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[1,9] 9. μέχρι Τιβέριος Σεμπρώνιος Γράκχος, ἀνὴρ ἐπιφανὴς καὶ λαμπρὸς ἐς
φιλοτιμίαν εἰπεῖν τε δυνατώτατος καὶ ἐκ τῶνδε ὁμοῦ πάντων
γνωριμώτατος ἅπασι, δημαρχῶν ἐσεμνολόγησε περὶ τοῦ Ἰταλικοῦ
γένους ὡς εὐπολεμωτάτου τε καὶ συγγενοῦς, φθειρομένου δὲ κατ'
ὀλίγον εἰς ἀπορίαν καὶ ὀλιγανδρίαν καὶ οὐδὲ ἐλπίδα ἔχοντος ἐς
διόρθωσιν. Ἐπὶ δὲ τῷ δουλικῷ δυσχεράνας ὡς ἀστρατεύτῳ καὶ οὔποτε
ἐς δεσπότας πιστῷ, τὸ ἔναγχος ἐπήνεγκεν ἐν Σικελίᾳ δεσποτῶν πάθος
ὑπὸ θεραπόντων γενόμενον, ηὐξημένων κἀκείνων ἀπὸ γεωργίας, καὶ
τὸν ἐπ' αὐτοὺς Ῥωμαίων πόλεμον οὐ ῥᾴδιον οὐδὲ βραχύν, ἀλλὰ ἔς τε
μῆκος χρόνου καὶ τροπὰς κινδύνων ποικίλας ἐκτραπέντα. Ταῦτα δὲ
εἰπὼν ἀνεκαίνιζε τὸν νόμον μηδένα τῶν πεντακοσίων πλέθρων πλέον
ἔχειν. Παισὶ δ' αὐτῶν ὑπὲρ τὸν παλαιὸν νόμον προσετίθει τὰ ἡμίσεα
τούτων· καὶ τὴν λοιπὴν τρεῖς αἱρετοὺς ἄνδρας, ἐναλλασσομένους κατ'
ἔτος, διανέμειν τοῖς πένησι.
| [1,9] 9. Tel était l'état des choses, lorsque Tiberius Sempronius Gracchus,
citoyen noble, animé de la plus noble ambition, singulièrement
distingué par son éloquence, et, à tous ces titres, le plus renommé de
tous les Romains, étant arrivé au tribunat, fit un discours solennel
touchant la situation des peuples de l'Italie.
Il représenta que c'étaient eux qui rendaient le plus de services dans
les armées ; qu'ils tenaient aux habitants de Rome par les liens de
sang ; que néanmoins ils étaient sur le point de périr de misère et
d'être anéantis par la dépopulation, sans que leur sort parût avoir nulle
amélioration à attendre. D'un autre côté il jeta des regards
d'animadversion sur les esclaves ; il parla de leur inutilité militaire, de
leur perpétuelle infidélité envers leurs maîtres ; il exposa ce que
venaient d'éprouver tout récemment, en Sicile, les propriétaires de
cette contrée de la part de leurs esclaves, dont le nombre s'était
grandement accru à l'ombre des travaux rustiques ; il rapporta que la
guerre que les Romains avaient été obligés de porter dans cette île
contre ces rebelles n'avait été ni facile, ni expéditive, mais qu'elle avait
traîné en longueur, et même que les succès y avaient été mêlés de
beaucoup de revers. A la faveur de ce discours, il proposa le
renouvellement de la loi qui réglait que nul citoyen ne pourrait
posséder au-delà de cinq cents arpents de terre ; il ajouta à ses
anciennes dispositions que les enfants des propriétaires pourraient
posséder la moitié de cette mesure ; et que trois citoyens, alternant
chaque année, seraient nommés pour distribuer aux citoyens pauvres
les terres dont la récupération serait opérée par la loi.
