HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

APPIEN d'Alexandrie, Histoire romaine - Les guerres civiles, livre I

Chapitre 103-104

  Chapitre 103-104

[1,103] XII. 103. Τοῦ δ' ἐπιόντος ἔτους Σύλλας, καίπερ ῶν δικτάτωρ, ἐς ὑπόκρισιν ὅμως καὶ σχῆμα δημοκρατικῆς ἀρχῆς ὑπέστη καὶ ὕπατος αὖθις γενέσθαι σὺν Μετέλλῳ τῷ Εὐσεβεῖ. Καὶ ἀπὸ τοῦδε ἴσως ἔτι νῦν οἱ Ῥωμαίων βασιλέες, ὑπάτους ἀποφαίνοντες τῇ πατρίδι, ἔστιν ὅτε καὶ ἑαυτοὺς ἀποδεικνύουσιν, ἐν καλῷ τιθέμενοι μετὰ τῆς μεγίστης ἀρχῆς καὶ ὑπατεῦσαι. Τῷ δ' ἑξῆς ἔτει μὲν δῆμος καὶ τότε τὸν Σύλλαν θεραπεύων ἡἡρεῖτο ὑπατεύειν, δὲ οὐκ ἀνασχόμενος ὑπάτους μὲν αὐτοῖς ἀπέφηνε Σερουίλιον Ἰσαυρικὸν καὶ Κλαύδιον Ποῦλχρον, αὐτὸς δὲ τὴν μεγάλην ἀρχὴν οὐδενὸς ἐνοχλοῦντος ἑκὼν ἀπέθετο. Καί μοι θαῦμα μὲν καὶ τόδε αὐτοῦ καταφαίνεται τοσήνδε ἀρχὴν πρῶτον ἀνδρῶν καὶ μόνον ἐς τότε Σύλλαν οὐδενὸς ἐπείγοντος ἀποθέσθαι, οὐ παισίν, ὡς Πτολεμαῖος ἐν Αἰγύπτῳ καὶ Ἀριοβαρζάνης ἐν Καππαδοκίᾳ καὶ Σέλευκος ἐν Συρίᾳ, ἀλλ' αὐτοῖς τοῖς τυραννουμένοις· ἄλογον δ' ἤδη καὶ τὸ βιασάμενον ἐς τὴν ἀρχὴν ῥιψοκινδύνως, ἐπείτε ἐγκρατὴς ἐγένετο, ἑκόντα ἀποθέσθαι καὶ παράδοξον, οἷον οὔπω τι ἕτερον, τὸ μὴ δεῖσαι νεότητος ἐν τῷδε τῷ πολέμῳ πλέον μυριάδων δέκα ἀνῃρημένης καὶ τῶν ἐχθρῶν αὐτὸν ἀνελόντα βουλευτὰς μὲν ἐνενήκοντα, ὑπάτους δ' ἐς πεντεκαίδεκα, ἀπὸ δὲ τῶν καλουμένων ἱππέων δισχιλίους καὶ ἑξακοσίους σὺν τοῖς ἐξεληλαμένοις· ὧν τῆς τε περιουσίας δεδημευμένης καὶ πολλῶν ἀτάφων ἐκριφέντων, οὔτε τοὺς οἴκοι Σύλλας οὔτε τοὺς φεύγοντας καταπλαγεὶς οὐδὲ τὰς πόλεις, ὧν ἀκροπόλεις τε καὶ τείχη καὶ γῆν καὶ χρήματα καὶ ἀτελείας ἀφῄρητο, ἑαυτὸν ἀπέφηνεν ἰδιώτην. [1,103] Chapitre XII. 103. L'année suivante, le peuple continua d'aduler Sylla, et le nomma consul encore une fois. Mais il ne voulut point accepter ; il désigna pour le consulat Servilius Isauricus et Claudius Pulcher ; quant à lui, de lui-même, sans nul motif de contrainte, il abdiqua la dictature. J'avoue que, encore une fois, Sylla provoque mon étonnement en ayant été le premier et le seul jusque-là à abdiquer un si grand pouvoir, sans y être poussé par personne, et non pas en faveur de ses enfants (ainsi que l'on vit abdiquer Ptolémée en Égypte, Ariobarzanes en Cappadoce, et Séleucus en Syrie), mais en faveur de ceux-là même contre lesquels il avait exercé sa tyrannie. C'était déjà une absurdité, n'étant parvenu à la dictature qu'à force de combats et de dangers, de s'en démettre volontairement ; et rien n'était moins raisonnable que de n'avoir nul sujet