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[3,59] 59. « Ταῦτα μὲν δὴ πρὸς ὑμᾶς ἐξενήνοχα δεῖγμα τῆς Ἀντωνίου
τε ἀπολογίας καὶ Κικέρωνος μεταβολῆς· παραίνεσιν δ' ἐπιθήσω
τοῖς εὖ φρονοῦσι μήτε ἐς τὸν δῆμον μήτε ἐς Ἀντώνιον
ἁμαρτάνειν μηδὲ ἔχθρας καὶ κινδύνους ἐπάγειν τοῖς κοινοῖς,
νοσούσης ἔτι τῆς πολιτείας καὶ ἀπορούσης τῶν ὀξέως
ἀμυνούντων, δύναμιν δ' ἐν τῇ πόλει συστησαμένους, πρὶν
θορυβῆσαί τι τῶν ἔξω, τὴν ἀρκέσουσαν, τότε τοῖς ἑκάστοτε
ἐπείγουσιν ἐφεδρεύειν καὶ κρίνειν, οὓς ἂν ἐθέλητε, δυναμένους
τὸ κεκριμένον τελεῖν. Πῶς οὖν ἔσται ταῦτα; Ἐὰν Ἀντώνιον μὲν
ἐῶμεν ἐς πρόφασιν ἢ χάριν τοῦ δήμου τὴν Κελτικὴν ἔχειν,
Δέκμον δὲ μετὰ τριῶν ὧν ἔχει τελῶν ἐνθάδε καλῶμεν καὶ
ἀφικόμενον ἐκπέμπωμεν ἐς Μακεδονίαν, τὰ τέλη κατασχόντες.
Εἰ δὲ καὶ τὰ ἀπ' Ἀντωνίου μεταστάντα δύο πρὸς ἡμᾶς μετέστη,
καθάπερ φησὶ Κικέρων, καὶ τάδε καλῶμεν ἀπὸ τοῦ Καίσαρος ἐς
τὴν πόλιν. Οὕτω γὰρ πέντε τελῶν ἡμῖν ὑπαρχόντων
ψηφιζοίμεθα ἄν, ὅ τι δοκιμάζοιμεν, ἐγκρατῶς, ἐς οὐδενὸς
ἀνδρὸς ἐλπίδας αἰωρούμενοι.
| [3,59] 59. Voilà les faits que j'ai exposés devant vous
comme preuve de la défense d'Antoine et de
l'inconstance de Cicéron. J'ajouterai en
exhortation aux hommes de bien, de ne pas
commettre une injustice contre le peuple ou contre
Antoine, pour ne pas exposer les intérêts publics à
de nouvelles hostilités et à de nouveaux dangers
alors que l'État est malade et ne sait plus qui sont
ses meilleurs défenseurs, mais d'établir une force
suffisante en ville avant de mettre le désordre
dehors, de prévoir les attaques qui viennent de
tous les côtés, et de prendre les décisions que
vous voulez si vous pouvez les tenir. Comment
faire cela ? En permettant à Antoine, pour raison
politique ou pour plaire au peuple, d'obtenir la
Gaule Cisalpine. Rappelez Decimus avec ses trois
légions, et quand il sera là, envoyez-le en
Macédoine, en gardant ses légions. Si les deux
légions qui ont abandonné Antoine, passent dans
notre camp, comme le dit Cicéron, rassemblons
également celles d'Octave en ville. Ainsi avec cinq
légions qui nous soutiennent nous pourrons faire
passer les décrets que nous considérons les meilleurs
avec entière confiance, en ne dépendant de personne.
| [3,60] 60. Καὶ τάδε μὲν εἴρηται τοῖς ἄνευ φθόνου καὶ φιλονικίας
ἀκροωμένοις· τοῖς δὲ ἀπερισκέπτως καὶ ἀπαρασκεύως δι'
οἰκείαν ἔχθραν ἢ φιλονικίαν ἐκθορυβοῦσιν ὑμᾶς κριτὰς
παραινῶ μὴ ταχεῖς εἶναι μηδὲ προπετεῖς ἐς ἄνδρας μεγίστους τε
καὶ στρατιᾶς ἄρχοντας ἱκανῆς μηδὲ ἄκοντας ἐκπολεμοῦν,
ἀναμιμνησκομένους Μαρκίου τε τοῦ Κοριολανοῦ καὶ τὰ ἔναγχος
δὴ ταῦτα Καίσαρος, ὃν στρατιᾶς ὁμοίως ἡγούμενον καὶ
σπονδὰς ἀρίστας ἂν ἡμῖν γενομένας προτείνοντα προπετῶς
πολέμιον ψηφισάμενοι τῷ ὄντι πολέμιον ἠναγκάσαμεν
γενέσθαι, φείδεσθαι δὲ καὶ τοῦ δήμου πρὸ βραχέος τοῖς
φονεῦσι τοῖς Καίσαρος ἐπιδραμόντος, μὴ ἐς ὕβριν αὐτοῦ
δοκῶμεν τοῖς μὲν ἡγεμονίας ἐθνῶν διδόναι, Δέκμον δὲ ἐπαινεῖν,
ὅτι τοῦ δήμου νόμον ἀκυροῖ, καὶ Ἀντώνιον πολέμιον κρίνειν, ὅτι
τὴν Κελτικὴν ἔλαβε παρὰ τοῦ δήμου. Ὧν τοὺς μὲν εὖ
βουλευομένους ἐνθυμεῖσθαι χρὴ ὑπὲρ τῶν ἔτι πλανωμένων,
τοὺς δ' ὑπάτους καὶ δημάρχους πλείονας κινδυνεύουσι τοῖς
κοινοῖς γενέσθαι. »
| [3,60] 60. « J'ai adressé ces paroles à des hommes qui
m'écoutent sans méchanceté ou esprit de
controverse. A ceux qui vous excitent avec
insouciance et inconsidérément par hostilité privée
et différends privés je leur recommande
instamment de ne pas en arriver à des décisions
précipitées et impétueuses contre des
personnages fort importants, qui commandent de
puissantes armées, et de ne pas les forcer à la
guerre contre leur volonté. Rappelez-vous Marcius
Coriolan. Rappelez-vous ce qui s'est passé récemment
avec César, que nous avons imprudemment
décrété ennemi alors que de la même manière il
commandait une armée et nous offrait les plus
justes propositions de paix, c'est à cause de ce
vote que nous l'avons forcé à être un ennemi.
Ayez du respect pour le peuple qui poursuivait
récemment les meurtriers de César, de peur que
nous semblions les insulter en donnant à ces
meurtriers le gouvernement des provinces, en
félicitant Decimus d'annuler la loi du peuple, et en
votant qu'Antoine est un ennemi parce qu'il a
accepté du peuple la province gauloise. C'est
pourquoi ils faut que ceux qui veulent le bien du
pays se préservent de l'erreur et que les tribuns
multiplient leurs activités en raison des dangers publics."
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