| [1,10] 10. Τοῦτο δ' ἦν, ὃ μάλιστα ἠνώχλει τοὺς πλουσίους, οὐ δυναμένους ἔτι
ὡς προτερον τοῦ νόμου καταφρονεῖν διὰ τοὺς διαιροῦντας οὐδὲ
ὠνεῖσθαι παρὰ τῶν κληρουμένων· ὁ γάρ τοι Γράκχος καὶ τόδε
προϊδόμενος ἀπηγόρευε μὴ πωλεῖν. Συνιστάμενοι δὴ κατὰ μέρος
ὠλοφύροντο καὶ προύφερον τοῖς πένησιν ἀρχαῖά τε ἔργα ἑαυτῶν καὶ
φυτὰ καὶ οἰκοδομίας, καὶ τιμὴν ἔνιοι δεδομένην γείτοσιν, εἰ καὶ τήνδε
μετὰ τῆς γῆς ἀπολέσουσι, τάφους τε ἔνιοι πατέρων ἐν τῇ γῇ καὶ
διαιρέσεις ἐπὶ τοῖς κλήροις ὡς πατρῴοις, οἱ δὲ καὶ προῖκας γυναικῶν ἐς
ταῦτα ἀνηλωμένας ἢ τὴν γῆν παισὶν ἐμπροίκιον δεδομένην, δανεισταί τε
χρέα καὶ ταύτης ἐπεδείκνυον, καὶ ἄκοσμος ἦν ὅλως οἰμωγὴ καὶ
ἀγανάκτησις. Οἱ δ' αὖ πένητες ἀντωδύροντο ἐξ εὐπορίας ἐς πενίαν
ἐσχάτην καὶ ἀπ' αὐτῆς ἐς ἀγονίαν, οὐ δυνάμενοι παιδοτροφεῖν,
περιφέρεσθαι. Στρατείας τε ὅσας στρατεύσαιντο τὴν γῆν τήνδε
περιποιούμενοι, κατέλεγον καὶ ἠγανάκτουν, εἰ τῶν κοινῶν
ἀποστερήσονται, ὠνείδιζόν τε ἅμα αὐτοῖς αἱρουμένοις ἀντὶ ἐλευθέρων
καὶ πολιτῶν καὶ στρατιωτῶν θεράποντας, ἄπιστον ἔθνος καὶ δυσμενὲς
αἰεὶ διὰ τοῦτο ἀστράτευτον. Τοιαῦθ' ἑκατέρων ὀδυρομένων τε καὶ
ἀλλήλοις ἐπικαλούντων, πλῆθος ἄλλο, ὅσον ἐν ταῖς ἀποίκοις πόλεσιν ἢ
ταῖς ἰσοπολίτισιν ἢ ἄλλως ἐκοινώνει τῆσδε τῆς γῆς, δεδιότες ὁμοίως
ἐπῄεσαν καὶ ἐς ἑκατέρους αὐτῶν διεμερίζοντο. Πλήθει τε θαρροῦντες
ἐξετραχύνοντο καὶ στάσεις ἐξάπτοντες ἀμέτρους τὴν δοκιμασίαν τοῦ
νόμου περιέμενον, οἱ μὲν ὡς οὐδενὶ τρόπῳ συγχωρήσοντες αὐτὸν
γενέσθαι κύριον, οἱ δ' ὡς κυρώσοντες ἐξ ἅπαντος. Φιλονικία δὲ
ἑκατέροις προσέπιπτεν ἐπὶ τῇ χρείᾳ καὶ ἐς τὴν κυρίαν ἡμέραν
παρασκευὴ κατ' ἀλλήλων.
| [1,10] 10. Ce fut ce dernier article de la loi qui excita principalement le
mécontentement et l'animosité des riches. Ils ne pouvaient plus
espérer tourner la loi comme auparavant, puisque l'exécution en était
confiée à trois commissaires, et que, d'un autre côté, il leur était
défendu d'acquérir ; car Gracchus y avait pourvu par la prohibition de
toute espèce de vente. Aussi les voyait-on de toutes parts se réunir en
particulier, se répandre en doléances, représenter aux citoyens
pauvres qu'ils avaient arrosé leurs propriétés de leur propres sueurs ;
qu'ils en avaient planté les arbres, construit les édifices; qu'ils avaient
payé à quelques-uns de leurs voisins des prix d'acquisition qu'on leur
allait enlever avec la terre achetée. Les uns disaient que leurs pères
étaient inhumés dans leurs domaines; les autres, que leurs propriétés
toutes patrimoniales n'étaient qu'un lot de succession entre leurs
mains. Ceux-ci alléguaient que leurs fonds de terre avaient été payés
avec les dots de leurs femmes, et que l'hypothèque dotale de leurs
enfants reposait dessus. Ceux-là montraient les dettes qu'ils avaient
contractées en devenant propriétaires. De tous les côtés on n'entendait
que plaintes de cette nature, que clameurs mêlées d'indignation. Les
citoyens pauvres répondaient à toutes ces doléances, que de leur
ancienne aisance ils étaient tombés dans une extrême misère ; que
cette détresse les empêchait de faire des enfants, faute d'avoir de quoi
les nourrir ; ils alléguaient que les terres conquises avaient été le fruit
de leurs expéditions militaires ; ils s'indignaient de se trouver privés de
leur proportion dans ces propriétés ; en même temps ils reprochaient
aux riches d'avoir préféré à des hommes de condition libre, à leurs
concitoyens, à ceux qui avaient l'honneur de porter les armes, des
esclaves, engeance toujours infidèle, toujours ennemie de ses maîtres,
et par cette raison exclue du service militaire. Tandis qu'à Rome tout
retentissait ainsi de plaintes et de reproches, les mêmes scènes
s'offraient dans toutes les colonies romaines, dans toutes les villes, qui
jouissaient du droit de cité. Partout la multitude, qui prétendait avoir un
droit de communauté sur les terres conquises, était en scission ouverte
avec les propriétaires, qui craignaient d'être spoliés. Les uns et les
autres, forts de leur nombre, s'exaspéraient, provoquaient des
séditions continuelles, en attendant le jour où la loi devait être
présentée ; bien décidés, les uns à ne consentir d'aucune manière
qu'elle fût sanctionnée, les autres à tout mettre en oeuvre pour la faire
passer. Ils s'évertuèrent et se piquèrent d'émulation dans leurs intérêts
respectifs, et chacun se prépara des deux côtés pour le jour des comices.
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