίκτει δ´ ἔνια καὶ χειμῶνος καὶ θέρους, ὥσπερ ἐλέχθη πρότερον, οἷον
χειμῶνος μὲν λάβραξ, κεστρεύς, βελόνη, θέρους δὲ περὶ τὸν
Ἑκατομβαιῶνα θυννίς, περὶ τροπὰς θερινάς· τίκτει δὲ θυλακοειδές, ἐν ᾧ
πολλὰ ἐγγίνεται καὶ μικρὰ ᾠά. Καὶ οἱ ῥυάδες τοῦ θέρους τίκτουσιν. 8
Ἄρχονται δὲ κύειν τῶν κεστρέων οἱ μὲν χελῶνες τοῦ Ποσειδεῶνος καὶ ὁ
σαργὸς καὶ ὁ σμύξων καλούμενος καὶ ὁ κέφαλος· κύουσι δὲ τριάκοντα
ἡμέρας. Ἔνιοι δὲ τῶν κεστρέων οὐ γίνονται ἐκ συνδυασμοῦ, ἀλλὰ φύονται
ἐκ τῆς ἰλύος καὶ τῆς ἄμμου.
9 Ὡς μὲν οὖν ἐπὶ τὸ πολὺ τοῦ ἔαρος τὰ πλεῖστα κυΐσκεται, οὐ μὴν
ἀλλά, καθάπερ εἴρηται, καὶ θέρους ἔνια καὶ φθινοπώρου καὶ χειμῶνος·
ἀλλ´ οὔθ´ ἅπασιν ὁμοίως τοῦτο συμβαίνει οὔθ´ ἁπλῶς οὔτε καθ´ ἕκαστον
γένος, ὥσπερ τοῖς πλείστοις τοῦ ἔαρος· οὐδὲ δὴ κύουσι πολλὰ κυήματα
ὁμοίως ἐν τοῖς ἄλλοις χρόνοις. 10 Ὅλως δὲ δεῖ μὴ λεληθέναι ὅτι, ὥσπερ καὶ
τῶν φυομένων καὶ τῶν ζῴων τῶν τετραπόδων πολλὴν αἱ χῶραι ποιοῦσι
διαφορὰν οὐ μόνον πρὸς τὴν ἄλλην τοῦ σώματος εὐημερίαν ἀλλὰ καὶ
πρὸς τὸ πλεονάκις ὀχεύεσθαι καὶ γεννᾶν, οὕτω καὶ περὶ τοὺς ἰχθῦς πολλὴν
ποιοῦσι τὴν διαφορὰν αὐτοὶ οἱ τόποι οὐ μόνον κατὰ μέγεθος καὶ εὐτροφίαν
ἀλλὰ καὶ κατὰ τοὺς τόκους καὶ τὰς ὀχείας, τοῦ ἔνθα μὲν πλεονάκις ἔνθα δ´
ἐλαττονάκις γεννᾶν τὰ αὐτά.
| [5,9] CHAPITRE IX.
1 Presque tous les poissons ne produisent qu'une seule fois l'an,
comme {543b} font les poissons qui vont par bandes. On appelle poissons
par bandes ceux qu'on prend au filet circulaire, thon, pélamyde, muge,
chalcides, maquereaux (colies), ombre (chromis), psette, et autres de
même genre. Le loup-marin fait exception, puisqu'il est le seul de ces
poissons à frayer deux fois par an; mais sa seconde portée est plus
faible que la première. 2 Le trichias et les saxatiles frayent deux fois par
an. Le surmulet est le seul poisson qui fraye jusqu'à trois fois. Ce qui
porte à le supposer, c'est que, dans certains lieux, on voit trois fois par an
de petits surmulets, issus de trois frais successifs. Le scorpios fraye deux
fois ; le sargue fraye également deux fois, au printemps et à l'automne. La
saupene fraye qu'une fois, à l'automne. Le thon ne fraye non plus qu'une
seule fois; mais comme il produit ses œufs les uns plus tôt, les autres plus
tard, il semble qu'il fraye deux fois. La première ponte est vers le mois de
Neptune, après le solstice; et la dernière est au printemps. Le thon mâle
diffère du thon femelle, en ce qu'elle a sous le ventre une nageoire que le
mâle n'a pas, et qu'on nomme Apharée.
