HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

APPIEN d'Alexandrie, Histoire romaine - Les guerres civiles, livre I

Chapitre 11-12

  Chapitre 11-12

[1,11] 11. Γράκχῳ δ' μὲν νοῦς τοῦ βουλεύματος ἦν οὐκ ἐς εὐπορίαν, ἀλλ' ἐς εὐανδρίαν, τοῦ δὲ ἔργου τῇ ὠφελείᾳ μάλιστα αἰωρούμενος, ὡς οὔ τι μεῖζον οὐδὲ λαμπρότερον δυναμένης ποτὲ παθεῖν τῆς Ἰταλίας, τοῦ περὶ αὐτὸ δυσχεροῦς οὐδὲν ἐνεθυμεῖτο. Ἐνστάσης δὲ τῆς χειροτονίας πολλὰ μὲν ἄλλα προεῖπεν ἐπαγωγὰ καὶ μακρά, διηρώτα δ' ἐπ' ἐκεινοις, εἰ δίκαιον τὰ κοινὰ κοινῇ διανέμεσθαι καὶ εἰ γνησιώτερος αἰεὶ θεράποντος πολίτης καὶ χρησιμώτερος στρατιώτης ἀπολέμου καὶ τοῖς δημοσίοις εὐνούστερος κοινωνός. Οὐκ ἐς πολὺ δὲ τὴν σύγκρισιν ὡς ἄδοξον ἐπενεγκὼν αὖθις ἐπῄει τὰς τῆς πατρίδος ἐλπίδας καὶ φόβους διεξιών, ὅτι πλείστης γῆς ἐκ πολέμου βίᾳ κατέχοντες καὶ τὴν λοιπὴν τῆς οἰκουμένης χώραν ἐν ἐλπίδι ἔχοντες κινδυνεύουσιν ἐν τῷδε περὶ ἁπάντων, κτήσασθαι καὶ τὰ λοιπὰ δι' εὐανδρίαν καὶ τάδε δι' ἀσθένειαν καὶ φθόνον ὑπ' ἐχθρῶν ἀφαιρεθῆναι. Ὧν τοῦ μὲν τὴν δόξαν καὶ εὐπορίαν, τοῦ δὲ τὸν κίνδυνον καὶ φόβον ὑπερεπαίρων ἐκέλευε τοὺς πλουσίους ἐνθυμουμένους ταῦτα ἐπιδόσιμον, εἰ δέοι, παρὰ σφῶν αὐτῶν τήνδε τὴν γῆν εἰς τὰς μελλούσας ἐλπίδας τοῖς παιδοτροφοῦσι χαρίσασθαι καὶ μή, ἐν περὶ μικρῶν διαφέρονται, τῶν πλεόνων ὑπεριδεῖν, μισθὸν ἅμα τῆς πεπονημένης ἐξεργασίας αὐτάρκη φερομένους τὴν ἐξαίρετον ἄνευ τιμῆς κτῆσιν ἐς αἰεὶ βέβαιον ἑκάστῳ πεντακοσίων πλέθρων, καὶ παισίν, οἷς εἰσὶ παῖδες, ἑκάστῳ καὶ τούτων τὰ ἡμίσεα. Τοιαῦτα πολλὰ Γράκχος εἰπὼν τούς τε πένητας καὶ ὅσοι ἄλλοι λογισμῷ μᾶλλον πόθῳ κτήσεως ἐχρῶντο, ἐρεθίσας ἐκέλευε τῷ γραμματεῖ τὸν νόμον ἀναγνῶναι. [1,11] 11. Quant à Gracchus, il avait principalement en vue d'augmenter non l'aisance, mais la population des citoyens romains. C'était là le point d'utilité le plus important de son entreprise ; et comme rien ne pouvait plus hautement ni plus puissamment intéresser l'Italie, il ne pensait pas qu'il y rencontrerait des obstacles. Le jour donc où la loi devait être soumise aux suffrages étant arrivé, il prononça, avant toute chose, un long discours où étaient développés plusieurs motifs en faveur de la loi. Il demanda aux uns s'il n'était pas juste que des biens communs subissent une répartition commune. Il demanda aux autres s'ils n'avaient pas, dans tous les temps, plus à attendre des liens qui les unissaient à un concitoyen, qu'ils n'avaient à espérer d'un esclave. Aux uns il demanda si celui qui servait dans les armées de la république n'était pas plus utile que celui qui en était exclu : aux autres, si celui qui était personnellement intéressé au bien public, n'y était pas plus affectionné que celui qui n'y avait point de part. Sans s'arrêter longtemps sur ces comparaisons, comme peu susceptibles de controverse, il entra dans le détail des espérances et des craintes que devait avoir la patrie ; il exposa que la plus grande partie du territoire de la république était le fruit de la guerre, et que la conquête du reste de l'univers était promise aux Romains ; que dans ces circonstances, ils avaient sur toutes choses à réfléchir qu'ils étaient placés entre l'espérance