|
[1,99] 99. Ὁ μὲν δὴ τάδε ἐπέστελλε, Ῥωμαῖοι δ' οὐχ ἑκόντες μὲν οὐδὲ κατὰ
νόμον ἔτι χειροτονοῦντες οὐδὲν οὐδ' ἐπὶ σφίσιν ἡγούμενοι τὸ ἔργον
ὅλως, ἐν δὲ τῇ πάντων ἀπορίᾳ τὴν ὑπόκρισιν τῆς χειροτονίας ὡς
ἐλευθερίας εἰκόνα καὶ πρόσχημα ἀσπασάμενοι χειροτονοῦσι τὸν
Σύλλαν, ἐς ὅσον θέλοι, τύραννον αὐτοκράτορα. Τυραννὶς μὲν γὰρ ἡ τῶν
δικτατόρων ἀρχὴ καὶ πάλαι, ὀλίγῳ χρόνῳ δ' ὁριζομένη· τότε δὲ πρῶτον
ἐς ἀόριστον ἐλθοῦσα τυραννὶς ἐγίγνετο ἐντελής. Τοσόνδε μέντοι
προσέθεσαν εἰς εὐπρέπειαν τοῦ ῥήματος, ὅτι αὐτὸν αἱροῖντο δικτάτορα
ἐπὶ θέσει νόμων, ὧν αὐτὸς ἐφ' ἑαυτοῦ δοκιμάσειε, καὶ καταστάσει τῆς
πολιτείας. Οὕτω μὲν δὴ Ῥωμαῖοι βασιλεῦσιν ὑπὲρ τὰς ἑξήκοντα
ὀλυμπιάδας χρησάμενοι, ἐπὶ δ' ἐκείνοις δημοκρατίᾳ τε καὶ ὑπάτοις
ἐτησίοις προστάταις ἐς ἄλλας ἑκατὸν ὀλυμπιάδας, αὖθις ἐπειρῶντο
βασιλείας, ὀλυμπιάδων οὐσῶν ἐν Ἕλλησιν ἑκατὸν ἐβδομήκοντα πέντε
καὶ οὐδενὸς ἐν Ὀλυμπίᾳ τότε ἀγωνίσματος πλὴν σταδίου δρόμου
γιγνομένου· τοὺς γὰρ ἀθλητὰς καὶ τὰ ἄλλα θεάματα πάντα ὁ Σύλλας ἐς
Ῥώμην μετεκέκλητο ἐπὶ δόξῃ τῶν Μιθριδατείων ἔργων ἢ τῶν Ἰταλικῶν.
Πρόφασις δ' ἦν ἀναπνεῦσαι καὶ ψυχαγωγῆσαι τὸ πλῆθος ἐκ καμάτων.
| [1,99] 99. D'après ce message, les Romains investirent Sylla du pouvoir
suprême pour le temps qu'il voulait, certes à contrecoeur, car ils ne
pouvaient plus rien délibérer selon les lois et ils se regardaient comme
absolument dénués de toute influence dans les affaires, mais, dans
cette déconfiture de tous leurs droits, ils embrassèrent ce simulacre
d'élection, comme l'image, comme le fantôme de la liberté. Auparavant
déjà, l'autorité d'un dictateur était une véritable tyrannie, mais elle était
limitée dans le temps ; ce fut la première fois que, décernée sans
terme fixe, elle constitua une tyrannie parfaite. On ajouta, à la vérité,
pour colorer les expressions du décret, qu'on l'élisait dictateur pour
faire des lois telles qu'il les jugerait convenables pour réorganiser la
république . Ce fut ainsi que les Romains, qui avaient été gouvernés
par des rois durant plus de soixante olympiades, et qui, durant le cours
des cent olympiades suivantes, avaient vécu dans la démocratie, sous
des consuls qui étaient élus tous les ans, retournèrent à la royauté, la
cent soixante-quinzième olympiade de l'ère grecque. À cette époque,
on ne célébrait plus à Olympie que les jeux des courses. Sylla avait
transporté à Rome les combats des athlètes et tous les autres
spectacles de ce genre, pour célébrer la gloire de ses succès contre
Mithridate et en Italie. Le prétexte fut le besoin d'amuser le peuple et
de le délasser de ses travaux.