de crainte, après une guerre où il avait fait périr plus de cent mille jeunes gens, après avoir tué, parmi ses ennemis, quatre-vingt-dix sénateurs, environ quinze consulaires, et deux mille six cents chevaliers, en y comprenant ceux qui avaient été condamnés à l'exil, surtout lorsqu'on réfléchit que les biens de ces proscrits avaient été confisqués, et les cadavres de plusieurs privés des honneurs funèbres. Tranquille chez lui, sans rien redouter ni des exilés, ni des villes dont il avait rasé les forteresses et les murailles, envahi le territoire, épuisé les finances et violé les immunités, Sylla rentra dans la condition d'homme privé.
[1,104] 104. Τοσοῦτον ἦν ἐν τῷδε τῷ ἀνδρὶ τόλμης καὶ τύχης· ὅν γέ φασιν ἐπειπεῖν ἐν ἀγορᾷ, τὴν ἀρχὴν ἀποτιθέμενον, ὅτι καὶ λόγον, εἴ τις αἰτοίη, τῶν γεγονότων ὑφέξει, καὶ τὰς ῥάβδους καθελόντα καὶ τοὺς πελέκεας τὴν φρουρὰν ἀπὸ τοῦ σώματος ἀπώσασθαι καὶ μόνον μετὰ τῶν φίλων ἐς πολὺ ἐν μέσῳ βαδίσαι θεωμένου τοῦ πλήθους καὶ καταπεπληγότος αὐτὸν καὶ τότε. Ἀναχωροῦντα δ' ἐπὶ τὴν οἰκίαν μόλις ποτὲ μειράκιον ἐπεμέμφετο καὶ οὐδενὸς αὐτὸ ἀπερύκοντος ἐθάρρησε καὶ λοιδορούμενον αὐτῷ μέχρι τῆς οἰκίας ἐλθεῖν. δὲ κατὰ τῶν μεγίστων ἀνδρῶν τε καὶ πόλεων ἄκρος ὀργὴν γενόμενος εὐσταθῶς τὸ μειράκιον ἤνεγκε καὶ τοσοῦτον ἐσιὼν ἐς τὴν οἰκίαν, εἴτε ἀπὸ ξυνέσεως εἴτε καὶ τύχῃ καταμαντευόμενος τῶν ἐσομένων, ἀπεκρίνατο, ὅτι κωλύσει τὸ μειράκιον τόδε ἕτερον ἄνδρα ἀρχὴν τοιάνδε ἔχοντα ἀποθέσθαι. Καὶ Ῥωμαίοις μὲν οὕτω γενέσθαι συνηνέχθη μετ' ὀλίγον, Γαΐου Καίσαρος τὴν ἀρχὴν οὐκέτι μεθέντος· δὲ Σύλλας μοι δοκεῖ, ἐς πάντα σφοδρὸς ὁμοῦ καὶ δυνατὸς γενόμενος, ἐπιθυμῆσαι τύραννος ἐξ ἰδιώτου γενέσθαι καὶ ἰδιώτης ἐκ τυράννου καὶ μετὰ τοῦτ' ἐπ' ἐρημίας ἀγροίκου διαγενέσθαι. Διῆλθε γὰρ ἐς χωρία ἴδια ἐς Κύμην τῆς Ἰταλίας καὶ ἐνταῦθα ἐπ' ἐρημίας θαλάσσῃ τε καὶ κυνηγεσίοις ἐχρῆτο, οὐ φυλασσόμενος ἄρα τὸν κατὰ ἄστυ ἰδιώτην βίον οὐδ' ἀσθενὴς ὢν αὖθις ἐς τι ὁρμήσειεν· δυνατὴ μὲν ἔτι ἡλικία καὶ τὸ σῶμα εὔρωστον, ἀμφὶ δὲ τὴν Ἰταλίαν δυώδεκα μυριάδες ἀνδρῶν ἦσαν ἔναγχος ὑπεστρατευμένων καὶ δωρεὰς μεγάλας καὶ γῆν πολλὴν παρ' αὐτοῦ λαβόντων, ἕτοιμοι δ' οἱ κατὰ τὸ ἄστυ μύριοι Κορνήλιοι καὶ ἄλλος αὐτοῦ στασιώτης λεώς, εὔνους αὐτῷ καὶ φοβερὸς ὢν ἔτι τοῖς ἑτέροις καὶ τὸ σφέτερον ἀδεές, ὧν τῷ Σύλλᾳ συνεπεπράχεσαν, ἐν τῷ Σύλλαν περιεῖναι τιθέμενοι· ἀλλά μοι δοκεῖ κόρον τε πολέμων καὶ κόρον ἀρχῆς καὶ κόρον ἄστεος λαβὼν ἐπὶ τέλει καὶ ἀγροικίας ἐρασθῆναι. [1,104] 104. C'est à ce point qu'il porta l'audace et le bonheur. On dit qu'il se rendit