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[1,105] 105. Ἄρτι δ' ἀποστάντος αὐτοῦ, Ῥωμαῖοι φόνου καὶ τυραννίδος
ἀπαλλαγέντες ἡσυχῇ πάλιν ἐπὶ στάσεις ὑπερριπίζοντο ἑτέρας. Καὶ
ὕπατοι αὐτοῖς καθίστανται Κόιντός τε Κάτλος ἀπὸ τῶν Συλλείων καὶ
Λέπιδος Αἰμίλιος ἀπὸ τῶν ἐναντίων, ἐχθίστω τε ἀλλήλοιν καὶ εὐθὺς
ἀρξαμένω διαφέρεσθαι. Δῆλόν τε ἦν τι κακὸν ἕτερον ἐκ τοῦδε
γενησόμενον.
Σύλλας δ' ἐν τοῖς ἀγροῖς ἐνύπνιον ἔδοξεν ἰδεῖν, ὅτι αὐτὸν ὁ δαίμων ἤδη
καλοίη· καὶ ὁ μὲν αὐτίκα μεθ' ἡμέραν τοῖς φίλοις τὸ ὄναρ ἐξειπὼν
διαθήκας συνέγραφεν ἐπειγόμενος καὶ αὐτῆς ἡμέρας συνετέλει·
σφραγισαμένῳ δ' αὐτὰς περὶ ἑσπέραν πυρετὸς ἐμπίπτει καὶ νυκτὸς
ἐτελεύτησεν, ἑξήκοντα μὲν ἔτη βιώσας, εὐτυχέστατος δ' ἀνδρῶν ἔς τε τὸ
τέλος αὐτὸ καὶ ἐς τἆλλα πάντα, ὥσπερ καὶ ὠνομάζετο, γενέσθαι δοκῶν,
εἰ δή τις εὐτυχίαν ἡγοῖτο τυχεῖν ὅσων ἂν ἐθέλῃ. Γίνεται δ' εὐθὺς ἐν ἄστει
στάσις ἐπ' αὐτῷ, τῶν μὲν ἄγειν ἀξιούντων τὸ σῶμα διὰ τῆς Ἰταλίας ἐπὶ
πομπῇ καὶ ἐς τὴν Ῥώμην ἐν ἀγορᾷ προτιθέναι καὶ ταφῆς δημοσίας
ἀξιοῦν, Λεπίδου δὲ καὶ τῶν ἀμφὶ Λέπιδον ἐνισταμένων. Ἐξενίκα δ' ὁ
Κάτλος καὶ οἱ Σύλλειοι, καὶ ἐφέρετο ὁ νέκυς ὁ τοῦ Σύλλα διὰ τῆς Ἰταλίας
ἐς τὸ ἄστυ ἐπὶ κλίνης χρυσηλάτου καὶ κόσμου βασιλικοῦ, σαλπιγκταί τε
πολλοὶ καὶ ἱππέες καὶ ἄλλος ὅμιλος ἐκ ποδὸς ὡπλισμένος εἵπετο. Οἵ τε
ὑποστρατευσάμενοι αὐτῷ πανταχόθεν ἐπὶ τὴν παραπομπὴν
ὡπλισμένοι συνέθεον καί, ὡς ἕκαστος ἀφικνοῖτο, εὐθὺς ἐς κόσμον
καθίσταντο· ἄλλο τε πλῆθος, ὅσον ἐπ' οὐδενὶ ἔργῳ, συνέτρεχεν. Ἡγεῖτο
δ' αὐτοῦ σημεῖα καὶ πελέκεις, ὅσοις περιὼν ἔτι καὶ ἄρχων ἐκοσμεῖτο.