3 Des sélaciens, la raie est la seule qui produise deux fois, au
commencement de l'automne et au coucher de la Pléiade. Ses portées
réussissent davantage dans l'automne. Chacune des portées est de sept
ou huit petits. Il y a des chiens de mer, comme l'étoile marine, qui
semblent produire deux fois par mois. Cette illusion tient à ce que ses
œufs ne prennent pas tous à la fois leur développement entier. 4 Il y a des
poissons qui frayent en toute saison de l'année, comme la murène ; elle
produit beaucoup d'œufs, qui, d'abord tout petits, prennent bien vite leur
croissance, comme ceux de la Queue-de-cheval, qui, de très-petits,
deviennent très vite extrêmement grands. D'ailleurs, la murène pond en
toutes saisons, tandis que la Queue-de-cheval ne pond qu'au printemps.
Entre le muros et la murène, il y a cette différence que la murène est toute
tachetée et plus faible, tandis que le muros est d'une couleur uniforme et
qu'il est plus fort. Sa couleur est celle de la poix ; et il a des dents
intérieures et extérieures. On prétend qu'il y a dans cette espèce, comme
dans les autres, des mâles et des femelles. Ils viennent à terre en sortant
de l'eau, et souvent ils s'y font prendre.
5 La plupart des poissons croissent très rapidement; et parmi les
petits poissons, le coracin n'est pas celui qui grandit le moins vite. Il fraye
près de terre dans des endroits couverts d'herbes, et au milieu des plus
épaisses. {544a} L'Orphos aussi, qui naît très petit, devient grand très
vite. Les Pélamydes et les thons frayent dans le Pont-Euxin, et ils ne
frayent pas ailleurs. Les muges, les dorades et les loups frayent de
préférence à l'embouchure des fleuves. Au contraire, les Orcynes, les
scorpides et plusieurs autres espèces frayent dans la haute mer. 6
Presque tous les poissons frayent dans les trois mois de Munichion, de
Thargélion et de Skirrhophorion. Très peu frayent en automne, comme la
saupe, le sargue, et quelques autres espèces analogues, un peu avant
l'équinoxe d'automne. C'est aussi l'époque de la torpille et de la raie. 7 II y
a encore des espèces, en petit nombre, qui frayent en hiver et en été,
comme nous l'avons déjà dit. Ainsi, le loup, le muge, l'aiguille, frayent en
hiver ; le thon fraye en été dans le mois d'Hécatombéon, vers le solstice
d'été. Ses œufs sont déposés dans une sorte de poche, et ils y sont petits
et nombreux. Les poissons qui vont par bandes frayent durant l'été. 8
Parmi les espèces des muges, les Grosses-lèvres commencent à frayer
dans le mois de Neptune, ainsi que le sargue, le poisson appelé le
Morveux, et le capiton. Ces poissons frayent pendant trente jours. Il y a
des muges qui ne viennent pas d'un accouplement ; ils naissent du limon
et du sable.
9 Ainsi donc, c'est généralement au printemps que les poissons se
mettent à frayer. Néanmoins, comme on vient de le dire, il y en a aussi
quelques-uns qui frayent en été, à l'automne et même en hiver. Mais cette
singularité ne se passe pas de la même manière pour tous; elle n'est pas
absolue, ni même applicable à chaque espèce entière, ainsi que le frai au
printemps est la règle la plus ordinaire. Aux autres époques de l'année,
les pontes ne sont pas aussi abondantes. 10 Une chose qu'il ne faut pas
perdre de vue, c'est que, si, pour les plantes et pour les animaux
quadrupèdes, les contrées diverses amènent de la différence, non
seulement pour la santé générale des individus, mais aussi pour le
nombre de leurs accouplements et pour leur fécondité, de même les lieux
ont également grande influence sur les poissons, non seulement pour leur
grosseur et leur engraissement, mais aussi pour leurs portées et leurs
accouplements, de telle sorte que les mêmes animaux produisent
davantage dans tel lieu, et produisent moins dans tel autre.
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