au Forum quand il déposa le pouvoir, et qu'il déclara qu'il était prêt à rendre compte de ce qu'il avait fait, si l'on avait à cet égard quelque chose à lui demander. Il déposa les haches et les faisceaux, il licencia sa garde ; et, seul, avec ses amis, on le vit, pendant une longue période, se promener en public, en présence de tous les citoyens, qui tremblaient encore devant lui. Il n'y eut qu'un jeune homme qui osa l'insulter un jour, comme il se retirait chez lui, et qui eut l'audace de le poursuivre, sans que personne le retînt, jusque dans sa maison, en le chargeant d'invectives. Mais Sylla, qui s'était abandonné toute son irascibilité à l'égard des plus grands personnages et des plus imposantes cités, supporta les outrages de ce jeune homme sans s'émouvoir ; et, en rentrant chez lui, pronostiquant l'avenir, soit sagacité, soit hasard, il se prit à dire que l'insolence de ce jeune homme serait cause que les dictateurs qui lui succéderaient n'abdiqueraient point. Les Romains ne tardèrent pas en effet à éprouver la vérité de cette prédiction ; car Caius César, une fois investi de la dictature, ne l'abdiqua pas. Au surplus, il paraît que Sylla, d'un caractère véhément et capable en toutes choses, désira de s'élever de la condition d'homme privé au pouvoir suprême, de descendre ensuite du pouvoir suprême à la condition d'homme privé, et, après cela, de couler ses jours dans une solitude champêtre. Il se retira, en effet, dans les terres qu'il avait en Italie, du côté de Cumes. Dans cette retraite, il passa son temps à la pêche ou à la chasse, non pas en réalité pour échapper à la vie d'homme privé à Rome, ou parce qu'il aurait perdu les moyens d'entreprendre quoi que ce fût : il était encore dans un âge robuste, et les forces physiques ne l'avaient pas abandonné ; dans les diverses régions de l'Italie étaient disséminés cent vingt mille hommes qui avaient récemment combattu sous ses ordres, et qui avaient reçu de lui beaucoup de largesses et de grandes possessions ; à Rome, il avait ses dix mille Cornelii, sans compter ceux des autres plébéiens, ses partisans, dévoués à ses intérêts, qui en imposaient encore, et pour lesquels l'impunité de ce qu'ils avaient fait pour sa cause tenait à sa conservation personnelle. Mon avis est que, fatigué de la guerre, fatigué du pouvoir, et fatigué de Rome, il finit par désirer la vie champêtre.


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Dernière mise à jour : 13/04/2006