et la crainte, ou de conquérir le reste du monde par l'accroissement de la population des plébéiens, ou de perdre par sa décadence, ainsi que par la jalousie de leurs ennemis, les conquêtes déjà consommées; il exalta la splendeur et la gloire de la première de ces perspectives; il exagéra les craintes et les dangers à l'égard de la seconde ; il invita les citoyens riches à considérer s'il ne convenait pas qu'à l'aspect de ces brillantes espérances de la patrie, ils consentissent à transmettre l'excédent de leurs propriétés à ceux qui donneraient des enfants à la république, et que, dans l'alternative d'un faible avantage et d'un très grand bien, ils donnassent la préférence à ce dernier. Il leur fit en même temps envisager qu'ils seraient suffisamment récompensés des soins qu'ils avaient donnés à leurs possessions, par la propriété imprescriptible que la loi assurait à chacun, à titre gratuit, de cinq cents arpents de terre, et de la moitié de cette quantité à chacun des enfants de ceux qui étaient pères de famille. Gracchus ayant par ce discours échauffé l'énergie des citoyens pauvres, et de tous ceux des autres citoyens qui étaient plus accessibles à la force de la raison qu'à l'amour de la propriété, ordonna au greffier de lire la loi.
[1,12] 12. Μᾶρκος δ' Ὀκτάουιος δήμαρχος ἕτερος, ὑπὸ τῶν κτηματικῶν διακωλύειν παρεσκευασμένος, καὶ ὢν ἀεὶ παρὰ Ῥωμαίοις κωλύων δυνατώτερος. Ἐκέλευε τὸν γραμματέα σιγᾶν. Καὶ τότε μὲν αὐτῷ πολλὰ μεμψάμενος Γράκχος ἐς τὴν ἐπιοῦσαν ἀγορὰν ἀνέθετο . . . Φυλακήν τε παραστησάμενος ἱκανὴν ὡς καὶ ἄκοντα βιασόμενος Ὀκτάουιον ἐκέλευε σὺν ἀπειλῇ τῷ γραμματεῖ τὸν νόμον εἰς τὸ πλῆθος ἀναγινώσκειν. Καὶ ἀνεγίνωσκε καὶ Ὀκταουίου κωλύοντος ἐσιώπα. Λοιδοριῶν δὲ τοῖς δημάρχοις ἐς ἀλλήλους γενομένων καὶ τοῦ δήμου θορυβοῦντος ἱκανῶς, οἱ δυνατοὶ τοὺς δημάρχους ἠξίουν ἐπιτρέψαι τῇ βουλῇ, περὶ ὧν διαφέρονται, καὶ Γράκχος ἁρπάσας τὸ λεχθέν, ὡς δὴ πᾶσι τοῖς εὖ φρονοῦσιν ἀρέσοντος τοῦ νόμου, διέτρεχεν ἐς τὸ βουλευτήριον. Ἐκεῖ δ' ὡς ἐν ὀλίγοις ὑβριζόμενος ὑπὸ τῶν πλουσίων, αὖθις ἐκδραμὼν εἰς τὴν ἀγορὰν ἔφη διαψήφισιν προθήσειν ἐς τὴν ἐπιοῦσαν ἀγορὰν περί τε τοῦ νόμου καὶ τῆς ἀρχῆς τῆς Ὀκταουίου, εἰ χρὴ δήμαρχον ἀντιπράττοντα τῷ δήμῳ τὴν ἀρχὴν ἐπέχειν. Καὶ ἔπραξεν οὕτως· ἐπείτε γὰρ Ὀκτάουιος οὐδὲν καταπλαγεὶς αὖθις ἐνίστατο, δὲ προτέραν τὴν περὶ αὐτοῦ ψῆφον ἀνεδίδου. Καὶ τῆς πρώτης φυλῆς καταψηφισαμένης τὴν ἀρχὴν τὸν Ὀκτάουιον ἀποθέσθαι, ἐπιστραφεὶς πρὸς αὐτὸν Γράκχος ἐδεῖτο μεταθέσθαι. Οὐ πειθομένου δὲ τὰς ἄλλας ψήφους ἐπῆγεν. Οὐσῶν δὲ τότε φυλῶν πέντε καὶ τριάκοντα καὶ συνδραμουσῶν ἐς τὸ αὐτὸ σὺν ὀργῇ τῶν προτέρων ἑπτακαίδεκα, μὲν ὀκτωκαιδεκάτη τὸ κῦρος ἔμελλεν ἐπιθήσειν, δὲ Γράκχος αὖθις, ἐν ὄψει τοῦ δήμου, τότε μάλιστα κινδυνεύοντι τῷ Ὀκταουίῳ λιπαρῶς ἐνέκειτο μὴ ἔργον ὁσιώτατον καὶ χρησιμώτατον Ἰταλίᾳ πάσῃ συγχέαι μηδὲ σπουδὴν τοῦ δήμου τοσήνδε ἀνατρέψαι, τι καὶ παρενδοῦναι προθυμουμένῳ δήμαρχον ὄντα ἥρμοζε, καὶ μὴ αὑτοῦ τὴν ἀρχὴν ἀφαιρουμένην περιιδεῖν ἐπὶ καταγνώσει. Καὶ τάδε λέγων καὶ θεοὺς μαρτυρόμενος ἄκων ἄνδρα σύναρχον ἀτιμοῦν, ὡς οὐκ ἔπειθεν, ἐπῆγε τὴν ψῆφον. Καὶ μὲν Ὀκτάουιος αὐτίκα ἰδιώτης γενόμενος διαλαθὼν ἀπεδίδρασκε, Κόιντος