| [1,105] 105. Aussitôt qu'il fut éloigné de Rome, on vit cesser l'effusion du sang
et les actes de tyrannie. Cependant de nouveaux germes de troubles
commencèrent à fermenter. On avait nommé pour consuls Quintus
Catulus, du parti de Sylla, et Lépidus Émilius, du parti contraire. Ils
étaient les pires ennemis ; leur dissension ne tarda pas à éclater. Il
était clair qu'il en résulterait quelque nouveau malheur. Cependant
Sylla rêva, dans sa maison de campagne, que sa dernière heure
approchait. Dès qu'il fit jour, il raconta son rêve à ses amis, il se
dépêcha de faire son testament et il l'acheva le jour même. Il venait de
le sceller lorsque, sur le soir, la fièvre le prit, et il mourut, la nuit
suivante, à l'âge de soixante ans. Il avait été surnommé le plus
heureux des hommes, si toutefois l'on appelle bonheur de réussir dans
tout ce qu'on veut ; et le comble de ce bonheur parut à sa mort même,
comme en tout le reste. Son trépas devint d'ailleurs aussitôt le sujet
d'une dissension. Les uns voulaient que ses restes fussent promenés
en pompe par toute l'Italie, qu'ils fussent exposés à Rome dans le
Forum, et que le trésor public fit les frais de ses funérailles. Lépidus et
ceux de son parti s'y opposaient ; mais Catulus et les partisans de
Sylla l'emportèrent, et le corps de Sylla fut promené par l'Italie et
conduit à Rome sur un lit de parade en or, avec une magnificence
royale. Le cortège était composé de beaucoup de trompettes, d'une
nombreuse cavalerie, et d'une grande quantité de troupes à pied. Tous
ceux qui avaient fait la guerre sous lui accouraient en armes de tous
les côtés pour se joindre au cortège. À mesure qu'ils arrivaient, ils se
mettaient en rang. D'autres gens, d'un nombre sans précédent, les
rejoignaient. On portait, en avant de la pompe funèbre, les mêmes
signes de dignité, le même nombre de haches que de son vivant
lorsqu'il était en charge.
| [1,106] 106. Ὡς δ' ἐπὶ τὸ ἄστυ ἠνέχθη, ἐσεφέρετο μετὰ πομπῆς ἐνταῦθα δὴ
μάλιστα ὑπερόγκου. Στέφανοί τε γὰρ δισχιλίων πλείους ἀπὸ χρυσοῦ
κατὰ σπουδὴν γενόμενοι παρεφέροντο, δῶρα τῶν πόλεων καὶ τῶν ὑπ'
αὐτῷ στρατευσαμένων τελῶν καὶ καθ' ἕνα τῶν φίλων, ἄλλη τε τῶν ἐς
τῆν ταφὴν πεμφθέντων οὐ δυνατὴ φράσαι πολυτέλεια. Καὶ τὸ σῶμα δέει
τοῦ συνδραμόντος στρατοῦ παρέπεμπον ἱερέες τε ἅμα πάντες καὶ
ἱέρειαι, κατὰ σφᾶς αὐτῶν ἑκάτεροι, καὶ ἡ βουλὴ πᾶσα καὶ αἱ ἀρχαί, τὰ
σφέτερα σημεῖα ἐπικείμενοι. Κόσμῳ δ' ἄλλῳ τὸ τῶν καλουμένων
ἱππέων πλῆθος εἵπετο καὶ ὁ στρατὸς ἐν μέρει πᾶς, ὅσος ὑπεστράτευτο
αὐτῷ· συνέδραμον γὰρ σπουδῇ, τὸ ἔργον ἅπαντες ἐπειγόμενοι
καταλαβεῖν, σημεῖά τε φέροντες ἐπίχρυσα καὶ ὅπλα ἐπὶ σφίσι
περιάργυρα, οἷς ἔτι νῦν ἐς τὰς πομπὰς εἰώθασι χρῆσθαι. Σαλπιγκτῶν τε
ἄπειρον ἦν πλῆθος, παρὰ μέρος ὑγρότατα καὶ πένθιμα μελῳδούντων.
