[1,410b] οἷον (410b) ὀστᾶ νεῦρα τρίχες, οὐθενὸς αἰσθάνεσθαι δοκεῖ, ὥστ' οὐδὲ τῶν ὁμοίων·
καίτοι προσῆκεν.
§ 10. Ἔτι δ' ἑκάστῃ τῶν ἀρχῶν ἄγνοια πλείων ἢ σύνεσις ὑπάρξει· γνώσεται μὲν γὰρ ἓν ἑκάστη,
πολλὰ δ' ἀγνοήσει· πάντα γὰρ τἆλλα. Συμβαίνει δ' Ἐμπεδοκλεῖ γε καὶ ἀφρονέστατον εἶναι τὸν
θεόν· μόνος γὰρ τῶν στοιχείων ἓν οὐ γνωριεῖ, τὸ νεῖκος, τὰ δὲ θνητὰ πάντα· ἐκ πάντων γὰρ
ἕκαστον.
§ 11. Ὅλως τε διὰ τίν' αἰτίαν οὐχ ἅπαντα ψυχὴν ἔχει τὰ ὄντα, ἐπειδὴ πᾶν ἤτοι στοιχεῖον ἢ ἐκ
στοιχείου ἑνὸς ἢ πλειόνων ἢ πάντων; Ἀναγκαῖον γάρ ἐστιν ἕν τι γινώσκειν ἢ τινὰ ἢ πάντα.
§ 12. Ἀπορήσειε δ' ἄν τις καὶ τί ποτ' ἐστὶ τὸ ἑνοποιοῦν αὐτά· ὕλῃ γὰρ ἔοικε τά γε στοιχεῖα,
κυριώτατον δ' ἐκεῖνο τὸ συνέχον, ὅ τί ποτ' ἐστίν· τῆς δὲ ψυχῆς εἶναί τι κρεῖττον καὶ ἄρχον
ἀδύνατον· ἀδυνατώτερον δ' ἔτι τοῦ νοῦ· εὔλογον γὰρ τοῦτον εἶναι προγενέστατον καὶ κύριον
κατὰ φύσιν, τὰ δὲ στοιχεῖά φασι πρῶτα τῶν ὄντων εἶναι.
§ 13. Πάντες δὲ καὶ οἱ διὰ τὸ γνωρίζειν καὶ αἰσθάνεσθαι τὰ ὄντα τὴν ψυχὴν ἐκ τῶν στοιχείων
λέγοντες αὐτήν, καὶ οἱ τὸ κινητικώτατον, οὐ περὶ πάσης λέγουσι ψυχῆς. Οὔτε γὰρ τὰ
αἰσθανόμενα πάντα κινητικά (φαίνεται γὰρ εἶναί τινα μόνιμα τῶν ζῴων κατὰ τόπον· καίτοι
δοκεῖ γε ταύτην μόνην τῶν κινήσεων κινεῖν ἡ ψυχὴ τὸ ζῷον)· ὁμοίως δὲ καὶ ὅσοι τὸν νοῦν καὶ τὸ
αἰσθητικὸν ἐκ τῶν στοιχείων ποιοῦσιν. Φαίνεται γὰρ τά τε φυτὰ ζῆν οὐ μετέχοντα {φορᾶς οὐδ'}
αἰσθήσεως, καὶ τῶν ζῴων <τὰ> πολλὰ διάνοιαν οὐκ ἔχειν.
§ 14. Εἰ δέ τις καὶ ταῦτα παραχωρήσειε καὶ θείη τὸν νοῦν μέρος τι τῆς ψυχῆς, ὁμοίως δὲ καὶ τὸ
αἰσθητικόν, οὐδ' ἂν οὕτω λέγοιεν καθόλου περὶ πάσης ψυχῆς οὐδὲ περὶ ὅλης οὐδεμιᾶς.
§ 15. Τοῦτο δὲ πέπονθε καὶ ὁ ἐν τοῖς Ὀρφικοῖς καλουμένοις ἔπεσι λόγος· φησὶ γὰρ τὴν ψυχὴν ἐκ
τοῦ ὅλου εἰσιέναι ἀναπνεόντων, φερομένην ὑπὸ τῶν ἀνέμων, οὐχ οἷόν τε δὲ τοῖς φυτοῖς τοῦτο
συμβαίνειν
| [1,410b] (410b) os, nerfs, poils, tout cela ne paraît pas du tout sentir; et par suite, ces
parties ne sentent pas non plus les semblables; et pourtant il le faudrait selon cette
théorie.
§ 10. En outre, chaque principe aurait encore bien plus d'ignorance que de
compréhension. Chaque chose connaîtra une chose, mais elle ignorera beaucoup de
choses, puisqu'elle ignorera toutes les autres. De là vient que le dieu d'Empédocle est
le plus déraisonnable des êtres : il est le seul à ne pas connaître un des éléments, la
Discorde, tandis que tous les êtres mortels le connaissent; car chacun d'eux vient de
tous les éléments.
§ 11. Et puis, d'une manière générale, pourquoi tous les êtres n'ont-ils pas une âme,
puisque tout être est un élément, ou bien vient d'un élément, ou de plusieurs ou de
tous? Car il faut alors qu'il connaisse ou une chose unique, ou quelques unes des
choses, ou toutes les choses.
§ 12. Mais l'on pourrait aussi demander quelle est la chose qui ramènera toutes les
autres à l'unité. Les éléments en effet ressemblent à la matière; et le plus important
sera ce qui réunit tout le reste, quoi que d'ailleurs ce puisse être. Or, il est impossible
qu'il y ait quelque chose de supérieur à l'âme et qui lui commande; et cela est bien
plus impossible encore pour l'intelligence. II faut admettre que l'intelligence est la
première en genre et la souveraine en nature, tandis que ces philosophes soutiennent
que les éléments sont les premiers des êtres.
§ 13. D'un autre côté, tous ces philosophes, et ceux qui prétendent que l'âme est
formée des éléments, parce qu'elle connaît et sent les choses, et ceux qui prétendent
qu'elle est le principe le plus actif du mouvement, ne parlent pas de toutes les âmes.
Ainsi, tous les êtres qui sentent ne produisent pas tous le mouvement, et il y a
certains animaux que nous voyons demeurer fixes en place. Pourtant la locomotion
est, à entendre nos philosophes, le seul mouvement que l'âme donne à l'animal. C'est
une erreur pareille que commettent ceux qui forment l'intelligence et la sensibilité
avec les éléments; car les plantes, comme nous le voyons, vivent sans avoir ni
locomotion ni sensibilité, et beaucoup d'animaux n'ont pas l'usage de l'intelligence.
§ 14. Mais, même en passant sur tout cela, et en admettant que l'intelligence soit une
certaine portion de l'âme, aussi bien que la sensibilité, ces théories ne s'étendraient
pas encore généralement à toute âme, ni à l'âme tout entière, ni même à une seule.
§ 15. C'est là aussi l'erreur que présente cette pensée dans les vers appelés Orphiques.
« L'âme, y est-il dit, vient de l'univers entrer dans les animaux, quand ils respirent,
apportée par les vents. » Or, cela n'est certes pas possible pour les plantes,
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