| [1,100] 100. Ὁ δ' ἐς μὲν πρόσχημα τῆς πατρίου πολιτείας ὑπάτους αὐτοῖς
ἐπέτρεψεν ἀποφῆναι, καὶ ἐγένοντο Μᾶρκος Τύλλιος καὶ Κορνήλιος
Δολοβέλλας· αὐτὸς δ' οἷα δὴ βασιλεύων δικτάτωρ ἐπὶ τοῖς ὑπάτοις ἦν·
πελέκεις τε γὰρ ἐφέροντο πρὸ αὐτοῦ, οἷα δικτάτορος, εἴκοσι καὶ
τέσσαρες, ὅσοι καὶ τῶν πάλαι βασιλέων ἡγοῦντο, καὶ φυλακὴν τοῦ
σώματος περιέθετο πολλήν. Νόμους τε ἐξέλυε καὶ ἑτέρους ἐτίθετο· καὶ
στρατηγεῖν ἀπεῖπε, πρὶν ταμιεῦσαι, καὶ ὑπατεύειν, πρὶν στρατηγῆσαι,
καὶ τὴν ἀρχὴν τὴν αὐτὴν αὖθις ἄρχειν ἐκώλυσε, πρὶν ἔτη δέκα
διαγενέσθαι. Τὴν δὲ τῶν δημάρχων ἀρχὴν ἴσα καὶ ἀνεῖλεν,
ἀσθενεστάτην ἀποφήνας καὶ νόμῳ κωλύσας μηδεμίαν ἄλλην τὸν
δήμαρχον ἀρχὴν ἔτι ἄρχειν· διὸ καὶ πάντες οἱ δόξης ἢ γένους
ἀντιποιούμενοι τὴν ἀρχὴν ἐς τὸ μέλλον ἐξετρέποντο. Καὶ οὐκ ἔχω
σαφῶς εἰπεῖν, εἰ Σύλλας αὐτήν, καθὰ νῦν ἐστιν, εἰς τὴν βουλὴν ἀπὸ τοῦ
δήμου μετήνεγκεν. Αὐτῇ δὲ τῇ βουλῇ διὰ τὰς στάσεις καὶ τοὺς πολέμους
πάμπαν ὀλιγανδρούσῃ προσκατέλεξεν ἀμφὶ τοὺς τριακοσίους ἐκ τῶν
ἀρίστων ἱππέων, ταῖς φυλαῖς ἀναδοὺς ψῆφον περὶ ἑκάστου. Τῷ δὲ
δήμῳ τοὺς δούλους τῶν ἀνῃρημένων τοὺς νεωτάτους τε καὶ
εὐρώστους, μυρίων πλείους, ἐλευθερώσας ἐγκατέλεξε καὶ πολίτας
ἀπέφηνε Ῥωμαίων καὶ Κορνηλίους ἀφ' ἑαυτοῦ προσεῖπεν, ὅπως
ἑτοίμοις ἐκ τῶν δημοτῶν πρὸς τὰ παραγγελλόμενα μυρίοις χρῷτο. Τὸ δ'
αὐτὸ καὶ περὶ τὴν Ἰταλίαν ἐπινοῶν τέλεσι τοῖς ὑπὲρ ἑαυτοῦ
στρατευσαμένοις τρισὶ καὶ εἴκοσιν ἐπένειμεν, ὥς μοι προείρηται, πολλὴν
ἐν ταῖς πόλεσι γῆν, τὴν μὲν ἔτι οὖσαν ἀνέμητον, τὴν δὲ τὰς πόλεις
ἀφαιρούμενος ἐπὶ ζημίᾳ.
| [1,100] 100. Afin de paraître conserver quelques restes de l'ancienne forme de
gouvernement, Sylla permit au peuple d'élire des consuls. Marcus
Tullius et Cornélius Dolabella furent nommés. Mais lui, en sa qualité de
dictateur, comme investi de l'autorité suprême, il était au-dessus des
consuls. On portait devant lui, comme devant les dictateurs, vingt-quatre
haches, le même nombre qu'on portait anciennement devant les
rois, et il était escorté par une nombreuse garde. Il abrogea certaines
lois, et il en fit d'autres. Il défendit qu'on pût parvenir à la préture avant
que d'avoir passé par la questure, et au consulat avant que d'avoir
passé par la préture. Il défendit aussi que l'on pût rentrer dans la
même magistrature avant dix ans. Il affaiblit l'autorité des tribuns
presque au point de l'anéantir ; et, par une loi formelle, il prohiba toute
autre magistrature à celui qui aurait exercé le tribunat. Il en résulta que
tout citoyen de renom ou de famille illustre, qui, auparavant, l'aurait
briguée, dédaigna dès lors cette magistrature. D'ailleurs, je ne saurais
dire avec certitude si ce fut Sylla qui a transféré la nomination des
tribuns du peuple au sénat, comme de nos jours. Les séditions et les
guerres n'avaient cessé de réduire le nombre des sénateurs. Il fit
entrer dans le sénat environ trois cents chevaliers, pris parmi les plus
gens de bien, qu'il fit élire séparément dans des comices par tribus. Il
intégra au peuple plus de dix mille individus, qu'il choisit parmi les plus
jeunes et les plus vigoureux esclaves des proscrits, auxquels il donna
la liberté, et qu'il rendit citoyens romains. De son nom, il les appela
Cornelii, afin d'avoir parmi les plébéiens un corps de dix mille citoyens
à ses ordres. Cette mesure, il la généralisa par toute l'Italie. Il distribua,
ainsi que je l'ai déjà dit, aux vingt-trois légions qui avaient combattu
pour sa cause, une grande partie du territoire des villes, d'abord celle
qui jusqu'alors n'avait fait l'objet d'aucun partage, et ensuite celle qu'il
leur enleva à titre de châtiment et d'amende.
| | |