Βοῇ δ' ἐπευφήμουν ἥ τε βουλὴ πρώτη καὶ οἱ ἱππέες ἐν μέρει, εἶθ' ὁ
στρατός, εἶθ' ὁ δῆμος, οἱ μὲν τῷ ὄντι τὸν Σύλλαν ἐπιποθοῦντες, οἱ δὲ
δειμαίνοντες αὐτοῦ καὶ τότε τὸν στρατὸν καὶ τὸν νέκυν οὐχ ἧττον ἢ
περιόντος· ἔς τε γὰρ τὴν ὄψιν τῶν γιγνομένων ἀποβλέποντες καὶ ἐς τὴν
μνήμην ὧν ἔδρασεν ὁ ἀνήρ, ἐξεπλήττοντο καὶ ὡμολόγουν τοῖς ἐναντίοις
εὐτυχέστατον αὐτὸν ἐκείνοις γενέσθαι καὶ σφίσι καὶ τεθνεῶτα
φοβερώτατον. Ὡς δ' ἐπὶ τοῦ βήματος, ἔνθα δημηγοροῦσιν ἐν ἀγορᾷ,
προυτέθη, τοὺς μὲν ἐπιταφίους λόγους εἶπεν ὁ κράτιστος εἰπεῖν τῶν
τότε, ἐπεὶ Φαῦστος ὁ παῖς ὁ τοῦ Σύλλα νεώτατος ἦν ἔτι, τὸ δὲ λέχος
ὑποδύντες ἀπὸ τῆς βουλῆς ἄνδρες εὔρωστοι διεκόμιζον ἐς τὸ πεδίον τὸ
Ἄρειον, ἔνθα βασιλέες θάπτονται μόνοι· καὶ τὸ πῦρ οἵ τε ἱππέες καὶ ἡ
στρατιὰ περιέδραμον.
| [1,106] 106. En arrivant à Rome, le cortège fut introduit avec encore plus de
magnificence. On y offrit l'étalage de plus de deux mille couronnes d'or
qu'on avait faites à la hâte, offrandes des villes, des légions qui avaient
combattu sous ses ordres, et de chacun de ses amis particuliers. Il est
impossible de décrire le luxe des présents qui furent envoyés à ses
funérailles. Par précaution contre la concentration des troupes
présentes, le corps de Sylla fut entouré de tous les prêtres et de toutes
les prêtresses, rangés par collèges. Le sénat entier y assista, ainsi que
tous les autres corps de magistrature avec leurs décorations
respectives. L'ordre entier des chevaliers suivait en costume, et, après
les chevaliers, venait l'armée en totalité, à son tour, telle qu'elle avait
été réunie sous son commandement ; car les militaires s'étaient rendus
de toutes parts avec empressement pour assister à cette cérémonie,
portant des enseignes d'or et couverts eux-mêmes d'armures d'argent,
telles que celles dont on est dans l'usage de se servir aujourd'hui
encore dans de pareilles solennités. Le nombre des trompettes, qui,
tour à tour, faisaient entendre leurs sons lugubres et larmoyants, était
infini. Le sénat proférait le premier diverses acclamations, qui,
répétées immédiatement par les chevaliers, l'étaient ensuite par
l'armée, et ensuite par le peuple, les uns regrettant Sylla réellement,
les autres craignant encore son armée et ses reliques mortelles,
comme s'il était encore vivant. Car, soit en contemplant le spectacle
que l'on avait alors sous les yeux, soit en rappelant à sa mémoire ce
que Sylla avait fait, on était saisi d'étonnement ; et ses partisans, ainsi
que ses adversaires, s'accordaient à dire qu'autant il avait fait de son
vivant le bonheur de ses amis, autant il en imposait aux autres, même
après sa mort. Lorsqu'il fut exposé devant la tribune aux harangues,
dans le Forum, celui des Romains qui se trouvait alors avoir la plus
haute réputation d'éloquence fut chargé d'y monter et de prononcer
son oraison funèbre, car Faustus, son fils, était trop jeune encore pour
cette fonction. Après cela, les plus robustes d'entre les sénateurs
s'emparèrent du corps de Sylla ; ils le portèrent jusqu'au Champ de
Mars, où les empereurs seuls sont inhumés. L'ordre des chevaliers et
l'armée défilèrent devant le bûcher. Ce fut ainsi que finit Sylla.
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