HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

APPIEN d'Alexandrie, Histoire romaine - Les guerres civiles, livre I

Chapitre 101-102

  Chapitre 101-102

[1,101] 101. Ἐς ἅπαντα δ' ἦν οὕτω φοβερὸς καὶ ἄκρος ὀργήν, ὡς καὶ Κόιντον Λουκρήτιον Ὀφέλλαν τὸν Πραινεστὸν αὐτῷ λαβόντα καὶ Μάριον τὸν ὕπατον ἐκπεπολιορκηκότα καὶ τὸ τέλος αὐτῷ τῆς νίκης συναγαγόντα, ὑπατεύειν ἔτι ἱππέα ὄντα, πρὶν ταμιεῦσαι καὶ στρατηγῆσαι, διὰ τὸ μέγεθος τῶν εἰργασμένων κατὰ παλαιὸν ἔθος ἀξιοῦντα καὶ τῶν πολιτῶν δεόμενον, ἐπεὶ κωλύων καὶ ἀνατιθέμενος οὐ μετέπειθεν, ἐν ἀγορᾷ μέσῃ κτεῖναι. Καὶ συναγαγὼν τὸ πλῆθος ἐς ἐκκλησίαν εἶπεν· « Ἴστε μέν, ἄνδρες, καὶ παρ' ἐμοῦ δὲ ἀκούσατε, ὅτι Λουκρήτιον ἐγὼ κατέκανον ἀπειθοῦντά μοι. » Καὶ λόγον εἶπε· « Φθεῖρες γεωργὸν ἀροτριῶντα ὑπέδακνον· δὲ δὶς μέν, ἔφη, τὸ ἄροτρον μεθεὶς τὸν χιτωνίσκον ἐκάθηρεν· ὡς δ' αὖθις ἐδάκνετο, ἵνα μὴ πολλάκις ἀργοίη, τὸν χιτωνίσκον ἔκαυσεν. Κἀγὼ τοῖς δὶς ἡττημένοις παραινῶ τρίτου πυρὸς μὴ δεηθῆναι. » Σύλλας μὲν δὴ καὶ τοῖσδε καταπληξάμενος αὐτούς, καθὰ ἐβούλετο, ἦρχε. Καὶ ἐθριάμβευσεν ἐπὶ τῷ Μιθριδατείῳ πολέμῳ. Καί τινες αὐτοῦ τῆν ἀρχὴν ἀρνουμένην βασιλείαν ἐπισκώπτοντες ἐκάλουν, ὅτι τὸ τοῦ βασιλέως ὄνομα μόνον ἐπικρύπτοι· οἱ δ' ἐπὶ τοὐναντίον ἀπὸ τῶν ἔργων μετέφερον καὶ τυραννίδα ὁμολογοῦσαν ἔλεγον. [1,101] 101. Il était si terrible et si irascible à tous égards, qu'il fit assassiner, en plein Forum, Quintus Lucrétius Ofella, celui qui, après avoir tenu le consul Marius longtemps assiégé dans Préneste, s'était enfin emparé, pour lui, de cette place, et avait mis, par cette victoire, le comble à ses succès. Il le fit égorger en plein Forum, sous prétexte qu'il s'était mis sur les rangs pour le consulat alors qu'il était toujours chevalier, et qu'il faisait, à ces fins, appel au peuple, en considération de l'importance de ses services, quoiqu'il n'eût encore passé ni par la questure, ni par la préture, ce qui n'était pas nécessaire anciennement, et qu'il avait résisté aux instances que le dictateur lui avait faites pour l'engager à se départir de ses prétentions. Il convoqua le peuple à ce sujet, et lui dit : « Sachez, citoyens, et apprenez par ma bouche que j'ai fait donner la mort à Lucrétius parce qu'il m'a résisté. » Et, à ce propos, il cita cet apologue : « Un laboureur, pendant qu'il poussait sa charrue, fut mordu par des poux. Il interrompit deux fois son travail pour éplucher sa chemise. Mais les poux ayant continué de le mordre, il jeta sa chemise au feu, afin de n'être pas obligé de perdre encore son temps à leur donner la chasse. Que les vaincus apprennent de moi, par cet exemple, à ne pas s'exposer à se faire jeter au feu la troisième fois. » Ce fut en faisant frémir ainsi les Romains de terreur que Sylla gouverna comme il voulut. Les honneurs du triomphe lui furent décernés, au sujet de la guerre contre Mithridate. On se permit des quolibets au sujet de sa magistrature. Quelques plaisants lui donnèrent le nom de royauté négative, parce que le titre de roi fut la seule chose dont il s'abstint. D'autres, au contraire, faisant allusion à son administration, l'appelèrent une tyrannie avouée.