δὲ Μούμμιος ἀντ' αὐτοῦ δήμαρχος ᾑρεῖτο, καὶ νόμος περὶ τῆς γῆς ἐκυροῦτο. [1,12] 12. Alors un des collègues de Gracchus, le tribun Marcus Octavius, qui s'était laissé gagner par les citoyens riches, ordonna, de son côté, au greffier de garder le silence. Or, chez les Romains, le tribun qui interposait son veto contre la loi proposée en arrêtait absolument l'émission. Gracchus, après avoir éclaté en reproches contre son collègue, ajourna l'assemblée au lendemain. Il s'entoura d'un appareil militaire important, dans la vue de forcer Octavius à se contraindre malgré lui. Il ordonna au greffier d'un ton menaçant de lire la loi à l'assemblée ; et le greffier se mit à lire. Mais Octavius lui ordonna de nouveau de se taire, et il obéit. Un combat de propos et d'invectives réciproques s'engagea soudain entre les tribuns. Le tumulte qui s'y mêla ne permettant point de mettre la loi en délibération, les grands conseillèrent aux tribuns de référer de leurs différends au sénat. Gracchus adopta cette proposition. Il ne doutait pas que les plus sensés d'entre les sénateurs ne fussent disposés en faveur de la loi. Il se rendit donc au sénat ; mais dans cette assemblée où l'on était moins nombreux que dans le Forum, les riches l'attaquèrent de manière qu'il se retira du sénat, et revint à l'assemblée du peuple, où il annonça que le lendemain on voterait sur la loi, ainsi que sur la question de savoir si un tribun qui, comme Octavius, se montrait l'ennemi des plébéiens, devait conserver ses fonctions. Les choses effectivement se passèrent de la sorte. Octavius, que rien ne pouvait intimider, renouvela son opposition à la loi ; et Gracchus fit alors, avant toute chose, délibérer sur son compte. Après qu'on eut recueilli les suffrages de la première tribu, qui vota la destitution d'Octavius, Gracchus se tourna de son côté et l'invita à se départir de son opposition. Sur son refus, on continua à recueillir les suffrages. Les tribus étaient alors au nombre de trente-cinq. Les dix-sept premières, dans leur animosité contre Octavius, avaient été unanimes ; et les suffrages de la dix-huitième devaient emporter la décision. Gracchus, encore une fois, se tournant du côté de son collègue, à la vue de l'assemblée, lui représenta l'extrême danger qui le menaçait ; il le pria avec instance de cesser de mettre obstacle à la loi la plus sacrée, et en même temps la plus importante pour toute l'Italie ; de ne pas contrarier plus longtemps l'intérêt qu'y attachait le peuple, à la cause duquel sa qualité de tribun lui faisait d'ailleurs un devoir de céder, et de ne pas braver la condamnation qui allait le dépouiller de sa magistrature. En terminant ce discours, Gracchus prit les dieux à témoin que c'était à contre-coeur qu'il provoquait le déshonneur d'un citoyen, son collègue ; mais Octavius demeura inébranlable ; et l'on continua de prendre les voix. A l'instant même, le décret du peuple fit rentrer le tribun dans la condition d'homme privé; et il s'échappa clandestinement de l'assemblée.


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Dernière mise à jour : 13/04/2006