[1,102] 102. Ἐς τοσοῦτον αὐτοῖς τε Ῥωμαίοις καὶ Ἰταλοῖς ἅπασιν πόλεμος ὅδε προύβη κακοῦ, προύβη δὲ καὶ τοῖς ὑπὲρ τὴν Ἰταλίαν ἔθνεσιν ἅπασιν, ἄρτι μὲν ὑπὸ λῃστῶν καὶ Μιθριδάτου καὶ Σύλλα πεπολεμημένοις, ἄρτι δ' ἀποροῦντος τοῦ ταμείου διὰ τὰς στάσεις ἐκτετρυχωμένοις εἰσφοραῖς πολλαῖς. Ἔθνη τε γὰρ πάντα καὶ βασιλέες, ὅσοι σύμμαχοι, καὶ πόλεις, οὐχ ὅσαι μόνον ὑποτελεῖς, ἀλλὰ καὶ ὅσαι ἑαυτὰς ἐγκεχειρίκεσαν ἐπὶ συνθήκαις ἔνορκοι καὶ ὅσαι διὰ συμμαχίαν τινα ἀρετὴν ἄλλην αὐτόνομοί τε καὶ φόρων ἦσαν ἀτελεῖς, τότε πᾶσαι συντελεῖν ἐκελεύοντο καὶ ὑπακούειν, χώρας τε ἔνιαι καὶ λιμένων κατὰ συνθήκας σφίσι δεδομένων ἀφῃροῦντο. Σύλλας δὲ καὶ Ἀλέξανδρον τὸν Ἀλεξάνδρου τοῦ ἐν Αἰγύπτῳ βασιλεύσαντος υἱόν, ἀνατραφέντα μὲν ἐν Κῷ καὶ ὑπὸ Κῴων ἐκδοθέντα Μιθριδάτῃ, διαφυγόντα δὲ πρὸς Σύλλαν ἐκ Μιθριδάτου καὶ συνήθη γενόμενον, ἐψηφίσατο βασιλεύειν Ἀλεξανδρέων, ἐρήμου τῆς Ἀλεξανδρέων ἀρχῆς ἀνδρὸς οὔσης καὶ τῶν γυναικῶν, ὅσαι βασιλείου γένους, ἀνδρὸς συγγενοῦς δεομένων, ἐλπίσας χρηματιεῖσθαι πολλὰ ἐκ βασιλείας πολυχρύσου. Ἀλλὰ τόνδε μὲν οἱ Ἀλεξανδρεῖς ἐννεακαιδεκάτην ἡμέραν ἔχοντα τῆς ἀρχῆς καὶ ἀτοπώτερον σφῶν, οἷα Σύλλᾳ πεποιθότα, ἐξηγούμενον, ἐς τὸ γυμνάσιον ἐκ τοῦ βασιλείου προαγαγόντες ἔκτειναν. Οὕτως ἔτι καὶ οἵδε διά τε μέγεθος ἀρχῆς ἰδίας καὶ τῶν ἔξωθεν κακῶν ἔτι ὄντες ἀπαθεῖς ἀφόβως εἶχον ἑτέρων. [1,102] 102. Tel fut l'excès des maux de tout genre que cette guerre répandit sur Rome même et sur l'Italie entière. Outre l'Italie, toutes les autres nations s'en ressentirent également ; tantôt ravagées par des brigands, par Mithridate, ou par Sylla, tantôt épuisées par de nombreuses contributions, lorsque, au milieu de ces désordres, le trésor public était vide. Tous les peuples, tous les rois alliés, toutes les villes, non seulement celles qui étaient soumises à des tributs, mais encore celles qui s'y étaient spontanément obligées par des traités, ou celles qui, par leurs services auxiliaires, ou par tout autre honorable motif, avaient conservé leur indépendance politique et toute immunité d'impôts, eurent ordre, dans ces circonstances, de fournir des subventions pécuniaires, et il leur fallut obéir. Quelques-uns furent dépouillés de portions de territoire, de ports, dont des traités leur assuraient la possession. Cependant Sylla fit rendre, par un décret, le royaume d'Égypte à Alexandre, fils d'un roi de ce nom. Ce prince avait été envoyé dans l'île de Cos pour son éducation ; et, livré à Mithridate par les habitants de cette île, il s'était échappé des mains de ce prince, et il s'était sauvé auprès de Sylla, dont il avait obtenu la bienveillance. Ce royaume, en effet, faute de mâle, était tombé en quenouille, et les femmes qui le gouvernaient avaient besoin qu'un prince de leur sang vînt s'unir à l'une d'elles. Sylla espérait retirer beaucoup d'argent de cette riche contrée. Mais les Égyptiens, mécontents du début d'Alexandre et de sa dépendance à l'égard de Sylla, le déposèrent, le dix-neuvième jour de son règne, et l'égorgèrent après l'avoir conduit de son palais au gymnase. Encore pleins de confiance dans l'étendue de leur domination, et encore étrangers aux calamités extérieures, ils ne s'en laissaient pas imposer de si loin. L'année suivante, Sylla, quoique dictateur, se laissa nommer consul une seconde fois, pour paraître conserver quelque empire aux formes démocratiques. Il eut Métellus le Pieux pour collègue. C'est peut-être d'après cet exemple que, encore aujourd'hui, les empereurs romains, en donnant des consuls à la République, prennent eux-mêmes parfois le titre de cette magistrature, et que, au faîte du pouvoir, ils considèrent comme un bien que d'avoir charge en même temps du consulat.


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Dernière mise à jour : 13/04/2006